Furia Sound Festival 2008 les 28/06 et 29/06 2008 - Base de loisirs de Cergy

C’est l’histoire d’un festival qui s’est cherché, qui a grandi, et qui semble s’être maintenant trouvé. Installé à la base de loisirs de Cergy, dans une formule sur deux jours, ce cadre se trouve être à la fois entraînant et reposant. Ce week-end se pose comme une balade dans une forêt mystérieuse, surprenante et envoûtante.

On commence ainsi dans une clairière, appelé au loin par les voix mêlées à la fois douce et rocailleuse de 6-7 jeunes gens, on se laisse ainsi prendre au piège par ces douces mélodies qui transformeraient "Black Betty" en balade pour adolescents. Les instruments divers et variés (flûtes, percussions, claviers…) attirent la curiosité et sans prévenir, on se retrouve déjà à l’orée du bois envoûté par Coming Soon, qui tout en fleuraison, nous rapproche toujours plus d’un voyage ponctué de découvertes, de magie et d’étoiles.
Car ce sont des étoiles qui nous accompagnent pour la suite. Irrémédiablement, tel un chant de sirène auquel on ne saurait résister, les voix d’Amy Millan et de Torquil Campbell de Stars interpellent, captivent et nous emportent. On écoute attentivement leurs joies, leurs peines, et on chante en chœur sur l’amour et la mort ces titres doux et posés ("Window Bird", "Your Ex-Lover Is Dead" ou "Elevator Love Letter") ; qui au milieu de compositions florales bientôt volantes ; finissent de nous faire passer de l’autre côté. Pour se faire, on nous propose de les emmener dans ubne émeute "Take Me to the Riot" on fonce avec plaisir, et s’enfonce en résistant aux appels de ces dames Mademoiselle K et ETHS, The National nous attend.

C’est dans un style assez proche qu’évoluent les New-Yorkais, mais déjà pointent les soubresauts de l’ombre, malgré des mots rassurants  "Baby You’ll Be Fine", les premiers hurlements se font entendre au milieu de cette symphonie de cordes et de claviers. Avec bien plus d’assurance que lors d’une lointaine première partie d’Erase Errata, naturellement on succombe toujours plus aux charmes de la musique et de l’endroit. Toutefois, aux détours d’un chemin de terre, on rencontre un vieux sage, qui par ses expériences, son vécu "Savane" ; "Les Endurants" nous fait réfléchir, cogiter et nous empêche de pleinement sombrer. Maintenant tiraillé, il nous avise aussi par ses textes nostalgiques et mélancoliques "Les Petits Carrés Blancs" des dangers de cette ville qui commence alors à nous manquer. Il est cependant trop tard notre choix est fait, Mano Solo n’y pourra rien, et on s’engage déjà vers la noirceur et la saleté, les moteurs du nonchalant Black Rebel Motorcycle Club vrombissent au loin, et ne vont pas tarder à chambouler ce calme précaire.

C’est donc au son des guitares grasses et saturées que nous faisons notre première halte en plein cœur du côté obscur de l’endroit, il n’en faudra cependant pas beaucoup pour nous extirper de cette ténébreuse place, pourquoi ? Parce que Why? En ayant pris soin d’éviter les brunes, on se retrouve alors plongé au milieu d’un monde féerique. Les douces sonorités – dont un xylophone venu d’ailleurs – font de cette étape une fontaine de jouvence trouvée au fin fond d’une grotte étoilée. Mais les esprits malins ne sont jamais loin, et le John Butler Trio qui suit, s’empresse de nous replonger - avec le sourire - dans les vices avec sa musique Folky-Funk engagée. Mais pas forcement engageante pour qui la technique n’a que peu d’importance, ce ne sont pas les reconnus "Zebra", "Better Than" qui nous feront changer d’avis, et à la fin d’une longue performance qui verra de nombreux compagnons abandonner en route, on ira enfin chercher un repos bien mérité.

A peine réveillé par les rayons d’un soleil frappant fort, qu’on se retrouve directement nez à nez avec trois étranges créatures rouges, elles disent s’appeler des Wriggles et sont là pour nous compter leurs histoires. Il est question d’olives ; de lapin et de belette ; mais aussi de ces vilains monstres CRS, ou de cette belle cité Parisienne. On voudrait se délecter plus longtemps de leurs douces voix et de leurs pitreries, mais une autre bête étrange, à la longue crinière bouclée nous a attirés sur son terrain de chasse : "Claudio Sanchez" de Coheed & Cambria. Ferré, on se laisse porter par leurs envolées instrumentales, et leurs comptes épiques, tels des épopées chevaleresques sans lendemain ("No World For Tomorrow") au milieu de tombes ("Gravemakers"). Seul le sentiment d’être tel un gibier, pris au piège par l’assaut répété des fûts – qui nous confirmera pour la seconde fois en deux jours, que la pire invention humaine reste le solo de batterie – viendra noircir ce tableau de maître.

A peine requinqué par  un moment de détente auprès de fringants Cow-Boys Québécois, que le monstre ressurgit déjà. Et cette fois-ci, il prend la forme malsaine que "Steve Austin" a voulu lui donner. Today Is The Day sort des  bas fonds de l’obscurité pour nous terrifier, et nous faire hurler comme ils le font si bien. L’entité est puissante, et envoie à notre frêle visage tous les décibels de cordes sales et métalliques. Il n’en faudra pas moins pour nous faire fuir, et c’est sur ce chemin du retour que nous trouvons refuge auprès des derniers rois de Galles. Tranquilles comme ils l’ont toujours été, c’est sans artifices que les Stereophonics nous gratifient des pépites d’une discographie entamée il y a onze ans. Des péripéties d’un voleur et d’un barman, à la destinée d’un arbre et aux préceptes d’un écrivain, on se laisse bercer par la voix du ‘sieur Kelly Jones sur ces ballades maintenant devenues légendes pour nombre d’entre-elles. Mais nul n’est souverain à vie, le temps presse, et le chemin est encore long et tortueux.

C’est alors qu’on entend au loin des cris et gémissements. Quelle horrible monstruosité ce week-end nous réserve-t-il ? Point de panique il faut avoir, mais voir !! Il ne s’agit ici que d’une bande d’adolescents et de ses groupies qui n’ont d’yeux que pour eux. Panic Is the Disco est là, et qui ne le saurait pas ? Leur Pop-Rock dansante pour teenagers n’est pas franchement innovante, et rien ne nous retient ici. En passant notre chemin, un homme plus propulsé que méritant apprendra en réponse à sa question que le bonheur est loin de lui. Et alors que tous les feux étaient au vert, une dernière menace se dresse. Comme nous, perdus et débarqués de leur Japon au milieu de cette jungle, cette dernière tentation est indéniablement la plus vicieuse. Car nous connaissons cet Envy, et force est de constater qu’elle est ici particulièrement insidieuse. Habitué à des exactions sonores impressionnantes, les Nippons y mettent ici des formes insoupçonnées. Les habituels et cinglants  "Left Hand" et "Chain Wandering Deeply"se voient ainsi accompagnés d’une présence physique redoutable, chaque musicien se libérant de toute son énergie. Et c’est littéralement assommé sous les coups de boutoirs d’un "Go Mad And Mark" qu’on se réveille écorché et éreinté d’une fatigue saine, presque déçu que l’aventure soit déjà finie.

Ces deux jours de balade auront été riches d’enseignement, porté par des ambiances toujours aussi variées, on aura pu jouir de notre temps, croiser de nouveau visages, ou se délecter de vieilles ganaches et de lointains compagnons, et tout cela – comble du bonheur - sans se sentir pressé ou offusqué d’avoir manqué un rendez-vous. Une unique chose à espérer : qu’il en soit de même de notre prochaine escapade !

Undone (Juillet 2008)

Un grand merci au Furia Sound Festival, et particulièrement à Aurélie.
Merci à Djou.

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