Here we go again. Sous un soleil lourd, nous avons ouvert les portes d'Infernopolis, la mue 2024 du Hellfest. Désormais protégé par sa Gardienne, le festival est prêt à voir déferler les dizaines de milliers de fidèles une fois encore. Ce jeudi ouvrait sur une note assez Thrash (Kerry King, Sodom et Megadeth, excusez du peu), Metalcore (Landmvrks, Enter Shikari, Bleed From Within, Baby Metal), et une perte massive de neurones : Slaughter To Prevail a tenté de battre le record du plus gros Wall Of Death lors de son concert.
Wormrot
Pas de passage par le petit bassin, on plonge direct dans le grand bain sous la Altar en compagnie de Wormrot. La foule est venue pour du Grindcore, mais étonnamment le concert débute avec une jeune chanteuse (invitée sur quelques dates de la tournée) qui introduit le concert en chant clair. Bizarre, mais pourquoi pas. Puis c'est le chaos attendu, Wormrot avoine à volonté, mais avec un son de guitare noyé derrière les cris et la batterie. On capte bien des rythmiques plus Thrash ou Hardcore par moments, mais le show ne fait vraiment pas justice aux bonnes compos du groupe. Les voix claires de la chanteuse ressemblent à une performance ratée d'art contemporain, le chanteur "officiel" rentre et sort de scène comme s'il était à la plage, on a droit à une bonne minute de larsen (oui, volontaire). Bref, on pourrait presque résumer ces 30 minutes à un solo de batterie avec des bruits parasites. Dommage.
Bleed From Within
Les écossais nous avaient promis un show du feu de dieu, ils l’ont fait. Un best of incisif, enragé, malgré un Scott Kennedy déjà en peine à cause de la météo étouffante. Premier Hellfest, première MainStage, sûrement pas le dernier raz de marée de leur part. Retrouvez les en décembre prochain en support de l’iconique Slipknot.
Morne
Après six longues minutes de négociations, on a fait un 49.3 sur (Elisabeth) Morne.
Khemmis
Khemmis fait partie de ces groupes qui apportent un vent de fraîcheur sur le Heavy Doom. Sur album, le groupe américain s'est assez vite fait remarquer pour ses mélodies marquées côté guitare et chant, et visiblement le live ne leur fait pas défaut. Le slot de fin d'après midi sur la Valley (scène désormais en extérieur depuis l'année dernière) n'aide pourtant pas à se mettre dans l'ambiance mais qu'importe. L'énergie et le jeu des musiciens nous entraînent rapidement. Le chant clair qui fait tout le sel des compos est maîtrisé, alterné avec le growl profond du deuxième chanteur guitariste. Les tricotages à la guitare apportent la lumière au cœur de tempos plombés et menaçants. Qui aime Khemmis sur album en aura eu pour son argent.
(DOLCH)
Un poignard en guise de backdrop, un dresscode plus noir que noir. La Temple est un nom de scène taillé pour (DOLCH). Les 6 musicien.nes jouent un Doom Metal mystique qui vous emporte dans ses répétitions incessantes. Pour compléter le tableau, on trouve ici et là des guitares blackisantes ou des influences goth, un mélange réussi que l'on connaît chez Wolvennest par exemple. Le chant féminin, lui aussi répété inlassablement, nous invite à rejoindre cette messe hypnotique. Et il est vrai qu'une fois happé par (DOLCH), on ne redescend plus. Le public oscille, remue d'un côté et de l'autre et rentre peu à peu dans la transe. Un ou deux autres morceaux n'auraient pas été de refus pour prolonger cette parenthèse occulte fort prenante.
Sylvaine
Dû à un contretemps, je n’ai malheureusement pas pu photographier Kathrine Shepard et ses musiciens, mais ce que j’en ai vu reste toujours aussi plaisant. La frontwoman défendra aujourd'hui assez peu son nouvel EP, et la foule sera beaucoup dans la retenue; réceptive mais sur la retenue tout de même. Est-ce l’heure un poil tardive ? La chaleur écrasante de l’après midi ? Ou le genre qui se prête moyennement aux débordements ? Bref, sans événements notoires. Dans une éternelle balance entre folk éthéré et blackgaze glacial, Sylvaine manie les émotions avec brio, et c’est presque une évidence de la voir prochainement partager l’affiche avec la talentueuse Eivor.
Shining (NOR)
Alors que minuit approche, des gens avec des yeux gros comme des soucoupes quittent la Temple. Il faut dire que malgré l'accueil chaleureux du frontman, la musique de Shining (Norvège) est assez hostile. Les géniteurs du "Blackjazz" saturent l'espace de sonorités bruitistes, cacophoniques, et même saxophoniques. Quelques respirations sont heureusement placées par endroits pour y glisser des guitares qui jouent sur la rythmique et permettent de reprendre pied. Et comme si ça ne suffisait pas, le jeu de lumière était tout sauf épileptique-friendly : les effets stroboscopes sont aussi frénétiques que la musique et vous filent une impression de cauchemar éveillé. Aussi extrême que fascinant, un concert de Shining n'est pas forcément une expérience plaisante pour tout le monde, loin s'en faut.
Slaughter to Prevail
Dè les premiers moments où les Russes montent sur scène on est abreuvés d’infra basses, et elles seront à foison pendant tout le concert. Les cris gutturaux, marqué de fabrique du groupe sont vraiment impressionnants dans le cadre d’un festival. Et quel coffre ! Durant la prestation le chanteur a hurlé sans micro un cri qui a été entendu à 80m facile. Le show a été également la tentative du plus gros wall of death. Après une tentative de faire s écarter les foules très mitigée, c est Alex lui même qui est allé faire la secu sans pour autant avoir plus de succès. Au final le wall of death a quand même eu lieu après une belle interruption. Il était quand même bien grand, mais était ce le plus grand au monde ? On attends des nouvelle du Guiness.
Ice Nine Kills
Même si Ice Nine Kills présente des shows plutôt destinés à se dévoiler à la faveur d’une sombre soirée, la formation a mis une ambiance à couper au couteau dès les premières secondes du set. Avec une scénographie horror-shock inspirée des slashers des années 90, les américains nous ont directement plongés dans une atmosphère sanglante avec la présence de comédiens aux atours de zombies, tueurs en série ou femme possédée.
Kerry King
Je m'attendais à un désastre, ça n'à clairement pas été le cas. L'écoute du dernier album a été plutôt pénible, un peu à la manière de Damage Plan avec Pantera. Certaines des nouvelles chansons fonctionnent en live. On a quand meme l'impression d'être dans une réalité alternative. Une sorte de cover band de luxe de Slayer. Ou autrement dit du Slayer sans l'être. Dans les faits et gestes du public ça se ressent. La volonté de vouloir se mettre dans le moment mais sans pour autant que ce soit franc, par manque de connaissance des chansons, paroles, ou parce simplement ça n'est pas exactement l'attente qui est faite vis à vis d'eux. Les quelques reprises ("Disciple" et "War Ensemble") sont des moments de délivrance pour le public qui peut enfin oser se lâcher.
Brujeria
N'ayant pas assisté à toute la prestation il va être compliqué d'être fidèle à ce qui s'est réellement déroulé sous l'altar, mais toute les 20 dernières minutes étaient très dans l'esprit du groupe. Fiesta y cartel. Beaucoup de partage avec le public, beaucoup de chambrage de la part des Mexicains qui s expriment uniquement en espagnol. Ils ont repris leurs plus grands morceaux dotés pour ce concert, particularité du line up, de 3 chanteurs.
Babymetal
C’est pas c’que vous croivez : on n’a pas « donné sa chance » à Babymetal, on y est allé de plein gré et on savait d’avance qu’on allait kiffer. Et effectivement, le trio de Japonaises (et leur backing-band) ont assuré un spectacle à la mesure de ce qu’on attendait. Scène partiellement surélevée pour mettre en avant les chorégraphies des trois vocalistes, robes en peau de pokemon shiny, giga lance-flammes, tout y était. Musicalement, force est d’admettre que la batterie est trop forte (et n’a pas un son incroyable, la grosse caisse est trop trigguée et la caisse claire est trop sèche, avec aucun timbre). Si le chant lead semble au début un peu plus fébrile, un peu moins subtil qu’en studio, l’impression se dissipe avant même la moitié du set. Les trois frontwomen font vraiment le show, et l’ensemble est complètement réussi ; même si on déplorera trop de longueurs (dommage, sur un créneau de 50 minutes) : intros à rallonge avant de lancer réellement Metali (avec Tom Morello en guest par écran interposé) puis Ratatata (toujours avec les guests (Electric Callboy) samplés et projetés sur l’écran), long interlude pour faire chanter le public dans "Métal Kingdom", sans compter la très longue intro instrumentale au début de concert. Des détails à revoir, mais un show qu’on ne regrette néanmoins pas d’avoir été voir.
Crystal Lake
La dernière fois que j’ai vu Crystal Lake, c’était dans une petite salle où la centaine de personnes dans le public constituaient un inéluctable moshpit dont il était impossible de s’écarter. Quelques années plus tard, le pit est devenu la Warzone, bien remplie et bien énervée. Et à propos d’énervement, le quintet japonais a un paquet de choses à dire. A un point tel qu’ils pètent la sono. Le son en façade s’éteint en effet pendant quelques instants vers le début de leur set, et on voit le groupe s’agiter, jouer « dans le vide », avant que le son ne revienne. (On notera plusieurs gags du même genre dans la journée, qu’elle que soit la scène concernée. Le son sera par exemple momentanément coupé aussi chez Landmvarks en MainStage.)
Tous les morceaux sont des tubes en puissance (Lost In Forever et Watch Me Burn se démarquent peut-être, mais les autres sont quasiment au même niveau), prouvant que Crystal Lake doit être vu comme un incontournable du metalcore vénère mais mélodique, autant que Polaris ou Erra.
Le chanteur donne tout, comme en témoigne son t-shirt, trempé du col au nombril, ne laissant qu’une maigre bande de tissu sec tout en bas du vêtement. Il s’investit tant qu’il finira même par descendre de scène à la fin du dernier titre pour grimper sur la barrière et prendre un court bain de foule parmi les premiers rangs. Seul regret, une fin de set à 21h35 (au lieu de 21h45 annoncé), sur un sample de Disturbed.
Dark Tranquillity
Difficile de vous dire autre chose que « c’était bien » à propos du set de Dark Tranquillity. Le combo navigue aisément entre les cavalcades death-mélo abrasives et ses morceaux un peu plus mid-tempo comme The Last Imagination, ou entre les titres récents et les anciens classiques. Le son est très correct, et le principal souci sur ce plan-là sera le volume étonnamment fort des balances de la batterie de Shining sur la Temple, la scène voisine. La setlist est convenue (Unforgivable, Nothing To No One, Lost To Apathy… et l’indispensable Misery’s Crows en clôture). Bref, c’était tout à fait cool, mais depuis le temps que Dark Tranquillity est sur le circuit, c’est vraiment la moindre des choses… Un set réussi mais peut-être un peu trop attendu (en tout cas si on a déjà vu le groupe plusieurs fois sur scène) pour être vraiment apprécié à sa pleine valeur.
All them witches
Quoi de plus plaisant que de passer une belle soirée d été en compagnies de personnes sympathiques avec un fond musical digne d intérêt ? Euphémisme ? Oui. Un concert qui avait des allures à peine déguisées de bœuf blues rock de 45 minutes très stylé. Les longues compositions se prêtent à la détente et aux errances de l esprit. Parfait donc pour une fin de soirée et pour faire redescendre la pression d une journée bien remplie.
Landmvrks
Quel plaisir de voir les marseillais de Landmvrks sur l’une des Mainstage, prouvant une nouvelle fois leur ascension reconnue sur la scène Métal. La formation a joué un set carré, propre et efficace, avec un show lumière qui pourrait faire la part belle aux grands noms de l’affiche. Le public répondait présent à chaque titre et l’ambiance était autant électrique dans la fosse que sur scène. Après un bref interlude acoustique qui revisite le début du morceau Suffocate, le groupe enchaîne la fin de sa setlist sous les multiples effets pyrotechniques, accompagnés des growls profonds du chanteur et de la synergie ambiante. Un concert qui, à coup sûr, assoit la renommée du groupe aussi bien sur la scène française qu’internationale. Cocorico !
Avenged Sevenfold
Le passage d’Avenged Sevenfold était assez attendu, que ce soit pour la nouvelle scénographie présentée depuis le début de leur nouvelle tournée, ou pour la prestation live des nouveaux morceaux issus de Life is but a Dream, album qui en a intrigué plus d’un. La scénographie était maîtrisée de bout en bout et adaptée au set. Trois écrans étaient disposés à l’intérieur même de la scène, autour des musiciens, et apportaient une ambiance cinématographique. Les écrans en façade retransmettaient les images des artistes sous couverts de différents filtres et contribuaient à donner un effet étrange/creepy à la prestation. Le jeu de lumière rendait aussi parfaitement bien justice à la setlist, notamment sur le dernier morceau, qui usait d’effets kaléidoscopiques et de rais de lumière dirigés dans le public et vers la scène, offrant alors un final épique au show. Au détour quand même de classiques tels que Hail to the King ou Buried Alive, quelques longueurs se sont fait ressentir, notamment sur les morceaux du dernier album. Il n’en reste pas moins que la prestation d’Avenged Sevenfold était très carrée et maîtrisée, et il est tout de même intéressant de voir la formation sortir des sentiers battus.
Dropkick Murphys
L adage "on ne peut pas être et avoir été." n a jamais été aussi vrai qu avec ce dernier concert de leur part. Dropkick Murphys est un groupe convivial qui passe par le partage et la bonne humeur. Ce concert était sans âme, il n y avait aucune interaction avec le public et on a eu un rendement plutôt mécanique . Pour une musique festive c est quand même manquer l essentiel. Heureusement, ils ont quand même un répertoire en béton armé et il suffit souvent de quelques notes de banjo pour faire danser les foules. Ce n était clairement pas nul, mais comparé avec leurs prestations passées ou au potentiel qu'ils ont, c est tout de même dommage de se contenter de ce qui nous a été livré ce soir.
Enter Shikari
Le chanteur d’Enter Shikari entre en scène seul. Avant que ses trois compères ne le rejoignent, il commence le set en déclamant une sorte de poème en prose, dans lequel il met de plus en plus de tripes. Super original et vraiment prenant, l’intervention est presque trop courte avant que le reste de la formation n’entre sur scène. Puis l’ensemble se met en route, et… Putain, il y a tellement de choses à raconter. Le mélange de metalcore à breakdowns, de rock de minets, d’electro kitch et vénère entre hardbass et dubstep. Le jeu de scène du frontman entre numéro de claquettes et capoeira. Le décor tout en écrans qui brille de partout. L’interlude jazzy sur le final de Goldfish. Le vocaliste qui s’immerge dans le public et visite tout le parterre de la Warzone, quasiment jusqu’aux gradins qui lui font face. L’escalade des montants de la scène pour aller chanter le culte Sorry You’re Not A Winner a dix mètres de haut. Vraiment, Enter Shikari c’est une sorte de melting-pot débile et brillant, un cross-over inutile donc indispensable entre les Foo Fighters, Skrillex, Imagine Dragons et Killswitch Engage, mais qui marche, qui garderait les meilleures facettes de chaque élément constitutif. N’hésitez pas, allez voir Enter Shikari. Clap clap clap
Top 3 du jour :
Skaldmax : (DOLCH) / Graveyard / Khemmis
Oona : Bleed From Within, Sylvaine, Shinning
Marine : Ice Nine Kills, Landmvrks, Avenged Sevenfold
Maxwell : Crystal Lake, Slaughter to Prevail, All them Witches
Zbrlah : Enter Shikari, Dark Tranquillity, Crystal Lake
Florian : Kerry King (il est beau), Kerry King (il est fort), Kerry King (et il aime les serpents)