Benjamin Gibbard Paris, Café de la Danse, le 05-12-2012

J'ai toujours vu Benjamin Gibbard, à l'instar de James Mercer (The Shins) ou de Colin Meloy (The Decemberists), comme un geek attardé, coincé dans un monde post-adolescent, dont la naïveté des mélodies reflètent encore quelques années après parfaitement les errances propres à cet âge ingrat.

Derrière cette timidité apparente, on en oublierait presque pourtant cette curiosité qui le pousse à toujours expérimenter. Songwriter à l'âme sensible, il est aussi un bidouilleur intéressé lorsqu'il s'aventure avec Jimmy Tamborello dans The Postal Service; voyageur insatiable, il rend hommage sur la route à Jack Kerouac avec One Fast Move or I'm Gone en 2009.

Ses valises, il les pose le temps d'un soir dans la jolie salle parisienne du Café de la Danse, qui n'a pas son pareil pour faire de son lieu un salon intimiste où toutes les familiarités sont permises, où les artistes soufflent et se confient. Ce soir, Benjamin Gibbard se produit seul mais son étui contient d'autres richesses à partager.  Ce n'est pas le performer que l'on vient voir ce soir, celui qui vient de sortir un Former Lives écrit comme un exutoire de ses récents désamours, c'est un homme, un peu fatigué, un artiste aux facettes multiples et complémentaires, en miroir des différents projets auxquels il contribue.

Ce soir, Benjamin Gibbard plays Former Lives (dont les titres, pourtant plaisants, paraîtront parfois anecdotiques), mais aussi The Postal Service, et Death Cab for Cutie. Le set s'ouvre d'ailleurs sur la nostalgique "Such Great Heights", inattendue, et revisite de manière confidentielle les principaux titres de Death Cab, piochés dans toute la discographie ("Cath", "405", Title And Registration"). Un homme et sa guitare, une voix fragile sous une lumière absente. A un certain point, la frontière entre le public et l'artiste disparaît; les paroles de Gibbard nous paraissent si près qu'elles nous effleurent. Le public, dodelinant jusqu'alors aux sombres mélodies, chuchote ses chansons comme si elles étaient les leurs, les reprend timidement. Frissons ressentis sur "Soul Meets Body", évidemment, aussi - surtout - sur la magnifique interprétation au piano de "Soul Meets Body". Plans, l'album qui a valu à Death Cab la reconnaissance du public et la notoriété qui sied, n'a jamais paru plus humain.

En sortant, la mélancolie se joint aux premiers froids de décembre. L'espace d'un moment, Benjamin Gibbard, l'homme aux 500 000 albums vendus, le performer sans relâche des grosses émissions US, l'ex people de Zooey Deschanel, était rien qu'à nous avec sa chemise de bûcheron et sa timidité apparente. Et c'était bien.

Chorizo (Décembre 2012)

Merci à Matthieu (Café de la Danse), à Merry pour les photos, à Florence, ainsi qu'à Djou.

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