Occupy Europe 2012 La Maroquinerie

Enfin, enfin nous autres petits Européens allons pouvoir arrêter d’être frustrés de ne jamais avoir eu droit aux sauvages Américains d’Origin en tête d’affiche et ce après quinze d’existence. Armé de son dernier album Entity, le groupe va certainement nous infliger une claque s’annonce sévère. Mais autant le soutien de Psycroptic peut être une heureuse nouvelle pour les fans, autant il devait bien y avoir des dizaines d’autres groupes européens qui auraient été plus à même d’ouvrir pour Origin.

Mais il est 17h30 et c’est aux Franciliens de Henker d’ouvrir le bal pour cette date parisienne.  Le groupe défend son album paru fin 2010, Slave of My Art, d’une brutalité et d’une efficacité redoutables. Le groupe en a dans le ventre et reproduit parfaitement les rythmes et riffs complexes de "Mental Corruption",  "Slave of My Art", "Executioner" ou "Breath of Death". Les musiciens se donnent à fond et Frantz, le chanteur à la belle doudoune bleue, profite des breaks pour sortir des gimmicks impressionnants (le coup du fusil à pompe est excellent !). Malheureusement le public n’est encore pas encore entièrement entré et seuls quelques fans bougent leur popotin sur le set du groupe, qui se terminera par "The End of the Road". Peut-être pas le choix le plus judicieux pour un set aussi court.

Déjà l’heure de quitter les planches et c’est Dictated qui prend la relève.
Originaires des Pays-Bas, la particularité du groupe réside dans les deux guitaristes qui sont en fait deux guitaristes féminines. Passé ce constat, moins étonnant de voir plus de mâles en mal de reconnaissance s’amasser devant la scène pour attirer l’attention des deux mignonettes (qui il faut tout de même le reconnaître assurent comme il faut). Au-delà de ça, Dictated balance un death metal plutôt plat. Les riffs se ressemblent, ne volent pas haut et s’enchaînent sans trop émoustiller les parties intimes, les grosses parts sont prévisibles au possible et le bassiste prend des poses « trop stylées ». Il faut tout de même le reconnaître, le chanteur jouit d’un growl profond et puissant qui s’est avéré convainquant tout du long. Dommage qu’il tombe dans le cliché systématique lorsqu’il s’adresse à nous: “Do you fucking love death metal??”. Sinon côté fosse, à part les débilos en rut des premiers rangs, l’électrocardiogramme bat toujours à un rythme tranquille mais bon, pour le coup, la faut ne lui incombe pas forcément.

On enchaîne avec Ite Missa Est et son metal / hardcore pure souche de qualité. Un peu plus d’action dans le pit mais toujours pas de quoi faire flipper une petite vieille. Ce soir est une date spéciale pour Ite Missa Est comme le groupe est sorti vivant d’un accident de vanen République Tchèque. Pour l’occasion, l’un des gratteux guitariste d’Outcast prend part à leur show.
Comme les grands de Despised Icon le faisaient, Ite Missa Est mêle avec efficacité riffs typés death / metal et mosh parts impressionnantes de lourdeur, toujours subtilement amenées. J’avoue ne pas particulièrement apprécier ce mélange mais le combo se révèle être vraiment efficace sur scène, les paroles hurlées en français lui conférant une aura quelque peu tragique. Quelques fans aux anges connaissent les paroles par cœur et se laissent aller à des pas typiques hardcore comme le « two step » ou l’hélicoptère. Mais si, vous savez, quand on fait tourner ses bras et ses jambes comme un dératé et qu’on manque de défoncer le nez de son voisin.
Quarante bonnes minutes de set plus tard, les lumières se rallument et le frontman déclame sa phrase symbolique : “La messe est dite”. Classe.

Place maintenant à Leng’Tche, dont j’avais vaguement entendu dire qu’il s’agissait d’un side projet de certains membres d’Aborted. Le groupe monte donc sur scène devant un parterre de... rien du tout. Eh oui. La foule paresseuse s’est assise sur les marches qui bordent le pit et n’a pas vraiment envie de bouger son derrière pour aller supporter le groupe. Et on peut les comprendre.
Ne connaissant pas le groupe, la surprise fut totale lorsque j’entendai pour la première un grindcore ultra primaire, basique de chez basique. Totalement indifférent face à la musique du combo, je sens néanmoins monter en moi une furieuse envie de tataner mon voisin. Et je ne suis apparemment pas le seul. Tout le monde se regarde, ça commence à se bousculer doucement. Serge Kasongo, le frontman se mouche sur scène, gueule des paroles qu’il ne connaît pas, d’après son propre chef. Je commence à me demander ce qu’il se passe. Le chanteur / guitariste ne sait clairement pas chanter. Serge s’amuse à tendre plusieurs fois le micro à un type totalement blasé avant de nous regarder dans les yeux avec une franchise qui ne peut que foutre la pêche. Il te pointe du doigt et te dit “Super mec!” alors que tu n’as rien fait!
En plein milieu du set, il fait monter un énergumène torse poil sur scène et lui laisse tout bonnement le soin d’assurer la place de frontman le temps d’un titre. Dingue! Le p’tit mec se prend au jeu et hurle de toutes ses forces dans le micro, alors que Serge descend pogoter dans la fosse qui depuis s’est bien activée. “Alors, ça fait du bien hein?” - “Ouaip grave”.
Le show continue, les obus grindcore pleuvent, c’est le défouloir total. Le micro passe de mains en mains à qui le veut bien. Le groupe ne se prend pas au sérieux et fait vraiment plaisir à voir. Faudra que j’écoute les albums studio à l’occasion, même si je ne pense pas pouvoir retrouver tant d’énergie que sur scène. Qui sait!

En attendant, ce sont les Australiens de Psycroptic qui investissent la scène. La foule s’est rassemblée et sera certainement la plus compacte de la soirée.
N’ayant écouté que le dernier opus du groupe, The Inherited Repression, je me laisse emporter par la première piste du set qui est aussi celle qui ouvre l’album : "Carriers of the Plague". Après ça, je ne me souviens pas de grand chose si ce n’est une certaine redondance dans le jeu du groupe. Les musiciens avaient beau avoir de la virtuosité à revendre, seuls quelques mélodies et riffs accrocheurs sortaient de ce flot de death metal technique, bouffées d’air frais dans un chaos irrespirable. Le chanteur s’exécutait lui aussi proprement, sans vraiment trop taper dans l’originalité. On le sentait parfois même un peu en retrait, ce qui est laissait une scène quelque peu vide vu la présence d’un seul guitariste sur scène.
En résumé un show sympa, mais les albums studio doivent être nettement plus prenants.

On décroche la banderole Psycroptic la batterie pour dévoiler celle de Origin, police sobre couleur acier, dans un espace noir et glacial. La chair de poule m’envahit alors que les lumières s’éteignent. Le chaos surgit des profondeurs de l’espace intersidéral! BRAOUF! Les trois premières volées de Entity nous sont envoyées dans la tronche sans préavis. SBLAM! "The Aftermath"! JDLA! "Wrath of Vishnu" et "Staring from the Abyss"! Le son est nickel, le jeu des musiciens réglé au poil de cul près, le bassiste n’en finit plus de sweeper sur sa basse alors le batteur s’en donne à coeur joie et nous assome de rythmes saccadés au possible, le tout ponctué par des pas de basse qui ajoutent encore du dynamisme à l’ensemble.
Le seul bémol à cette prestation fut précisément les longs moments de solitude entre deux titres, vides à l’image de l’espace dans lequel nous envoie Origin avec ses albums studio. Vides jusqu’à ce que le frontman nous parle pendant trois plombes de ce que l’on est censés faire pendant un concert, à savoir des stage diving, les pogos etc. Bien sûr la foule ne parle pas ou peu anglais, du coup les hurlements de joie sont vite remplacés par des “Bon putain vous jouez oui ou merde?”. Et le chanteur de nous raconter l’enregistrement de Entity, de remercier le public metal, de faire l’apologie des groupes précédents, des labels, de l’orga, de la salle... C’est bien sûr normal, mais là c’était de trop.
Ah oui, il a également décoché une droite à un gars dans la fosse, en réaction à de la provoc assez insistante de sa part. Le type s’est ensuite fait viré par un vigile et le Serge de Leng’Tche. Pas mal!
La suite du set sera composée en vrac de l’énorme "Saligia", "Evolution of Exctinction" dont le final ne rend pas aussi bien que sur la galette, "Swarm", "Finite", "Implosion of Eternity"... Une setlist qui fait la belle part à tous les “hits” des Américains.

Bref, la prestation de Origin aura littéralement soufflé l’auditoire. Dommage que Jason Keyser ait la langue si bien pendue.

DaFredz (Mars 2012)

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