Après une petite tournée au mois de mai à l’occasion de la sortie de leur nouvel album Précipice, Maudits revient jouer cet automne dans la capitale pour deux concerts sur le même week-end. Multipliant les formats au gré des conditions de scène, c’est en power trio électrique guitare-basse-batterie que les musiciens accueillent ce soir le public sur la scène du Backstage By The Mill.
Le groupe fait la première partie de Kozoria, groupe francilien de Metal Heavy / Progressif qui organise la release party de leur premier album. Un petit coup d'œil au running order affiché à l’entrée m’indique que le trio instrumental aura pour sa part trois quarts d’heure de jeu. La petite scène du Backstage est déjà pas mal occupée par une batterie au fond, laissant Maudits s’organiser sur le devant : batterie (Christophe Hiegel) généreusement équipée de cymbales au centre de la scène, le bassiste (Erwan Lombard) et le guitariste (Olivier Dubuc) de part et d’autre avec leurs pédaliers qui tapissent eux aussi raisonnablement bien le plancher. Tout cela semble visuellement un peu étroit à vrai dire, mais force est de faire avec les contraintes présentes.
Le set démarre à 19h30 précises, dans une salle encore bien clairsemée comptant une centaine de personnes à tout casser. Maudits balance pour commencer son titre éponyme, opener du premier album du même nom pour faire sobre : le morceau Maudits. Le violoncelle est sur bande-son, pour le reste tout est géré et lancé en live. Christophe Hiegel à la batterie alterne entre jeu sur son kit acoustique et jeu sur pads pour restituer les parties Electro / Trip-Hop qui parsèment les morceaux du groupe. Contrairement aux atmosphères finalement assez homogènes sur album, le rendu du son en live me semble marquer une petite différence, comme si lorsque cela jouait sur pad les ambiances se faisaient moins amples et enveloppantes - peut-être juste une histoire de mixage des samples.
Au début du morceau suivant, les lumières passent aux couleurs mauves et orangées crépusculaires, annonçant clairement un titre du nouvel album ... et oui, après une petite intro qui fait monter le suspens, voilà que l’on enchaîne bien avec Séquelles et sa rythmique entraînante. Maudits repart ensuite sur une ambiance plus intimiste, sombre et ambiant jouée au pad, tout en lumière rouge sur Perdu d’avance (issu de l'ep Angle Mort sorti en 2021). Et comme le morceau rentre dans sa partie plus énervée, une jeune invitée surprise monte sur scène, se faufilant depuis les premiers rangs jusque derrière les fûts pour venir prêter main forte au batteur et taper en rythme sur le tom basse. Les autres mouvements de scène, ce sont les guitares d’Olivier qui se baladent dans les airs et sur la scène. Autrement, Maudits est du genre à la jouer concentrée et laisse plutôt de l’espace pour déployer, sans trop bouger, ses ambiances sonores et ses lumières.
Dans la salle, les rangs s’épaississent progressivement pour une salle encore loin d’être pleine mais raisonnablement remplie. Sur les coups de 20h, c’est avec joie que j’entends s’élancer les guitares lancinantes de Précipice Part 1, et qui redonnent un nouveau coup d’élan au set. Est-ce que ce serait déjà le final, d’ailleurs ? Sur scène, les musiciens donnent en tout cas l’impression d’en avoir encore très largement sous le coude en termes d’énergie. Et pour être honnête, je n’ai qu’une envie à la fin de Précipice part 1, c’est de rentrer pour me dérouler le reste de l’album tant s’arrêter après ce titre semble presque contre-nature. Il reste heureusement encore un morceau : Résilience version 2021 et présentée par Erwan au micro comme une "version plus smooth qui invite au voyage Post-Rock / Trip-Hop".
20h17 : salut final à trois (puis quatre avec la jeune relève à la batterie qui se profile déjà dans la famille Hiegel). Le concert aura été une succession de passages calmes et plus metal, rien à redire sur la prestation scénique, l’ambiance dans le public est relativement attentive mais plutôt réservée, décrochant un peu sur les moments les plus calmes (les gens qui parlent...), indice qu’il s’est plutôt déplacé pour la tête d’affiche.
Le temps de débarrasser la scène de la batterie que l’on désosse de ses racks et c’est parti pour l’installation du groupe suivant qui prend finalement une bonne demi-heure. Mais aucun doute en regardant les rangs qui se serrent avant même le début du concert : le public s’est déplacé pour Kozoria. Pour ma part, je vais découvrir le groupe en live, n’ayant pas eu le temps de jeter une oreille sur leur premier album The Source, sorti le jour même.
Au niveau du style, c’est clairement plus Metal et plus énervé, une sorte de Heavy / Death / Prog mélodique solide, du riff pour headbanguer, une batterie - cachée au fond - aux martèlements solides, du chant gritté et des mélodies en chant clair. Le premier pogo s’invite rapidement dans la fosse - qui s’agitera d’ailleurs régulièrement tout le long du concert. Le groupe se donne généreusement sur scène, le public répond. Au final c’est un travail solide, avec des passages bien envoyés qui font secouer facilement la tête et des breaks qui fonctionnent même s’ils sont parfois un peu trop anticipables. Un morceau à la vibration Néo / Pagan s’invite à mi-parcours, le second guitariste vient pousser du grunt, on a même droit à une partie solo de la part du batteur - seul moment où on le distingue vraiment sur scène hors de la pénombre et de la fumée. Des petites faussetés un peu récurrentes dans le chant clair et surtout des communications avec le public très (trop ?) nombreuses me sortent néanmoins du trip. Alors oui, les ficelles sont un peu classiques mais force est de constater qu’elles trouvent leur répondant dans la fosse, qui passe visiblement un très bon moment.
Après un peu plus d’une heure de concert et un wall of death final, les dernières notes de Kozoria s’éteignent et voilà le moment venu de m’éclipser. La soirée aura finalement été plutôt contrastée au niveau des ambiances, l’occasion en tout cas pour moi d’avoir pu voir Maudits pour la première fois sur scène et d’avoir découvert Kozoria sur sa prestation live.