Samiam, Dead Pop Club et Black Zombie Procession le 24/07/07 - Paris (Batofar)

On se dit « Milieu de l’été, pour un groupe qui était déjà là en novembre et dont le dernier album n’est pas un chef d’œuvre, va pas y avoir foule » et au final on se trompe. Ce mardi 24 Juillet au Batofar, il y avait foule.

Réunit en un seul homme, pour nous, ce soir : Jésus Christ (prononcer à l’américaine), Val Kilmer imitant Jim Morrison, l’Underteaker et un anonyme bûcheron canadien à tendance grunge. Cet homme, c’est Forest, aux commandes de la Black Zombie Procession. Si Carpenter, Romero, Craven et les autres maîtres du genre horreur sont invités sur l’album, le live délaisse les artifices habituels du horror punk. Lourdement chevelu, jean déchiré, le frontman chante la bière à la main et les houblons au cœur. "Dead Skin" et "Eternal Winter" pour planter le décor, ça sent le zinc poussiéreux et les vynils de Hot Water Music en arrière fond. Forest, la joue légèrement décadent, prend des mimiques de zombie et râle au micro. A la guitare Nasty Stamy fait aussi honneur à une expression relative à la bouteille : en effet, il en a. Les années Second Rate n’ont rien entamé de sa fougue et son instrument tangue à la sauce rock n roll. Accords plaqués secs, coupés aux arpèges ; accélérations, suites désordonnées ; le jeu crame la chandelle. Pour autant, de manière globale, le "All Star Band" ( un ex Second Rate, deux Flying Donuts et un Pookies) semble encore en rodage par moments, alternant passages vibrants avec des compos moins savoureuses ("Mortal Dive"). Mais avec une reprise de Black Flag pour ressusciter les âmes, c’est toute l’assemblée qui jubile. En bon (mort) vivant, Forest aime la fosse et se jette au milieu de son public. Bordel et cris. Pogos et fils de micro extensible. La salle commence à (com)prendre le tempo. Black Zombie Procession choisit ce moment pour délaisser un peu son côté old punk et entonner des rythmes façon French Punk Rock Way (à la Homeboys ou Second Rate, d’où une reprise est d’ailleurs tirée). Les deux morceaux finaux présenteront la meilleure facette du combo avec d’abord un "The Black Cobra" aidé en intro par le chant très racé de Jérémie le bassiste et un "Cheap Trick" délirant, très catchy, bénéficiant des chœurs du frangin Ed des Uncommenmenfrommars.

Dead Pop Club emboîte le pas, aux anges de jouer avec leurs idoles/références Samiam. Les parisiens, habitués des premières parties n’ont pas envie de passer inaperçus et démarrent avec punch. Désireux d’enfourner le maximum de titres, le quatuor enchaîne et empile les balles punk rock, entrecoupé de quelques compo plus variées et groovy comme "It’s Not Just Rock". L’édifice est en place, le jeu mature, à tel point qu’on sent même une certaine "ancienneté" dans la prise d’espace. Parfois un peu trop statiques, physiquement et musicalement, les DPC peinent à véritablement emballer la machine, la faute à quelques structures certainement trop entendues dans le passé. Le set prendra quelques 35 minutes, en tonalité emo punk pop, avec les breaks, sauts de lignes et autres apports méticuleux de la seconde guitare qui siéent si bien à la formation francilienne. "Stupid Kid" trouvera quand même un écho dans un public visiblement friendly et coutumier des concerts du DP Club, ce qui donnera à ses auteurs un regain de vitalité pour parvenir à son paroxysme dans la conclusion, avec un crescendo musical envoyant Olivier sur le parterre, dans un tonnerre de cris et d’éclat de cordes, pour un putain de final rock "in your face".

Il est 22H. Samiam est maître de son destin. Blabla humoristique pour faire patienter la mise en place du batteur, et début en douceur : la navire se rapproche plus de La Croisière s’amuse que du off shore tant espéré. "Sunshine" et "Factory" composent l’entame. Perles en potentialités, les deux hits se révèlent brouillonnes au possible, la faute à un son absolument dégeulasse. Micro dysfonctionnant, basse sous mixée, larsens à tout va, les ricains vomissent leur musique. Littéralement bourrés, en roue libre, les 5 californiens oscillent entre prestation bon enfant et set hors propos. "Storm Clouds", "Take Care" du dernier album, mais aussi et surtout "She Found You" ou "Dull" ont sur le papier de quoi réveiller les ardeurs des vieux fans désireux de laisser exprimer un légitime enthousiasme mais là encore, aucune amélioration sonore, ni en régie ni sur scène; le public fait donc grise mine. Jason, désormais quasiment aphone, beugle là où il murmurait jadis. Le résultat est tantôt inaudible tantôt saturé, rayant la paroi des enceintes et de nos tympans. Le groove des mélodies est toujours là, mais la magie est envolée, rangée au placard d’un groupe ce soir hors de ses pompes, vieilli, légèrement j’m’en foutiste et surtout diablement alcoolisé (en un quart d’heure, avant le concert ils ont dévalisé le frigo de bière…). Le frontman chantant certaines de ses parties à terre ou assis, le reste des équipiers incapables de gonfler l’intensité, Samiam quitte les lieux après un set raisonnable en longueur mais qualitativement déplorable. Comme un dernier coup de poignard, "Full On", qui devait être le clou du spectacle est littéralement massacrée, la faute là encore à un Jason, incapable de suivre le tempo et de chanter juste.
Pas de rappel. Il fallait que ça finisse. Ce sont des choses qui arrivent. Samiam mérite de nous laisser autre chose. Un énième retour aux CDs lavera l’affront. Life can’t be so dull

Turtle (Juillet 2007)

Merci au Batofar, à Djou et à Undone pour les photos.

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