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Evergrey, Fractal Universe, Virtual Symmetry le 22/10/22 Toulouse (Usine A Musique)
Après avoir été les guests de luxe de Delain en 2016, Evergrey revient dans la ville rose, certes en tête d'affiche, mais de manière bien plus confidentielle. On passe d'un Metronum à une Usine À Musique, soit une jauge divisée au moins par deux. Et pourtant le groupe est une figure majeure du Prog / Power, avec désormais treize albums à leur actif. Mais malgré le petit comité, la soirée fut néanmoins superbe.
Les Suisses de Virtual Simmetry qui ouvrent la soirée me sont tout à fait inconnus au bataillon lorsqu'ils commencent leur set. Mais musicalement, c'est drôlement bien et ça donne envie de les découvrir sur album. On se place sur le créneau Power Metal moderne et énergique, un peu proggy, "à l'italienne" : on pense à DGM, Secret Sphere, Light And Shade ou encore à Temperance (d'ailleurs le groupe partage deux membres avec ces derniers et est originaire de la partie italophone de la Suisse). Malheureusement, sur scène, ce n'est pas si terrible que ça. La sonorisation ne joue pas pour eux, avec une guitare très en retrait. Au chant, Marco Pastorino va tout faire pour que le public s'investisse : nous faire taper dans les mains, nous faire chanter, nous demander : "si ça, j'ai rien entendu, est-ce que ça va ?" Et même si ça fait partie des rituels standards de chaque groupe, ce soir c'est vraiment beaucoup trop, ils en font des caisses et ça amène un côté maladroit à la prestation qui pourtant tient la route techniquement. Les lumières non plus ne sont pas au rendez-vous, avec un jeu tellement hétéroclite que ça devient débile d'avoir autant de couleurs en même temps et des projecteurs en lumière blanche et vive qui s'orientent régulièrement à hauteur des yeux du public. Enfin, dernier point à améliorer : quand on a un temps imparti qui est si court, on peut éventuellement jouer cinq titres au lieu de n'en proposer que quatre et un solo de batterie... Bref, Virtual Symmetry a presque tout bon en théorie, mais presque tout faux dans la pratique. A réécouter en version studio, donc, parce que sur scène, pas grand chose ne va.
La scène était extrêmement encombrée à notre arrivée, devant accueillir le matos de trois formations dans un espace assez restreint. Le backline des ouvreurs étant désormais rangé et Fractal Universe n'ayant que quatre membres (contre cinq pour les deux autres groupes de la soirée) on y voit désormais un peu plus clair. Enfin, façon de parler, car dès le début de leur set, des canons à fumée se déclenchent à intervalles réguliers et dissimulent la scène derrière un rideau obscur pendant quelques minutes. On y verra bien mieux à partir du troisième morceau, mais la fumée sera de retour sur la toute fin de la prestation des Nancéiens. En dehors de ça, on aura absolument rien à redire au set du quatuor, qui aura un excellent son, des lights cohérentes, une setlist équilibrée (quatre titres extraits de leur troisième et dernier album en date, trois issus du second, et deux sortis du premier). Le jeu de scène est sobre, sans être absent pour autant. Le frontman attire la sympathie en profitant des dates françaises de la tournée pour échanger un peu avec nous dans la langue de Molière, sortant même un petit trait d'humour. Musicalement, la technique du groupe est folle et la façon dont Fractal Universe parvient à conjuguer son Death Metal Technique avec tant d'accessibilité semble convaincre énormément de spectateur. ice.s qu'on retrouvera ensuite à la table de merch. Petite frayeur néanmoins : les six premiers titres évitent soigneusement les interventions du saxophone, pourtant si typiques de la bande à Vince Wilquin. Presque résigné à accepter le fait que le groupe ait dû faire une croix dessus à cause de la logistique de la tournée ? c'est avec une joie non feinte qu'on accueillera les leads de saxo sur les trois derniers morceaux. Le frontman ira même prendre un bain de foule pour terminer son solo rajouté pour le live dans le final de Falls Of The Earth qui conclue le set. Tout est bien qui fini bien.
Evergrey aura, au final, un set moins irréprochable que celui des Français. Leur son de guitare est trop étouffé et donne une impression diffuse, pas très précise de leur musique qui est pourtant supposée être assez tendue et rigoureuse. La situation est un poil meilleure sans bouchons d'oreilles, d'autant plus que le groupe ne joue pas si fort que ça. De plus, le son va rapidement s'améliorer et même devenir vraiment bon sur la fin du set (on remercie l'ingé son). Quant aux light-show, même si ce sera moins criard que lors de la prestation de Virtual Symmetry, l'ensemble est juste correct sans être particulièrement cohérent. Pour en finir avec les points faibles (qui ne sont même pas de vrais problèmes majeurs, mais simplement des aspects pas optimaux), une remarque sur la set-list : la quasi-ballade In The Absence Of Sun s'enchaine sur un titre qui ne nécessite qu'une seule guitare et sur lequel le frontman ne fera que chanter. C'est un ventre mou dans l'énergie du set. En revanche, le reste de l'agencement de la set-list est très bon. Le groupe a sorti deux albums coup sur coup, en 2021 et 2022, et Evergrey a donc deux opus à défendre sur scène. C'est donc logique que les titres joués s'axent très majoritairement sur ces récentes productions. On aura quand même droit à quelques incursions dans le passé (avec deux morceaux issus de The Atlantic (2019) et autant tirés de The Storm Within (2016) ainsi qu'un regard plus lointain avec les pistes Recreation Day et A Touch Of Blessing qui datent du début des années 2000. L'équilibre entre nouveaux titres à présenter au public et vieux classiques indispensables est très bien pensé et en dehors du "quart d'heure chiant" évoqué plus haut, rien à redire sur ces choix-là.
Les Suédois sont à l'aise sur scène et ne sont pas avares sur l'énergie fournie. Blagues entre les titres, headbang continuel, grands sourires entre eux et vers nous, bonne communication : tout se passe au mieux. Même le rappel est relativement copieux (trois titres), pour une durée finale du concert portée à environ une heure et demie. On en ressort donc convaincus par l'implication du groupe, ravis qu'Evergrey arrive à si bien conjuguer des thèmes très nostalgiques et mélancoliques avec un indéniable fun sur scène. Il nous tarde déjà de les revoir.
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