Vieilles Charrues 2010 Part 2 le 17/07/10 - Carhaix

Samedi 17/09 :
La journée débutera pépère en milieu d'après-midi sous le signe de la Folk des bucherons de Midlake. Pausé dans l'herbe, profitant du soleil, il n'y a rien de mieux pour entendre les douces mélodies tissées les texans. Midlake prend effectivement le temps de se poser, d'installer leurs ambiances mélancoliques et doucereuses. Les quatre guitares s'entrecroisent, parfois portées par des flûtes. Il plane une atmosphère très seventies sur les compositions du groupe où l'on s'attend à voir surgir le spectre de Jethro Tull d'un moment à l'autre sur scène. Du haut de leur Folk intimiste et contemplative, mais un peu timide, le groupe séduit quand même et me donne l'impression d'être revenu à l'époque hippie pendant un moment avec un face de moi ces types barbus en chemise à carreau venus compter fleurette. Sans être tout le temps captivant, Midlake aura fait un concert agréable et tout en subtilité pour bien débuter la journée.

J'évite Gaëtan Roussel et son énervant Help Myself, pour me diriger vers la Xavier Grall ou les caennais de Guns Of Brixton viennent défendre leur troisième et dernier disque, le très bon Cap Adare. Forcément avec le leader de Louise Attaque qui minaude sur la grande scène et qu'on est encore au commencement de la soirée, le public n'est pas au rendez-vous. Une petite centaine de curieux, seulement, a fait le déplacement. Et puis quand on joue du Dub qui sort très largement des sentiers battus pour aller voir du côté du Post-Rock ou du Post-Hardcore, ça n'aide pas non plus pour favoriser la découverte. C'est fort dommage parce que Guns Of Brixton va confirmer tout le bien que je pensais d'eux en seulement 30 minutes chrono. Là où certains attendaient peut-être la chaleur planante du Dub à la cool, il faudra plutôt compter sur du Post-Rock lui aussi planant mais pas vraiment du genre festif. Les sonorités distillent une atmosphère assombrie et celles-ci se durcissent même parfois quand le chanteur prend la parole (Cannibale) pour atteindre des sommets d'émotion. Les samples amènent un côté cinématographique à l'ensemble, réchauffent parfois l'ambiance et les musiciens biens calés derrières leurs instruments (surtout le jeu du batteur qui est assez remarquable) continuent de nous faire voyager parfois jusqu'au point de rupture noise (Dub's Not Dead). Rien à redire le concert est excellent sauf qu'il aura été trop court et j'aurai bien repris deux trois titres en rab' histoire de rester un peu plus longtemps sur mon nuage. En voilà un groupe qui gagnerait tellement à être plus connu et qui aurait largement mérité de remporter le tremplin des jeunes charrues.

Petit passage sur la scène Beach Box, aménagé dans une caravane, pour voir le rappeur albinos, Brother Ali. Au menu du Hip-Hop made in 90's qui embrasse largement la Soul, la Funk et le Jazz pour des morceaux au groove percutant. Brother Ali prend le micro avec ténacité, mais aussi avec l'envie de faire des titres fédérateurs, notamment sur les refrains. Son flow est excellent, les instrus sentent bon le soleil et donnent le sourire, loin de la froideur nordique de Minnesota dont il est origine. Quelques impros sont de mise, Brother Ali s'essaye au Beat Box avec brio et jongle avec les mots avec facilité, retombant toujours sur ses pattes. Une bonne demi-heure pour prouver que Brother Ali est un très bon Mcs et que Us son dernier disque sorti en 2009 vaut largement le détour pour les amateurs de bon Hip-Hop.

C'est l'heure de manger, ce qui se fera sur fond sonore de Fortune, groupe morlaisien d'Electro Pop Rock. Je ne me retrouve pas du tout dans leur musique trop Disco-Pop pour me toucher, trop dancefloor à paillette pour accrocher. Ca se laisse écouter sans prêter attention, mais ça ne va pas plus loin et puis à ce compte là, je préfère encore Phoenix qui passe plus tard dans la soirée. Dommage, puisque c'est bien après que je me suis rendu comte qu'il y avait la moitié d'Abstrackt Keal Agram, groupe d'Abtract Hip-Hop excellent au demeurant.

La suite des festivités se fait avec Indochine, le groupe probablement le plus décrié du festival avec Mika ou Diam's. Mais personnellement j'aime beaucoup ce groupe, vu déjà plusieurs fois en concert. Ici encore, il n'y aura pas de surprise : ceux qui apprécient le groupe passeront un bon moment en leur compagnie et les détracteurs de la bande à Nicolas Sirkis se conforteront dans leur avis. Dans tous les cas Indochine attire et va jouer devant 50 000 personnes (peut-être la plus grosse influence qu'il m'aie été donné de voir dans ce festival) en axant son concert sur La République Des Météors avec des morceaux comme Little Dolls, Je T'Aime Tant, Un Ange A Ma Table, La Lettre De Métal ou Le Lac. La plupart de ces titres sont certes sympa, mais le public les connais moins bien que leurs anciens titres dont il est un peu dommage que le groupe est confectionné son show en mode promo du dernier album. Heureusement, les classiques que tout le monde voulait entendre sont là, des plus récents (J'Ai Demandé A La Lune, Marilyn) aux plus anciens (Trois Nuits Par Semaine, Canary Bay) mis en vidéo par des visuels plus ou moins abstraits. Nicolas Sirkis en bon frontman harangue la foule, chante (souvent) juste et balance quelques couplets démago entre les titres. Si les discours n'ont pas changés depuis plusieurs années, qu'on est toujours ''un putain de public'', on sait quand même que le groupe prend plaisir à être là et le public jeune ou moins jeune les en remercie avec une excellente ambiance. Le concert se conclue forcément par L'Aventurier, repris en choeur par le public, avec Nicolas Sirkis enroulé dans un drapeau breton. Pas le meilleur concert d'Indochine qu'il m'aie été donné de voir, mais il auront quand même assurés.

C'est Phoenix qui prend le relais sur la deuxième grande scène. Pas facile de passer après Indochine et pourtant le groupe le plus anglais des groupes français va se montrer à la hauteur. Montant petit à petit dans une renommée internationale, les français explosent enfin avec leur dernier opus : Wolfgang Amadeus Phoenix dont une grosse partie des titres seront d'ailleurs issus (1901, Girlfriend, Armistice, Fences, Lisztomania et Lasso). Certes, c'est à ce jour leur album le plus connu hors frontières françaises, mais comme Indochine, il est dommage que le groupe se contente se rester sur la promo de leur dernier album. Pas de quoi être aigris non plus puisque je pourrais me faire plaisir sur les tubesques Long Distance Call, Everything Is Everything et le gros classique If I Ever Feel Better. Chose sympa de la part de Phoenix qu'il convient de signaler c'est que les morceaux sont parfois remaniés avec d'autres arranges ou joués différemment ce qui évite la copie conforme de l'album. Paris risqué mine de rien et les français s'en tirent avec les honneurs et la sympathie du public.

Il est maintenant 1h45, on se commence à se les cailler sévèrement, mais le groupe que j'attends le plus du festival ne va pas tarder à rentrer en scène. Et quelle scène! Gojira va donc jouer sur Glenmor, certes à 2h du mat', mais bon, c'est pas tous les jours qu'on a droit à du Death-Metal aux Vieilles Charrues. Et bordel de dieu ça va envoyer du très très lourd! Entrée tonitruante sur Lizard Skin, le son est énorme, fait vrombir le site entier de Kerampuilh. Premier morceau et le constat est sans appel, ça fout une grosse claque de quoi se remettre sur pied à cette heure avancée de la soirée. Les badauds qui s'étaient risqué à venir découvrir Gojira, repartent bien vite avec des regards qui en disent long (qu'est ce que c'est que cette merde). Il suffit de jetter un coup d'œil autour de moi pour voir quelques personnes retourner prestement au camping ou se diriger vers l'Electro tapageur de Boyz Noise. Peu importe, ceux qui restent vont en profiter largement. Clone, Backbone et Indians suivent et confirment une chose : certains attendaient peut-être un Gojira assez soft vu le cadre d'un tel festival. Pas du tout! Ces couillons vont la jouer bien plus brutal que prévu en débutant par leur anciens titres. Sur cette grande scène, les français se débrouillent bien également avec Joe Duplantier au taquet bougeant dans tous les coins, utilisant l'avancée de scène pour haranguer la foule avec son célèbre « bougez! ». Tout le groupe est d'ailleurs boosté à bloc et content d'être là. Joe remercie la programmation de les avoir invités et de les faire jouer sur la grande scène. En moitié de set, Gojira revient sur The Way Of All Flesh calmant légèrement le jeu avec le futuriste A Sight To Behold mais repart aussitôt avec les explosifs The Art Of Dying et Toxic Garbage Island entrecoupés du cours solo de batterie de Mario. Rien se semble arrêter Gojira dans sa terrible cavalcade : The Heaviest Matter Of The Universe nous pousse à bout de force alors que le planant Flying Whales nous redonne un peu de souffle avant le final sur Vacuity. Gojira reviendra pour un rappel avec deux morceaux : World To Come et Ouroborus, histoire de bien nous achever. Un set énorme donc, tous les fans présents ce soir là vous le diront à mon avis, avec une grosse grosse prestance pour Gojira qui affirme son statut de leader de la scène Metal française.
Epuisé, je rentre tout penaud au camping, espérant avoir un peu de repos bien mérité ce qui ne sera bien évidemment pas le cas, camping de festival oblige.

Les Vieilles Charrues 2010 s'arrêtent pour moi samedi soir, avec d'excellents moment passés, des groupes dont je suis très content d'avoir recroisé leur route (Airbourne, Baroness, Indochine) et d'autres que j'ai pu enfin voir (Guns Of Brixton, Suprême NTM). Il reste une déception sur Woven Hand, mais aussi une grande claque dans la gueule avec Gojira. Un excellent festival donc, et si la programmation recommence à être alléchante comme ça chaque année, je resterai continuerai à rester fidèle à ce festival.

Pentacle (Août 2010)

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