Rodrigo y Gabriela le 13/11/09 - Lille (Aéronef)

L'arrivée à l'Aéronef, même à la bourre, fait un peu penser à un combat de boxe clandestin dans un entrepôt. Bon, sans la boxe. Ni combat. Et niveau clandestinité, on repassera. Mais c'était bondé et rempli d'excitation. Signe que les deux Mexicains (Rodrigo et Gabriela, donc) ont beaucoup gagné en notoriété et popularité depuis 2-3 ans. Et plus il y a de monde, plus la recette fonctionne. Gagnant - gagnant et ce n'est pas le concert de ce soir qui le démentira.

A ma gauche, pour aguicher la foule: Wallis Bird, jeune irlandaise qui prend d'avance sa revanche du match de football du samedi. Le public bouge devant ce petit bout de femme (je suis psychologiquement abattu, d'ailleurs, m'attendant pendant toute la journée à voir un homme tout neurasthénique. Le choc fut rude en entrant dans la salle), sorte de pile sur pattes, visiblement heureuse d'être là, distillant une folk énervée, seule avec sa guitare et une voix rock 'n roll. Ses compositions déroulent bien pendant sa demi-heure malgré quelques difficultés à remplir son espace à certains moments. Quoiqu'il en soit, l'enchainement avec Rodrigo et Gabriela aurait pu être parfait si les deux comparses avaient pris le relais immédiatement après.

On comprendra la difficulté d'une mise en scène complexe due à un matériel lourd et peu maniable qui expliquera la (longue) attente avant leur entrée en scène. Ou pas; le groupe se faisant naturellement désirer. Des manières que le duo va immédiatement s'efforcer d'oublier en donnant au public exactement ce pour quoi il était venu. A ma droite, donc (ma gauche étant déjà prise): Rodrigo y Gabriela. Leur tactique à eux, c'est avant tout de la technique mise au service d'une ambiance. A moins que ça ne soit l'inverse; au bout de quelques morceaux, on ne sait d'ailleurs plus qui entraine qui dans sa danse. C'est un dialogue virevoltant de guitares, porté par le jeu tout en finesse et en vitesse du mâle et la rythmique infatigable de la femelle. Un va et vient incessant qui taquine son public, joyeusement en rut, et qui se fait manifestement plaisir. Représenté en force, 11:11 laisse également la part belle aux classiques du groupe: Diablo Rojo, Hanuman ou Tamacun. Les origines rock et metal du groupe s'expriment à plein durant près d'1h30, notamment durant le medley de Rodrigo, bluffant de justesse, qui couvre Led Zeppelin, Jimmy Hendrix, RATM ou les White Stripes. Le public ne s'y trompe pas qui clappe clappe à tout va. Peu de temps après, Gabriela rend la pareille au cours de son solo tout en tapotant à une vitesse impressionnante sur la table de sa gratte, alors que son compañero la rejoint en fin de parcours pour taper une petite improvisation.
C'aurait pu se terminer là mais il restait encore Orion et Stairway to Heaven pour achever des spectateurs à bout de souffle, impressionnés encore et toujours par le naturel des Mexicains, tout sourire, et la réinterprétation (appropriation serait plutôt le bon mot) de ces deux classiques. Un final en apothéose pour une salle en transe. Ca a une autre gueule que Los Aztecas réinterprétant Luis Mariano, pour sûr.

Et on en redemanderait bien une couche. Deux virtuoses de la guitare acoustique qui mettent leur talent au service de compositions rythmées et bien foutues, loin de la branlette de manche (ça c'était pour l'attaque gratuite), ça ne court pas les rues. Mais ça fait du bruit, et du gros. Et c'est un régal pour les oreilles et les yeux.

Chorizo (Novembre 2009)

Merci à Marie et à Pentacle mais pas à mon voisin qui a crié "violon" plusieurs fois au beau milieu du set.

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment