Efterklang le 03/11/09 - Paris (La Maroquinerie)

Il y a deux ans et demi, à Tourcoing, Efterklang inaugurait sa tournée Parades au Grand Mix en servant du champagne devant 30 personnes. Une signature chez 4AD et un album live orchestral plus tard, les Danois sont de retour en France pour une seule petite date à Paris. Si le groupe n'a toujours pas droit à l'affluence qu'il mérite, force est de constater qu'on se sent définitivement plus proches et plus privilégiés lorsque les premiers sourires font suite aux premières notes qui résonnent dans la salle.

Malgré une arrivée tardive, on a le temps d'entendre, lancinante, la musique de Matteah Baim, jeune femme en salopette et avec guitare, à l'ambiance PJ Harvey marquée. Un silence religieux règne alors que La Maroquinerie se remplit doucement. Peu d'éclats, une atmosphère de salon, disons, de chambre à coucher entre gens de bonne compagnie. Une rêverie que vient prolonger Mountains, duo ambient, bidouilleur de sons qui, en un peu moins d'une demi-heure fabrique deux morceaux aux structures parallèles (enregistrement de sons et de bruits d'objets divers, mises en boucle, superposition des couches, final à la guitare electro-acoustique). Pas forcément captivantes dans leur déroulement, les textures des deux bonshommes nous lâchent une fois passées l'intérêt que provoque leur conception. Il faut également souligner ici, la contribution passionnée de mon voisin à ce report tandis qu'il déclare: "En fait Mountains, c'est 'Bzzzzzbzbzbzzzzzbzzzzz' (à peu près sic). Bon courage pour retranscrire". Merci, donc.

Peu importe, finalement, si les premières parties n'ont pas su préparer un public venu tardivement pour voir le set d'Efterklang. Une fois sur scène, le septet livre, une heure durant, une prestation emballante qui doit aussi bien à la force de ses percussions (bruyantes donc vibrantes pour l'occasion), à ses rythmiques chiadées qu'au virevoltement des violons (la patte de Peter Broderick, présent sur scène pour la tournée, se fait fortement sentir) et à l'époumonement des cuivres. Le rapprochement avec le dernier concert de múm (début septembre dans cette même salle), en termes d'état d'esprit et de joie sonore, semble presque évident. Mention spéciale, d'ailleurs, à ces visages déjà vus dans le public, à ces silhouettes debout, imperturbables, à la même place qu'il y a deux mois, le sourire (!) en plus. Efterklang sur scène, c'est un spectacle lyrique vivant où chaque musicien apporte sa pierre à l'édifice pour former un tout cohérent et organique. Si Parades (fantastiques interprétations vocales sur Frida Found A Friend et Cutting Ice to Snow où 7 personnes donnent de la voix en même temps, sur des lignes différentes) et Tripper sont mis à l'honneur, ce soir-là est également l'occasion de présenter de nouveaux morceaux (presque la moitié du set, en fait). Aux dires du groupe, le nouvel album est terminé et devrait sortir au printemps de l'année prochaine. L'accueil réservé à ces premiers extraits est chaleureux, à la hauteur des attentes qu'avait suscité Parades. Surtout, ils se fondent parfaitement dans la setlist et gardent le ton minimaliste et mélancolique d'un "post-tronica" froid mêlé à la grandiloquence des instruments à vent et à cordes. 2010 pourrait bien être une année sonnante et souriante si tout cela se confirme sur disque.

Le rappel, constitué de deux morceaux réarrangés issus de l'album Tripper, montre le chemin parcouru depuis quelques années. Les sourires béats et les remerciements sincères des Danois confirment de leur côté un attachement (réciproque) à un public qui ne se prive pas pour participer à la bonne humeur répandue durant le concert.

Dommage que le couvre-feu à 22h45 ait coupé court aux festivités. Si on avait pu, on aurait bien prolongé dans la rue pour une fanfare improvisée.

Chorizo (Novembre 2009)

MySpace Matteah Baim
MySpace Mountains

 

Merci à Adrien et à La Maroquinerie, à Djou, aux poteaux et au Bee Gee.

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