Converge, Rise & Fall, Animosity le 5/07/07 - Dublin (Voodoo Lounge)

A quelques encâblures de Temple Bar, le Voodo Lounge trempe ses pieds dans l'eau froide de la Liffey. Deux centaines d'irlandais et une poignée de français patientent gentiment sous la flotte en attendant l'ouverture des portes. On pénètre dans un écrin plutôt hype le nez saisi, non pas par la traditionnelle odeur de tabac froid, mais par un mélange de dépoussiérant et de pizza nous menant vers une salle toute en longueur flanquée d'un zinc d'un kilomètre au bout duquel trône une petite scène qui sera le théâtre ce soir de la seconde venue de Converge sur les terres de Colomban. Fin de la séquence hagiographique.

J'observe de loin la prestation d'Animosity. Formation au hardcore metal rude et assez complexe, les californiens imposent d'entrée une atmosphère de furie dans le lounge. Leo Miller balance sa colère aux quatre coins de la petite scène, devant un parterre de furieux qui n'attend pas deux minutes pour entrer dans le bain. Malgré un style des plus prévisibles, Animosity parvient à remplir avec efficacité son rôle de chauffeur de salle.
La tension augmente d'un cran avec l'arrivée de Rise And Fall. Entre punk et metal les belges mettent tout le monde d'accord avec un "Forked Tongues" introductif qui râcle les murs rouge et noir du Voodoo. Dépeçant entièrement le dernier album en date Into Oblivion, Rise And Fall pylonne l'assistance aux sonorités de "Failure as Failure Does", "The Noose" ou "Stakes is High", provoque un déchaînement massif sur l'excellent "Lost Among the Lost", se muant en mosh part sur "The Void" et même en pyramide humaine sur "Into Oblivion". Le tout s'achève dans une ambiance indescriptible, excitation en partie dûe à la qualité du show des belges mais également à l'arrivée prochaine du monstre.

De fait lorsque résonnent les accords torturés de "Plagues", la tension est à son paroxysme. Une tension que Kurt Ballou se charge d'entretenir, repoussant le plus longtemps possible le point de non retour. L'arrivée de Jacob Bannon encapuchonné à l'heure d'entamer "No Heroes" donne le top départ d'un concert que l'on pressent cataclysmique. Avec l'aide de Nate Newton, le chanteur efflanqué harangue le public cou tendu, faisant les cent pas sur la petite scène. Si la bruine océanique balaie désormais la devanture du Voodo, à l'intérieur la température ne cesse de monter. "Last Light", "When Eagles Become Vultures", "Versus" Converge enchaîne les titres les plus poilus du répertoire alimentant un concert tendu de bout en bout, aux moments de pause rares. Bannon ne s'autorisera, d'ailleurs, qu'un instant pour nous avouer "qu'il-est-heureux-de-jouer-à-Dublin-et-que-davantage-de-groupes-devraient-en-faire-autant" avant de repartir de plus belle sur "Drop Out" pour un abattage magistral qui ne fait qu'intensifier la débauche d'énergie des irlandais. Dans la fosse, c'est une tuerie. Les pieds, les torses et les têtes atterrissent le plus souvent sur des nez n'ayant rien demandé, renversant au passage quelques bières qui finissent leur hyperbole sur les tee shirts - je n'aurais eu d'ailleurs qu'à boire le mien pour m'octroyer une Guiness à l'oeil. D'une violence inouïe, lapidaire, sec et sans fioriture, Converge achève son entreprise de démolition après un seul et unique rappel, laissant derrière lui une impression de vide que l'on tentera d'atténuer par une virée alcoolisée au fond du bar tout en retraçant les grandes étapes de la soirée avant de nous abandonner, de guerre lasse, aux lacérations de la bruine dublinoise.

Fragone (Juillet 2007)

Merci à Suzanne (Reflections Records), Falbala, Bastien, Aurélien et Delphine.

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