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Chronique live d'Isis, Jesu le 27/05/05 - Bordeaux (C.A.T.)
En ce chaud soir de mai 2005, une partie de l'�curie Hydra Head Records nous donne rendez-vous sur les quais de Bacalan, proches de la Garonne, dans un quartier en apparence sinistr�, mais o� le Centre des Arts Traditionnels (plut�t habitu� aux musiques du monde) a �lu domicile, � l'int�rieur d'un vieil entrep�t retap�. Cortez monte sur sc�ne aux alentours de 9h00. Le groupe originaire de Fribourg (Suisse), qui s'appr�te � sortir prochainement un split avec Ventura sur le label Radar Swarm Records, ainsi qu'un album dont la date n'est pas encore arr�t�e, se pr�sente sous la forme originale d'un trio guitare-batterie-chant, la guitare �tant tellement sous accord�e qu'elle rend l'utilisation d'une basse totalement superflue. Cortez pratique un post hardcore assez �trange, d'une rare intensit�, aux faux airs de Envy ou Dillinger Escape Plan. Le chant de JR est screamo et il me faut quelques minutes d'attention pour percevoir que la langue dans laquelle il s'exprime n'est autre que celle de Moli�re. En peu de temps, les helv�tiques r�ussissent � capter l'attention d'un public assez surpris par un set vraiment carr� et efficace, dont on retiendra surtout le morceau "El Vetic". Cortez termine sa prestation de 45 minutes sous les applaudissements d'une salle vraiment enthousiaste. Le changement de mat�riel donne l'occasion aux personnes pr�sentes d'aller prendre l'air, l'atmosph�re �tant rapidement devenu irrespirable. Par chance, les organisateurs ouvrent les vannes permettant de nous procurer un peu de fraicheur. Jansky Noise se pr�sente seul sur sc�ne, affubl� d'une masque rappelant Hellraiser (�tant donn� la chaleur je le plains sinc�rement). Apr�s une mise en bouche bruitiste de quelques minutes, qui pour ma part m'ont paru une �t�rnit�, notre dj encha�ne sur des morceaux plus structur�s qui ne sont en fait que des reprises de stars de ce qu'on appelait autrefois du rock FM tels que Bon Jovi, Whitesnake ou Survivor, mais compl�tement d�form�s par l'usage des machines et une voix style h�lium. Pass� l'�tonnement et la rigolade, intervient la lassitude et il s'en faut de peu pour que j'aille rejoindre certains de mes cong�n�res qui n'ont pas eu la patience d'�couter la performance jusqu'� la fin. La prestation recueille malgr� tout quelques applaudissements mais ne me laisse pour ma part qu'un sentiment d'incompr�hension. Ce n'est pas sans une certaine �motion que j'attends la venue sur sc�ne de Jesu et de son centre nerveux Justin Broadrick. 15 ann�es que je cours apr�s n'ayant pas r�ussi � voir une seule fois Godflesh en concert, l'�v�nement se mat�rialise - partiellement - enfin sous mes yeux ce soir. Ted Parsons �tant pris par ses obligations chez Killing Joke, c'est au batteur de Knut d'officier derri�re les f�ts. Comme pr�vu, le son est �norme, cataclysmique � tel point que je me surprends parfois � lever les yeux vers le faux plafond de la salle qui par chance � l'air de tenir bon. Inutile de s'attendre � une prestation sc�nique dynamique, le son suffit amplement. Justin, aux commandes de sa guitare et au lancement des samples, assure son r�le de ma�tre � jouer � merveille et les morceaux - magnifique "Your Path To Divinity", m�lancolique "Tired of Me" - atteignent une puret� et une qualit� � laquelle je ne m'attendais pas. L'�motion de "Friends Are Evil" p�trifie une partie de la salle qui observe avec fascination les trois bonhommes pench�s sur leur instrument ne se souciant uniquement que de ce qui en sortira. Certaines personnes, toutefois peu enclines � supporter le minimalisme relationnel (pas de pr�sentation des morceaux, juste trois mots durant le set) et la froideur musicale de Jesu s'�clipsent. Le point culminant intervient sur "Ruined", extrait du premier ep du groupe o� Aaron Turner vient pr�ter main forte � la guitare accentuant la sensation d'�crasement qui pr�valait jusqu'� maintenant. La version certes consid�rablement r�duite - le morceau originel avoisinant les 20 minutes - fait mouche et cl�t la prestation sur une impression de bien-�tre absolu, les applaudissements nourris de la fin du set l'attestent. Ce dernier laisse la place � Isis qui, ce n'est pas une surprise, recueille ce soir tous les suffrages. Pour la prestation, la salle est comble. Autant l'avouer tout de suite, avant le concert je ne connaissais que tr�s peu le groupe de Boston et j'avoue avoir �t� agr�ablement surpris par la prestation propos�e. Le groupe b�n�ficie d'un son clair, vraiment de qualit� - peut-�tre le synth� un petit peu en retrait - mettant v�ritablement en valeur les morceaux � tendance �th�r�e de Panopticon. Les titres se succ�dent les uns aux autres - "So Did We", "Backlit", "In Fiction", "Wills Dissolve" - sans trop de commentaires, Aaron Turner s'av�rant aussi bavard que Broadrick. A l'instar de Jesu, Isis se contente de laisser le son accomplir son oeuvre et envahir l'espace. Il est d'ailleurs assez curieux de noter le contraste entre l'attitude humble du groupe et le c�t� sophistiqu� de sa musique, offrant quelques moments paroxysmiques surtout lorsque le synth� change d'instrument. Isis se transforme alors en formation en trois guitares donnant aux morceaux une puissance qui affole les personnes pr�sentes. Enti�rement acquis � la cause, le public fait un v�ritable triomphe au quintet qui se retire au bout d'1h30, satisfait du devoir accompli. On rejoint l'air libre aux alentours de 2hOO du matin. L'atmosph�re s'est consid�rablement rafra�chi du fait de la pr�sence du fleuve et les personnes pr�sentes s'attardent un peu devant la salle, go�tant ce moment avec d�lice avant de prendre le chemin du bercail. Je me repasse les grands moments de la soir�e et je souris d'avance � la perspective de revoir Jesu dans un mois au Mans. En attendant, je vais profiter all�grement du week end qui s'annonce radieux et prolonger mon s�jour en Gironde. C'est d�cid�, demain je vais � la plage. Fragone (Juin 2005)
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