Live Report - Rival Schools à la boule noire le 23/06/2008 - Paris (La Boule Noire)

Il est toujours maladroit d’élever au rang de culte un groupe ou un musicien, personne n’ayant la même sensibilité, les mêmes attaches à un style. Il apparaît néanmoins indéniable que Walter Schreifels - au travers de ses nombreux projets - a apporté une grande pierre à cet édifice qu’est le Hardcore actuel et tous ses dérivés. C’est donc forcement un événement que de voir débarquer ce bourreau de travail à Paris, avec une de ses formations les plus récentes Rival Schools.

Et pourtant… quel déchirement que de voir cette Boule Noire plus déserte que de raison. A la vue de la situation et des protagonistes, des images rappelant de sombres heures viennent à l’esprit : En ces même lieux, 28 Days jouant devant une salle tout simplement vide, Dead Pop Club et une quinzaine de fans à Magny le Hongre, et surtout un Trabendo presque désert un soir de Mars 2002 pour la première venue du combo New-Yorkais à Paris. Vous l’aurez compris, c’est à Dead Pop Club qu’incombe la lourde tache de chauffer un public forcément glacé par le simple fait d’être si peu nombreux. Qu’à cela ne tienne, le combo francilien relève le défi à sa manière : Avec une bonne dose d’humour et de dérision, et surtout avec toute l’énergie qu’Olivier n’hésite jamais à déployer. Bien évidemment, ce n’est toujours pas « Wembley » , ni l’Arapaho (dont il sera fait une mention bien méritée) de la grande époque, mais vu les conditions la prestation est plus qu’honorable !! Musicalement axée sur la dernière production du groupe Trailer Park, dont il ressort toujours l’Alkalinien "Stupid Kid", on pourra toujours regretter la faible représentation d’Autopilot Off avec seulement "It’s Not Just Rock ‘n’ Roll". Il serait néanmoins déplacé de leur en vouloir, tant il est délicat de concilier  plaisir et promo, de répondre aux attentes et de préparer l’entrée d’un monu(…) d’une figure de la musique.

Beaucoup de choses ont été reprochées à Rival Schools lors de la sortie de United By Fate en 2001. Walter est principalement visé, et parfois taxé d’opportunisme, d’égoïsme… on ne lui aura pourtant jamais enlevé cet amour pour la musique dans son ensemble. Et ce soir, il apparaît une nouvelle fois inconcevable que cette joie d’être sur scène soit feinte, que ce sourire communicatif et contagieux exhibé tout au long du set ne soit qu’une façade. Bien sûr les autres compères semblent, et sont plus en retrait ; toutefois, vu l’émotion de Ian Love provoquée par la simple vision d’une pochette du groupe il y a quelques mois pour un passage en solo, nul doute qu’il s’agisse ici plus d’un comportement introverti que d’un manque d’envie ou d’implication. C’est donc dans une ferveur contrastée et devant un public maintenant plus nombreux, que se déroule un set entamé de mains de maîtres à la manière de l’album de 2001 : l’excellent "Travel By Telephone" suivi de "High Acetate" et "Everything Has Its Point". Sans détailler, la suite se déroulera sans surprises majeures, l’intégralité de United by Fate moins deux titres sera ainsi ponctuée de quatre / cinq extraits d’une production future. Les classiques font bien évidemment mouche à l’image de l’attendu "Used for Glue" joué en fin de rappel, et s’il est toujours délicat de découvrir des titres en live, on notera d’excellents passages – dont un superbe morceau instrumental – laissant présager d’agréables futures heures d’écoute.

En attendant ce nouvel effort et la tournée qui ne manquera pas de suivre, ce show intimiste par la force des choses s’inscrira comme un petit coin de bonheur partagé par des passionnés – qu’ils soient sur ou devant la scène - ayant pour amour commun la musique. Qu’ils aient grandi au son de Youth of Today ou Gorilla Biscuits ; vécu les premières heures d’une nouvelle vague dont Quicksand a été le moteur ; découvert sur le tard Walter par Rival Schools ou Walking Concert / Ian Love sur scène ou via son disque éponyme ; ou encore été parmi les rares chanceux à admirer les covers de classiques Hardcore en acoustique dans de petits bars européens ; qu’ils aient vécu un infime part de tout cela, ou tout à la fois, il est pour les présents des concerts qui donnent encore et encore envie de soutenir une scène, une étique, et celui-ci en fait indéniablement parti.

Undone (Juillet 2008)

Merci à Yardie production et à Djou.

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