The Holy Mountain, Plebeian Grandstand le 13/02/07 - Toulouse (Le Dollar)

Belle lurette que je n'avais mis les pieds au Dollar, refuge sabbatique de nos années lycées où, accompagnés de Vincent, François, Paul et les autres, on venait siroter une cervoise tout en essayant de passer par-dessus l'assourdissant fond sonore de Headbanger's Ball qui tournait alors sur MTV. Plus de quinze ans se sont écoulés et, finalement, peu de choses ont changé, cette inamovibilité conférant au lieu un petit côté suranné pas désagréable. Certes, les écrans de télévision ont évolué mais c'est malheureusement toujours Whitesnake - le patron nous refilera plus tard une vieille vidéo de Motörhead nous contentant largement - qui accueille une centaine de personnes venues assister à la mise à sac sonore par The Holy Mountain de cet échantillon de culture américaine dans toute sa splendeur.

Formé durant l'été 2005, Plebeian Grandstand n'a pas cinq concerts à son actif mais dégage déjà une maîtrise de la scène assez intéressante. Oeuvrant dans un style alambiqué façon Botch ou Dillinger Escape Plan, le quatuor toulousain parvient à tirer son épingle du jeu au détour de compositions assez inventives et inspirées, où le brutal est omniprésent mais où pointes d'émotions et parties plus mélodiques façon Isis ne sont pas absentes pour autant. Le public apprécie et réserve une chaleureuse ovation à l'issue de la prestation. 

Venu en repérage l'an dernier, The Holy Mountain retrouve cette année la France pour une véritable tournée à l'ancienne. Plus d'une dizaine de dates pour un périple européen en comptant une quarantaine, il y a longtemps que nous n'avions pas été logés à si bonne enseigne. Encore quartet il y a quelques temps, le combo de Tampa est désormais composé de cinq membres, Troi ayant rejoint la troupe. Autant dire que, vu l'étroitesse de la scène, The Holy Mountain se doit de jouer serré. Ainsi, l'estrade est laissé au seul bénéfice du batteur Greg, Tyler, Dan, Troi et Brett ayant décidé de jouer à même le sol. L'expectative du public ne dure pas très longtemps. Passées les premières notes introductives, la glace se rompt dès l'enchaînement "The Will of the People"/"Manufacturing Political Leverage". Progressivement le cercle se resserre autour de The Holy Mountain, réduisant l'espace de ses membres à la portion congrue. La prestation est furieuse, sans concession, à l'image des productions. Dan ne perd pas de temps en parlotte, préférant mettre à profit ces moments de latence pour reprendre ses esprits le nez dans une bière. L'effervescence gagne un public déjà convaincu par la vitesse et la rage du combo de Floride, ces deux caractéristiques frustrant quelque peu les amateurs de KDS. Ce soir, place à l'arrière-garde. Pogo, slam. Ca tournoie, ça rentre-dedans, ça tombe, ça se relève, ça pousse. Je me retrouve derrière Tyler, prenant soin d'éviter le manche de sa guitare ainsi que le projo au-dessus de moi sur lequel je m'assomme plusieurs fois. Dan se retrouve bien souvent pris dans la nasse, emporté par un rouleau humain ne lui octroyant, qu'in extremis, le droit de regagner son espace devant la scène. The Holy Mountain mène sa prestation au pas de charge, ne ralentissant jamais le rythme. Un sort est fait à Enemies, dernier ep en date, duquel on retiendra notamment "Penned In", "Historical Reassurance", "Rope or Bullet" et surtout le fulgurant "Spilling Currency", mais une large place est également accordée à Entrails avec les énormissimes "Plague Bearer" et "Worship & Murder", entrecoupé toutefois d'une séquénce émotion avec la reprise de "Warmachine" d'Anti Cimex. La fin approche. Fatigué de haranguer, fatigué de hurler sa colère, Dan est sur les rotules et s'octroie une minute de repos avant un rappel que l'on pressent cataclysmique. Emporté par notre enthousiasme et nos suppliques, The Holy Mountain en remet une couche sur nos pauvres crânes endoloris par les coups de boutoir de "Hammers" le bien-nommé et termine sa prestation sur "Slaves" devant un public en folie.

Exténué, la feuille en rideau, on repart hébété mais heureux de la prestation de The Holy Mountain. Heureux d'avoir trouvé un groupe authentique, à l'envie de jouer manifeste, nous permettant de renouer avec des concerts non calibrés où règne le meilleur esprit. Pouvu que çà dure.

Fragone (Février 2007)
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