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Biographie

Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate)

Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate) est créé en 2006 et se caractérise par une voix et une guitare, soit le projet solo de Keith Latinen. Il sort en 2007 le très personnel When The Sea Became A Giant et commence à se faire un nom au sein de la scène Emo / Indie inspiré de groupes des années 90 comme Mineral ou American Football. La même année Cathy Latinen  (Chant / Guitare), Ahmad Nabouls (Basse / Chant) et Jon Steinhoff (Batterie) viennent compléter le line-up ce qui leur permet d'enregistrer en 2008 un premier 7'' : Year Of The RabbitWhat It Takes To Move Forward est 2009, le premier album long format, sonne comme la consécration de leur musique. d'autant plus que Keith fonde le label Count Your Lucky Stars sur lequel sortent la plupart des productions du groupe. Projet à géométrie variable, Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate) se recentre finalement sur le couple Keith / Cathy même si d'autres musiciens viennent parfois les épauler notamment lors de prestations live. Pendant cinq ans se succèdent une quantité impressionnante de morceaux enregistrés sur des eps diverses ou des splits avec entre autres Football EtcAnnabelArrows, Mountains For CloudsRika, Malegoat ou Joie De Vivre. Plusieurs concerts sont aussi organisés aux Etats-Unis ou en Europe avec The World Is A Beautiful Place&I Am No Longer Afraid To Die, Brave Bird, DowsingDikembe, Tigers Jaw, Chalk Talk, Nai Harvest ou Gnarwolves. Le duo revient finalement avec un second album intitulé You Will Eventually Be Forgotten en 2014, accompagné d'un roman écrit par Keith.

16 / 20
2 commentaires (16.5/20).
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You Will Eventually Be Forgotten ( 2014 )

On s'est aimé à la folie. C'était comme un coup de foudre qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Puis les affres du temps nous on éloigné, inéluctablement, malgré nos efforts et nos tentatives de renouer avec le passé. On gardait en mémoire cette première rencontre, comme un brasier encore chaud, mais les nombreux eps et splits n'auront pas suffit à raviver la flamme. Alors il y a ce You Will Eventually Be Forgotten qui arrive cinq ans après, pour que la passion renaisse, sans trop y croire.

Et pourtant, et pourtant. Le miracle semble avoir lieu dès les premières notes tout en retenue de Ribbon. Les lumières seront tombées sur What It Takes To Move Forward, elles peuvent désormais renaître. Il y a donc cette manière de procéder différemment du premier album. Ce quelque chose de plus radieux, qui n'occulte néanmoins pas la douleur latente des paroles. Construit comme un album concept qui accompagnera un futur roman graphique, chose particulièrement ambitieuse, chaque titre dévoile les coups durs, les événements tristes d'une vie. Romance amoureuse (We Are People Here. We Are Not Numbers), insouciance et nostalgie de l'enfance (A Keepsake), l'album est aussi marqué d'une grande part d'optimisme.

Il ne faut pas longtemps pour (re)tomber sous le charme des guitares du couple Keith et Cathy telle une union parfaitement accordée. De sa voix frêle si particulière, Keith a déjà de quoi faire défaillir un homme sur I Was Somewhere Cold, Dark... And Lonely alors que You Have To Be So Much Better Than You Ever Though file des frissons dont les lignes de chant et les guitares rappellent le Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate) qu'on murmurait hier. Il y a finalement dans cet album tout ce qu'on aimait chez le groupe, sa simplicité qui réchauffe les cœurs, sa beauté surprenante au détour d'une mélodie (Stay Divided) et ces paroles touchantes « When my grandmother died, my grandfather died too. It took two whole years to convince his body to let him go » sur It's So Much Darker When A Light Goes Out Than It Would Have Been If It Had Never Shone. On notera en point d'orgue A Keepsake, pour ses cuivres enjôleurs et la superbe participation de Bob Nanna (Braid). Il faudra donc finir cet album par le scintillant The Promise That Life Can Go on No Matter How Bad Our Losses ou la voix de Keith s'entremêle à celle de Chris Simpson (Mineral, The Gloria Record) de la plus belle manière et se brise sur « I watched the TV through the window from outside the bar and counted down the seconds to the new year with you over the phone ».

Seulement voilà, You Will Eventually Be Forgotten ne connaîtra peut-être jamais les cimes atteintes jadis par What It Takes To Move Forward car la plupart des morceaux suivent le même schéma de composition et pas mal d'arpèges ou mélodies semblent un peu trop interchangeables avec d'autres. C'est sans doute vrai, mais nous ne trompons pas, Empire Empire (I Was A Lonely Estate) est, et restera dans les favoris des groupes Emo / Indie pour sa sensibilité, sa grâce et sa manière unique de composer et de nous toucher avec de simples chansons qui vont droit au cœur. Comme les initiales d'un amour de jeunesse à jamais gravées dans le bois.

Split avec Football, Etc. ( 2010 )

Il faut marteler encore et encore qu’Empire ! Empire ! est probablement ce qui se fait de mieux actuellement en emo indie revival 90’s. Dire et redire un peu partout le génie de Year Of The Rabbit, l’éclat de What It Takes To Move Forward et colporter la confirmation apportée par ses deux nouvelles sorties (ce 7’ et le génialissime Summer Tour EP ‘09).

En partageant un split 7’ avec les texans de Football, etc. ; Empire ! Empire ! témoigne de son soucis d’évoluer au sein de cette nouvelle scène shinny (You Blew It, Little Kingdoms, Pirouette, By Surprise) qui bourgeonne à l’ombre du grand courant fake emo putassier mainstream. Bien lui prend. 1 titre chacun. Comme un instant suspendu, à se laisser bercer par l’ondulation d’une balançoire. A deux. "Documenting Thirty Days" rappelle dès ses premières notes ce son de guitare bouleversant entrevue sur le morceau "Year Of The Rabbit". Et à l’instar de ces printemps qui roffrent chaque année le même cortège de sensations, c’est en frisson que le corps reçoit cet inédit. "Everything Else In The World Disappears When Your Voice Wraps Around Me". Alors, semblable aux divins Brandtson dont ils se rapprochent fortement dans ce morceau, les michigans s’offrent tout en subtilité, avec une fragilité à nouveau déchirante. Fragilité que Football, etc. ne laisse pas sans écho. Enfants proclamés de Rainer Maria – chant féminin, langoureux et mélancolique –, mais aussi de Mineral par cette manière de laisser trainer les haillons désabusés de ses syllabes de fin, le trio fait étalage de son emo minimaliste déjà bien exposé dans le séduisant First Down Ep. "Fightin’Pheonix" enlace ainsi basse et guitare sur fond de rythme tendre et flottant. On n’avait pas connu emo féminin aussi prometteur depuis Chandelle (dont la filiation, là aussi, est visible).

Trop court pour constituer une masterpiece et n'évitant pas les sillons propres au genre que certains s'empresseront de qualifier de "too much" (Oui, ça pleurniche et alors ?), ce Split 7’ vaut tout de même le coup ; pour la beauté de son objet – artwork, vinyle et feuillet somptueux – et pour la promesse que constituent ces deux tracks si joliment entremêlées ; la promesse d’une idylle à venir entre l’un et l’autre ; entre eux et nous.

En écoute ici pour Empire ! Empire ! et pour Football, etc.

A écouter : � deux sur une balan�oire
16.5 / 20
4 commentaires (15.38/20).
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What It Takes To Move Forward ( 2009 )

Vous écoutez. Vous êtes. Vous y êtes. Sous son empire. 0m01. Premières notes. Soupirs. Déjà l’abandon. La chute des lumières. 0m28. Déjà l’inexorable épilogue qui se profile. Dès , dès ce "Every breath made you", vous le savez. Vous devinez, vous pressentez ce qui va advenir. Vous serez mal, affreusement mal. Car ce genre d’œuvre fait remonter à la surface tout ce que la tyrannie du bonheur a jusqu’à présent chassé. Là-bas, il n’y a rien d’heureux. Là-bas, il n’y a que du spleen, sans idéal. Vous le savez. Vous connaissez déjà la fin… cette fin.

Empire ! Empire ! supplie dans son supplice. "How to Make Love Stay ?" demande-t-il. Et vous ne répondez pas. Il y a dans ce titre de quoi fendre un homme à tout jamais. Alors vous n’ouvrez pas la bouche de peur que la faille vous assaille. Vous gardez l’armure. En surface. Mais l’emo fragile et gracile du quatuor répand déjà ses charmes mélancoliques par-delà les barrières. Grâce aux fissures. Donc vous pleurez. Vous êtes à présent, une pluie. Rien qu’une pluie.

"Keep what you have built here". Impossible. La chose est au sol. Pourtant les guitares oscillent. Les signaux déclenchent les cris. Maintenant. "What safe means ?". Ca signifie ne plus être incertain ; plus autant, plus comme ça. Ou tout entier. Seul moyen de se laisser gagner par un des titres les plus bouleversants de la décennie. Sa batterie ressemble à votre pouls. C’est le bruit de l’intérieur autour duquel s’enroule la voix toujours plus affligée de Keith. Les éléments sont absorbés. Autour de l’émotion, le vide. "It happened because you left". Etes-vous passés à celle d’après ? "Rally the troops !" Encore faut-il pouvoir. L’armée des ombres, la seule qui vous appelle. "It’s a plague and You’re invited". Vous aviez dit que vous connaissiez la fin. La voilà qui se dessine. Après avoir entendu des réminiscences de Chris Simpson, c’est Chris Carrabba que vous semblez deviner. Les guitares ont la couleur de vos iris. "Everything is connected". Peut-être bien qu’il y a aussi un peu de Moneen. Peut-être bien que vous venez de remettre ce disque cent fois de suite. Peut-être bien que vous ne voulez plus désormais écouter une réalité qui ne sonnerait plus comme celle-là.

"The Next Stop To Regaining Control". Son achèvement. Le vôtre aussi. Et ce chant si haut, en falsetto, en apesanteur. Votre rémission. "With you greatest fears realized". Oui. Ce banjo qui renvoie directement au "For The Widows In Paradise" de Sujan Stevens. Avant de partir. Et le reste des cordes. "I am A Snail". Vous l’entendez. La voix raisonne. Elle le dit : "I tried, I tried, I tried. I tried". Etait-ce vous ? Etait-ce lui ? En face de vous, l’album emo de l’année. En face de vous, un miroir brisé ; et jamais rien ne vous a paru vous ressembler autant.
"A Idea Is A Greater Monument Than A Cathedral". Alors adieu les prières. Adieu à Dieu. Bonjour l’existence. Vous écoutiez. Vous y étiez. Vous y êtes ?

En écoute sur myspace et en achat ici.

A écouter : A avoir. A entendre. A �tre.
16 / 20
3 commentaires (16.33/20).
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Year Of The Rabbit ( 2008 )

Seulement deux titres. Side A/Side B. Sous les pas du génie, le superflu n’a pas sa place. Empire ! Empire ! Dès les premières secondes - Là où les points d’exclamation prennent tous leur sens – là où la batterie est un rythme cardiaque, les cordes des lucioles mélodieuses et la voix une confession à la nuit. "If only I could say how sorry I felt". Comme quelque chose d’irrémédiable, comme une émotion qu’on ne saurait dissimuler, Empire ! Empire ! prend à la gorge, au cœur, au cerveau. Instantanément. Car l’alliance des paroles affligées de regrets et de la mélancolie en partition ne saurait souffrir aucune barrière physique. Empire ! Empire ! se donne. Quitte à tout y laisser.

Désireux d’épouser le sublime, la formation américaine multiplie les raffinements musicaux, superposant différents phrasés, délaissant les lourdeurs des schémas cloisonnés pour développer un lyrisme constant et incroyablement poignant. En voix de tête, Keith Latinen porte ainsi l’édifice à la barbe des nuages et laisse s’envoler un cortège de murmures dans la plus pure tradition emo/indie ("Idk, My Bff Jill"), sous l'oeil humide d'une double composition délicate et ultra sensible.

Musicalement, on retrouve donc ce quelque chose de Toe, Macaco Bong ou de KC.Milan dans cette manière de présenter un post/emo affranchi des structures narratives traditionnelles. Vocalement, c’est chez les divins Mineral, The Gloria Record ou plus récemment chez Copland, qu’on positionnera Keith Latinen: le timbre fragile, lancinant, incertain, ébranlé.
Alors comment dire ces instants de grâce où tout vacille ? En évoquant Empire ! Empire !. Car Year Of The Rabbit offre tout simplement une des expressions les plus sensationnelles et les plus bouleversantes de la scène emo actuelle. Le reste est ineffable. "Le soleil ne se couche pas sur mon empire" (Alexandre Le Grand). 

En écoute sur myspace.

A écouter : autant de fois qu'un vynil le permet