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Nile, Krisiun, In Element, Naraka le 14/11/22 Paris (Petit Bain)
Lundi, 18h30 ; certains ne se sont pas encore remis sur pieds de leur week-end. Initialement prévu à la Machine du Moulin Rouge, la salle plus intimiste du Petit Bain prend le relai et n’est que peu remplie en ce début de semaine et presque-fin d’après midi. Une place stratégique se trouve sans difficulté malgré mon arrivée après le début du premier set. On peut entendre des « c’est plus d’mon âge » fuser d’un ton moqueur autour de la régie, loin du pit, loin du danger. C’est Naraka qui déclenche les hostilités. Ils reviennent tout juste d’une tournée en support d'Alcest et Cradle Of Filth, joli lot de consolation pour palier à l’annulation d’une tournée avec les célèbres Carach Angren et Septicflesh. Et le quatuor francilien est déjà de retour pour nous jouer un mauvais tour, partageant ce soir l’affiche avec un quasi-double headline conséquent. Le groupe nous présente une partie de leur unique album, sobrement intitulé In Tenebris, qui soufflait il y a peu sa première bougie. Rien de renversant, un Death Metal Mélodique teinté de Thrash et de Black Metal démontrant une codification à toute épreuve et un classicisme presque ennuyant. Le collègue Pentacle a eu le verbe plutôt juste lors de leur passage à Rennes ; s’il faut laisser à César ce qui est à César (« riffs plats », « samples pas terribles » qui pourtant proviennent de guests renommées comme Veronica Bordachinni de Fleshgod Apocalypse),vous pouvez également ajouter à la recette un public assez peu réactif et réceptif. Théodore, le chanteur, tentera quelques poses exagérées, quelques interactions (le traditionnel « j’vous entends pas, plus fort ! »), mais laissées sans réponse, sauf pour remercier les collègues de tournée. A la rigueur, le peu d’encouragements notables viendront de Pierre-André, le bassiste - pourquoi était-il au milieu de la fosse et pas sur scène, je ne sais guère - mais autant dire que son avis n’est pas impartial. Même les coups de baguette de leur nouveau batteur live pour motiver la petite foule à clapper en rythme ne seront pas suffisants. Celui-ci aura au moins su faire honneur au jeu notoirement dévastateur de Franky Costanza (ex-Dagoba), présent sur les sessions studio (et probable contribution au "buzz" de l'album - et plus largement du projet). Heureusement, la soirée ne fait que commencer, il nous reste de l’énergie à dépenser. Note au collègue : personne ne s’est déshabillé,
cette fois. :) Les musiciens débarquent sur les planches portant cagoule, masques en cuir et harnais type soirée BDSM pendant qu’un projecteur diffuse leur propre clip centrant le propos sur quelques gonzesses dans des tenues tout aussi révélatrices. Vous sentez la gêne arriver ? C’est normal ; et honnêtement, si c’était pour voir une vidéo retranscrite en live à l’identique mais avec un son plus mauvais, nous aurions aussi bien fait de rester chez nous. L’identité visuelle qu’ils essayent de se forger n’apporte aucune plus-value à leur musique, et je n’y vois qu’une vaine tentative de se faire mousser et se faire passer pour plus subversifs qu’ils ne sont vraiment. S’ils pensaient avoir inventé le fil à couper l’eau chaude en s’appropriant une esthétique kink, Carpathian Forest le faisait déjà il y a trente ans. On aurait envisagé qu’un groupe fort de six albums, ayant partagé la scène avec des grands noms tels que Soilwork ou As I Lay Dying, aurait su fournir un show en conséquence ! Ce n’est pas le cas. Deuxième facteur de gêne : leur musique. Passer d’un registre « Death Mélo classique » proche des groupes cités précédemment à ce qu’ils font actuellement n’était probablement pas la meilleure décision. Pour autant, le batteur reste très carré dans son exécution et Charlie, même s’il est essoufflé après deux titres et doit revoir sa technique de chant saturé, a une voix claire plutôt correcte sur laquelle il aurait pu (dû ?) capitaliser, eut-il choisi d’évoluer dans un genre différent ; c’est dommage d’avoir choisi d’en faire quelque chose de mauvais. Troisième facteur de gêne : le frontman lui-même. Un accent à couper au couteau, incompréhensible par la majorité de l’audience, beaucoup de bla-bla inutile (osé, quand on a un temps imparti assez court), des tentatives de blagues lourdes tombant à l’eau (le premier qui me dit « normal, on est sur un bateau »…). Bref, inutile de dire que le groupe était bien conscient de leur flop, vue la vitesse à laquelle ils ont remballé le matériel. Nous les retrouverons d’ailleurs plus tard à la sortie, distribuant des EP généreusement... Mais que très peu prendront, ou peut-être par politesse. C’est dire, même quand c’est gratuit, les gens n’en veulent pas. La setlist fut parfaitement répartie entre le nouvel opus évidemment mis à l’honneur, avec un solo incroyable de Moyses sur sa magnifique Solar V1, et d’autres bangers incontournables tels que Blood of Lions (The Great Exectution, 2011) ou Combustion Inferno, de l’album Southern Storm (2008). A titre personnel, Origins Of Terror aurait été préférable et plus efficace pour du live. Les mots me manquent tant la performance était d’une agressivité primitive qu’on leur connait bien et d’une irréprochabilité à la limite de l’insolence en termes d’exécution. Kafir, Call To Destruction, In The Name Of Amun, Nile enchaîne sans sourciller des titres plus énergiques et techniques les uns que les autres, la rythmique tel un rouleau compresseur de calcaire, et pioche de manière équitable dans sept de ses neuf volets. Moi qui appréhendais leur setlist quasi-inchangée depuis quatre ans, je suis ravie d’observer les changements judicieux qui ont été opérés : sur l’album Amongst The Catacombs Of Nephren-Ka (1998), Ramses laisse sa place au Jinn, que je trouve davantage pertinent pour du live, et le plus teigneux Vile Nilotic Rites, leur dernier rejeton en date, substitue At The Gate Of Sethu (2012). Scott ne manquera pas de présenter la nouvelle recrue à la basse, Julian, qui saura rapidement convaincre par sa complicité avec ses bandmates, avec le public, et par sa virtuosité digne d’une fusion entre Amos Williams (TesseracT) et Michael Angelo Batio. A l’instar de Krisiun, la claque est d’une violence outrancière, comme la grêle s’abattant sur le bétail. Onze titres, une heure et quart de set, ce ne sont plus les dix plaies d’Egypte mais les onze plaies du Nile. OonaInked (Novembre 2022)
Report de Pentacle sur Cradle of Filth + Alcest + Naraka ici.
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