Festival Pul'son l'Automne le 15/10/10 - Vallet (Salle du Champilambart)

Par quel miracle me suis-je donc retrouvé ici? Pourquoi moi? Il est 22 heures et le doute m'assaille. Je baisse les yeux, visualise une bière fraîche dans ma main droite. Autour de moi une foule éclectique, globalement surexcitée. Sur scène, Sidilarsen se produit et récolte un succès plutôt mérité pour sa prestation à 100 lieues de celle délivrée par le groupe poussif et fatigué que j'avais laissé un an plus tôt au cours d'un festival incongru perdu au milieu du vignoble avec ce qu'il reste de La Phaze et DJ Zebra, le type qui mixe des CDs de MP3 les bras en l'air. Inquiétude.

Je me rappelle maintenant. Je suis à Vallet pour un petit festival, en compagnie d'une poignée d'amis. L'occasion de revoir du monde et de coupler tout cela avec une activité potentiellement plaisante - pour une fois qu'il s'y passe quelque chose. Puis le lineup me revient aussi: Les Bras Cassés, Sidilarsen, Marcel et son Orchestre. Non décidément, j'ignore ce que je fous ici. Puis je me souviens enfin que les stars de la soirée seront X Makeena. Et tout s'éclaire.
Les Bras Cassés? Evacués. Je n'ai même pas vu pour la simple raison qu'à 19h30 je n'étais pas là. Peu importe. Je déboule d'ailleurs sur Sidilarsen et prends La morale de la fable et cinq ans dans les dents sans avoir rien demandé. Je n'écoute plus mais ils faut avouer qu'ils sont en forme et semblent avoir pas mal centré leur show sur les vieux tubes et leur réinterprétation honnête de Breathe (Prodigy). C'est tout du moins ce que j'en entends. Ca semble parfois un peu forcé, mais j'apprécie, le sourire en coin, avec un brin de nostalgie.

Le temps que Marcel et son Orchestre prennent la suite, les bars turbinent et l'alarme incendie fait sa première intervention de la soirée. Près d'un quart d'heure de décalage dans le timing, un public encore plus chaud qu'auparavant pour résultat. Rock'n'roll. Marcel peut entrer en scène. Les mecs sont là depuis des temps que mon (jeune) age m'empêche presque d'évoquer (bon ok, ça fait 20 ans), toujours debout, comme increvables. Au collège, au milieu de l'age d'or du rap français de l'avènement de la House à la française et des premiers signes de la dégénérescence à venir, ces mecs étaient, malgré tout, des stars. Je m'en souviens encore car c'était hier. Plus de dix ans plus tard et à peu près autant sans en avoir écouté un seul morceau, rien n'a changé. Les prestations des natifs de Boulogne sur Mer n'ont rien d'une légende et, en 2010, Marcel et son Orchestre a toujours le feu. Mieux, ils savent toujours et encore le mettre à grand renforts de costumes au delà du ridicule, de vannes pourries, d'engagement et de messages parfois graves passés avec le sourire, dans une ambiance festive comme peu savent en créer. Certes le public leur était tout acquis, la preuve en est qu'une seconde intervention de l'alarme incendie couplée à une coupure partielle de courant de cinq minutes n'aura en rien raison de sa motivation, mais le constat reste le même. Difficile de résister. Et puis ça change hein. Rien à redire.

Le changement de plateau se doit maintenant d'être rapide. La soirée a pris du retard et il est hors de question de bouffer le temps de X Makeena. Car même si les premières parties furent divertissantes voire très bonnes, aucune comparaison n'est envisageable au moment où le tour des bretons vient d'envahir la scène.
Quand bien même Derrière l'Oeil, leur dernier album en date, se veut moins furieux, plus sombre et pesant, X Makeena brûle toujours littéralement les planches à chacune de ses sorties. Et ce quatrième (cinquième?) live n'y échappera pas. Plus qu'un souhait, c'est une certitude qui trouve vite sa confirmation alors que le combo pénètre sur scène. Déflagration sonore, basses rampantes à vous décoller le plexus, kicks meurtriers: les deux frérots (Stefo et Nico) ouvrent la voie. Viking et Says débarquent. Fuite en avant, flow supersonique, "hystérie collective" comme ils se plaisent à le dire. Les structures modulables traversent la scène dans un ballet incessant, les MCs se renvoient la balle, bondissants, intenables, se cramponnent aux modules alors que créatures et accessoires en tous genres apparaissent tour à tour sur scène. La chaleur devient intense, la montée dans l'intensité est perceptible. On est clairement deux ou trois crans au dessus de la première partie de la soirée. A grands coups de leur mélange Jugnle/Hip Hop/Breakbeat/Dubstep, X Makeena écrase tout ce qui se présente face à la scène, retourne la salle comme jamais je ne les avais vu faire. Cette ultime tournée entamée sur fond d'apocalypse, de furie et de fiesta, même privée d'un Xperts que le groupe semble ne plus vouloir jouer depuis perpette s'annonce dantesque. Foncez y: branlée garantie.

Et comme aucun mot ne suffira jamais réellement à décrire ce qu'est une prestation live de X Makeena, je vais laisserles images faire le reste du travail.