Biographie

16

Groupe à l’histoire mouvementée, 16 traine ses basques Sludge depuis 1991. Parfois un peu oubliés du fait de leur parcours décousu, les américains sont pourtant parmi les tauliers du genre. Ils ont notamment à leur actif, en plus d’une discographie bien garnie, des splits en compagnie de Today Is The Day ou encore Grief, deux maitres étalons en matière de furie musicale américaine des bas fonds. Le groupe californien refait surface en 2009 avec un line up stabilisé,  une sérieuse volonté d’en découdre et un album sous le bras : Bridges to burn.

Deep Cuts From Dark Clouds ( 2012 )

L'amusant avec ce nouveau 16, c'est que le groupe se retrouve dans la même situation que Black Cobra avec Feather And Stone et Taint (R.I.P) avec Secrets And Lies. A savoir qu'après un retentissant premier effort qui avait fortement marqué à la fois le public et la critique dans le sens le plus positif possible, c'est qu'ils ont obligation de faire mieux que le presque parfait, un second effort qui regroupe tout ce qu'on attend d'un groupe de sludge qui cogne: à savoir des riffs gras-issimes, de la violence hardcore, des atmosphères glauques, une intensité sincère et prenante dans le chant et les compositions et l'indispensable étincelle qui fera THE disque.. Seulement, pour 16, ce n'est pas leur deuxième album mais bien leur huitième ! Si la comparaison avec les deux jeunes gangs suscités peut surprendre, c'est que les américains ont été véritablement révélés à la face du public metal actuel par Bridges To Burn, arrivé en pleine gloire médiatique de toute cette scène à la fois heavy et hardcore apparanté au sludge qui a émergé vers 2007 et sur laquelle nous nous sommes voracement jeté dessus alors que nous venions à peine de finir notre « initiation » à l'extrême.
Ne niez pas que, vous comme moi, on se faisait probablement encore torcher le cul par nos mères quand ils ont démarré leur carrière et que ce n'est qu'après un intérêt excité par la propagande insistante de Relapse et un artwork de toute bÔté qu'on a prit une mandale qui nous durablement incrusté les molaires dans la pomette.

Autant vous dire donc que ce Deep Cuts From Dark Clouds va franchement souffrir de la comparaison avec son prédécesseur.

Commençons par les mauvaises nouvelles. Globalement, Deep Cuts From Dark Clouds est un peu plus mou, manque de « hit » comme pouvait l'être « Monday Bloody Monday » ou « Me&My Shadow », ce qui fait qu'on retiendra finalement pas vraiment de chansons sortant du lot, même si a posteriori, on peut penser que Her little accident  sera mémorable si on se laisse trop influencer par le marketing de Relapse derechef. On y retrouve finalement assez peu de gros break qui vous font manger vos dents. La tendance est plutôt au groove à tout prix, mais un peu engoncé malgré son odeur sulfureuse de rock'n'roll des bas-fonds qui vous fait hocher la tête avec une moue approbatrice et virile à la Phil Anselmo. On reste sur une impression de Unsane Meets Crowbar, avec le hardcore bas du front en moins. La prod est aussi moins clinquante, un peu plus ronde et ira moins cogner direct, le son vous enlacera plutôt pour mieux s'apesantir sur vous. Au rayon des moins, je ne peux m'enpêcher aussi de noter que le chant a franchement moins de mordant. Du coup, on accroche moins aux compositions, sans cette sensation d'avoir un écorché vif qui vous empoigne avec moult fougue pour vous cracher toute sa douleur à la gueule de façon dur mais juste.

Par contre au rayon des bonnes nouvelles, c'est que si les compos sont moins violentes, elles gardent un groove qui est quand même furieusement cool (la moue à la Anselmo, vous disais-je) et que si ce disque peine un peu à démarrer, il est fraichement kiffant sur la fin. Un plus Doom et Stoner, on se surprend finalement à plus reconnaître du Kyuss au détour d'un riff foutrement heavy smooth (The Sad Clown, Only Photograph Remains). C'est d'ailleurs ce qui sauve l'ensemble de l'infamant « disque de plus écrit en pilote automatique ». Si on ne se prend pas une claque dès le début, on aime à y revenir pour se plonger dans cette ambiance poisseuse et à guetter avec gourmandises les parties de guitares qui peuvent en remontrer à Goatsnake, quand le disque commence à prendre sa vitesse de croisière après le milieu de l'album, les riffs nous chahutant les oreilles agréablement comme sur le pont d'un bateau avec une mer agitée.

Donc si ce n'est pas la cuvée du siècle, Deep Cuts From Dark Clouds contentera quand même largement les amateurs de bon riff lourdingue à la classe ultime. C'est juste un peu dommage qu'il soit laborieux à délivrer toute sa saveur.

A écouter : en buvant une bière épaisse
15 / 20
1 commentaire (18/20).
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Bridges To Burn ( 2009 )

Janvier 2009, Bridges to Burn est enfin dispo. Cool. Mais qu’est ce qu’il peut bien se cacher derrière cette pochette excentrique (et néanmoins magnifique) qui nous faisait baver depuis des semaines ? Début de réponse… dès les premiers instants.

Si au bout de trente secondes vous êtes par terre  à vous tenir la mâchoire et à jurer sans avoir compris pourquoi, c’est normal. 16 vient de frapper à l’aveugle. Ca fait plus de 15 ans que ça dure sur galette et le groupe n’en finit plus de prendre du muscle... forcément ça fait mal. Mais si les américains maitrisent assurément la technique, on ne peut pas vraiment dire qu’ils cognent dans les règles. 16 s’approche bien plus souvent du passage à tabac dans une averse de sueur et de poussière sudiste (Man interrupted) que de la boxe française. Bridges to Burn balance du riff à la volée et saisit les prises là où elles sont avec pour seul et unique but de nous écraser la face contre terre. Et franchement on a bien envie de se prendre au jeu de la distribution de calottes bien massives et rock n roll.
Imaginez Helmet sous pot belge qui décide d’en découdre avec un Grief qui en aurait eu ras le bol de vomir sa hargne au ralenti le tout sous le regard malveillant de Kylesaet Unsane. Et au milieu… vous. Il y a des fois où on se sent vraiment tout petit.
Ca castagne sec entre grosses poussées punky hargneuses, rythmique lourde et mélodies puissantes ("Monday bloody monday") sans oublier quelques ralentissements fracassants (l’énorme "Me and my shadow", "Permanent good one"). On se retrouverait même presque à trouver des points de comparaison avec les bovins de Lair Of The Minotaur à ceci près que la ligne d’horizon reste tout de même ici autrement plus élevée et dégagée que chez les Chicagoans à la vue courte et efficace ("So broken down")

Parfum de folie. Pétage de cable intégral. Gros son. 16 avoine tout ce qu’il peut, la classe en prime ("Flake"), et l’échange viril du début tourne rapidement à la dérouillée sans pour autant virer dans le massacre sans but pour le plaisir de jouer gras. Si vous êtes prêts à cracher vos molaires, ce disque est pour vous. Pire (ou mieux, c’est selon), on a peut être même connu 16 plus méchant encore et on pourtant on ne trouvera pas grand-chose à reprocher ce disque des plus cohérents. En tout cas la prochaine fois on essaiera de penser à préparer de quoi ramasser les morceaux hein… pourtant on devrait commencer à avoir l’habitude.

A écouter : pr�t � en d�coudre.