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Hellfest 2023 : Samedi Clisson
Aujourd’hui au menu : du prog sur les mainstage, du Deathcore sur la Altar et une bonne petite sélection Hardcore sur la Warzone dont Soul Glo / Zulu et évidemment Iron Maiden en tête d’affiche.
Enforcer Arrivés sur le site du festival tout juste vingt minutes avant de jouer, les gars d'Enforcer ont dû s’installer en catastrophe sur la Mainstage 1. Leur set d’une demi-heure a donc été amputé d’un titre, mais les suédois ne se sont pas démontés et ont envoyé avec vélocité leur Heavy / Speed Metal qui fait leur réputation. Côté son, les guitares sonnent admirablement bien, le chanteur atteint les aigus avec brio et le public le leur rend bien. Sur scène, on a le droit à tout le décorum 80's : cuir, moustache, chorégraphie guitares / basses en simultané (pensez aux vieux clips d'Iron Maiden), avec des jeunes loups d’environ trente ans. On regrettera un set criminellement court, et on se consolera avec leur excellent dernier disque sorti cette année : Nostalgia.

Zulu Gérer un festival avec autant de groupes qui doivent se préparer en un temps restreint implique parfois des soucis techniques qui le plus souvent impactent les plus petits noms de l’affiche qui n’ont déjà que trop peu de temps pour se mettre en place et marquer le public. C’est malheureusement ce qui est arrivé à Zulu aujourd’hui. Le groupe ne s’est tout de même pas laissé déstabiliser et nous a asséné sa musique avec efficacité, mais n’aura finalement joué que quinze minutes cumulées alors que l’on aurait aimé en avoir plus histoire de bien se mettre en jambe pour ce troisième jour de festival. Pour découvrir leur musique, leur nouvel album A New Tomorrow vient de sortir et on vous laisse vous replonger dans la chronique parue sur le site il y a peu.
The Dali Thundering Concept Trente minutes pour un groupe habitué des têtes d’affiches parisiennes (et pas que), c’est court. On zappe Candid Monster, peut-être un peu trop soft, pour se recentrer sur les morceaux plus efficaces comme Lost In Translation, en featuring avec les samples de Mattéo (ex-Novelists). Sylvain (chant) précisera que lesdits samples sont malheureusement issus de pré-productions, un sac contenant les disques durs ayant été volé. D’ailleurs, nous aurons droit à une exclusivité qui n’est enregistrée nulle part, là aussi avec une version non définitive des samples. Moment fun : le vocaliste fait ouvrir le pit pour déclencher un wall of death…qu’il oublie de faire démarrer avant la fin du titre. Qu’à cela ne tienne, on garde la pose, le chanteur rigole de la situation avec le public et l’intro du morceau d’après sera le théâtre du fameux wall of death prévu plus tôt.
The Fever 333 Jason Butler revient avec un line-up entièrement remanié, après un premier passage au Hellfest il y a quelques années. En revanche, sa pêche est restée la même : frontflips, déménagement des amplis et des retours, déplacement de l’estrade de la batterie, bain de foule… le show est total ! Peut-être même un poil trop : ils en font des caisses et on sent parfois une légère confusion sur le plan musical, au profit d’une énergie décuplée. Plus divertissant à voir qu’à entendre, donc, à l’instar de la reprise de Song 2 (de Blur) qui est une idée plus fun que réellement pertinente.

King Buffalo Le trio américain va parfaitement coller avec le grand soleil en nous offrant un set Stoner / Psyché pour démarrer en douceur cette journée, mais que dire de plus que “écoutez King Buffalo” ?
Kalandra Pour ceux qui se souviendraient, Kalandra ouvrait pour Leprous sur leur tournée en ce début d’année 2023. Pour ceux qui les avaient loupé, c’était l’occasion de se rattraper, et ça aurait été une erreur de ne pas le faire. Les mots sont pesés. Une voix féminine proche des chants bulgares folkloriques d’une justesse sans faille, des émotions associées à une sobriété - presque humilité - très agréable pour reposer nos oreilles avec une douceur éthérée, aérienne… Les mots manquent pour décrire quelque chose d’aussi transcendant. Kalandra est à revoir au plus vite.
Evergrey Evergrey a sorti deux albums avec un an d’écart "grâce" à la pandémie de Covid et a donc deux fois plus de nouveaux titres à dévoiler sur scène depuis la reprise de leurs tournées. Evidemment, la setlist s'oriente pas mal autour de leurs dernières productions (Save Us, Weightless, Call Out The Dark, Midwinter’s Call, Where August Mourns, Eternal Nocturnal, et la semi-vieillerie King Of Errors en final). La performance est trop bien, le groupe est soudé, ça sonne tight, les solos sont propres, la voix est poignante. Instant random : on aura droit à la Marseillaise jouée à la basse entre deux titres, reprise par la foule. Tom Englund semble un peu rougeaud et bouffi, mais sa bobine n’altère ni son jeu de guitare ni son chant. Du Evergrey de haute volée donc, mais au fond, c’est un peu un pléonasme.
Spiritworld En voilà une belle surprise de la fin 2022 avec un bon album mêlant Thrash Metal et Hardcore sur une thématique western / zombie. Les natifs de Las Vegas faisaient leur début au Hellfest et on a hélas du mal à retrouver la patate que le groupe propose sur album. On se demande un peu pourquoi le groupe est accoutré comme cela, à part une intro western, le thème semble s'oublier immédiatement. C’est pas une catastrophe, mais on aurait aimé que ça soit nettement plus dynamique.

Ten56. Attiré par de nouveaux horizons musicaux, le chanteur Aaron Matts quitte son groupe Betraying The Martyrs et de cette initiative découle Ten56. Bien que tout fraîchement formé, sans album à son actif (pour l’instant) et avec seulement deux eps, c’est un chapiteau rempli de monde sur la Altar qui accueille le groupe. Aaron qui s’exprime dans un français avec un fort accent du plus bel effet ne laissera d’ailleurs jamais redescendre la température, réclamant au pit coup sur coup des slams, wall of death et circle pits. Les sonorités de ce projet lorgnent vers un mélange de Djent, de Deathcore avec une production très moderne et des breaks efficaces et déstructurés sur un chant groll et rap. Un savoureux mélange qui, disons le, représente bien son frontman et c’est très agréable de voir qu’il a su se trouver musicalement car ça s’en ressent dans l’exécution où il semble très à l’aise dans son rôle de frontman chanteur. Hâte de voir le rendu sur album.
Svalbard Svalbard, oui mais sur quelle scène ? Le mélange de Black Metal et de Screamo avait autant sa place sur la Warzone que la Temple, mais c’est sur cette dernière que Serena Cherry arrive tout sourire (autant dire que le contraste avec 1349 ou Gorgoroth est saisissant). Les anglais réalisent un set bien carré, évoquant les sujets sensibles de leur paroles entre les titres (comme la dépression par exemple). On sent le groupe extrêmement content d’être là et on découvre un mélange étrange de Post / Black Metal super positif. Vivement le prochain album !
Riverside Riverside a deux problèmes et trois mauvaises nouvelles. Si le trio de bad-news annoncé par le frontman à la fin de leur premier titre est facilement gérable ("on ne fait pas de Metal mais du Rock et même pire, du Rock Progressif", "je ne chanterai qu’en voix claire", et "je n'emploierai pas le mot "fuck" aujourd’hui"), en revanche deux autres soucis sont notables : il commence à pleuvoir quelques instants avant le début du set - le chanteur commente d’ailleurs "un groupe de Prog arrive sur scène, le ciel se met à pleurer" -, ce qui éclaircira un petit peu la foule et une galère technique empêche la basse de s’entendre. Les écrans géants s’allument déjà, mais le groupe n’est pas prêt et un technicien s’affaire sur scène pendant que le claviériste meuble en improvisant. Le set fini par commencer et met le récent Id.Entity a l’honneur, même s’il manque l’excellent single Friend Or Foe, peut-être un peu trop Synthpop pour passer la sélection. Pour nous consoler, Big Tech Brother sonne aussi bien en live qu’on pouvait s’y attendre, surtout amputée de son intro cringe. Souvent hilare, complice avec les caméras et papouillant régulièrement sa peluche-mascotte fixée au synthé, le claviériste est très fun à regarder. En somme, c'est un concert très agréable et pourtant Riverside peut offrir bien plus, dans un contexte différent, plus intimiste, avec un créneau plus long, de nuit, sans pluie… Bref. Ils ont donné tout ce qu’ils ont pu et la prestation fut appréciée.

Grandma’s Ashes Aux trois-quarts de leur set, la bassiste-chanteuse de Grandma’s Ashes annonce qu’aujourd’hui, samedi 17 juin, le Hellfest accueille sur ses planches 200 musiciens, et neuf musiciennes. Trois d’entre elles constituent justement le power-trio en train de jouer à la Valley. Conjuguant un Doom assez mélodique avec un Heavy / Psyché aux structures proggy, la formation propose des gros riffs qui tabassent, parfois proche de Dvne qui officiait au même endroit l’avant-veille, mais aussi quelques longueurs un peu molles. Le trio semble s’éclater et savourer l’opportunité d’être là (elles remercieront Stoned Jesus sans l’annulation de qui elles ne seraient pas ici). En plus du message de soutien aux musiciennes et de l’appel à plus de diversité sur scène, message évoqué à l’occasion du décompte de femmes artistes sur lequel on a débuté ce paragraphe, on remarque aussi le t-shirt "no abusers on stage" de la batteuse. Un engagement toujours notable, dans ce festival aux positions controversées. Force à elles et à toutes celles qui partagent leurs luttes.
Saor Ne soyons pas mauvais esprits, l'épisode pluvieux de l'après-midi qui a dû en tremper plus d'un.e est arrivé avant que le groupe écossais ne monte sur scène. Avec une touche mesurée de Folk celtique, le groupe de Black Metal Atmosphérique nous embarque dans de grandes envolées épiques. On évite de loin une ambiance pouet-pouet et farandole de hobbits, au profit de longues plages aériennes portées par un violon et des instruments à vent (des flûtes et une sorte de bagpipe). L'ensemble est très beau, lumineux même et ce sont les sonorités les moins Rock qui portent l'ensemble vers les sommets. La flûtiste a en plus de belles capacités vocales et inonde la scène d'un chant clair lui aussi très évocateur. Saor a réussi le pari de nous faire quitter les terres clissonaises pour une chevauchée sauvage et dépaysante.
Gorod Les bordelais annoncent qu’ils n’avaient pas joué à Clisson depuis onze ans. Ça ne nous rajeunit pas (et eux non plus, puisque le chanteur Julien Deyrez dit en fin de set qu’ils espèrent revenir plus tôt cette fois, sinon ils vont finir par fatiguer). Ce qui est sûr, c’est que cette année Gorod est bien là pour coller une lourde tartine de Death Metal technique à toute la Altar, pourtant pas mal axée Deathcore aujourd’hui. Les nouveaux titres issus de The Orb passent haut la main l’épreuve du live, même si on n'aurait pas craché sur des guitares un poil plus mises en avant dans le mix. Le quintet termine avec Disavow Your God, “comme d’habitude, c’est un peu notre Hammered Smashed Face”, pour reprendre les mots du vocaliste. Bref. Ça défonçait et on ne peut que souhaiter revoir Gorod dans moins d’une décennie.

Soul Glo Vous avez probablement vu passer le nom de Soul Glo l’année dernière dont la sortie de l’album Diaspora Problems a fait énormément de bruit dans la scène Hardcore / Punk mais pas seulement, touchant même une audience plus large jusqu’à se retrouver programmé à l’affiche du célèbre Coachella Festival. C’est donc logiquement que le groupe se retrouve sur la Warzone cette année. La formation américaine propose une musique live qui tant vers un laboratoire sonore avec de longs interludes Noise, très improvisé voire désorganisé, mais qui finit toujours par retomber sur ses pattes. Malheureusement, cette vision radicale qui n’est pas dans les carcans habituels des groupes de Warzone ne facilite pas la réception du discours politique omniprésent du groupe sur le racisme que les musiciens subissent dans cette scène devant une foule déjà très clairsemée malgré la notoriété grandissante du groupe. On notera également leurs potes de Zulu qui jouaient plus tôt sur cette même scène aujourd’hui et qui s’enjaillaient sur le côté scène durant tout le concert. Le dernier morceau Gold Chain Punk (Whogonbeatmyass?) voit le chanteur et le guitariste, les deux membres permanents racisés du groupe, s’échanger le micro afin de délivrer un cri de colère "can I live?" répété en boucle.
Myrath Allons voir le quintet franco-tunisien sur la Temple, une légère rétrograde quant à leur set de 2017 sur la Mainstage : donc moins de visibilité, moins de place sur scène… et cafter que le préfet de Nantes n’ait pas autorisé la pyrotechnie. Qu’à cela n’tienne, ils ont ramené "la pyro du bled" (et pas l’apéro), comme dit Zaher, en parlant des deux jongleurs de feu qui l’accompagnent. N’oublions pas non plus les intermèdes d’illusion et de danse avec Mara Priscilla qui reprend les armes après une absence pour grossesse. Sur cinquante minutes de set, on a le droit a deux nouveaux titres, mais qui laissent une sensation de trop peu et d'un concert passé trop vite. Des die-hard fans enchaîneront les slams en brandissant un drapeau tunisien, mais passeront totalement inaperçu aux yeux du groupe. En tout cas, on a hâte de retrouver Myrath plus fort avec un nouvel album et dans un cadre peut-être davantage approprié.
Porcupine Tree Les écrans géants encadrant les deux Mainstages sont éteints quand on arrive de la Temple, il faut donc se faufiler pour arriver suffisamment près pour apercevoir Steven Wilson et sa bande. C’est le classique Blackest Eyes qui ouvre le bal, mais Porcupine Tree enchaîne de suite après sur deux titres issus de leur dernier effort : Harridan puis Of The New Day. La prestation est impeccable, comme on pouvait s’y attendre : à la fois dans l’exécution et dans la production, dans le jeu et dans la sonorisation, on n'aura rien à redire. C’est Nate Navarro qui tient la basse pour le live, un cador qui se balade avec facilité dans les lignes groovy de son prédécesseur. On retourne encore dans le passé pour d’autres titres indispensables : Open Car, The Sound Of Muzak, le gros pavé Anesthetize (pendant lequel quelques gouttes de pluie viendront s’inviter). Les écrans géants se mettent subitement à fonctionner à dix minutes de la fin du set, c’est suffisant pour admirer la dégaine de Steven Wilson à la "Tom Cruise jeune" avec ses lunettes de soleil et pour profiter de quelques gros plans sur Trains qui conclut la prestation. Juste avant ce dernier titre, Steven Wilson annonce qu’il leur faut "make it quick" et ce dernier titre semble effectivement un peu accéléré (et est amputé d’un bout du pont), mais on ne boude pas notre plaisir. On en aurait bien prit un peu plus.

Pro-Pain Du Hardcore qui tâche en plein après-midi sur la Warzone. Voila ce qu'on veut ! Pro-Pain n’était sûrement pas content de l’augmentation du prix de la baguette car ils étaient très énervés. Le public ne s’y est pas trompé, l’audience était en feu portée par une solide performance des Américains. C'était carré, c’était puissant, c’était haineux. Les gens se sont rapidement mis à slammer et à former des circle pits sans que le groupe n'ait eu à demander quoi que ce soit, simplement parce que la musique porte cette envie d'évacuer un trop plein d'énergie. Ce n'était pas la première fois que je voyais Pro-Pain et j'espère que ce n'était pas la dernière fois.
Born Of Osiris La Altar s’est transformée pendant une heure en cours collectif de crossfit sous la direction de Born Of Osiris. Très vite, le Deathcore syncopé et technique des américains fait effet sur les corps et ça saute dans tous les coins. Le chanteur principal et le claviériste haranguent le chaland, descendent jusqu’aux barrières qui les séparent des premiers rangs et se donnent sans interruption pour assurer la présence scénique. Pour rythmer le tout, les guitares et la batterie jouent la carte de la surprise toutes les vingt secondes en changeant de structure, ou en glissant de belles parenthèses mélodiques entre deux pilonnages. Une prestation live réussie qui vous garantit vos 10 000 pas journaliers.
Earthless Vers 19h30 la Valley a quitté la terre ferme et s’est envolée au-dessus du fest. Alors que le soleil déclinait, Earthless a dévoilé ses sonorités désertiques et psychédéliques. Le début du concert est doux, le guitariste égrène des notes chaleureuses, un moment suspendu avant que ses deux comparses le rejoignent franchement. Connu pour ses prestations impressionnantes, le power trio donne la part belle au jam, le gratteux improvise allègrement puis lui et ses collègues retombent ensemble sur leurs pattes comme par magie. On ne peut que constater une grosse maîtrise de l'exercice et voir que les musiciens se connaissent parfaitement. Fort inspiré, Earthless a régalé avec ses pièces riches et signe un des plus beaux concerts de la Valley 2023 jusqu’alors.
Powerwolf Powerwolf fait du Powerwolf. Alors, ne vous méprenez pas : c’est excellent. Mais les tubes s'enchaînent et se ressemblent, les interpellations en français approximatif du chanteur entre les titres sont toujours les mêmes ("vous êtes prêts pour la grande messe du Heavy Metal ?"), le jeu de scène est efficace, mais déjà vu… La formation à beau s’être fait sa propre niche bien spécifique de power-faussement-religieux-avec-des-loups, ils semblent en avoir fait le tour et l’ensemble est maintenant prévisible. Mais pour autant : c’est trop bien. Facile, anticipable, mais trop bien.
Stray From The Path On est grosso modo sur le même tableau que Pro-Pain commenté précédemment. Le même bordel, un peu moins spontané, mais carrément plus furieux. On savait les New Yorkais politisés et ils n'ont pas failli à leur réputation. Le chanteur l'a dit lui même, si vous êtes homophobe, raciste ou transphobe, vous n'avez rien a foutre ici, cassez-vous ! Les autres, vous serez toujours les bienvenus à nos concerts. Ce sont sûrement ces mots et les paroles qui ont tant fait se déchaîner le public. Ça et la compétition de slam avec le download créé par le chanteur pour savoir lequel des publics serait le meilleur en la discipline. A force de se prendre des gens dans la gueule, on n'a même pas vu le soleil qui s'en était allé a la fin du concert.
Lorna Shore Lorna Shore pourrait presque être un groupe anecdotique. Presque, mais, ils ont Will Ramos. Le chanteur est au-delà du stade du "doué" : il semble savoir tout faire en termes de chant saturé. Sur album c’est complètement fou et sur scène c’est comme sur album. Le mix aussi d’ailleurs, est comme en studio : tout va dans la batterie, dans le chant et les samples symphoniques. On voit bel et bien les guitaristes et le bassiste tricoter, mais leur sonorisation est bien discrète. En attendant, le chanteur fait un taff incroyable, que ce soit sur l’ambiance ou sur sa performance. Le final iconique de To The Hellfire est interprété exactement comme en studio, c’est nasty as fuck et on chope au vol plusieurs grimaces de satisfaction sur les visages autour de nous sous la Altar. Le groupe termine en enchainant les trois parties du titre Pain Remains, pour un bloc final de vingt minutes ininterrompues de blast dans la tête. Colossal.

Iron Maiden 21h00, Doctor Doctor de UFO résonne dans les enceintes suivi du thème de Blade Runner de Vangelis histoire de nous installer un univers futuriste. Le plus grand groupe de Heavy Metal de la planète revient en terre clissonnaise avec dans ses bagages une nouvelle tournée intitulée The Future Past Tour. Celle-ci a pour concept de faire interagir les albums Senjutsu et Somewhere In Time bien que 35 ans séparent leurs sorties. Quel plaisir que ce dernier ait enfin droit à une vraie mise en avant sur scène ! Somewhere In Time est un album très souvent cité parmi les préférés des fans, mais est trop rarement joué en live à l'exception de son single Wasted Years. Nous n'aurons aucun morceau de Powerslave et un seul extrait pour les autres albums représentés comme Number Of The Beast, Piece Of Mind ou Seventh Son Of A Seventh Son. Cette setlist ne fait pas l'unanimité ce soir, c'est le moins qu'on puisse dire, mais on apprécie qu'un groupe d'une telle ampleur ne se repose pas sur des concerts au format best-of et tente quelque chose de différent. On ne va pas s'amuser à vous énumérer ici tous les éléments de show, pyrotechnie et diverse apparition de Eddy, car on le sait, Iron Maiden en concert c'est un hommage au fait main avec une scénographie évolutive qui amplifie l'histoire que leur musique nous raconte. Cela étant dit, l'évènement de The Future Past Tour est bien sûr Alexander The Great, le grandiose morceau de l'album de 1986 qui n'avait jamais été interprété en live avant le lancement de cette tournée. Scream for me Hellfest !
Monster Magnet Si le Greatest Hits de Monster Magnet est votre disque de chevet, il fallait être à la Valley hier soir. La bande à Dave Wyndorf a déballé son Rock pour routiers cosmiques et a conquis son auditoire. Les trois guitares Space Rock font leur effet, les musiciens sont en forme et livrent un show plus énergique que par le passé. L'ambiance dans le public est vraiment chouette, une foule qui d'ailleurs pousse la voix sur Power Trip et sur un Space Lord ("motherfucker") final qui a réuni petits et grands. On en redemande.
Within Temptation Ça fait un moment que je n’avais pas écouté les sorties récentes de Within Temptation, ni vu la formation en live. Surprise : après une passage Rock / Pop / Tra / Sympho, le groupe semble revenir vers des sonorités plus "Metal" ? Les deux guitaristes jouent sur des huit cordes, on a des passages quasiment djenty et même dans les moments calmes, on semble s’affranchir des passages trop mielleux. Alors, évidemment, ce constat n’est valable que pour leurs titres les plus récents, comme Wireless, Don't Pray For Me, ou Bleed Out. Hein, quoi, Bleed Out ? Oui oui, Within Temptation a offert au Hellfest l’exclusivité d’un titre inédit ! Mais on aura aussi un regard vers le passé avec Our Solemn Hour ou Stand My Ground. Les morceaux "entre deux" font moins mouche (même si Faster ainsi qu'In The Middle Of The Night, les deux extraits de The Unforgiving, passent bien), mais on se raccroche à une mise en scène grandiloquente pour se rattraper : une sculpture de visage de cinq mètres de haut s’articule et se déplie, surplombé d’un écran de la largeur de la Mainstage (en plus des écrans déjà présents sur les côtés de la scène). On notera que la frontwoman est l’une des rares (l’une des seules ?) artistes à évoquer la guerre en Ukraine, allant même jusqu’à agiter un drapeau bleu et jaune pendant l’un des titres. On n'attendait rien de spécial de Within Temptation, c’est d’autant plus plaisant de constater que c'était un bon concert.

Clutch Au Hellfest, Clutch est comme à la maison puisque cette année marque déjà la sixième participation du groupe du Maryland. Quatre ans après sa dernière venue dans l’après-midi en pleine canicule sur la Mainstage, c’est un Clutch quelque peu remanié qui arrive ce samedi pour clôturer la Valley : Brad Davis, habituellement dans Fu Manchu, tient la basse ce soir. Après un premier morceau en guise d’échauffement (Slaughter Beach issu du dernier album Sunrise On Slaughter Beach sorti en 2022), la fosse se transforme en gigantesque pogo dès le deuxième morceau, qui devient de plus en plus intense à partir de Earth Rocker, pour ne plus redescendre jusqu’à la doublette finale Electric Worry / The Face. Deux titres ont particulièrement remporté le suffrage du public : X-Ray Visions et D.C. Sound Attack! chantés à tue-tête par la foule. Vu le monde devant Neil Fallon et sa bande ce soir, on en vient à être soulagés du déménagement de la Valley, car c’est typiquement le genre de groupe qui aurait fait déborder (ou plutôt imploser) l’ancienne tente telle qu’on l’a connue jusqu’en 2022.
Carpenter Brut Impossible de parler du groupe de Synthwave en concert sans lier la partie visuelle à la partie musicale. Le show était prépondérant dans ce qu’ils ont proposé, aussi bien sur les habillages de scène qu'avec les écrans LED géants qui diffusaient des ambiances inhérentes à chaque pistes, que sur les outils techniques qu’ils ont utilisé. Varilight, spots, lance-flammes, stroboscopes, néons, boule à facettes, tout ce qui était utilisable a été ramené pour mettre en valeur les nappes de clavier, la guitare électrique et la batterie, tellement typique des créations du groupe. Le début était peut-être un peu timide, mais c’est difficile de lancer une telle ambiance et une telle machine. En revanche une fois que le ciment prend, c'est une machine mécanique implacable et inarrêtable qui emporte tout sur son passage. Quelques chanteurs sont passés interpréter leurs morceaux dont notamment Greg Puciato qui a une nouvelle fois performé de manière incroyable. Le dernier invité surprise du concert a été la pluie et à fait se vider à vitesse grand V le parterre du Hellfest massé devant la Mainstage.
Meshuggah La tentation de rentrer plus tôt ce soir afin d’économiser quelques heures de sommeil est grande, mais c’est Meshuggah qui clôture la Altar aujourd’hui après un dernier passage en milieu de journée sur Mainstage qui n’était pas propice à leur show, les suédois sont venus rectifier le tir. Jamais le groupe n’a eu une production scénique aussi lourde. Celle-ci remplit chaque mètre carré de la scène avec plusieurs changement durant le show. Ainsi aucun morceau ne ressemble visuellement à un autre, avec plusieurs backdrops et structures de lumières qui enveloppent les musiciens qui comme toujours suivent mathématiquement leurs partitions. Un show millimétré à l’image du groupe qui fini de détruire nos cervicales sur l’enchaînement Demiurge / Future Breed Machine. Il est très difficile après ce rouleau compresseur sonore et visuel de reprendre ses esprits et pourtant on a l’intime conviction que ça valait la peine de rester malgré la fatigue.
Top 3 du jour Bacteries : Lorna Shore, Earthless, King Buffalo Oona : Kalandra, Puscifer, Evergrey Remy : Porcupine Tree, Evergrey, Lorna Shore Florian : Puscifer, Stray From The Path, Pro-Pain Skaldmax : Enforcer, Monster Magnet, Earthless Maxwell : Pro-Pain, Stray From The Path, Carpenter Brut Simon : Loathe, Clutch, Kalandra Arnaud : Porcupine Tree, Iron Maiden, Meshuggah
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