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Motocultor 2023 - Jour 1 Carhaix, 2023

Nouveau lieu et nouvelle configuration pour cette quatorzième édition du Motocultor qui passe donc officiellement sur quatre jours et se retrouve pour la première fois à organiser leur festival à Carhaix dans le Finistère, sur le site d'un autre festival bien connu et pérennisé depuis des années, les Vieilles Charrues. Nous étions curieux de voir ce que donnerait cette nouvelle mouture du festival qui oscille toujours entre fulgurance de programmation et problèmes d'organisation. On le constatera hélas assez vite, la file pour obtenir son bracelet, puis une seconde afin de rentrer sur le site (avec des fouilles franchement trop méticuleuses) feront perdre un temps fou aux festivalier.e.s. Et c'est sans compter l'attente pour accéder au camping ainsi que le manque de place qui obligera le Motocultor à ouvrir un second endroit dans un champs afin que les gens puissent planter leur tente. Le manque de toilettes, de papier toilette et l'attente pour y accéder se fait également ressentir et il est vraiment dommage après autant d'éditions de ressentir cela. Mais précisons que depuis qu'il y a des foodtruck et que la nourriture est déléguée à des prestataires extérieurs, c'est beaucoup plus agréable, on peut manger à notre faim sans trop d'attente et ils offrent plusieurs choix végé / vegan appréciables. Quant au nouveau site de Kerampuilh de Carhaix, il est très beau, bordé d'arbres, comme un cocon de verdure et ne semble pas si différent de celui de St-Nolff au détails près qu'on s'y sent un poil plus serrés, mais peut-être est-ce du à la fréquentation en hausse cette année ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite afin que le festival se pérennise enfin après quatorze années d'existence et déploie une expérience de festivals agréable pour toutes et tous. Ceci étant dit, nous voilà partis pour cet enchainement de concerts à dominante Rock sur cette première journée.



Arrivé sur place légèrement en retard pour voir Grade 2 on décide de visiter le site et de prendre quelques marques avant de se poser devant Lost In Kiev, quatuor de Post-Rock parisien, équipé notamment d’un solide dernier album, Rupture, sorti l’an dernier. L’occasion de constater tout de suite le très bon rendu de la Massey Ferguscène, permettant au groupe d’exprimer toute sa puissance et sa dimension cinématographique en live. La prestation reste sobre mais produit l’effet escompté. Les Parisiens semblent en phase avec un public assez dense pour cette heure. On tient donc la première gifle du festival, ça part plutôt bien !

On enchaîne direct avec l’une des sensations du festival The Psychotic Monks, et le moins qu’on puisse dire c’est que le groupe originaire de Saint-Ouen était sacrément heureux d’être là. Portés eux aussi par un son énorme, les morceaux de leur quatrième album (Pink Colour Surgery enregistré par Daniel Fox de Gilla Band) ont littéralement cassé des bouches et fait se déhancher une Bruce Dickinscène en fusion. Un alliage explosif de Post-Punk, de Noise et de Rock Psyché s’est emparé des corps pour ne les relâcher qu’au bout de 50 minutes passées à la vitesse de la lumière. Le genre de lumière aveuglante, hypnotique, qui grignote l’énergie vitale tout en la régénérant. Si bien qu’après la dernière note déglinguée de leur set nous sommes resté.e.s chancelant.e.s quelques secondes. J’avais personnellement déjà pris une soufflante lors de leur passage à l’ex-Scène Michelet de Nantes en 2018, mais cette fois la déflagration fut décuplée.



Après la tornade et la claque qu’on s’est mangé en découvrant The Psychotic Monks, il est compliqué d'enchaîner derrière avec le Rock feutré d'A.A. Williams. Le changement d’ambiance est radical, dès le premier titre Evaporate et tout, de la musique lente et atmosphérique, jusque dans l’attitude des musicien.ne.s très en retrait, donne au set un effet de recueillement et de contemplation. Post-Rock ? Shoegaze ? Doom ? On trouve un peu de tout ça dans la musique d’A.A. Williams, épaulée sur scène par un second guitariste, un bassiste et un batteur tous de noir vêtu, pour donner un côté encore plus solennel à la prestation avec comme seul lumière dans la nuit, cette grande initiale A lumineuse posée près des amplis. La musicienne alterne avec des morceaux issus de ses deux albums (très chouette d’avoir joué le très émotionnel Melt avec cette magnifique voix qui part dans les aigus) et nous offre un set tout en retenue, en classe et en sobriété. Difficile de jouer ce type de musique à cette heure de l’après-midi, mais ça fait du bien un peu de douceur aussi par moment.

Un petit rafraîchissement bienvenu plus tard, c’est Worst Doubt qui nous attrape violemment par la nuque sur la Supositor Stage, déroulant son gros Hardcore de rue, puisant autant dans le Death ou le Thrash Metal. Interviewés par nos soins lors du Hellfest 2022, les gaillards se disaient "fils du Metal" avant de verser dans le noyau dur, et en effet ça transpire de partout, à l’image de leur album Extinction ou de la réédition / compilation de leurs premières démos. Evidemment le pit est en feu, les corps volent et se percutent plus ou moins brutalement, dans une joie et bonne humeur relatives car on apprend après coup, par le groupe lui-même relayant son témoignage, qu’une spectatrice a subi des attouchements par deux mecs… On sait que les violences sexistes et sexuelles sont d’une constance affligeante dans les festivals Metal (comme ailleurs), mais il semblerait que les orgas n’ont toujours pas pris la mesure du problème. Ici dommage pour Worst Doubt qui offrait un excellent set, mais voit la fête gâchée par deux connards manifestement pas juste venus pour apprécier la musique

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Après l’Olympia en janvier et l’Alhambra en juin, c’est le troisième passage des suédois de Royal Republic en France en à peine six mois. Too much ? Peut-être. Est-ce que leur riff d’entrée évoque un Jack Bauer remettant ses lunettes de soleil d’une façon badass et charismatique ? Absolument. Est-ce que l'on a envie de rester ? Pas trop, mais restons quand même par curiosité… À part un Back From The Dead énergique - titre le plus Metal du groupe selon le frontman - leur intervention sera sympathique mais pas mémorable pour autant. Dommage donc.

Vous les aviez peut-être découvert en première partie de Mars Red Sky en 2019 ou encore au deuxième week-end du Hellfest 2022, les suédois de Hällas reviennent conquérir les terres armoricaines. Maquillage léger, capes mi-longues scintillantes et chatoyantes, tout pour être parfaitement raccord avec les aventures du chevalier contées à travers leurs morceaux. Les fans étaient au rendez-vous sous le chapiteau rempli pour chanter Carry On avec le groupe, les néophytes et autres curieux débarquant après le passage d’Ugly Kid Joe sont restés tout le long du set et profiteront de l’ambiance feutrée. Nous ne ferons pas de commentaires sur les remarques carrément beauf et déplacées sur l'androgynie du chanteur, par contre nous avons fortement apprécié la ferveur et la luminosité de leur prestation. Quel concert, c'était beau, revigorant et il ne manquait qu'une boulle à facette et/ou une reprise d'Abba pour parfaire leur concert si motivant et enjoué !
 

Devil Is Fine (2017) et Wake Of A Nation (2020) avaient déjà conquis les oreilles, c’est sans difficulté que Zeal And Ardor a apprivoisé les yeux et les cœurs. Le jeu de scène du groupe, comme son imagerie, est sobre autant que sa musique est complexe et multiple : on y retrouve des éléments Black Metal jusqu’au Gospel, en passant par des breakdowns Deathcore…La constance dans l’inconstance est devenue la marque de fabrique de Manuel Gagneux, aussi bien sur le plan vocal qu’instrumental et sa créativité n’est plus à prouver et c'est un réel plaisir de voir cela en live ! 

C’est toujours sympa de voir Kadavar sur scène. Pas que ça soit original, étonnant ou quoi que se soit, vu que les allemands traînent leurs basques dans tous les festivals Metal et Stoner / Doom d’Europe depuis dix ans, mais malgré tout, ils maîtrisent une certaine idée du Rock à l’ancienne et c’est sans doute pour ça qu’ils sont aussi connus. Leur set de ce soir sera dans la moyenne de ce qu’ils proposent à savoir un Rock rétro, avec ce qu’il faut de riffs bluesy, de groove et d’énergie. Malgré tout, Kadavar n’arrive pas à décoller, la faute à un début de set avec des titres issus de leurs dernières sorties qui sont sympathiques, mais sans plus et c’est avec Black Sun (de leur premier album éponyme) que le sursaut arrive. Le trio, pourtant aidé d’un second guitariste live, peine à instaurer fougue, vigueur et envie de sauter partout. C’est cool, ça s’écoute bien, le groupe est bon, mais il manque l’étincelle Rock’n Roll que l’on souhaite sur ce type de show.



Pendant ce temps là, on multiplie les notes par dix avec le Thrash Metal technique de Coroner qui déploie un set à la précision chirurgicale. On est pas tant là pour pogoter et se mettre sur la tronche (difficile étant donné la complexité et les nombreux breaks de la formation Suisse), mais bien pour écouter et headbanger au gréer des plans tous plus zinzins les uns que les autres qui me rappellent la période où j'écoutais Symbolic de Death en boucle. Les morceaux joués possèdent une prédominance donnée sur leurs deux derniers albums, Mental Vortex (1991) et Grin (1993) et franchement c’est assez jouissif de les voir enchaîner tous ces plans, ces notes avec une cohérence et un feeling toujours présent. Ils ne tombent jamais dans le côté démonstratif et pénible des musiques techniques car tout semble être à sa place, avec de truc riffé et groovy efficace et mené avec une sorte de détachement qui force le respect. On comprend d’autant plus pourquoi c’est un groupe culte et unique de la scène Thrash Metal !

23h15, la nuit est tombée depuis longtemps sur Carhaix, un paquet de gens viennent de se manger une correction avec Coroner, mais ne sont pas rassasiés. Hatebreed, la formation de Hardcore / Metal culte, entre en scène sur la Dave Mustage et semble bien décidée à les achever avec une setlist assez équilibrée, issue d’environ tous les albums de leur imposante discographie. Le rouleau-compresseur habituel est lancé, ultra carré, sans surprise mais d’une efficacité imparable. Un classique du genre qu’on préférera toujours apprécier davantage sur scène que sur album néanmoins. Vous reprendrez bien un slam de poubelle pour la route ?



Dernier créneau de la Massey, les quatre Allemands de Long Distance Calling arrivent en forme pour un démarrage en trombe avec Enter: Death Box et Giants Leaving, issus de leur dernier effort, Eraser (2022). Les festivaliers restent statiques pour la plupart, ménagés par cette première journée éprouvante… En même temps, un groupe qui officie à travers du Post-Metal majoritairement instrumental, il ne faut pas s’attendre à un mosh pit façon Hatebreed. Black Paper Planes (Avoid The Light, 2010), leur titre phare, délie un peu les corps, mais la fatigue aura raison de certains qui quitteront le chapiteau prématurément.

Top 3 :
Pentacle : The Psychotic Monks, Lost In Kiev, Hällas
Anne-Laure : The Psychotic Monks, Lost In Kiev, Hällas
Oona : Zeal And ArdorA.A. Williams, Hällas
Tang : The Psychotic Monks, Lost In Kiev, Zeal And Ardor

Metalorgie Team (Août 2023)

Toutes les photos du jour 1 par Anne-Laure Deylaud sont à voir par ici.

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