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Summer Breeze 2023 - Dinkelsbühl (Allemagne)

L’Allemagne. Fière nation des saucisses, du deutschemark, de Mercedes-Benz, de Lidl, d’Adidas… et d’un important pan des musiques extrêmes. En plus des nombreux groupes germaniques qu’on recense dans tous les styles (de Ahab à Blind Guardian, en passant par Der Weg Einer Freiheit, The Ocean, Rammstein ou Kreator, j’en passe et des meilleurs), le pays accueille aussi des festivals parmi les plus anciens, les plus grands, et les plus réputés. Le Graspop, créé en 1995, a attiré 220 000 spectateurs en 2023. Établi en 1990, le Wacken Open Air, malgré le fiasco de son édition 2023, accueille d’ordinaire 85 000 festivaliers par jour.
C’est le Summer Breeze qui nous intéresse aujourd’hui. Un poil plus jeune et moins fréquenté que ces grands frères évoqués ci-dessus (1997 pour la première édition, 45 000 spectateurs par jour), le rassemblement fait tout de même partie de la cour des grands. Le festival se tient chaque été lors de la semaine du 15 août, à Dinkelsbühl en Bavière, à mi-chemin entre Nuremberg et Stuttgart, à une grosse centaine de kilomètres au nord-ouest de Munich. Des pointures dans tous les sous-genres metalliques y ont déjà posé les amplis, à l’instar de Suffocation, Napalm Death, Slayer, Hatebreed, Testament, Sabaton, Immortal, Fear Factory ou Within Temptation, entre autres cadors.


On notera plusieurs différences avec les festivals dont on a l’habitude chez nous. D’abord, en termes de logistique : pas de séparation entre la zone de parking et celle du camping. On est guidé par le staff jusqu’à un emplacement où on se gare et où on installe nos tentes juste à côté de notre véhicule. Si cela nécessite indéniablement une certaine organisation (notamment un site de parking/camping gigantesque), on y trouvera aussi des avantages : ne pas devoir trimballer nos affaires sur des kilomètres, éviter d'être chargé.e.s comme des mules pendant diverses étapes d'attente, gagner de la place dans les tentes en remettant des trucs dans le coffre, pouvoir sécuriser des affaires dans la voiture fermée à clé…

On s’installe au “green camping”, le coin écolo. Peu de contraintes : on y est obligé de trier nos déchets (on nous donne des sacs poubelles de couleurs différentes), et on est tenus de repartir avec nos tentes. En guise de consignes eco-friendly, ce sera tout, mais on nous demande aussi de ne pas être trop bruyants entre 1h et 7h si on loge sur cette parcelle. C’est tout bénèf’.
Beaucoup de gens semblent très équipés, bien plus que sur les festivals français. Caravanes, camping-cars, giga tentes multi-pièces, douches solaires, barbecues, etc, l’Allemand.e-type semble ramener les deux tiers de son appart’ en festival. Pour un certain nombre, ce genre d’évènement a l’air d’être de vraies vacances en tant que telles. Séjour entre potes, camping, bonne ambiance, et au passage, allez, pourquoi pas, quelques groupes à aller voir. Nous, on est vraiment “les mains dans les poches” en comparaison, mais en revanche on ira profiter des artistes sans modération.

Autre différence : il y a un supermarché éphémère, monté directement dans le camping, près de stands de restauration et de la plus petite des quatre scènes. On trouve dans ce magasin un peu de matériel de camping, un peu à manger, et beaucoup à boire. D’ailleurs, partenariat oblige, vu qu’on est toujours dans l’enceinte du festival, on y trouve uniquement la marque de bière servie aussi dans les bars ; et fun fact, les canettes de 50cL (fraiches) coûtent 2 balles dans le supermarché alors que les godets de 40cL sont à 5 euros quand on demande le même produit, à la pression, dans d’autres points de vente. Du coup, on fera plusieurs crochets par là.

Pas de cashless au Summer Breeze, et tous les postes de dépenses (le manger, la boisson, le merch…) n'acceptent que le liquide. Il y a donc quatre distributeurs de billets dans l’enceinte du festival, pris d’assaut le premier jour, et dont au moins un d’entre eux semblait toujours hors-service. Quant à savoir quoi acheter, la plupart des autochtones parlent un anglais très honorable, mais tout n’est écrit qu’en allemand. Et au pire, comme vous pouvez le voir, il existe des applis de détection de langue et de traduction en simultané. (Ça n'a pas rendu le truc plus clair mais c'était très drôle. Comme une photo plus grande défoncerait la mise en page, et qu'on y voit pas grand chose : il y a écrit "rôti de chapeau / + mariée aigre / infractions / journal / Thaler".)

Le site a un agencement un peu étrange, formant une sorte de “C” à l’envers, ouvert vers la gauche. Les deux scènes principales (la Main Stage et la T-Stage) sont à chaque extrémité. Pour passer de l’une à l’autre, il faut traverser une zone de stands (boutiques de t-shirts, de tatouages temporaires, merch Nuclear Blast, etc). La troisième scène, la Wera Tool Rebel Stage (si si, tout ça) se situe relativement proche de la T-Stage, en plein milieu du passage naturel entre les deux plus grandes scènes, et est la seule à être à l’ombre. Les nombreux bars sont dispersés partout, en îlots épars. Les restaurateurs se trouvent le long de presque tous les murs extérieurs qui définissent le périmètre du festival. On trouvera aussi des points de vente de cigarettes, et même l’équivalent des désoiffeurs qu’on a au Hellfest mais qui portent ici une espèce de plateau en bandoulière, contenant clopes et briquets.
La quatrième scène, déjà évoquée plus haut, est dans le camping. Très largement plus petite, elle accueille jusqu’en milieu de soirée les groupes les plus “en bas de l’affiche”, puis un DJ qui diffuse de la musique jusque tard dans la nuit.

L’un des partenaires du Summer Breeze semble être une marque de bricolage. La fameuse Wera Tool Rebel Stage ? Elle pourrait ne s'appeler que “Rebel Stage” si la marque d’outils Wera n’était pas passée par là. Mais dis-moi, tonton Zbrlah, c’est pas qu’on s’en tamponne, mais pourquoi le mentionner ? Pour deux raisons. La première, c’est qu’à plusieurs reprises on remarquera une sorte de montgolfière en forme de tournevis géant survolant le site, et que l’aspect “kamoulox” de la situation s’explique par la présence de ce sponsor. La seconde, c’est pour faire un étrange constat : nous étions fouillés à chaque entrée sur la zone des concerts, et nous n’avions pas le droit de faire entrer des bouteilles en verre, par exemple. Compréhensible en temps normal, mais étonnant de la part d’un festival qui nous laissait potentiellement acheter en son sein un marteau ou un set de clés à molettes.

Je viens d’évoquer un “nous”. Il s’agira de ma dernière clarification avant de parler musique. “Nous”, c’est bien entendu moi-même, votre prog-snob dévoué, mais épaulé par un ami venu avec moi depuis la lointaine Toulouse. Julien, car c’est son prénom, aura ainsi voix au chapitre dans la suite de ce témoignage, en ajoutant sa touche en quelques mots pour conclure mes paragraphes. En certaines occasions, à propos de groupes qu’il connaît mieux que moi, nos rôles s’inverseront : il prendra la plume pour faire le plus gros du boulot et je ponctuerai son résumé de mon ressenti. Merci Julien !


Jour 1

Epica

Un set carré, porté par toute une brouette de vieux classiques. Epica commence par le recent Abyss Of Time, et joue aussi un titre issu de son dernier mini-album / maxi-EP (The Final Lullaby), mais en dehors de ça, que de la vieillerie. Si ces titres n’ont plus à prouver leur efficacité en live, ça fait quand même une prise de risque très minimale, et on sent que le groupe avance plus grâce à un élan déjà impulsé il y a longtemps, que par une vraie motivation d’en découdre. Le son n'est pas fou (c’est une des rares fois où il manque de guitare, wtf) mais vaguement potable, ça n’est tout de même pas infâme. Les pitreries de Coen Janssen au clavier, et la scénographie (avec serpents géants cracheurs de feu, éléments de décors qui tournent, écran géant en guise de backdrop, pyrotechnie…) viennent sauver le set.

La punchline de Julien Le Fan Old-School : « Ça fait dix ans que j’écoute plus vraiment mais je connais la setlist par cœur. Donc, bons choix. »

Ad Infinitum

Melissa Bonny est partout ces temps-ci, choriste de luxe chez Kamelot, en guest à droite à gauche (dernièrement, chez ArionPyramaze et chez nos chouchous Feuerschwanz entre autres), son groupe de reprises Dark Side Of The Moon vient de sortir un album, et même les tabloïds people ont mentionné son récent mariage avec le batteur d’Amaranthe. Et… son groupe principal, Ad Infinitum ? Ils ont le mérite d’être là (et de justifier très vaguement cette intro poussive). Le combo balance son mélange entre arrangements symphoniques, riffs simples accordés très graves, et samples electros ; et ça marche très bien (même si See You In Hell ralentit quelque peu le rythme). Les titres sont taillés pour la scène, dont le dynamisme indéniable compense la facilité des structures. Et puis surtout, ça joue de ouf. La chanteuse alterne facilement un puissant growl et un chant clair précis, les solos de guitares sont techniques et super propres, le batteur est giga carré (malgré un son trop triggé). Un concert vraiment cool, et on espère entendre parler d’Ad Infinitum plus que des nombreuses autres occupations de sa frontwoman (voilà, comme ça je boucle avec l’intro, je savais bien que j'allais quelque part avec ce truc !). Et accessoirement, les voir jouer plus longtemps que 40 minutes, qu’ils aient le temps de caser Marching On Versailles, même si le final sur Animals rend très bien.

La punchline de Julien Le Mitigé : « C’est dommage que les compos soient nulles, parce que l’exécution est vraiment bonne. »

Soilwork

Si sur album, Soilwork arrive à toujours garder un minimum d’intérêt, alors en live, plus ça va, moins ça va. La voix de Bjorn "Speed" Strid tiraille dans un semi chant clair qui sature à moitié dans les aigus, sorte d’entre-deux un peu bâtard à mi-chemin entre ses habituels screams et ses vocalises chantées. Musicalement, c’est parfois vraiment cracra (mais on est loin de la scène, ceci explique peut-être cela ?), on ne reconnaît pas beaucoup de titres, et visuellement, rien, pas de mise en scène, et… même pas d’écrans géants ! Au tiers du set, les deux grands panneaux de LEDs se freezent sur une image du frontman qui scrute la foule, la main en visière sur le front. Les écrans afficheront ça pendant 20 bonnes minutes avant de finalement s’éteindre complètement pendant The Ride Majestic, un peu avant la fin de leur temps imparti. On notera aussi la présence d’un guest non identifié sur Death Divider, dont le chant sera de toutes manières très sous-mixé.

La punchline de Julien Le Critique : « Cet homme chante vraiment mal. Cordialement. »

Megadeth

Megadeth fait du Megadeth.

La punchline de Julien Le Mec Qui Approuve : « Megadeth fait du Megadeth. »


Jour 2

Blackbriar

Je ne connaissais Blackbriar que de nom, grâce à leur copinage avec d’autres artistes (orientés plutôt Sympho) que j’écoute un peu. Donnons-leur une chance !
Bon, au bout de quelques titres on est fixés, clairement ça casse pas des briques. On part sur une sorte de Delain mais en mou (enfin, pas plus lent mais moins catchy), et avec un chant lyrique assez monocorde, tout dans l’aigu. Pas giga fou.

La punchline de Julien Le Cynique : « Faire une ballade quand on fait déjà du doom symphonique, c’était un peu osé (et chiant). »

Archspire

Celles et ceux qui ont déjà vus Archspire en concert savent à quoi s’attendre dans un live-report des Canadiens (et celles et ceux qui n’ont pas déjà vus Archspire en concert doivent voir Archspire en concert). Fidèles à eux-mêmes, les cinq brutes proposent un spectacle de stand-up de la part de leur vocaliste, entrecoupé d’interludes de death technique à 350 BPM ou plus. Les blagues à base de caca trouvent un écho chez les fans de Gutalax qui jouaient plus tôt, et quelques brosses à chiottes et autres ventouses sont même brandies. La pitrerie la moins potache sera la (désormais traditionnelle) partie de Twister dans le public, qui se conclut sur un pogo géant quand le titre d’après commence. Côté musical, c’est méga tight : ça a beau aller plus vite que tout le reste, ça joue super bien. Alors que Remote Tumor Seeker semble mettre tout le monde d’accord, Drone Corpse Aviator vient asséner un coup de massue final en fin de set. Délicieux.

La punchline de Julien Le Mec A Côté De La Plaque : « Super one-man-show du chanteur, mais y avait un de ces merdiers entre les blagues… »

Storm Seeker

La chronique de Julien : "Eh Zbrlah on a quoi après Archspire ?" "Euh, rien jusqu'à Trivium ce soir, je vais aller faire la sieste je pense." "Attends j'ai vu la photo d'un truc sur Facebook en venant, c'est du "nautical metal", ça peut être marrant".
Et voilà comment on s'est retrouvé complètement par hasard devant Storm Seeker (remarquez, les festivals ça sert aussi à découvrir des nouveaux groupes, hein). Et la surprise est plutôt bonne ! Le quintet démarre joyeusement et la foule est immédiatement conquise. Musicalement, on s'attendait à un Children Of Alestorm, mais le groupe arrive à se démarquer par son rock folk légèrement métalisé sur les bords, et en misant davantage sur des chansons de vieux marins que sur des pitreries de pirates (dur à dire, ça...). La vielliste/chanteuse/flûtiste/musicienne-à-tout-faire est impressionnante et donne toute sa crédibilité au groupe tout au long d'un set parfaitement exécuté. Côté public, l'ambiance sera festive du début à la fin: on chante, on danse, on boit, on s'assoit pour ramer (musique de marin oblige), et on termine même le set sur une partie géante de volleyball (dix ballons gonflables ont soudainement surgi d'on-ne-sait-où, et ça amusera la galerie pendant les trois dernières chansons). Au final, même si la musique de Storm Seeker est loin d'être révolutionnaire, elle fonctionne à merveille en festival, et le hasard faisant parfois bien les choses, on a passé un bon moment juste avant la sieste !

La punchline de Zbrlah Le Dormeur : « Il dit "on", mais pour être franc, après le dialogue retranscrit par Julien, moi je suis effectivement allé siester. Mais je lui fais confiance, s’il dit que c’était sympa, alors c’était sympa. »

Trivium

Peut-être que c’est dû au fait qu’on soit loin de la scène, mais le son est vraiment bon comparé à la moyenne des autres sonorisations sur le fest (qui sont quand même globalement potables hein). Sur notre droite, Paolo Gregoletto se tient droit comme un piquet derrière sa basse tenue par un trépied. Opéré de l’épaule quelques jours plus tôt, il est de retour sur la tournée estivale de Trivium mais ne peut pas porter son instrument sur l’épaule avec une sangle, ni headbanger. Il ne chantera pas non plus, contrairement à d’habitude. Pour compenser, le frontman assure un show à la Gene Simmons, toute langue dehors. Même si c’est un cliché habituel de dire « vous êtes vraiment le meilleur public du monde », Matt Heafy en fait des caisses et nous répète nos louanges jusqu’à la lassitude.
Trivium délivre un set en forme de best-of, allant piocher jusque dans les plus vieilles pages de son catalogue (A Gunshot To The Head Of Trepidation), passant d’album en album en alternant les hits (The Sin And The Sentence, Catastrophist, In The Court Of The Dragon…). La machine est rodée, ça se sent, et ça fonctionne.

La punchline de Julien L’Ascète : « Sympa le backdrop, entre la chemise de tonton et la tapisserie de mamie ! Ah oui, euh pardon, la musique ? Bah c’était bien. »

Frog Leap

Quand la youtuberie va trop loin, on se retrouve en festival. Aussi débile que ça puisse paraître, la bande à Leo Moracchioli ne proposera, comme sur sa chaîne YT, que des reprises "métallisées" de chansons connues, allant de la pop au rock. Pour transposer ces pitreries sur scène, le frontman est entouré d’un gratteux (Rabea Massad, de Dorje et de Toska), d’un batteur (Truls Haugen, de Circus Maximus), d’un bassiste (illustre anonyme qu’on a pas reconnu) et d’un… lapin géant. La personne sous le costume aura pour mission d’assurer un tout petit peu de synthé sur un morceau, mais surtout de secouer ses longues oreilles et de se mêler au public pour y initier des circle-pits. La chanteuse Hannah Boulton rejoindra l’équipe pour quelques titres.
Frog Leap commence par The House Of The Rising Sun, et tout au long de leur heure de jeu, on aura droit à du Adele, à du Toto, à du Bruno Mars… Tout y passe. Et les gens semblent ravis de redécouvrir des mélodies connues, tout en embrassant un aspect rentre-dedans. Un vrai « groupe de festival », comme dans « festif ».

La punchline de Julien Le Vétérinaire : « Il avait l’air d’avoir la myxomatose, pour un homme-grenouille. »

Sleep Token

Non content d’être le dernier groupe à fouler les planches de la Main Stage aujourd’hui, Sleep Token se laisse désirer et commence avec un quart d’heure de retard. La formation finira cinq minutes après son horaire théorique, mais ça ne fait qu’un total de cinquante minutes de jeu au lieu d’une heure. Nous n’aurons pas d’explication. Tant pis.
Le vocaliste, véritablement possédé, propose un jeu scénique tout en doigts crochus et en convulsions. Son bassiste a beau ne pas être en reste, et malgré la présence d’une estrade avec trois choristes, c’est vraiment Vessel la principale attraction du spectacle avec son chant si maîtrisé et son attitude si chaotique. Pour ajouter au mystère des masques et de l’anonymat, en dehors des chansons, pas un mot, pas un bonjour, pas un merci, pas un au-revoir, pas un “merde”. Sleep Token enchaîne donc les titres, les trois albums seront évoqués de manière presque équilibrée (quatre titres issus de chacun des deux plus récents, et deux extraits du tout premier). L’exécution est exemplaire. On notera quelques phrases hurlées dans Like That, que la version studio n’a pas ; ainsi qu’un formidable solo de batterie sur l’interlude ambiant au milieu de The Summoning (qui sera le point d’orgue du jeu de II derrière les fûts, mais dont le reste de la prestation est définitivement l’une des plus folles du festival, à l’instar des couplets de Hypnosis par exemple). Worship.

La punchline de Julien Le Pragmatique : « Enfin une secte qui dépense bien son budget ! »


Jour 3

Warmen

Séquence émotion pour les nostalgiques de death-mélo des années 2000. Déjà, ce jour est d’entrée de jeu à marquer d’une pierre blanche : premier concert de Warmen depuis six ans, premier concert du claviériste depuis son départ de Children Of Bodom il y a quatre ans, et accessoirement, release-party de leur nouvel album qui sortait le jour même. Contrat rempli pour les finlandais, qui joueront les deux singles de ce nouvel opus (Warmen Are Here For None en ouverture de set, et Hell On Four Wheels presque à la fin), une paire de titres inédits extraits de ce fameux disque, un vieux morceau (Suck My Attitude), et surtout, deux reprises de Children Of Bodom (Sixpounder puis Every Time I Die), avant de conclure par leur tube, la cover de Somebody’s Watching Me. La recette marche très bien, et nos petits cœurs à peine remis de la disparition d’Alexi Laiho sont tellement heureux d’entre le « son Bodom » ressuscité. On excusera les petites erreurs de Janne Wirman qui se mélange un peu les saucisses entre ses différents sons de claviers, surtout qu’il assumera et en rigolera. Un excellent set.

La punchline de Julien Le Fan-Boy : « Grand-children Of Bodom ❤️ »

Neverland In Ashes

Du « metal moderne », à défaut d’une meilleure appellation ? Oscillant entre divers degrés de metalcore, allant de refrains quasi-pop à des breakdowns presque deathcore, Neverland In Ashes propose une musique qui tient la route. C’est pas incroyablissime, mais c’est OK. Le groupe serait sûrement moins bon s’il n’avait pas son chanteur au coffre surnaturel, pouvant pousser des gueulantes de l’espace, en continu pendant plusieurs dizaines de secondes. Et ça a le mérite d’être sur la scène couverte, ça évite de cramer en attendant la suite.

La punchline de Julien Le Perse (parce que pourquoi pas, on a pas d’idée et fallait la faire tôt ou tard, c’est tombé ici) : « On souhaite un bon rétablissement à Alice (ah non pardon c’est pas le bon pays) »

Bloodred Hourglass

J’écris ces notes moins de vingt-quatre heures après le concert de Bloodred Hourglass, au matin du jour 4, en attendant les premiers concerts. Et malgré ce court délai, je ne me rappelle pas de grand chose de leur set, si ce n’est que je m’en suis barré avant la fin.

La punchline de Julien L’Amnésique : « Pareil. »

Imminence

Étonnamment, j’ai préféré Imminence sur album qu’en live. Leur formule marche bien, pourtant : un metalcore qui sait être bien bourrin sans trop s’immiscer dans le deathcore, et avec l’originalité d’y ajouter du violon. Mais, je sais pas, un truc ne « clique » pas. Quelque chose de personnel, peut-être, de subjectif, d’impossible à expliquer de façon rationnelle ? En tout cas, si Temptation fait forte impression en clôture de set, ce sera la seule étincelle pour moi. Les Suédois n’ont malheureusement pas un son fabuleux, ça n’aide pas non plus. Un big-up pour le chanteur qui aura passé tout le concert en chemise longue et bretelles, malgré une chaleur accablante et la suée qu’il a dû se prendre en se démenant comme un beau diable.

La punchline de Julien L’Antithèse : « Non. »

Orbit Culture

On enchaîne Imminence avec Orbit Culture, et… même constat. Là où la formation sait être bien carrée en studio, ici leur son est ruiné par une grosse caisse dix fois trop forte et avec dix fois trop de trig. Les impacts semblent parfois random, on sent qu’un d’entre eux est parfois sauté (de façon vraiment pas naturelle) au milieu d’une série de coups de double-pédale. On a beau reconnaître quelques titres qu’on avait aimé en album, l’épreuve du live n’est pas franchement validée pour le combo. Très dommage.

La punchline de Julien Le Coup-De-Vent : « J’aimerais être resté suffisamment longtemps pour avoir un truc à dire. »

Vorbid

Mini coup de cœur de 2022, Vorbid c’est des quasi-anonymes (400 écoutes mensuelles sur Spotify) qui pourtant proposent un mélange très inspiré de death, thrash, et prog ; à la frontière entre du vieux Opeth, du Death, et les premiers Leprous. Ça fait presque mal au cœur de les voir jouer sur une si petite scène (on est sur la « party stage » au camping) et si peu longtemps (une courte demi-heure). Le groupe se concentrera évidemment sur son récent effort A Swan By The Edge Of Mandala, avec le titre quasi-éponyme By The Edge Of Mandala, ou encore Swansong, mais fera au clin d’œil au passé avec le morceau Zombie

La punchline de Julien Le Rigolo : « Vorbid Angel ? Vorbid Culture ? Vorbidet de chiotte ? Non franchement j’ai rien à dire. »

Soen

Il est 18h35 et le soleil, impitoyable depuis le début de la journée, commence à peine à se glisser lentement derrière les hauts arbres à l’arrière de la T-Stage, projetant de plus en plus une ombre bienvenue. Soen doit probablement en déduire qu’un set des plus sombre sera de circonstance ? En effet, le quintet axe son set sur pas mal de mid-tempos, voire des ballades. Même si quelques titres plus pêchus (comme Monarch ou Antagonist) viendront ponctuer le set, on les aurait aimé plus nombreux. Et surtout, même si on comprend qu’il s’agisse d’un des derniers concerts du cycle de promo de Imperial (Memorial est sorti moins d’un mois après cette prestation), on aurait aussi aimé entendre les nouveaux singles déjà dévoilés.
Malgré ces choix de setlist, un concert de Soen c’est l’assurance d’une heure d’émotion et de technique. On chipote mais c’était vraiment super bien.

La punchline de Julien Le Semi-Convaincu : « C’est semi-chiant ça non ? »

Beyond The Black

Avec tous ces groupes quasiment homonymes, je m’y perds un peu, surtout que je ne les écoute pas des masses. Beyond The Battle Beast In Black, rayez les mentions inutiles. Bref, tout ça pour dire qu’en arrivant devant Beyond The Black, musicalement c’est vaguement ce que je prévoyais, mais je ne reconnais ni la voix ni la tête de la chanteuse : et pour cause, je réalise que je m’attendais à voir Battle Beast. Et la soudaine réalisation qu’à part un éventuel single peut-être vu au vol sur YouTube, je ne connais absolument pas Beyond The Black. Mais quitte à être là, et comme ça a l’air plutôt pas si pire, et bien restons.
Si la musique ne m’avait pas franchement surpris même en me trompant de groupe, au final je m’aperçois vite que le power / sympho de Beyond The Black joue beaucoup moins sur le kitsch que ne le font Beast In Black et consorts. On est sur un équivalent à Delain, ou à Leaves' Eyes, si vous voulez. Comme pour Ad Infinitum deux jours plus tôt, on se rend compte que la plupart des titres sont structurés simplement mais efficacement, et que beaucoup contiennent un solo de guitare souvent de très bon goût et à la technicité incontestable, proprement exécuté, révélant un certain degré de virtuosité qui renouvelle l’intérêt pour la formation. Même sans connaître les morceaux à l’avance, la fin du set (on a raté le début pour voir la fin de Soen) se laisse agréablement regarder.
C’est pendant la prestation de Beyond The Black qu’on remarquera pour la première fois le fameux tournevis-montgolfière évoqué en intro, rendant le concert encore plus divertissant.

La punchline de Julien Le Résigné : « Ça me fait mal de dire ça mais c’était quand même plutôt bien non ? »

Powerwolf

PuissanceLoup, ça devient presque chiant tellement c’est toujours bien. Les morceaux sont toujours dansants, la scénographie est toujours impressionnante, le chanteur est toujours mi-cérémonieux mi-imposant, le claviériste court toujours partout dès qu’il ne joue pas, la pyrotechnie est toujours au rendez-vous… Alors, si vous ne les avez encore jamais vus sur scène, c’est sûr que ça doit en jeter. Mais si vous commencez à avoir un tant soit peu écumé les festivals depuis quelques années, alors vous savez que ce sont des clients réguliers et le show n’a plus vraiment de surprises à vous réserver. C’est bien, hein… Mais bon, c’est indéniablement prévisible à tous les niveaux.

La punchline de Julien Le Couturier Lycanthrope Ignifugé : « C’est fou ce qu’on arrive à faire comme décors de scène avec quelques draps, des blocs en résine et … une centaine de lance-flammes ! »

Eluveitie

J’avais un souvenir d’Eluveitie “pas si pire, franchement”. Ça datait d’un concert où j’étais, je crois, venu surtout pour la première partie (sans me souvenir de ce que c’était), et les Suisses à biniou, en tête d’affiche, m’avaient laissé un souvenir tout à fait digeste, alors que j’ai quitté ma phase “pouet-pouet-metal” depuis un moment maintenant. C’est donc le cœur léger et l’esprit insouciant qu’on arrive à la Mainstage pour voir 70 minutes d’Eluveitie.
Sauf que les souvenirs, c’est bien beau, mais d’une part c’est pas toujours fiable, et d’autre part les gens peuvent changer. Je ne sais pas vraiment quelle combinaison de ces deux facteurs fut à l'œuvre dans ma p’tite tête, mais au final ça fait très “tsoin-tsoin” standard. En prime, le groupe souffre de très audibles problèmes de son (on a l’impression qu’un buzz revient régulièrement dans les enceintes sans que les musicien.ne.s n’en soient vraiment conscient.e.s ?). On lèvera un sourcil vaguement surpris en reconnaissant deux titres supposés acoustiques (Epona et Lvgvs), mais transposés ici en version metal, mais ce sera le seul intérêt qu’on trouvera à la prestation. 70 minutes, on disait ? Nan, franchement, on ne se voit pas tenir si longtemps. Filons plus tôt, on verra plus de Gaerea comme ça.

La punchline de Julien Le Comptable : « Comment tu fais pour être rentables en 2023 avec 10 personnes sur scène ? »

Gaerea

Les Portugais ont légitimement pu se sentir un poil anxieux, le post-black n’étant pas franchement au rendez-vous sur l’affiche du Summer Breeze de cette année. Y a-t-il des gens qui sont vraiment venus exprès pour Gaerea ? Alors, “exprès”, ça on sait pas, mais en tout cas force est de constater que la foule est pourtant au rendez-vous.
Le set (dont on a raté le début, le temps de se rendre compte qu’Eluveitie c’était pas fou) sera très majoritairement orienté autour du récent Mirage. Déjà vus en salle avec Saor et Ghaal's Wyrd environ un an auparavant, on sait à quoi s’attendre et la formation ne déçoit pas. L’instrumentation est aussi intense et déchirante qu’espéré, le chant est aussi torturé que possible, le frontman se tortille comme un possédé. Tout comme en salle, l’ambiance intimiste en moins. Aussi étonnant que ça puisse paraître, je suis bien content d’avoir pu trouver une bouffée d’air vicié au milieu de tout ce festival à majorité Power metal. Et vu l'affluence, je ne dois pas être le seul à apprécier un peu de diversité, à priori. Même si Gaerea fonctionne mieux dans une petite salle, c’était indéniablement un très bon moment.

La punchline de Julien L’Abonné Absent : « Franchement j’me sens pas concerné. »


Jour 4

Twilight Force

La chronique de Julien : Samedi, dernier jour du festival, et affrontement des forces en présence : Twilight Force versus DragonForce. Round 1 : fight !
Il est midi, le Summer Breeze s’éveille sous un soleil de plomb. Et c'est Twilight Force qui entame les hostilités. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce groupe, c'est tout ce que la kitschitude a fait de meilleur : des grands enfants déguisés en personnages d'heroic fantasy (avec les capes, les oreilles d'elfe et tout), qui font du Disney-Metal quelque part entre Rhapsody Of Fire et la Reine Des Neiges. Et ça marche, justement parce qu'ils vont au bout du délire. Bon, par contre, ça ne marche pas tout de suite sur scène, car l'ingé-son a visiblement du mal à se réveiller, lui. Un micro batterie sur deux n'est pas allumé, et le chanteur sera inaudible sur les premiers couplets, le temps que quelqu'un pousse les boutons de la table de mixage. Il faut dire qu'après 3 jours à sonoriser des groupes qui braillent et qui djentent sur une seule corde détunée à mort dans les graves, ça doit surprendre quand t'as tout d'un coup des mecs qui font de la musique sur plus d'une octave. Mais le groupe n'a pas l'air affecté par ces désagréments et va droit au but d'entrée de jeu avec son titre le plus connu : Dawn Of The Dragonstar (on vous avait prévu, c'est kitsch !). Envolées lyriques suraiguës, solos de guitare en rafale, orchestrations envoûtantes, tout est au rendez-vous et tout est incroyablement exécuté. Pas une fausse note (et pourtant, des notes, ils en jouent !), pas un tremblement dans la voix, et une véritable maîtrise technique sur scène de leur musique pourtant très riche. On notera la présence de la choriste Kristin Starkey sur cette tournée, qui vient apporter du volume sur toutes les lignes de chants. A noter aussi la présence du sosie de Père Fouras au clavier, qui assurera la narration entre les chansons (Christopher Lee, si tu nous entends… RIP). Le groupe enchaîne ses tubes : Dragonborn, Flight of the Sapphire Dragon, Enchanted Dragon of Wisdom (oui ça parle beaucoup de dragons chez TF) et concluera le set avec le classique The Power Of The Ancient Force. Dans la fosse, on aura droit à l'accouplement improbable entre un mec déguisé en dinosaure, et un bateau bouée dragon en plastique (ah c'est beau les festivals de metal), et à un public visiblement conquis malgré les 35 degrés ambiants.
Défi réussi pour nos joyeux drilles, et une mention spéciale pour le chanteur Alessandro Conti (auparavant chez Luca Turilli's Rhapsody) qui signe une performance vocale impressionnante.

La punchline de Zbrlah Le Dubitatif : « Le groupe a tout pour être super cringe. Vraiment. Mais la prestation embrasse complètement ça, et parvient de justesse à éviter le plus gros du malaise (à condition quand même d’être réceptif au power metal cheesy), se plaçant dans l’improbable niche “spectacle du Puy Du Fou dans l’univers parallèle où DragonForce en sont les propriétaires”. Alors oui, y a effectivement pas grand monde dans cette niche-là, et quelque part c’est peut-être pas si dommage que ça. »

Valkeat

Les festivals, c’est bien pour plein de raisons : être avec des potes, boire des canons, voir des concerts de groupes qu’on aime, et la raison du jour : voir des concerts de trucs qu’on découvre.
Il est 13h45, le soleil tape dur, alors forcément, on s’intéresse à ce qui se passe sur la scène à l’ombre, et c’est Valkeat qui prend les planches d’assaut. La bande vient de Finlande et est clairement là pour promouvoir le folklore de leur contrée natale. Et ça marche plutôt, dans une ambiance à la WardrunaFaun, et autres Heilung… Jusqu’à ce que la batterie s’énerve et que les guitares et le chant, tous deux saturés, n’entrent en jeu et ne cassent le joli set-up des parties folk en les conjuguant à la sauce metal très basique.
Alors, oui, c’est une bonne chose de découvrir de nouveaux artistes, mais pour autant est-ce que Valkeat nous manquait franchement ? Nan.

La punchline de Julien Le DRH : « C’est le seul groupe du fest dans lequel on virerait bien le chanteur et la guitare. »

Brand Of Sacrifice

Je relis mes notes plusieurs semai… mois après coup (d’où la date de publication de ce papier), et je m’aperçois que je n’ai rien écrit à propos de Brand Of Sacrifice. Si vous me connaissez dans la vraie vie, vous savez que je suis incapable de me souvenir ce que j’ai mangé l’avant-veille, alors un concert parmi des dizaines d’autres il y a des mois de ça…
Alors, de quoi je me rappelle ? Euh, que j’ai aimé. C’était bien. Il y avait peu de groupes de deathcore au Summer Breeze, en dehors de Shadow Of Intent (mais qui jouait hier à 3h du mat’ et qu’on a pas eu le courage d’attendre). Même si on a vu des artistes aux sonorités djent et/ou metalcore (Imminence, Sleep Token…), cet interlude de bagarre totale a été un agréable moment. Je crois.

La punchline de Julien Le Comique Vénère : « Si c’est suffisamment bourrin, ça devient drôle. Du coup, c’était drôle. »

DragonForce

La chronique de Julien : Après quelques wursts (vous savez ces grosses knackis fourrées au curry, au fromage, ou à n’importe quoi d’autre, après tout on ne se pose pas trop de questions dans la gastronomie allemande tant que c’est gros, gras, salé et sucré, ça fait l’affaire. Allez, on y retourne c’est bientôt la fin) et quelques bières, c’est au tour de DragonForce de prendre la Mainstage d’assaut. Round 2 : Fight !
Et on est direct dans l’ambiance geek : deux grosses bornes d’arcade de chaque côté de la scène, un écran géant qui diffuse des images de jeux vidéos (enfin des extraits de clips du groupe plutôt, mais franchement c’est presque pareil), et des mélodies au synthé 80s pour l’intro de set. Les membres du groupe débarquent sur l’intro de Highway To Oblivion, lunettes de soleil vissées sur la gueule, et c’est parti pour l’escalade de la surenchère.
DragonForce à Twilight Force : “Ah ouais vous jouez à 180 bpm ? Et bah nous on shred à 200 ! Vous n’avez qu’un solo de guitare par chanson ? Nous on en a 8 ! Vous venez déguisés en elfes ? Nous on tape des solos du haut d’une GameBoy géante. Vous jouez Dragonborn ? Et bah nous on joue The Last Dragonborn ! Et toc ! Vous avez des problèmes de son ? Et bah nous aussi, et on va carrément arrêter un morceau en plein milieu et même pas le finir, AH-AAAH ! Vous avez un dragon bouée dans le public ? Et bah nous on organise le premier crowd surfing “nature et découverte” avec des plantes vertes et des furets !” (oui oui on a vraiment vu un gars slammer avec un pot de fleur et un autre avec un animal empaillé à la main). Autant dire que le duel est gagné. Un petit Through The Fire And Flames pour finir (enfin pour nous dans la fosse, à ce stade c’est devenu “through the pits and slams”) et un mot d’Herman Li qui clôt le concert (et par là même 4 ans de tournées) par l’annonce d’un nouvel album, et un premier single à paraître en septembre [note du traducteur : septembre 2023. Le single est bien sorti, et l’album aussi, en mars de cette année]

La punchline de Zbrlah Le Blasé : « Comme Epica ou Powerwolf, c’est cool mais sans prise de risque, c’est fun mais c’est toujours pareil. C’était donc un concert de DragonForce, principalement pour… les fans de DragonForce. N’en étant pas complètement un, bah forcément, ça a fini par être un poil long (j’admets que les 40°C en plein cagnard et le défilé de crowd-surfers n’ont pas aidé). »

Iotunn

On est entre nous, en plus cet interminable live-report est bientôt bouclé (d’ailleurs si vous avez tout lu jusqu’ici, commentez “pamplemousse” pour gagner tout mon respect), bref, c’est pas arrivé ici qu’on va commencer à se mentir. Alors en toute franchise : j’adooooore Iotunn et c’est une des raisons majeures pour lesquelles j’ai laissé Julien me convaincre de faire mille bornes avec lui alors qu’on a aussi des festoches sympas en France.
Après une pause au camping dans l’aprèm’, on revient à la Wera Tool Rebel Stage juste à temps, alors que commencent les premières notes de Waves Below. D’ailleurs, spoiler alert, la set-list est incroyable : quatre gros pavés issus de Access All Worlds (Waves Below, The Tower of Cosmic Nihility, Access All Worlds, et Voyage of the Garganey), plus le nouveau single Mistland glissé au milieu. Les choix de set-list sont donc impeccables, mais accrochez-vous parce que le reste aussi. J’avais peur que le chant ne soit pas aussi bien ficelé sur scène qu’en studio, car très versatile et parfois très exigeant, allant des growls profonds à des chants clairs hypnotiques et aigus. Eh bien non, c’est aussi dingue que sur album. Musicalement, le post-metal psyché, spatial et proggy du quintet est retranscrit aussi fidèlement que l’est le chant. Et la mise en scène, même si elle est minime, est stylée : le chanteur, tout encapuchonné de beige, semble tout droit sorti du film Dune ; et se balade avec un pied de micro sur lequel est téléscopé une lampe suffisamment puissante pour qu’on en voit le faisceau, qui l’éclaire juste sous son visage, ou qu’il pointe parfois de part et d’autres. Bref, un des points forts du week-end, sans conteste.

La punchline de Julien Le Peu Inspiré : « J’aimerais bien essayer de trasher gratuitement pour compenser du fanboy ci-dessus mais là y' a rien qui vient. »

In Flames

In Flames c’est un peu comme ces personnes qui ont l’air d’avoir eu plusieurs vies, ces gens qui te disent “oui ça me rappelle quand je bossais dans un sous-marin / babysitter pour des quadruplés / garde-forestier à l’île Maurice / trapéziste dans un cirque itinérant / etc”. Bah In Flames, ils ont co-inventé le death-mélo, puis redéfini le metalcore, puis fait de la soupe, puis font une sorte de retour crédible, et c’est assez formidable de voir un tel bagage. Ça fait quelques années que je n’ai pas vu le groupe sur scène mais j’étais impatient de voir ce que donnerait la nouvelle livraison en version live. L’attente ne sera que partiellement comblée, puisque seuls 3 titres issus de Foregone seront interprétés (Foregone part 1, State of Slow Decay, The Great Deceiver), mais ils seront franchement satisfaisants. Et quant au reste de la set-list, on a tout simplement droit à un best-of de très bon goût (avec un seul titre de Siren Charms et rien de Battles (ouf), mais de belles incursions dans le passé, piochant dans Clayman, dans Whoreacle, et même jusque dans Lunar Strain). Chris Broderick (ex Megadeth) a eu le temps de prendre ses marques et ses parties de guitares sont remarquables. Anders Fridén, quant à lui, a un peu de mal à s’empêcher de placer des vocalises parfois douteuses (mais d’autres fois vraiment réussies !) sur les vieux titres normalement tout en growl. En dehors de ça, rien à signaler. C’était bien, sans débordement, sans fioriture. On aurait bien pris une p’tite dose de jeu de scène, pour un groupe de cette ampleur, mais bon.

La punchline de Julien Le Déçu : « Suite à l’absence de pyrotechnie et à la fatigue manifeste du chanteur, le groupe se renomme officiellement “In Flemme”. »


C’était le dernier concert pour nous. Il reste encore quelques créneaux pour d’autres groupes, et on aurait pas dit non à Perturbator par exemple, mais In Flames termine à 22h45 et le set du Français commence à 2h15, et on a douze heures de bagnole à faire demain… On se résigne donc à s’arrêter là.
Rideau !

Zbrlah (Septembre 2024)


(Toutes les photos ont été prises par Zbrlah, qui n'est équipé que d'un téléphone qui se fait vieux, et qui n'a ni talent ni technique quant à la photographie en général. Déso.)

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