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Neurosis / Amen Ra le 23/07/11 - Paris (La Machine Du Moulin Rouge)
Neurosis à Paris. La grande messe. Un concert attendu par beaucoup de gens un tant soit peu attirés par les musiques extrêmes et expérimentales. Et comme le groupe n'a pas foutu les pieds en France depuis leur cataclysmique concert du Hellfest 2007, logique que la date attire beaucoup de monde. Les fans de la première heure sont présents comme les nouveaux férus qui découvrent ce groupe indispensable dont un paquet de groupes actuels s'en revendiquent l'influence. Ajoutons à cela une première partie caviar avec les Amen Ra récemment signés chez Neurot Recordings et l'on comprendra que les 800 places soient parties comme des petits pains pour ce qui s'annonce comme l'évènement de l'année.
On passera sur l'attente interminable devant la Machine du Moulin Rouge, sur le prix de la bière surréaliste, sur la chaleur étouffante qui règne à l'intérieur de la salle et sur le fait qu'il faut jouer des coudes pour garder sa place et daigner voir quelque chose en plus d'entendre. Bref, pas vraiment des conditions idéales pour un concert, mais heureusement qu'au final il reste le plus important : la musique. Amen Ra monte sur scène et là c'est la première déflagration de la soirée. Le rendu sonore est énorme, implacable et surtout parfait ce qui permet de ressentir toute la densité et la profondeur de la musique d'Amen Ra. Les guitares créent ce mur infranchissable d'une lourdeur rare soutenu par une rythmique mastodonte écrasant tout sur son passage. Toujours de dos par rapport au public, Colin vocifère comme un dément. Le groupe demeure immobile, comme un seul bloc, noir, impassible, avançant inexorablement pour mieux nous ensevelir sous les décibels. La setlist vient piocher dans Mass III et Mass IIII avec notamment Am Kreuz qui retourne toujours autant le bide et le superbe Aorte. Nous Sommes Du Même Sang, même si le chanteur est moins à l'aise avec le chant clair que dans les hurlements possédés. Six morceaux, pour un set captivant et massif, renforcé comme à leur habitude par des projections en noir et blanc évoquant l'univers torturé, malsain et spirituel du groupe. Comparativement au concert de l'année dernière à Nantes, la prestations des belges n'est peut-être pas aussi viscérale, perverse et folle qu'il y a un an, mais ça fait également plaisir de voir Amen Ra dans des conditions plus « propres » diront nous. Par contre, un gros coups de gueule contre l'éclairagiste qui aurait mérité d'être flagellé sur place pour avoir laissé les lumières allumées sur les rangées circulaires. Amen Ra ça s'écoute dans le noir le plus total (si l'on excepte les quelques néons que possède le groupe) et c'est tout. Question d'ambiance, pour s'emplir complètement de la noirceur de leur musique.
A moitié lessivé après un tel concert, l'attente se fait encore très longue avant d'entendre les premières acclamations pour la montée de Neurosis sur les planches. Là encore c'est la baffe, mais à effet double car ils attaquent fort dès le départ avec Locus Star. Il fait de plus en plus chaud dans la salle avec un public de plus en plus compacté. Le rendu sonore est monstrueux, donnant l'impression de se faire engloutir par le déluge créé par les six américains. Given To The Rising calme un peu le jeu avec ses magnifiques passages aériens, maintes fois copiés, jamais égalés. Le duo Scott Kelly / Steve Von Till fascine par leur présence imposante, leur manière de jouer de leur instrument et surtout de la façon dont leur voix se complètent, profondes, graves, furieuses, solennelles même, nous entraînant dans leur rituel infernal. On se laisse très rapidement hypnotiser par ce chaos se déroulant sous nos yeux, renforcé par les images projetées derrière le groupe. Entre les titres, quelques samples Indus / Ambient sculptent des accalmies sonores, gardent la tension dans le public pour mieux se retrouver happé par la tempête Neurosienne. Mais le groupe fait encore plus fort, au fur et à mesure du set, la puissance et l'énergie déployée par le combo augmente jusqu'à ce qu'on soit totalement absorbé dans la folie de leur musique. Neurosis se permet de présenter deux nouveaux morceaux intitulés At The Well et Killing Elk qui présagent forcément du très bon pour la suite, mais ça c'était difficile d'en douter. En conclusion de la soirée arrive Through Silver In Blood pour un final apocalyptique et démentiel, qui restera longtemps dans les mémoires. Neurosis donne tout ce qu'il a sur ce titre, Scott Kelly s'explose l'arcade sur son micro et continue de de cogner sa tête ensanglantée, Noah Landis maltraite son clavier qui manque de s'effondrer à chaque frappe pendant que Steve Von Till sort des larsens terrifiants collé à ses amplis. Dans une dernière secousse sismique les deux guitaristes se rejoignent vers des fûts installés au milieu de la scène pour une conclusion tribale qui nous laisse complètement sur le cul.
Un concert qui se termine par une victoire par chaos pour Neurosis. Le retour à la réalité est perturbant, mais reste sur l'impression d'avoir vécu quelque chose d'exceptionnel ce soir. La marque d'un grand groupe, assurément. Pourvu qu'on n'aie pas à attendre si longtemps avant de les revoir en France, et je dis ça également pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'obtenir une place pour cette soirée.
Setlist Amen Ra : The Pain Is Shapeless Thurifer. Et Clamor Ad Te Veniat Razoreater Am Kreuz Aorte. Nous Sommes Du Même Sang Silver Needle. Golden Nail
Setlist Neurosis : Locust Star Given To The Rising End Of The Harvest A Season In The Sky At The Well Water Is Not Enough Belief At The End Of The Road Killing Elk Through Silver In Blood
Un grand merci à Adrien de Kongfuzi et Djou pour l'accréditation. Un mot aussi pour toute l'équipe parisienne de Metalorgie pour leur accueil dans la capitale.
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La même pour Amen Ra. J'ai trouvé le son trop fort, une bonne grosse mousline auditive...
Sinon c’était pas la 1ère date de Neurosis en france depuis le hellfest, le groupe à joué le dimanche d'avant aux fest léz'arts scéniques avec une set list quasi identique et un peu décevante à mon gout.