Albums du moment
Pochette Précipice
Pochette Cathedrals
Pochette It Beckons Us All....... Pochette The Black

Motocultor 2023 - Jour 3 Carhaix, 2023

En ce début de journée sur ce troisième jour, si Myrkur est trop intense pour vous et que Kalandra ne l’est pas assez, Sylvaine devrait vous plaire ! Officiant dans un registre Blackgaze, c’est parfait pour commencer la journée sans décrocher des têtes pour autant… Et puis niveau raffiné, on est loin de Rectal Smegma. C’est un mélange réussi entre spleen glacial et sensibilité éthérée avec Kathrine Shepard qui nous emporte à travers les forêts du Trøndelag où résonnent aussi bien sa voix claire et ingénue que ses shrieks. 

Après une petite poignée de dates en Ibérie et une grosse poignée de dates à travers la France en avril et mai, les lyonnais de Not Scientists reviennent poser leurs valises et leurs instruments au Motocultor, quatre ans après leur dernier passage à St-Nolff. L'Indie Rock à tendance Punk du trio aura l’effet d’une tranche de gingembre après un plateau de sushis : facile à “digérer” ou plutôt à écouter, énergique, frais, presque purifiant de par la nostalgie de la décennie précédente qu’il insuffle et remet d’aplomb pour la suite du repas. Direction la pièce de résistance.



Il est un peu étrange d’écouter du Funeral Doom Metal en plein après-midi sur une scène ouverte et il faut dire qu’on a un peu du mal à être pleinement pris dans le set de Fuoco Fatuo et dans cette atmosphère lugubre et poussiéreuse. Les italiens jouent aussi avec le côté Black Metal de la force, avec ce qu’il faut de décorations de crânes d’animaux et de maquillage de suie, mais surtout des riffs en tremolo mortifères et l'impression que le groupe t’entraîne vers les abysses. Même si les conditions pour les écouter ne sont pas optimales, Fuoco Fatuo réalise un bon concert et arrive malgré tout nous engloutir dans ce magma noir de riffs lents, collants et viscéraux. C’était franchement pas gagné d’avance et on vous conseille très vivement d’écouter leur album Obsidian Katabasis de 2021.

Changement complet d’ambiance et on se dit que pour le coup Fuoco Fatuo aurait pu changer de créneau avec Oi Boys et jouer sous un chapiteau, ce qui leur aurait davantage sied. L’ambiance est davantage à la fête avec le Post-Punk / Synth Punk des messins de Oi Boys et aussi plus minimaliste avec ce qu'il faut de mélodies entêtantes un peu kitsch joué au synthé délicieusement rétro. Et ça se voit avec des tubes comme La Liste, Mon Dernier Dieu, Déjà Reine et pour conclure parfaitement leur set l'imparable Sur La Place. Il y a de nouveaux morceaux (ou que peut-être je ne connais pas j’ai l’impression) et aussi des chansons d’amours (déchus). Faire la fête certes, mais de manière un peu triste ! Il est aussi très cool de voir plusieurs personnes chanter les paroles sur les morceaux les plus tubesques, ce qui est plutôt étonnant dans un festival Metal, et rappelle forcément un groupe brestois dont le chanteur arbore fièrement un t-shirt : Syndrome 81. On leur souhaite le même parcours et ça semble bien parti.



La Massey Ferguscène est surblindée et surchauffée pour accueillir Birds In Row. Il est difficile alors d’apprécier complètement une setlist composée d’environ tout le dernier album Gris Klein, alignant ses titres quasiment dans l’ordre, hormis 15-38 et I Don’t Dance échappés du précédent disque. La foule dense se fait légèrement oppressante, mais les Lavallois se sont appliqués à tout péter grâce à un très bon rendu, décidément marque de fabrique de cette scène. Tout en sobriété et viscéralité, le trio déroule ses morceaux de bravoure avec l’aisance qui le caractérise, déterminé à casser les bouches frustrées de leur absence (justifiée) au Hellfest. Un peu frustré aussi de ne pas avoir pleinement savouré l’expérience, étant un peu loin des hostilités, en attendant de pouvoir le (re)faire en salle. Néanmoins Birds In Row c’est toujours un succès et leur prestation figure clairement dans les plus intenses de la journée.

Déjà de retour après leurs deux dates françaises en décembre 2022, les écossais de Bleed From Within ont fait rigoureusement ce qu’on attendait d’eux, ni plus ni moins ; peu ou prou la même setlist (pas nécessairement dans le même ordre, et un chouïa écourtée car format festival oblige), les mêmes remarques invitant les mosheurs à faire attention les uns aux autres… Scott Kennedy (Chant) précisera tout de même qu’il n’est pas au meilleur de ses capacités vocales, mais que "chez Bleed From Within, ce n’est pas une putain de raison pour annuler un show". C’est tout à son honneur, car ça ne s’est absolument pas entendu !



Vous vous rappelez quand 90% de la rédaction avait intégré Unison Life (2022) de Brutus à son top dix respectif de l’année ? Eh bien maintenant, vous savez pourquoi. Une Dave Mustage pleine, une chanteuse / batteuse / carillonneuse, multi-talentueuse qui met à l’amende d’autres groupes "de mecs", le guitariste et le bassiste n’ont l’air d’être uniquement là en tant que support pour la pièce maîtresse du show, même si bon, ils envoient quand même sacrément de leur côté également. Brutus transparaît également sous son meilleur jour et le fait qu’ils jouent sur une grande scène en plein air avec le soleil de fin d’après-midi qui tape gentiment est franchement parfait pour apprécier leur musique hyper mélodique, riffée et aussi émotionnelle par instant. J’avais trouvé le groupe froid en salle, mais là tout semble plus communicatif et émotionnel, surtout lorsque sont joués des morceaux comme Liar (en ouverture), Victoria où Stefanie vient se briser la voix et semble proche de la rupture ou également le monstrueux et mélodiquement génial War. Le triptyque d’ouverture est absolument parfait et le reste du concert ne sera pas en reste et tout aussi qualitatif, énergique, profond et même beau. Brutus est à son meilleur niveau et on est très contents pour eux.

La soufflante était de mise lorsque Russian Circles jouait au Roadburn l’an dernier un un set carré, offensif en diable, un son gonflé aux hormones et le tout idéal pour détruire tes cervicales. C’est fou parce qu’à chaque fois que je les vois, c’est toujours la même sensation de faire face à un trio de Post-Rock jouer comme le groupe le plus Metal du genre. On reste sur un combo guitare / basse / batterie classique, mais ils ont une manière de rendre ça sur scène de façon frontale, tellement efficace et jouissive. Le fait est que ça va encore marcher ce soir, même avec des morceaux issus de Station (2008) remis au goût du jour avec un son bien gros et épais. Le reste déroule comme on dit et c’est parti pour 45 minutes qui passent comme une lettre à la poste avec ce qu’il faut de riffs pour te faire secouer la nuque (Quartered qui casse tout), de chouettes mélodies qui t'atteignent le cœur (Harper Lewis et la conclusion épique au possible sur Mlàdek) avec aussi plusieurs morceaux joués issus de Gnosis, leur dernier effort, mais étonnamment rien du fantastique Memorial (2013). Pour le dire de manière simple c’était la branlée.



Les vieux punks increvables de Ludwig Von 88 ont investi la Bruce Disckinscène, pour détendre un peu les mâchoires et cracher leur Punk Rock à papa vers une audience pas des plus fines (ni des plus jeunes), mais on pouvait raisonnablement s’y attendre. Armé de son dernier album (oui ils sortent encore des disques) Le Printemps Du Pogo, le groupe s’en sort pas trop mal, les gens ont l’air de kiffer (la 8.6 ça aide), pogotant approximativement, mais ça reste très compliqué de rentrer vraiment dans le délire après un Russian Circles magistral. On en attendait rien et donc on n'est pas déçu, on retiendra juste que Ludwig Von 88 tient encore la route malgré les années et les substances.

Un peu de Black Metal en cette journée avec les suédois de Watain qui proposent leur traditionnel rituel sur la petite scène un poil exiguë pour eux, et Erik Danielsson (Chant) qui entame leur set en allumant bougies, chandeliers et trident à l'éfigie du groupe avant que leur furie ne s'abattent sur nous. Watain ne rigole et  transpire pleine de cette énergie sombre et occulte et tout le décors et leur maquillage participe pleinement à retransmettre ça sans que ça semble factice. La colère et la noirceur s'échappe des riffs ainsi que des blasts de Håkan Jonsson. J'ai l'impression d'avoir traversé le Mordor avec l'oeil de Sauron qui te guette en permanence et d'être complètement en leur pouvoir pendant une heure. Les suédois jouent quelques titres de leur dernier album, The Agony&Ecstasy Of Watain (2022), mais aussi, et ce n'est pas pour me déplaire, une poignée de morceaux du fameux Lawless Darkness (2010) avec par exemple Reaping Death et Total Funeral. Ca faisait longtemps qu'un concert de Black Metal ne m'avait pas autant plus et autant fasciné.



Les premiers albums de Bullet For My Valentine comme Fever (2010) ou Scream Aim Fire (2008) ont façonné les années collèges de beaucoup d’entre nous. Et n’ayant jamais vu les anglais malgré leurs nombreuses tournées et interventions au Hellfest, c’était l’occasion de découvrir… Et d’être déçu. La setlist est essentiellement axée sur les titres récents - qui, soyons honnêtes, ne sont clairement pas les meilleurs - à part un petit Tears Don’t Fall ou Waking The Demons, mais le plus décevant sera de voir Matt Tuck presque relégué au second plan tant son bassiste avait plus de lignes de chant que lui.

Idéal pour conclure cette journée toute en noirceur, nous voilà placés pour Amenra sous une Massey Ferguscène fort bien remplie et avec encore en mémoire pour celles et ceux qui y étaient l’édition 2016 du Motocultor avec cet enchaînement parfait de la sainte trinité des musiques Post truc : Cult Of Luna, Neurosis et Amenra qui nous avait terrassé. Si tu as déjà vu Amenra en live, ici peu de surprise, c’est toujours aussi sombre, lourd et viscéral et ça fonctionne à chaque fois si tu aimes ce type de musique. La venue de Tim De Gieter depuis 2020 dans le groupe à la basse, également membre du très pesant Doodseskader, est un apport indéniable au groupe Belge, surtout qu’il permet de doubler / s’emparer de certaines vocalises hurlées de Colin de façon très méchante et ça fonctionne parfaitement. Dans la setlist on retrouve des incontournables comme Razoreater et Am Kreuz parfois ralenties pour mieux coller à la tendance doomy de leur dernier album et donc moins acides mais plus plombées, De Doorn (2021) dont ils joueront le très bon De Evenmens. Il y a aussi les très beaux et touchants Plus Près De Toi (Closer To You) et A Solitary Reign qui fonctionnent toujours aussi bien et un Thurifer Et Clamor Ad Te Veniat assez inattendu dans cette sélection. Voici donc un compte rendu plutôt factuel pour les avoir vus une bonne vingtaine de fois ces dernières années, mais sachez que c’est toujours aussi prenant et que la douleur reste la même.



Dix jours avant le festival, 1914 annulait sa venue, étant dans l’incapacité de quitter l’Ukraine, leur pays d’origine. Ce serait mentir de dire que la réciproque ne nous a pas traversé l’esprit pour les Russes de Little Big, mais ravie de les voir parmi nous, avec cependant quelques membres en moins depuis leur passage au Trabendo en 2018. Cela n’empêchera pas l’ambiance d’être au rendez-vous, la bière d’être dans les gosiers, et le poppers d’être dans les narines. L’explosion médiatique du groupe a probablement été favorisée par l’engouement autour de What The Cut, et bon nombre de personnes de la génération 25-35 ans découvraient With Russia From Love (2014) de cette façon. Funeral Rave sortait un an plus tard. Le premier est carrément oublié, le second à peine honoré. Sur pas loin d’une vingtaine de titres, les bangers comme Russian Hooligans, We Will Push A Button ou Polyushko Polye passent à la trappe pour être remplacés par Rock-Paper-Scissors ou Go Bananas de l’EP éponyme (2019). Même Rave On (2017), pourtant mal reçu à l’époque, aurait été plus que bienvenu ! On profite alors de la tenue de soubrette du chanteur, de ses danses très suggestives sur Big Dick et la reprise de Backstreet’s Boys : le trente-sixième degré a été respecté et voici une clôture de la Dave Mustage mi-figue, mi-raisin alcoolisé.

Top 3 :
Pentacle : Russian Circles, Brutus, Watain
Anne-Laure : Watain, Amenra, Russian Circles
Oona : Brutus, Sylvaine, Russian Circles
Tang : Russian Circles, Amenra, Birds In Row

Metalorgie Team (Septembre 2023)

Toutes les photos du jour 3 par Anne-Laure Deylaud sont à voir par ici.

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment