Kill The Thrill, Aluk Todolo, Mein Sohn William le 15/05/2010 - Marseille (L'Embobineuse)

Les Kill The Thrill sont déjà passés il n'y a même pas 2 semaines au Montévidéo. Ce n'est pas une raison pour faire l'impasse sur ce nouveau passage du trio à l'Embobineuse. Qui plus est, une petite voix m'a dit qu'on ne les reverra pas de si tôt sur scène (c'est chouette de jouer, mais il faut bien composer aussi de temps en temps). Malheureusement, et on ne va pas mettre ça sur la dernière journée du superbe championnat de France de pied-ballon, l'Embobineuse est très loin de faire le plein. Samedi soir. Kill The Thrill. A Marseille. What the fuck ? Va comprendre. 

C'est devant une assemblée clairsemée, dans la pénombre, que Mein Sohn William installe son bazar. Comprenez, une multitude de pédales, un sampler de geek, un synthé' qui a bien vécu, une poignée de bouts de bois, un gros machin circulaire en féraille ainsi que 2 micros, qui pointent déjà son amour pour la schizophrénie. Une vieille guitare acoustique à la main, encapuchonné dans une superbe cagoule poilue dans le plus pur style Winnie l'Ourson, le rennais trépigne, souffle et s'agite comme un chat en cage. Ca commence sagement, comme un morceau de folk simpliste. Puis par jeu de samples, de beats que l'animal imprime avec une branche sur le corps de guitare, de parties vocales allant de grognements primitifs à de vraies lignes de chant vraiment classes, Mein Sohn William fait littéralement tout partir en vrille. Le point de non retour atteint, la sueur au front, les mollets tendus et grossis, il nous propulse  directement dans un univers folklorique, parfois même chamanique, souvent enfantin, et surtout foutrement entraînant et attractif. Les yeux clos, tu t'imagines à danser autour d'un feu de camp en pleine forêt pour invoquer les esprits. Les têtes dodelinent, les yeux pétilles, ça rigole, ça encourage, il y a même un vieux fou qui veut le virer de la scène. Tout est là. Clap Clap Clap ! Mein Sohn William a tout compris et impose une musique folle, atypique,  foutraque mais pas bordélique, qui met tout en oeuvre pour que jamais l'ennuie ne pointe. LA bonne surprise de la soirée. Sans compter que son premier disque sorti en 2009, réédité 3 fois, est juste excellent.

Il n'y a que l'Embobineuse pour te faire passer d'un mec en cagoule Walt Disney à Aluk Todolo. Avec un nom pareil, tu te doutes forcément que ces mecs là ne rigolent pas, qu'ils portent du noir et qu'ils utilisent Head&Shoulders pour entretenir leur looooooogues chevelures. Sur scène, le trio opte pour le strict minimum, c'est à dire rien sauf une ampoule à la lumière orangée plantée au milieu de l'espace, qui apparaît comme en apesanteur. Dès la première seconde, c'est le mur de briques qu'ils décident d'envoyer. Monobloc, sans fissure, ni joint. Le truc qui te prend de plein fouet ou qui te passe 100 bornes au dessus du crane. L'approche générale est plutôt minimaliste. Zéro branlette. Aluk Todolo mise tout sur le ressenti. 100% instrumental, le set alterne entre digressions drone rock, vaporisations d'atmosphères black metal et occultes, riffings aux couleurs seventies et des choses indéfinissables que le groupe égraine au grès des courants. Les passages qui auront le plus retenus mon attention restent sans aucun doute ces quelques relents glacials qui lorgnent vers un indus quasi rituel. Aluk Todolo, c'est le genre de truc que tu as envie d'écouter chez toi, seul, au beau milieu de la nuit, pour que l'essence même de la musique n'en ressorte que davantage. Sur scène il m'a manqué une grosse partie du contexte pour accrocher plus d'un gros quart d'heure à une interprétation au final bien (trop) sage.

De visu, Kill The Thrill c'est d'abord 3 manches de guitares placardés sur un mur d'amplis, puis 3 sourires qui traduisent immédiatement une passion inébranlable. L'autocollant RUTS calé sous les cordes de la basse rouge vif de Marylin est là pour te prévenir. C'est sur des RAILS que tu vas partir. On aura beau dire que la place des Kill est assurément sur une grande scène avec une sonorisation digne de ce nom, le son crépitant et granuleux de l'Embobineuse leur va comme un gant. Malgré deux interruptions au beau milieu d'un morceau à cause d'un ampli récalcitrant, Kill The Thrill arrive toujours avec une aisance folle à communiquer sans intermédiaire son univers sculpté par des séismes et baigné d'atmosphères éthérées et venteuses. Ca souffle dur ce soir. Il faut dire que Nicolas a décidé de passer la vitesse supérieure. Son chant plein d'aspérités prend enfin toute la dimension qu'il mérite du simple fait qu'il laisse (enfin) de côté sa guitare pour s'y consacrer pleinement sur les quelques morceaux où le riffing est pleinement assumé par Fred. L'intensité de ces derniers s'en retrouve alors décuplée. Les morceaux de Tellurique épuisés, nos sens encore avides, le long rappel se fera sur un morceau new/cold wave de 203 Barriers. Hypnotisant à souhait. S'il ne fallait pas s'arrêter, Kill The Thrill aurait pu jouer jusqu'au petit matin. Du crépuscule à l'aube.

Senti (Mai 2010)

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