J'aurais bien aimé refaire le discours blasé sur le groupe qui, malgré toutes ses qualités, n'a pas réussi à assez faire parler de lui dans la critique virtuelle en 2009 pour s'immiscer sur le podium de fin d'année entre ses congénères d'Animal Collective et de Grizzly Bear, rayon pop, bien sûr. J'aurais évidemment conclu sur un "c'est bien dommage car Le Loup a toutes les qualités pour se faire entendre" et continuerais d'espérer être un peu lu, ici ou ailleurs. Sweet dreams are made of this.
J'aurais bien aimé, mais l'impératif de diversité et d'imagination inhérent aux jolies chroniques de ce merveilleux site m'oblige à varier mes introductions. Au final, je ne vous le cache pas, la conclusion sera la même.

Quand même, passons-y un peu de temps. Le Loup c'était, en 2007, un premier disque ambitieux: The Throne Of The Third Heaven Of The Nations' Millennium General Assembly. Même si dit comme cela, ça fait un peu peur, cet album avait le mérite de révéler un franc penchant pour la pop psychédélique et une diversité musicale assez impressionnante pour un groupe qui évoluait à l'ombre des grands de Brooklyn. Depuis, Le Loup est rentré dans sa tanière, s'est recroquevillé, pour sortir un album dit de famille. Enregistré dans une cave de Baltimore, isolé du monde moderne, Family est un disque sur le besoin de se retrouver, d'être ensemble et de réunir des énergies pour communier et produire de la musique. Passé "Saddle Mountain", l'introduction théâtrale qui rappelle un Sun Tongs d'Animal Collective, Le Loup réinvente ainsi sa musique et élargit la palette de ses talents pour un résultat "live", plus organique (exit l'electro de la précédente sortie) et plus confidentiel. Les morceaux sont l'oeuvre de tous les membres, pas seulement d'une addition d'instruments. Chacun, à sa manière, dans les guitares, les percussions ou les choeurs, ajoute sa pierre à l'édifice ("Forgive Me").

Le résultat est charmant. Qu'il s'agisse de mélodies du jour levant au banjo ("Morning Song"), de percussions à la limite du tribal ("Family" et, plus généralement, le bon travail d'articulation des compositions autour desdites percussions sur l'ensemble de l'album), d'invocations quasi-religieuses ou de refrains folk sautillants, il plane sur Family une douce atmosphere psychédélique qui sonne comme un retour aux traditions, à la nature. Là où les grands frères incarnés par Animal Collective se perdent parfois en chemin à force de détours electro / bruitiste parfois ennuyant, Le Loup respire la simplicité et l'humilité et ce, en dépit du fait que l'album soit musicalement riche en sonorités diverses.

Family est une bonne inspiration, un contre-pied de son prédécesseur qui a le mérite de confirmer le talent du groupe de Washington en jouant là où on ne l'attendait pas forcément. Ceux qui voulaient en faire une roue de secours de la scène weird folk (faute de mieux) en seront pour leurs frais: Le Loup est mieux qu'un rip-off; son seul défaut étant de paraître un peu tard dans l'année. Mais, hey, c'est bien dommage car Le Loup a toutes les qualités pour se faire entendre.