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Disillusion / Persefone / Obscura au Rex (Toulouse) - le 19 septembre 2022

L'été est fini. Et si cela signifie évidemment la reprise du boulot et la chute des températures, il y a aussi de bonnes nouvelles liées à cette période. Et notamment, le retour des tournées de concerts après l'inévitable trêve estivale. Ici, à Toulouse, la différence se fait sentir, et pour peu que vos goûts en terme de musiques extrêmes ratissent un peu large, alors la ville rose peut héberge un véritable marathon de concerts dans les prochaines semaines. Un défilé qui a commencé lundi 19 avec les prestations de Disillusion, Persefone, et Obscura dans la belle salle du Rex, refaite à neuf pendant le dur de la pandémie.

Dès l'ouverture des portes, avant même que quiconque ne commence à jouer, c'est la tuile : le moteur de la tireuse a lâché une heure plus tôt, et il n'y aura aucune bière à la pression servie de toute la nuit. Probablement un sale coup pour les recettes de la salle sur la soirée, mais qu'y peut-on ? Nous sommes là pour voir des groupes jouer du death metal technique, et picoler n'est qu'accessoire. Chassant la soif à coup de bières en bouteilles, de softs ou de ricards, on attend Disillusion qui attaque son set pile à l'heure prévue. Il est 20h15.

Disillusion

Le quatrième album des Allemands, Ayam, ne sort qu'au mois de novembre, mais le groupe a néanmoins déjà dévoilé deux extraits qu'on s'attend à retrouver ce soir. Et effectivement, Disillusion ouvre sur leur récent single Am Abrung, qui franchit avec brio l'épreuve du live : les parties les plus rapides et énervées semblent être écrites dans l'objectif même d'être retranscrites sur les planches. Le set contiendra quelques temps forts notables, comme The Great Unknown (étrangement, seul titre issu de leur dernier album en date) ou Alea (dont la fin aura été tristement amputé de deux ou trois minutes). On notera aussi une première mondiale de Driftwood, un nouveau titre qui figurera sur Ayam. Enfin, le set se terminera sur l'autre single déjà disponible, le court mais efficace Tormento.

Le groupe est malheureusement bien à l'étroit sur la scène du Rex toute encombrée du matériel des autres formations qui partagent l'affiche après eux. La batterie est tout à droite de la scène, sur le devant. Les autres musiciens se répartissent le centre et le côté gauche, le long d'un fin couloir entre le public et l'amoncellement de backline de leurs compatriotes d'Obscura. Même s'il s'agit d'une disposition par défaut, elle a l'avantage de ne cacher personne, et le jeu de batterie est facilement observable. Par contre, une guitare acoustique montée sur un support, de sorte qu'elle puisse être jouée sans être tenue par une sangle, reste sur le devant de la scène tout au long du set, obstruant la vue. Elle sera utile à moult reprises, mais on aurait souhaité qu'un.e technicien.ne puisse l'apporter et l'enlever aux moments-clés.

Disillusion a beau être la "première première partie", leur son est déjà vraiment bon. Le prog sombre des Allemands a besoin d'une sonorisation propre pour être marquant, et le pari est ici tenu. On retiendra une excellente texture sur les guitares, mais aussi des incroyables harmonies à trois chants sur certains refrains.

Persefone

Autant ne pas le cacher (ça va se voir de toutes manières), je suis un fanboy de Persefone, et j'ai fait le déplacement principalement pour eux. En dehors du fait de découvrir en live les morceaux issus du récent metanoia, j'étais aussi très curieux de voir ce qu'allait donner le line-up très particulier du groupe pour cette tournée. Le chanteur Marc Martins et le claviériste-chanteur Moe Espinosa n'ont pas pu prendre part à l'aventure ; les synthés sont remplacés par des samples et tous les chants seront assurés par Danny Rodríguez Flys (Eternal Storm). C'est donc un quintet qui monte sur scène, dans une configuration assez similaire à celle de leurs prédécesseurs : la batterie reste poussée devant à gauche et les autres feront ce qu'ils peuvent sur le reste du petit espace qui leur est accordé.

Les doutes, s'il y en avait, sont très vite levés. Dès les premières secondes de chant (sur The Great Reality), le chanteur intérimaire fait montre d'un timbre très proche de celui des membres officiels qu'il remplace. Les screams dans les aigus ont un grain un peu différent de celui de Marc Martins, mais sont néanmoins assez similaire. En revanche, les growls grave et caverneux semblent complètement identiques à ceux d'origine. Enfin, les chants clairs sont eux aussi une très bonne imitation de ceux de Moe Espinosa dans les parties les plus graves, et on reconnaitra quelques légères adaptations par-ci par-là pour éviter les passages les plus hauts (dans Merkabah et Living Waves par exemple).
Et plus d'être complètement à la hauteur de cette dantesque tâche vocale, le frontman a aussi un comportement scénique qui joue en sa faveur. Il donnera juste assez d'énergie et de présence pour que la prestation de tout le groupe puisse fonctionner, mais sans aller trop loin. Un côté très "humble" se dégage de manière assez évidente dans le jeu de scène de Danny Rodríguez Flys, qui visiblement ne veut pas s'imposer comme la nouvelle figure de proue de Persefone. Il est conscient de son rôle, le joue avec conviction, mais garde la place chaude pour les véritables titulaires.

On partagera la même surprise que pour Disillusion qui n'a joué qu'un seul titre de son dernier album en date. Ici, Persefone ne proposera que deux extraits de son effort sorti en février (sur 7 titres joués), et il faudra attendre le quatrième morceau de la setlist pour découvrir le premier d'entre eux, Merkabah. Katabasis sera l'autre nouvel ajout au set. Les 50 minutes des Andorrans commenceront et finiront avec les deux seuls titres issus de Spiritual Migration, et les trois autres morceaux seront tirés d'Aathma. Si la setlist met étonnamment peu en avant metanoia (et passe complètement à la trappe Truth Inside The Shades, bien que réenregistré tout récemment), rien n'est néanmoins à jeter dans ce concentré de vitamines à la sauce headbang. Persefone sait que leur set est court, qu'ils jouent avec Obscura, et ont donc forcé le trait sur l'aspect le plus bourrin de leur discographie. Et ça fonctionne.

Le son est à nouveau excellent. Les deux guitaristes en foutent des tartines, et pourtant tout est clair. On déplorera un léger incident de débranchement de câble sur l'instrument de Filipe Baldaia, mais l'autre guitare jouant la même chose à ce moment, sa détresse sera plus vue qu'entendue, d'autant qu'elle sera très courte. Une mention spéciale pour Bobby Verdeguer : les précédentes fois que j'ai vu Persefone en concert, j'ai eu l'impression que le batteur savait évidemment jouer les morceaux, mais en atteignant le sommet de ses capacités. Cette fois en revanche, le jeu de batterie semble beaucoup plus assuré et confiant, et le batteur à même l'air de tirer vers le haut le niveau de technicité de ses camarades, si cela était possible.

Le public sera survolté tout au long du court set des Andorrans. Le frontman viendra prendre appui sur la crash-barrier plusieurs fois et faire chanter les premiers rangs avec lui sur Living Waves. Quant à Carlos Lozano, d'ordinaire très sage, il finira Mind As Universe (et le concert) dans la fosse, emporté par l'ambiance très agitée du pit.

Obscura

La tête d'affiche de la soirée n'aura pas le même syndrome de la setlist éloignée de leur dernier méfait, c'est clair dès le début de leur prestation. Premier titre joué : premier titre de A Valediction. Second titre joué : second titre de A Valediction. Au final, la moitié de la setlist sera axée sur cet album. Pour rappel, le guitariste Christian Münzner et le bassiste Jeroen Paul Thesseling ont été réintégrés en 2020 mais ont tous deux officiés sur les albums sortis en 2009 et 2011. Ainsi, Cosmogenesis et Omnivium ont aussi été mis à l'honneur, ne laissant la place que pour un seul titre issu d'Akroasis et un autre tiré de Diluvium. La setlist est globalement satisfaisante, et choisir le très mélodique When Starts Collide en fin de set fait mouche. Le seul point noir sera Devoured Usurper : bien qu'il s'agisse peut-être d'une pause nécessaire pour les musiciens, ce titre très "death old school" vraiment bas du front tranche vraiment avec tout le reste de la prestation délivrée.

Le son est malheureusement un peu plus "cracra" que lors des deux premiers groupes, du moins sur le tout début du concert. Il faut dire que ça tartine un sacré paquet de notes à la minute, et que sonoriser un tel foutoir doit être une sacrée épreuve pour l'ingé-son, qui arrivera finalement à obtenir un rendu très largement suffisant sans être toutefois parfait.

Si la mise en scène ou les mouvements du quatuor sont relativement basiques, on a quand même pas mal à regarder si on essaye de suivre les doigts des cordistes ou les baguettes du frappeur. Ca tricotte bien plus en un seul titre que ma grand-mère sur toute sa retraite. Sur le plan de la technicité, Obscura se place facilement sur le haut du panier. On le savait en écoutant leurs albums, on le confirme en constatant leur déconcertante virtuosité en live. Vraiment impressionnant.

Lors du conventionnel rappel, un problème technique coupe net le son des quatre musiciens (et des samples) en plein milieu de Septuagint. On dirait presque que la chanson a été écrite en l'état, en version d'une minute trente, et qui se termine brusquement, tout d'un bloc. Sauf qu'en fait non, et que le groupe se voit obliger de bidouiller ses réglages avant de rapidement renoncer à continuer ce titre. Steffen Kummerer annonce un tout dernier morceau, Incarnated, et c'est le sample d'intro de... Septuagint qui se lance. Après quelques nouveaux instants de trifouillage de divers paramétrages, défaitiste, le frontman lance que ce sera tout pour ce soir ; mais le public fait savoir son refus. Un demi-titre de rappel au lieu de deux, ça ne compte pas. Ca gueule, ça gueule, et ça fini par convaincre les Allemands de rester encore un peu sur les planches. Pour être finalement jouée, Incarnated est lancée sans samples, et... c'est sur ce dernier titre qu'Obscura aura son meilleur son de la soirée. Comme quoi, on a bien fait d'insister !

Zbrlah (Septembre 2022)

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Commentaires

davbassLe Mercredi 28 septembre 2022 à 06H33

Persefone est définitivement brillant et sous estimé, dommage, une grande claque découvert cette année, je kiffe total, metanoia est fantastique et même pas critiqué chez vous, quelle injustice