Live Report - Chokebore (festival Super mon amour) Le 19/02/2010 - Paris (La Maroquinerie)

Malgré le hiatus prononcé en 2005, et la carrière en plein essor de Troy Von Balthazar, les fans les plus fervents ne doutaient pourtant pas un seul instant du retour programmé des hawaïens. Fin 2009, les premiers bruits quant à une éventuelle reformation courent, et c’est dès le début 2010 que le quatuor s’apprête à envahir les salles européennes.

La soirée parisienne coïncide avec la tenue du festival Super Mon Amour. Pourtant, ce soir à la Maroquinerie, la programmation n’est pas totalement libre, puisque c’est Troy lui-même qui a décidé de la première partie. Et l’heureux élu se nomme Le Prince Miiaou ; ou plutôt l’heureuse élue, puisque ce soir, ses musiciens de coté, le Prince est une splendide Princesse blonde, seule, et, par demande, plus calme qu’à l’accoutumée. Si, de prime abord, la formule guitare / boucles n’a rien de révolutionnaire, surtout pour une soirée qui verra Troy Von Balthazar sur scène, elle est en revanche somptueusement exécutée. De plus, accomplissant une quasi-danse féline sur la pléthore d’effets qui jalonne son par-terre, la belle Maud-Elisa confère à ses fameuses boucles si bien maîtrisées – quoiqu’elle en dise – une dimension envoûtante, presque tribale. On y devine alors des enchevêtrements de guitares que Mogwai ne renierait pas, la noirceur joyeuse d’un Chokebore ou l’embarrassée candeur d’Unbelievable Truth. Et que dire de cette voix ? en dépit du ton faussement gauche usité entre les morceaux, l’organe soutient allègrement la comparaison aux sus-cités : des aigües aux cris, mélangeant la tendresse du félin à sa sauvagerie. Ce Prince, cette Princesse, qu’importe, reste une énigme, un mystère qu’on souhaiterait voir percer, mais qu’on aime intensément.

Si un impondérable règne chez Chokebore, c’est bien l’approche DIY, anti-star, qu’ils ont de la musique. Ainsi, lorsqu’ils se présentent sur scène afin de préparer eux-mêmes leurs instruments, on peut se sentir confiant quant à cet état d’esprit ; les années de jeûne scénique ne les ont pas fait transiger à la règle. Reste maintenant à savoir si l’énorme prestance, tout comme leur faculté d’hypnotisme sur leur public subsistent tout autant. Et c’est dès l’entrée en matière qu’on aura notre réponse, le doute ne pourra s’installer la moindre seconde, puisque "Ciao L.A." débute le set avec une fulgurance comparable à l’intronisation d’It’s a Miracle ; avec majesté et assurance, en plus brut et sec, en live. Car l’essence même du jeu de Chokebore est là, réussir à coupler la mélancolie passionnelle de ses disques, avec la puissance originelle du jeu de scène. Et force est de constater que les époustouflantes performances réalisées à la Boule noire, au Trabendo, à la Cigale ou au Nouveau Casino, sont en train d’être perpétrées ce soir devant nos yeux ébahis, et nos oreilles en souffrance. Décrire ce concert reviendrait à narrer une déferlante d’énergie primitive symbolisée par les "Little Dream" ; "Thin as Cloud" ; "Narrow" ; "It Could Ruin Your Day" ; alternée au spleen à l’état pur figuré par des "Geneva" ; "Police"ou autres "Days of Nothing" ; "A Taste for Bitters". On peut également réduire cette dualité à un titre venu se greffer avec virtuosité, et sans l’attendre, à une autre chanson : "She Flew Alone". Reste quelques écueils mineurs : une promotion évitable pour la dernière sortie en date, compilant des titres rares, mais qui nous permet tout de même de découvrir "Person You Chose" ou "Pop Mod" ; ou ce faux rappel lancé sur le ton Juke-Box « what d’you wanna hear ? » mais qui était préparé, et sera respecté. Mais comment reprocher quoique ce soit quand ledit rappel nous envoie en plein visage "One Easy Piecs" ; "You Are the Sunshine of my Life"  pour se terminer sur un "Coat" dantesque.

Il y en aura eu pour tous les goûts : du Motionless ; A Taste for Bitters ; Anything Near Water ; Black, Black ; It’s a Miracle ; de la saturation lourde et enivrante, du « Sad and Slow » annoncé avec une habituelle tristesse joyeusement dépressive, et des mimiques qu’on avait oubliées et que maintenant on crève d’envie de revoir encore et encore.

Undone (Février 2010)

Un grand merci chaleureux à Alex. Merci à Djou.
Un salut particulier, tel une bouteille à la mer, à Marina Cyrino.

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