The World Is A Beautiful Place And I Am Not Longer Afraid To Die le 14/04/14 Paris (Glazart)

Deux heures et demi de train, une grosse demi-heure de métro et pas mal de marche plus tard, me voici arrivé dans la capitale, au Glazart précisément pour ce qui s'annonce comme l'affiche Emo la plus enthousiaste de l'année. Bon en réalité, Old Town Bicyclette propose d'autres programmations (davantage Hardcore) toutes aussi intéressantes, mais je ne peux hélas pas faire le voyage à chaque fois.

19h30, le Glazart est pratiquement vide quand Hyperstation invite les quelques présents à se rapprocher de la scène pour un peu plus de chaleur humaine. Malgré le peu de monde, leur enthousiasme fait plaisir à voir. Le duo batterie clinquante vs. basse rondouillarde impose un groove froid alors que se mêlent riffs de guitare, claviers soniques, voix hypnotiques et parfois même un peu de thérémine. Comme sur disque, Hyperstation évoque tour à tour Rock saturé, Pop, Post-Punk allongé aux sonorités Electro. Du coup le mélange est plutôt frais à défaut d'être hyper au point sur scène et de manquer encore d'impact dans les compositions. Une entrée en matière plutôt cool néanmoins.

La suite n'a décidément rien à voir, avec le Screamo / Hardcore / Black Metal de We Came Out Like Tigers. Les balances auront le mérite d'éloigner les jeunes enfants de la scène du crime. Les plus téméraires s'y aventureront pour y découvrir un groupe anglais colérique où toute sa rage et sa tristesse est concentré dans sa musique. Les muscles sont tendus, les dents serrées, les rythmiques cognées, les hurlements brutaux et désespérés. Évoquer l'identité d'un Orchid ne semble pas fortuite, tout comme celle de Celeste (dont le guitariste arbore un t-shirt). Le son est moyen, mais l'on comprend l'idée. Quatre titres très vite expédiés, égalant à peine la durée d'Ever​-​Crushed At Pecket's Well, leur dernier album fraîchement sorti chez Dog Knights Productions. La haine est concentrée pour que l'impact soit dévastateur. L'effet est plutôt saisissant, le violon apporte clairement un plus dans les compositions du quatuor, mais il manque encore le truc pour les faire rivaliser avec les groupes dont ils s'inspirent.

Dans un registre encore une fois différent, l'on commence à attaquer le cœur Emo de la soirée avec Keith Latinen qui est le seul membre officiel d'Empire! Empire! (I Was A Lonely Estate) présent. Sa femme n'est pas présente et pour le poste de batteur, on ne sait plus trop qui fait quoi depuis plusieurs années. On s'étonnera légèrement qu'il ne soit pas la tête d'affiche de la soirée, mais la renommée gagnée par The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die en l'espace d'un an est telle qu'on le concède facilement. Et puis, comme l'on découvre que trois membres du groupe viennent épauler Keith sur scène on se dit que c'est parfaitement dans l'ordre des choses. Le reste laisse la magie opérer. Une voix frêle, à la limite de la justesse, des cordes qui provoquent les sourires, des rythmiques enjouées mais un poil trop cognées. Les regards se concentrent sur Keith et son t-shirt Secret Of Mana même si les musiciens assurent pour maintenir en place les morceaux qu'ils connaissent sur le bout des doigts. Une petite demi-heure de bonheur d'emo sunny avec au sommet le plaisir d'entendre How To Make Love Stay qui suscite les larmes. Keith parcoure sa discographie relativement fournie en split, mais l'on regrettera Year Of The Rabbit ou Our Love Has Made Us Pariahs qui font parti des premiers pas du groupe. Presque trop court se dit-on enfin, quand le musicien resté seul pour un dernier titre, pose sa guitare. Demeure des blagues entre les titres, des sourires, une gentillesse et un chouette moment passé en sa compagnie ensuite au stand de merch. On espère qu'il ne faudra pas trois longues années pour le revoir de nouveau.

La soirée aurait pu s'arrêter là qu'elle était presque parfaite, mais le meilleur était encore à venir. Têtes baissées et yeux fermés, The World Is A Beautiful Place And I Am No Longer Afraid To Die vie sa musique pleinement. Rythmique sautillante, deux guitares pour densifier le son et nourrir les effets Post-Rock, un clavier pour la partie électroniques et les instruments additionnels (trompette / violon) et un chant passionné. C'est là qu'on voit tout le mérite du groupe et que leur premier album Whenever, If Ever, paru l'année dernière chez Topshelf Records, dépassant stricto sensu le cadre de l'Emo, n'est pas juste un soufflet pour un combo placé trop vite sur un piédestal. Tout suggère leur affection pour le genre et bien plus. Du tourbillon jouissif de Flightboat, de la tristesse d'un Picture Of A Tree That Doesn't Look Ok transformé en éclat rageur, aux chœurs finaux de The Layers Of Skin We Drag Around, le sextuor en impose, décroche les étoiles, nous enchante, nous étourdis (Getting Sodas). Pratiquement l'intégralité de l'album est joué ce soir avec quelques anciens titres en prime. On remue (un peu), mais l'on rêve (beaucoup). C'est 45min plus tard que l'on repose les pieds à terre avec la sensation d'avoir vécu un concert parfait, que se soit dans le son, les morceaux choisis ou même la durée du set.

Alors merci au Glazart et à Old Town Bicyclette d'avoir organisé un tel événement pour les passionnés que nous sommes. Ca valait vraiment le déplacement.

Pentacle (Mai 2014)

Merci à Djou et à Old Town Bicyclette pour l'inviation.

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