The Fest (Prologue) Gainesville, Floride, USA, 29/10/2009

Il est un festival qui définit tellement la scène, SA scène, que ses créateurs n'ont pas eu à chercher bien loin son nom : The Fest. Plus qu'un festival, un véritable camp de vacances pour les punk-rockeurs du monde entier. Cette année encore l'affiche valait son pesant d'or, plus de 250 groupes repartis sur 3 jours, le tout dans un état d'esprit intègre, DIY, et gardant une ligne de conduite très précise : profiter du moment présent, partager cet amour du punk-rock avec amis et inconnus tous réunis pour cet évènement unique.

Pas de grosse tête d'affiche ici, le Fest est une fête ou tout le monde peut participer, ou n'importe quel groupe peut postuler, et ou quand bien même le line-up est inimaginable n'importe ou ailleurs le billet ne coute que 60$ pour peu qu'on s'y prenne en avance (dernier délai... la veille du festival). Sur place par contre c'est tout autre chose que les festivals que l'on connait. A peine arrivé à Gainesville on comprend très vite ce qui a fait le succès de l'endroit pour ce genre d'évènement : il fait chaud (voir très chaud, le thermomètre passant régulièrement la barre des 30°), 75% de la population de la ville est composée d'étudiants (l'université de Gainesville s'avérant être la 3ème plus grande des Etats-Unis), soit plus de 50'000 jeunes potentiellement aptes à prendre part aux festivités. De plus les dates choisies coïncident chaque année avec Halloween, et accessoirement avec un week-end sportif dense qui permet à la ville d'évacuer ses supporters les plus motivés (agressifs ?) dans les villes concurrentes.

Déjà mercredi soir les costumes sont de sortie, ici Halloween ne se résume pas à une petite soirée ou les gens s'affichent timidement avec avec trois traits de maquillage et un chapeau de Zorro, la majorité des jeunes se prêtent au jeu et la température aidant, les costumes sont plutôt du genre surfeur, Tarzan, hippie façon Woodstock pour les hommes et il faut l'avouer tout et n'importe quoi version court et sexy pour les demoiselles. Le jeudi accueille quand à lui plusieurs pre-Fest show, présentants pour la plupart des concerts de groupes (régionaux pour la plupart ou simplement en vadrouille dans la région pour d'autres) qui seront également de la partie pendant le festival. Première sortie concert donc, au 1982, un des douze bars/salles qui accueillera les groupes pendant les jours qui suivront (et qui propose au passage un coin canapé/console juste excellent, avec à disposition Nintendo et N64 pour défier qui vous voulez à Bomberman ou Mario Kart). Effectivement, malgré le soleil et la chaleur le Fest se déroule en intérieur... Habitude probablement initiée pendant les premières éditions de l'évènement et qui perdure, pour le meilleur mais parfois pour le pire.

Le meilleur parce que l'ambiance d'un concert dans une petite salle est incomparable à celle d'une grande venue, ce qui amènera une quantité de moments d'une intensité rare, de réel partage, de communion entre le groupe et son public. Le pire car les places étant limitées, c'est la loi du premier arrivé premier servi qui fait foi, et quand une dizaine de groupes jouent simultanément on a tendance a vite abandonner les files d'attente pour se rabattre sur d'autres concerts, peut-être moins attendus mais souvent tout aussi bons. Des choix parfois (souvent) rageant, surtout après des centaines (milliers ?) de kilomètres parcourus et des heures de voyage... Mais c'est aussi ça le Fest, une immersion totale dans le monde de la musique, des confirmations, des déceptions, des sacrifices, des découvertes...

Petit résumé du pre-Fest Show au 1982 : premiers concerts et c'est déjà l'orgie de décibels qui commence, avec au programme neuf groupes (!) :

Ca commence très tranquille (vers 18h) avec le punk-rock de No More, groupe local (très local même, la chanteuse du combo étant la serveuse du bar...), sympa mais loin d'être inoubliable.  Enchainement rapide sur O Pioneers, premier ersatz de Hot Water Music de ce voyage floridien qui sans en faire des tonnes se débrouille pas mal du tout, bien que manquant à mon goût cruellement d'une identité un peu plus prononcée.
Le ton se durcit encore un peu plus avec la montée en scène de Landmines, groupe de Richmond (terre natale d'Avail et autres Strike Anywhere), qui étonnamment fait dans le punk-hardcore mélodique (surprise !). Et là c'est déjà un tout autre niveau, le groupe est parfaitement en place et le chanteur - à l'instar de son voisin Thomas Barnett (Strike Anywhere) - déborde d'énergie. Bien que sur CD les américains aient du mal à faire la différence, l'épreuve du live ne peut que les propulser un cran au dessus, grosse prestation.

Petite pause et c'est ma première des trois prestations de la semaine pour  Worn In Red qui démarre (plus de détail dans le report du troisième jour), suivie de près par celle d'Ok Pilot (idem). Il est déjà 22h, le besoin d'un temps mort pour respirer un peu dehors se fait sentir. Abandon donc du set de Mouthbreather que j'avais oublié être une des bonnes découvertes de Métalorgie de l'année 2008, dommage... Cette pause aura tout de même été plus qu'importante, le trio de tête de la soirée s'apprêtant à finir de combler un public venu s'en mettre plein les oreilles.

C'est au tour de North Lincoln de faire parler la poudre pour un de ses derniers concerts ever. Et c'est la grosse claque, le trio a un charisme et une assurance qui impressionnent et les compositions du groupe parlent d'elles-même (chronique). Le public est quand à lui parfaitement conscient de sa chance d'assister à une telle représentation et l'alchimie entre le trio et ses auditeurs ne fera qu'augmenter ce sentiment de satisfaction qu'on éprouve à l'idée d'être au bon endroit au bon moment.

Ca se muscle encore  avec l'arrivée de Young Livers, bien décidés à porter le coup de grâce au peu de sensibilité auditive encore présente dans l'assemblée. Ca joue fort, cordes tendues et toutes veines dehors, et ça fait mal. Malheureusement plus assez en forme pour en profiter réellement je finirais écrasé sous le poids des morceaux de New Drop Of Era et autres autres avant-premières de Of Misery And Oil, végétant sur un canapé dans un coin de la petite salle.

Après avoir repris quelques forces pour le dernier concert de ce mini-festival, retour dans la fosse ou Bridge And Tunnel s'apprête à venir supporter son excellent East/West, ou pour faire simple un de mes albums préférés de l'année 2008 (voir le dossier). Sur scène ? C'est tout aussi beau. Les voix (homme/femme, claires/rauques) se complètent, s'entremêlent, les mélodies touchent et les refrains font frissonner. Le groupe mélange avec une habilité rare le punk-rock, l'emo-punk et y ajoute même un peu de post-rock par moment, because they can. Un grand moment musical pour une soirée déjà riche en émotions. Happy.

Après une première soirée donc déjà bien chargée musicalement, une after “comme dans les films�? (invité dans une maison à coté de la salle pour boire une bière pression dans un gobelet rouge, le tout entouré par des étudiants déguisés tous aussi sympathiques les uns que les autres) et une nuit trop courte, il est temps d'aller récupérer le précieux sésame à l'hôtel qui fait office de point d'entrée obligatoire pour tous les festivaliers. La moitié de celui-ci a été réservé par l'organisation afin d'y accueillir groupes et spectateurs et l'ambiance parle déjà d'elle-même : passé l'interminable file d'attente on arrive directement au premier étage ou se trouve le Flea Market, genre de marché du punk-rock ou les labels et particuliers vendent leurs productions à prix souvent cassés (le LP ne dépassant que très rarement la barre des 10$), puis  à la table d'admission ou chacun (public/presse/photo/groupe) récupère le bracelet qui lui permettra d'accéder aux concerts.
Deuxième étage : terrasse géante (Holiday Inn oblige), barbecue en self-service (2$ les 5dl de bière, 2$ le burger classique et 3$ la version vegan) et piscine ou les “punks�? profitent allégrement de leur après-midi au soleil (les hostilités ne commençant qu'à 18h) en exhibant fièrement tatoos, piercing et bides à bière. Pas de doute c'est bien la Floride, c'est bien le Fest...

Le mHu (Avril 2010)

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