Hellfest

23 juin 2014
Hellfest :
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Report :
Dernier jour de cette édition 2014 qui avec 152 000 festivaliers sur 3 jours a répondu aux attentes liées à son affiche de dingue.
Difficile de donner son avis à chaud, on pointera tout de même la surpopulation du festival (surtout le soir, ou pour certains concerts sur les tentes ou Warzone (impossible de sortir de cette espace pendant Tagada Jones!). Après la déco montre que les organisateurs soignent le public (ça plus tous les petits plus ajoutés par rapport aux précédentes éditions).
Éclectisme et découvertes sont les atouts majeurs du festival, et encore une fois cela permet de découvrir pas mal de très bon groupes. Un point, souvent oublié, qu’on aimerait souligner : la sécu devant les scènes, assurée par l’association Challengers, est parfaite. Merci à eux.
Et vous : vous en avez pensé quoi?

Entamer cette dernière journée avec les fous furieux de Cobra, quoi de mieux pour se mettre dans le bain. "On a l'habitude de faire des concerts à Paris, mais il y a beaucoup de pédés là-bas. Au moins ici vous êtes des vrais hommes !" le ton est donné. Les tubes du groupe s'enchaînent implacablement, La Balance, L'enfer c'est ici, Fils du Cobra, entrecoupée d'envolées lyriques de Marc, bien en verve "Clisson, capitale de la Vendée, pays des chouans. Vous êtes les petits enfants de chouans, vous êtes des chasseurs cueilleurs, vous êtes des pécheurs, vous partez en mer pour pêcher… des dauphins !” Il ira également jusqu’à invoquer Satan à genoux sur scène. Quoi de plus normal, et prières exaucées avec le mauvais temps qui est arrivé (très temporairement). Et quitte à ternir leur réputation de sales attardés, il faudra noter le bel hommage rendu à Lorène Lenoir sur Échange de Seringues.

Quant à Lofofora, la fête fut complète. Habitués du Hellfest, les bonhommes ont assuré les classiques, de L’Oeuf au Fond Et La Forme en passant par Les Gens, ajoutant deux titres de leur nouvel album à paraitre en septembre, dans une veine punk/hardcore plutôt à l’ancienne qui pouvait rappeler Noxious Enjoyment, ancien projet annexe du guitariste et du bassiste. Le groupe ne s’est pas gêné pour rendre hommage aux intermittents, et même inviter Maxime Musqua (Le Petit Journal) à réaliser son défi de lancer un circle pit, sans difficulté. Du gros et bon Lofo.

Tellement rare sur scène, le Black Metal complètement atypique de The Ruins Of Beverast nous fait dire que l'on tient là quelque chose d'assez exceptionnel. Leur présence ne décevra pas avec un set tout en longueur que le quatuor se plait à dérouler sans aucun artifice visuel et vestimentaire. Le groupe assène des rythmiques implacables, des ralentissements Doom suffocants, une voix d'outre tombe pour ces quarante minutes qui nous ensevelissent inéluctablement. On pourra toujours regretter des nuances absentes par rapport à la réelle densité des compositions studio, mais The Ruins Of Beverast demeure plus que tout imposant et hypnotisant jusqu'aux dernières secondes.

Lors de la première vague de groupes annoncés au Hellfest cette année, notre regard s'est posé sur Ulcerate et l'on n'en croyait pas nos yeux. Avoir la chance d'assister à une prestation des néo-zélandais qui plus est enchainée à celle de The Ruins Of Beverast, il fallait y être. De par le martèlement incessant et déstructuré du batteur couplé à la technicité folle des deux musiciens à cordes, sur fond de growl ultra maitrisé pour l'un des meilleurs concerts du weekend sous Altar. Clairement un des groupes les plus techniques et les plus oppressants qu’il soit.

Les roumains de Dordeduh, composé de rescapés de Negura Bunget, installent leur Black Metal progressif et un chouïa expérimental devant un public réceptif aux élans mélodiques de ce groupe atypique. Le résultat est assez surprenant, surtout après en avoir pris plein la tronche avec Ulcerate. Une très bonne surprise.

La rareté Power-Metal de ces trois jours avec Angra. Et quoi de mieux que l’un de ces groupes qui montent de plus en plus dans le genre ces dernières années. La recette est simple. Les visuels de Powerwolf avec les costumes, maquillages et backgrounds pas si éloignés de Ghost ont tôt fait d’attirer le chaland. Mais heureusement, musicalement ça tient complètement la route avec un Heavy/Power à la fois plutôt burné dont chaque titre, que se soit par un refrain, un riff, ou une mélodie, fait mouche à tous les coups. Du coup sur scène, ça passe hyper bien, le public réagit favorablement notamment aux speechs du chanteur, qui habillé en pasteur évangéliste, en profite pour parler entre deux titres de boobs et de pénis. Fun et rafraichissant sur la Mainstage 2!

Voilà pas mal de temps que je ne m’attarde plus sur la discographie des rennais, et cela fait même pas mal d’année que je n’ai pas vu Tagada Jones jouer. Mais là à 15H le groupe va retourner la Warzone (peut être le concert le plus bondé de cette scène?), le public était de toute façon motivé (même la sécu chauffe les gens!) avec des slams avant que le concert ne débute. Et pendant le concert le groupe au taquet va voir défiler devant lui des slammeurs de façon ininterrompue. Gros retour en adolescence pour moi.

Énorme surprise, Lowrider a calmé tout le monde dans la Valley, étalant son stoner/doom classieux qui peut évoquer Kadavar, avec une pointe de sludge en plus, et surtout un son de guitare monumental, doté d’un grain bluesy franchement grisant. Les morceaux s’enchaînaient sans temps mort, le set était carré, puissant, Une tuerie de concert qui trône sans problème parmi les meilleurs du jour, voire du festival entier.

C'est vrai que la scène Death Metal était bien fourni sur la Altar aujourd’hui, mais deux groupes venaient titiller notre passion pour le putride. Repulsion bien sûr, mais aussi Unleashed qui a franchement réalisé un set époustouflant pour fêter les 25 ans de leur existence. Du suintant il y en avait, avec un son plutôt bon, mais des titres un poil plus mélodiques aussi, tout en maintenant heureusement une cadence et une agression de tous les instants.

Le Folk-Metal ou affiliés, ça marche toujours hyper bien en festival, la preuve avec précédemment TurisasTrollfest ou Eluveitie. Et Equilibrium ne déroge pas à la règle. Le line-up remanié est motivé, très content d’être la, du coup, le public réagit au quart de tour aux titres véritablement épiques. Les nouveaux morceaux issus du nouvel album Erdentempel sont bien perçus et l’ambiance festive est au beau fixe.

Voir Annihilator sur la Mainstage 2, avec un chanteur à la hauteur du précédent vocalement, tout à fait physiquement intelligent, avec un coté Wolverine qui n’aura pas échappé aux demoiselles, est une véritable aubaine. Une aubaine parce que plusieurs titres joués aujourd’hui sont issus du premier album Alice In Hell (Crystal Ann, Alison Hell et Human Insecticide), mais aussi des plus récents comme No Way Out et son intro dissonante qui pourrait laisser croire que les guitares ne sont pas accordées.

C’est totalement cramés qu’on se traine jusqu’à la Valley pour découvrir House Of The Broken Promises. Belle prestation de stoner psyché des familles, embarquant les rescapés de la Valley dans leurs rafraîchissantes mélopées, aériennes.et denses. Parfait pour supporter la chaleur écrasante du moment.

Vous accusiez un petit coup de fatigue en ce début de soirée, alors The Black Dahlia Murder était le remontant idéal. Grâce au génie ou à l'inconscience collective du public, le circle pit se transforma en circuit pit. Vivifiant. Et malgré la quantité de poussière, il était quand même possible d’apprécier à sa hauteur la prestation du groupe, complètement au taquet et avec Trevor Strnad toujours aussi impressionnant dans son aisance à alterner entre chant growl et harsh.

Autre évènement important de cette cuvée 2014, c’est bien entendu la venue des norvégiens de Emperor pour une tournée de reformation qui ne fait halte que dans cinq festivals cet été. Tournée en l’honneur des vingt ans du culte In The Nightside Eclipse qui y est joué dans son intégralité avec le line-up d’origine, à savoir Ihsahn, Saboth et Faust. Le frontman de la formation nordique a également choisi d’intégrer au clavier le chanteur de Leprous qui les accompagne sur la route lors de sa carrière solo. Alors que Nergal (Behemoth) chauffe la foule depuis son siège VIP en côté  de scène, le concert débute sans surprise par Into The Infinity Of Thoughts. Les titres de leur premier album s’enchainent à une vitesse fulgurante jusqu’au grandiose Inno A Satana reprit en cœur par tout le public de la Mainstage 2. Les musiciens qui font mine de quitter la scène reviennent finalement pour nous interpréter deux derniers morceaux et non des moindres : Ancient Queen et Wrath Of Tyrant. Il est vrai que l’on peut s’interroger sur la sincérité de cette reformation, mais dans le cas où il s’agit d’une pure opération marketing, je ne suis pas contre une nouvelle tournée 2017 pour les 20 ans de Anthems To The Welkin At Dusk.

Quand Solstafir joue sous la Temple, on se tait et on écoute religieusement. Peut être la plus belle prestation du festival, peut être aussi une des plus complexes à apprécier à sa juste mesure. Si leur passage en 2012 n’avait que moyennement convaincu, faute à un son moyen, ce soir les islandais ont assuré comme jamais. Enchaînant les titres d’une setlist monstrueuse, le quartet noie le public sous une déferlante de riffs lancinants, déchirants, sans jamais s’arrêter, sans jamais en faire trop, sans jamais être ennuyeux ou prétentieux. Parfait. Tout simplement parfait. Incroyable prestation qui laissera un souvenir indélébile chez les amateurs de ce Post Black Metal atmosphérique vraiment à part.

Paradise Lost fait partie de ces groupes qui commencent à devenir des habitués du Hellfest. Mais là, ils prirent le public par surprise, voir à rebrousse poil, en orientant bien leur set (ainsi que les arrangements des titres) vers une sorte de Cold Wave métallisée, rappelant la période Host. Le groupe met en œuvre sa classe légendaire, et la voix de Nick Holmes fera le reste. Impasse quasi complète sur le début de carrière du groupe, hormis Gothic, et nous aurons droit à des versions quelques peu adoucies de certains titres, notamment One Second, avant quand même de terminer sur un Say Just Words bien enlevé. Une bien belle prestation.

On enchaîne avec un autre poids lourd sur la Mainstage 01 : Soundgarden, attendu au tournant, et malheureusement décevant. Chris Cornell, sa permanente et son équipe se sont contentés d’envoyer leurs titres les plus accessibles, sans briller dans l’exécution, et sans l’aspect massif qui les caractérise normalement. Dommage.

Vu leur prestation de haute volée donnée en mars à Paris, Soilwork était attendu au tournant, et autant le dire tout de suite, la scène de l’Altar n’était pas prête pour accueillir ce poids lourd du death-melo. En effet, dès le début du quatrième morceau, un bout de la scène s’écroula… Un gros blanc s’ensuivit (et à vrai dire, personne - à part dans les premiers rangs - ne comprit vraiment ce qui s’était passé). Au bout de deux minutes de silence, Bjorn repris la parole “ça me laisse sans voix, c’est la première fois qu’un truc pareil m’arrive !" La scène n’était pas assez résistante pour des suédois. A voir donc si l’an prochain l’orga monte des scènes en kit Ikea. Après cet évènement, on aurait pu craindre que le groupe ne se déconcentre, mais au contraire, ils reprirent leur set deux fois plus vénères qu’au départ ! Bjorn remercia également le public présent d’être là, car c’était un dur choix à faire entre Black Sabbath et eux. Du gros, du lourd, un final épique sur Stabbing The Drama, une bien belle mandale pour le second retour du groupe en France en peu de temps après six ans de disette. Bjorn l’a promis, ils reviendront plus souvent.

Il est 23 heures, et c’est déjà l’heure du Ozzy Osbourne Show 2014. Alors qu’on vient juste de sortir le prince des ténèbres de sa maison de repos, et qu’il en est déjà à massacrer Warpigs avec ses petits copains de jeu, que le public se rend compte qu’on a toujours pas changé les piles du mangeur de chauve souris et que nombre d’entre nous, en souvenir d’un show catastrophique en 2012 sont déjà prêts à partir, l’appel du Black Sabbath se fait ressentir sur la plaine du Hellfest… Et ce sentiment incroyable n’est pas près de nous quitter… Oui vous avez bien Black Sabbath en face de vous. Oui Ozzy n’est plus que l’ombre de l’ombre de l’homme qu’il était, et oui à mesure que le show se déroule, même les plus sceptiques et méchants d’entre nous réaliseront qu’ils ont bel et bien devant eux un groupe plus que mythique. Ozzy se réveille petit à petit, joue avec le public, et les tubes s’enchaînent, orchestrés par un Tony Iommi d’une prestance incroyable, qui prouve à l’assistance que lui et lui seul est capable de faire sonner ces chansons à merveille, aidé par un Geezler Butler qui aurait pu gagner le mvp du meilleur bassiste du festival. Le show, minimaliste, est savoureux, le son fantastique, et personne ne pourra dire le contraire : même si Ozzy est franchement en galère (faute aux progrès en bio mécanique sur les zombies encore trop peu développés), le concert restera dans les annales du Hellfest. Il ne fallait pas manquer ce rendez vous. Un point c’est tout.

Cette année Opeth jouera sous la tente de l’Altar, ce qui aura pour conséquence de bénéficier d’un meilleur son que lors de leur passage en 2012, au détriment, forcément, de pouvoir accorder assez d’espace à un public venu en nombre après Black Sabbath. Bon son, pas de place pour tout le monde mais bonne ambiance. Niveau performance, Opeth assure le show comme à son accoutumée, à savoir un patchwork de titres représentatifs du talent incontesté du groupe pour le Death progressif : du vieux Demon Of The Fall déterré pour l’occasion aux compos progressives récentes en passant par des classiques de Deliverance ou Blackwater Park, les suédois mettent le feu à la tente pour le dernier concert de cette édition 2014. Il est 2 heures du matin, nous quittons la plaine du Hellfest repus et comblés.

Et dans le même temps sur la Warzone, les Norvégiens de Turbonegro mirent également le feu. Son parfait et prestation bien emmenée par leur nouveau chanteur Tony Sylvester qui accompagnait déjà le groupe lors de leur passage en 2012 en terre clissonnaise. On sent que depuis deux ans il a pu bien se roder, et le groupe déroule tout le long de l’heure qui lui était allouée les hymnes au cuir et aux jeans (mais pas que). Les incontournables sont là, I Got Erection, All My Friends Are Dead... et vers la fin nous auront même droit à une reprise punkisée du Money For Nothing de Dire Straits. De quoi finir cette 9e édition du Hellfest de bien bonne humeur !


Top 3 :
Bacteries : Solstafir, Black Sabbath, Tagada Jones
Grumlee : Cobra, The Black Dahlia Murder, Soilwork
Lelag : Solstafir, Black Sabbath, The Ruins Of Beverast
Manuwino : Turbonegro, Unida, Soundgarden
Nonohate : Opeth, Emperor, Ulcerate
Pentacle : The Ruins Of Beverast, Solstafir, Unleashed
Tang : Lowrider, Lofofora, The Ruins Of Beverast
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