Support Your Scene III le 08/05/07 - Paris (Batofar)

On l’attendait, on nous l’avait annoncée (pas assez ?), voici la 3e édition du Support Your Scene Festival.

Plongée, souvenirs, compte rendu et sensations…

Le Batofar et ses quais étendus comme hôte, la seine comme support, c’est le tout Paris punkien qui s’est réuni (ou presque). Le temps est au soleil, mais la musique est en sous sol.
15H30 et Time Will Tell lance l’assaut, pour nous donner des nouvelles de la région Rhône Alpes. Jeune groupe au contour stylistique déjà pas mal affirmé, TWT balance la soupe dans une orgie de chœurs et de cuivres. Vince maîtrise ses parties chantées, alternant voix claire émo et chant mélo, le tout soutenu par une back vocal plus rude et enragé. Durs à cui(v)re, rythmés et emportés, c’est punk, c’est skacore, c’est à suivre et à revoir, pour confirmer les progrés (c'est pas toujours très carré... il faut dire qu'ils ont très peu de concerts dans les jambes).

Au tour des kids de Brighton de dire "hello"! Once Over. Bourré de fougue, pétillant comme des bulles de champagne, ça vient du sud, ça prend du plaisir et ça déferle comme un mistral côtier. That’s It. Soutenus par les médias spécialisés, les anglais tentent désormais de conquérir les parterres d’en dehors de la péninsule. Les morceaux se révèlent bien intéressants, parfois proches des voisins de région Capdown, avec un flow rapide posé sur tempo tantôt fast punk, tantôt titubant et dubant comme aux meilleurs heures de Leftöver Crack. L’apport bien sentie d’une trompette, quelques embardées coreuses, y a comme qui dirait de la touche anglaise dans l’air qui flotte, et ça pas pour déplaire au public.

18h, l’heure est au durcissement. Exit les cuivres. On concentre le tout dans la rythmique. Voilà M-Sixteen. Explosifs, décidés à présenter la toute récente sortie du Self Titled, les parisiens ont chargé la mule. Punk hardcore sans concession, s’appuyant sur un jeu de guitare performant et une batterie sans faille, ça tape droit et sauvage à la fois. On regrettera un chant pas toujours suffisamment audible et une linéarité de son qui enleva un peu du relief qu’on trouve sur cd. Quelques messages sympa en contre partie de Jérome, entrecoupé de joke bien affables. En confort, et en sueur. Chez eux.

Pour un festival, principalement dédié au ska punk, il était normal qu’on ait le droit à la formation la plus populaire de l’hexagone. Dégaine reconnaissable, prise d’espace habituelle, et départ en trombes sans tour de chauffe, c’est Freygolo. Toujours enthousiastes, même si avec le temps, une certaine forme de "professionnalisme" commence à se faire sentir, ce qui rend le set un peu plus carré mais lui enlève en contrepartie un peu de la fougue de ses premières années. Les anciens titres ("Nothing To Do") s’entremêlent avec les nouveaux ("Born To Hate", "She Tries To Be Someone"). On sent que Stereo Fighter bouillonne dans son écrin, prêt à prendre d’assaut les bacs. Toujours au taquet, communicatifs grâce à ses rythmiques, ses mélodies et ses attitudes ( Rémy en tête), on reprochera simplement aux niçois un son trop fort et son rendu un peu dégueulasse au final. La conclusion sur une reprise de Operation Ivy pour combler les plus anciens et voilà la suite annoncée.

Cette suite, c’est PO Box, de Nancy, le groupe habitué à tourner principalement à l’étranger ou vers tout ce qui ressemble à l’Est. Dans ces conditions, la venue à Paris constitue comme un mini évènement. Le discours de Chomsky en ouverture, la foule se resserrant, en avant la musique. Les tubes qui jonchent l’album ...And The Lipstick Traces défilent ("Death Promises Me A Better Place") jusqu’au "Look What You Have Done" qui fait frémir l’assemblée. Petit hic, le réglage de la guitare, bien trop basse, est trop peu audible. Yul le trompettiste, comble donc ce quasi vide par une grosse présence sur scène des plus agréables : Private ou public joke, complicité avec la fosse, gorge arrachée, skank dans les chevilles et air guitare, tout y passe. P.O Box a beaucoup d’envies et ça se sent.

Après la ferveur populaire suscitée dans le pit par les Nancéens, la tâche pour This Is A Standoff était ardue, pour plusieurs raisons : la communication en anglais donne lieu à son lot habituel d’incompréhensions et de flottements, le style des Canadiens demeure nettement moins accessible, et surtout ces derniers débarquent sans même avoir ne serait ce qu’un EP sous le bras (la première galette est enregistrée en juin pour une sortie prévue en septembre).
Malgré la relative (et compréhensible) tiédeur du public donc, les 2 ex-Belvedere et leurs 2 nouveaux compagnons entament leur set avec bonhomie et aisance. N’ayant qu’une vingtaine de dates au compteur, ils sont néanmoins déjà bien en place et leur maîtrise s’accroît au fil du set. A la guitare rythmique et au chant, Steve mène sa barque avec sûreté, Graham est concentré sur son jeu de batterie technique, Corey sue à grosses gouttes et balance ses chœurs en renfort… mais la palme revient à John pour son jeu de scène vif et précis (sauf lorsque, pris dans son élan, il renverse un pied de micro de batterie). D’une énergie communicative, sa présence rappelle tout en faisant oublier celle de Scott ‘solo’ Marshall des feu-Belvedere.
Au niveau des compos, on ratisse du mid tempo plutôt gentil aux fusées skatecore avec des morceaux plus travaillés qui sortent du lot, et d’autres plus directs voire un brin conventionnels. Ca part un peu dans tous les sens et le quatuor donne parfois l’impression de négliger les grosses mélodies au profit du tout technique. Quelques relents de Belvedere, des choses nouvelles, 2-3 blagues, une poignée de spectateurs avertis qui se réveillent sur la paire de titres déjà en écoute sur Myspace ou le sampler promo… et le show s’achève sur du lourd avec un John Meloche au sommet de son art qui enchaîne les tappings, tricotages et autres incongruités techos. Bref, un concert qui reflète assez bien les dates de la toute première tournée des Canadiens appliqués et contents d’être là. L’occasion également de voir les membres sous un meilleur jour et dans de meilleures conditions qu’en 2004 où ils n'avaient pas laissé un souvenir très agréable aux activistes souvent prompts à grossir les traits sans prendre de recul.

Dernier groupe à venir brûler les planches du Batofar, les gars de Boston, Massachusetts, Big D and The Kids Table. Ceux qui les ont déjà vu en concert savent que ce groupe est un des meilleurs en terme de présence scénique et de créativité. Le combo tourne cette fois en Europe sans son tromboniste si charismatique, retenu aux States pour finir ses études….de prof de trombone. Le reverra t-on avec le groupe ? La question reste ouverte. Le sextet entame son set avec des nouveaux titres, notamment "Steady" et "Noise Complaint" qui est un des meilleurs morceaux du nouvel opus. Le petit monde est en furie dans la fosse, Sean, le guitariste (claviériste parfois) occupe à lui seul toute la partie gauche de la scène, sautillant au rythme du two-tone nouveau et avec une grande aisance, alors que trompette/saxo à droite assure les mélodies imparables des chansons. Dave, le chanteur, est un personnage atypique du milieu punk rock, ses livres sont en vente au stand de merch, grand timide, il vit la scène quand un grand exutoire, avec une façon toute personnel de bouger. Junior, le batteur, a un jeu proche de celui de Travis Barker, même montage
de batterie et une frappe sèche et précise, le hochement de tête s’impose. Après une bonne vingtaine de minutes hystériques, Dave sort son mélodica (piano à bouche), et les tubes plus "cool" défilent, notamment la reprise "Strickly Rude", jusqu’aux passage dub que les fans de Big D apprécient tout particulièrement. La présence d’anglais alcoolisés dans le public (le trompettiste de Lightyear entre autres) et nus sur scène, les amènent à jouer "New England", "Boston", finissant le set avec le fabuleux "L.A.X.". Les t-shirts sont trempés, les joues toutes roses, les oreilles qui sifflent, les genoux qui souffrent. Du bonheur en tranche de tofu grillé arrosé d’huile d’olive, assaisonné de fleur de sel de guérande.

Turtle (Juin 2007)

Compte rendu de Time Will Tell par elfan.
Compte rendu de This is a Standoff par NO fun for a FX.
Compte rendu de Big D & the Kids Table par Yul.
Intro et tout le reste par Turtle.
Merci à Bad Bear ainsi qu'aux groupes.

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