Scums, Sentenza, Tat, Ted Leo And The Pharmacists le 25/06/07 - Paris (Flèche d'Or)

Après une quasi-annulation et finalement un changement de salle non négligeable, puisque induisant une gratuité du concert, nous revoilà parés pour une déferlante rock de renommée, deux après le passage de Ted Leo et de ses pharmaciens au Festival Coco Modesto. Et cette fois, contrairement à l’édition ’05 du fest’ indé, et à la programmation initialement prévue au Nouveau Casino, ce n’est plus Jordan qui ouvre mais trois autres formations aux horizons musicaux plus ou moins éloignés.

La première est rennaise et n’est autre que The Scums quatuor pop-punk que certains avaient d’ores et déjà pu découvrir sur la compilation de notre confère POf : Gasoline Rainbow. Et malheureusement, la reprise de "Heal The World" (Michael Jackson) ne sera pas de la partie ce soir, quelle déception. Néanmoins, ce sera là l’occasion pour le combo sans ‘The’ de présenter ses propres compos ; et c’est à 20h19 tapante que Scums, devant une assemblée assez restreinte, dévoile son registre avec une recette largement éculée, ancrée dans la scène pop-punk californienne. En tête de liste, difficile de ne pas penser au Blink dès débuts, pré-Enema, l’humour potache en moins, et bien évidemment à Green Day, quoique la diversité ne soit pas réellement de mise, comme en témoigne "Si et Seulement Si" et "You’re The One". Le point fort du groupe : quelques franches accélérations, plus punk rock, mais malheureusement trop peu fréquentes sur leurs propres compos. En revanche il en va tout autrement lorsqu’ils se mettent à reprendre "Les Cactus" de Dutronc, ou qu’ils clôturent leur set sur "Quelqu’un m’a dit" de Mlle Carla Bruni. En résumé, à l’instar de leur collaboration avec Rock’s My Ass Records, les Scums font meilleure impression sur les reprises ; le reste demandera plus de travail, plus de recherche, et surtout moins de refrains répétés, afin de paraître moins conventionnel et ainsi mieux se démarquer. Cela ira probablement aussi de paire avec une utilisation plus ingénieuse de la seconde guitare, qui pourrait avoir un apport beaucoup plus technique, et donc plus mélodique.

Les minutes s’égrainent, les musiciens s’installent, et le rideau se lève alors sur le trio local : Sentenza. Répertoire totalement différent pour la suite du programme, puisque les Parisiens, devant une salle bien plus remplie, attaquent leur set sur la bluesy-rock "A Brand New Place". Calme, envoûtante, le titre berce l’audience avec aisance et respire l’américaine profonde, notamment grâce au chant, qualifiable de la même manière, du frontman. Ce dernier, dont l’accoutrement laisse penser qu’il sort tout droit du Dead Man de Jarmusch, renforce cette nette impression que…nous ne sommes pas en présence d’un groupe français, et pourtant. La suite de la setlist sera résolument plus rock, un rock lui-aussi très ancré dans une décennie, les seventies cette-fois ; un rock aux accents aussi bien country que purement rock’n’roll, mais qui troque volontiers énergie et efficacité contre un apparat plus instrumental et progressif. Voilà qui n’est sûrement pas étranger à ces influences revendiquées par le groupe que sont Led Zeppelin, Jimi Hendrix, Neil Young, Dylan ou Johnny Cash. La grande Amérique en somme. Une Amérique qui ne défaillit pas et ce même lorsque le guitariste rencontre quelques difficultés techniques avec l’un de ses deux instruments, et se voit contraint d’en abandonner un. Le temps de se réaccorder, bassiste et batteur se font plaisir et embarquent le public avec eux, ni vu ni connu sans qu’au final ce problème n’ait été réellement gênant. Meubler avec finesse, un art qui leur vaudra, à eux-seuls, un rappel bien mérité.

Alors que les seventies quittent la scène, les nineties l’envahissent à nouveau avec les Londoniens de Tat. Ce dernier tire son patronyme de sa front-woman, Tatiania DeMaria, et propose un assaisonnement pop-punk-rock très nerveux, beaucoup moins ska que ce que leur page MySpace pouvait laisser entrevoir, mais toujours aussi festif. Le public, resté en masse, semble apprécier le show, ou la chanteuse, ou peut-être bien les deux à la plus grand surprise de certains. En effet, la recette est une nouvelle fois éculée ; l’énergie bien présente ne masque en rien la simplicité des compositions ("Live For Rock","I Don’t Wanna",…), et même si les refrains sont moins outrageux que chez les frenchies, ils n’en restent pas moins sur-usés. Ajouté à cela des morceaux qui ont tendance à traîner en longueur, un humour potache qui fait son come-back, nous voila au bout de dix minutes avec la répétition d’un « [guitariste ou batteur] a une petite bite»  x fois, le public répondant en chœurs «Yeah !!!» sur la demande de la demoiselle qui semble maîtriser la langue de Molière. Le mystère de la punk-rockeuse qui harangue et attrait le public masculin restera à jamais irrésolu, si ce n’est peut-être, un jour, dans les Lois de l’Attraction 2. Mais qu’en est-il de la musique, et surtout que fait la police ? Bref, que de mystères…cela étant, la jeune demoiselle s’en tire très bien : énergique, technique, charismatique…tout simplement hot !
Mince, la rédaction est contaminée…

Parfois, il doit faire bon avoir une préférence sexuelle vis-à-vis de sa gente (masculine), et ceux en présence ce soir-là ont dû se régaler, aussi bien visuellement que musicalement. Quatre beaux gosses en sueur, déchaînés, insoumis, barbus…ou pas/plus, et qui plus est la tête d’affiche : Ted Leo And The Pharmacists. Les quatre comparses sont applaudis dès leur entrée sur scène, et ce quelque soit l’orientation sexuelle du public, et s’en perdre un instant, concert en Irlande  le lendemain oblige, déboule avec le hit-single en puissance extrait de leur dernier effort : "The Sons Of Cain". Un Ted Leo détonant telle une furie, un batteur impassible, souriant et ultra-efficace, un public qui n’a qu’à se laisser transporter tout au long de la soirée. Les morceaux de Living With The Living seront bien évidemment à l’honneur, même si pas forcément les meilleurs : "Army Bound", "Colleen", "A Bottle Of Buckie", "Annunciation Day/Born On Christmas Day" et, heureusement, la déflagration "Bomb. Repeat. Bomb" que l’assistance a visiblement du mal à encaisser. Il faut dire que l’on est pas habitué à autant de hargne, de rage de la part des gars de Washington. Au milieu de cette débauche de nouveaux titres, le quatuor trouve tout de même un juste équilibre à la setlist en y intégrant des pistes des anciens albums...en même  temps, il y a de quoi faire. Succédant ainsi à l’ouverture, le public aura droit à l’enchaînement "Dial Up", au final apocalyptique, "Me & Mia", que l’on ne linke plus…hm… Dès cette troisième piste, le constat se fait néanmoins que le son est un peu fort, un peu trop saturé, et la voix manque légèrement d’audibilité. Mais peu importe, ça n’empêchera personne d’apprécier et de se replonger dans la discographie du groupe avec "Where Have All The Rude Boys Gone ?" (Hearts Of Oak),"Timorous Me" (The Tyranny Of Distance),"Counting Down The Hours" (Shake The Sheets) et pour clôturer le show de la manière la plus fédératrice possible, la reprise de "Rappaport's Testament: I Never Gave Up" des Chumbawamba, scandée à grands coups de: ‘If you survive me, tell them this/I never gave up, I crawled in the mud, but I never gave up !’
Allez sur ce, rideau, métro, dodo…merci Ted Leo.

Djou (Juin 2007)

Merci à Adrien @ Heritage.

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