Satyricon + Keep Of Kalessin + Insomnium le 30/09/06

Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas pour les lyonnais d’Hammer Of Gones. Après avoir été contraints d’annuler un festival de grind à l’affiche plus que prometteuse, faute de monde, les voilà qui annoncent complet plusieurs jours avant l’échéance pour cette soirée du 30 septembre 2006, qui réunit certes, des groupes bien plus populaires que ceux initialement prévus quelques semaines plus tôt. On murmure même, en voyant la concentration impressionnante de poils et de testostérone devant le CCO 1h30 avant l’ouverture des portes, qu’il a été vendu plus de place que la modeste salle villeurbannaise est capable d’en accueillir.

Et en effet, au moment du lancement de la soirée, la marée humaine se révèle des plus pénibles pour rejoindre le cœur de la grotte qui accueille les trois groupes scandinaves, d’autant plus que le bar est placé en plein milieu du passage, et qu’étant donnée l’intenable chaleur d’automne qui règne (environ 18°C), il faut rafraîchir tous ces gosiers si délicats. Insomnium a d’ailleurs déjà commencé de jouer lorsque je parviens enfin à trouver une place potable. La perte n’aura pas été conséquente avec le quatuor suédois qui, fidèle aux us et coutumes métalliques de son pays, produit un death mélodique plutôt bateau et léché, dans la veine de ses glorieux aînés, et sans réelle originalité. Venu défendre son nouvel opus à paraître (Above The Weeping World), le groupe arrivera tout de même, au cours d’un set très court, à bien retranscrire les ambiances et le grain de celui-ci, malgré un son plutôt mauvais, interprétant des titres aux riffs accrocheurs mais somme toute trop mécaniques et proprets pour retenir l’attention d’une salle clairement remplie de personnes venues pour des ambiances plus malsaines.

Après un rapide tour au merchandising, le temps de constater l’étendue des produits dérivés norvégiens (sauf les cds…), et surtout leurs prix exorbitants, et je suis de retour dans la fosse, pour enfin entrer dans le vif du sujet. Keep Of Kalessin entre en scène après une courte introduction (Deluge), et fait d’entrée parler sa vitesse avec The Wealth Of Darkness. On découvre un groupe carré et puissant, qui comme sur son dernier album en date Armada, à qui il laissera la part belle, utilise son sens du riffing et ses qualités techniques pour en mettre plein la vue. Obsidian, visiblement content d’être là, hurle ses vocaux soutenu par son acolyte bassiste, et commence clairement à faire monter l’ambiance dans la salle désormais pleine à craquer dont les presques timides applaudissements se muent peu à peu en bestiaux cris d’acclamation. Avec un set pourtant assez court, Keep Of Kalessin remplit clairement son rôle d’ouvreur, délivrant des titres constitués d’ambiances variées et bien enchaînées, entre puissance et fines mélodies épiques, prouvant qu’il mériterait amplement une tournée en tant que tête d’affiche, tant son black metal est riche et prend son ampleur en live. Le batteur hallucinant de rapidité gratifiera même l’assistance d’un solo, d’une musicalité plutôt peu esthétique, mais qui aura son petit effet sur l’assemblée, tout comme le dernier titre du set, Come Damnation, extrait du fameux ep Reclaim qui avec son ambiance très rauque et son final crescendo, laissera la foule cuite à point pour les rois de la soirée. Prestation excellente donc des norvégiens qui néanmoins sera vite oubliée une fois la suite entamée.

Car ce qui se prépare est, il faut bien l’avouer, d’un autre niveau. Le temps de reprendre ses esprits, en observant le monde qui s’active sur scène à dévoiler l’imposante batterie de Frost, allumer les chandeliers, dresser les artifices, et autres activités techniques bien trop compliquées pour moi, et les lumières s’éteignent lentement, laissant la masse grouillante de chevelus vêtus de noir perdre patience et bouillir avant même l’entrée en scène de Satyr et ses acolytes. C’est, comme à l’accoutumée, sur l'homérique Walk The Path Of Sorrow et ses trompettes que Satyricon fait son entrée en scène, dans un épais brouillard. Dès le morceau parti, la salle est plongée dans une ambiance animale et décadente, où l’anonymat des centaines d’originaux présents se transforme en une masse inquiétante et grouillante toute dévouée aux frasques du groupe légendaire. Après avoir enchaîné deux anciens titres dont la brutalité aura entraîné les plus timorés de la fosse à headbanguer, l’interrogation principale qui devait animer les présents se dissout. Après un Now, Diabolical à l’orientation artistique plus que discutable et un deal avec Roadrunner Records qui pouvait faire craindre le pire, une légère inquiétude pouvait alimenter des doutes quant à la facette que revêtirait un show du combo. Doutes vite dissipés lorsque l’on comprend que le feeling très black’n’roll des nouvelles compositions prend tout son sens en live, avec des hymnes comme Now, Diabolical ou K.I.N.G que le charismatique frontman a d’ailleurs plaisir à faire hurler à la foule. Non décidemment, Satyricon n’a que très peu perdu de son pouvoir, et même si la haine invoquée n’est peu être plus celle des origines, l’ambiance qu’il crée dans le CCO le prouve. Le show continue dans une ascension d’intensité constante, voguant à travers les différents albums du groupe, et offrant des ambiances variées. Seul côté plus que regrettable, on sent plus une machine bien huilée qu’un groupe simple, et la communication avec le public est plus que forcée et démago, lorsque par exemple Satyr nous explique que les deux shows français auront été les meilleurs de la tournée, ou qu’il s’amuse à quelques petits jeux lyriques avec la fosse. Fort heureusement, la fête n’en est pas gâchée, Frost est totalement bluffant de puissance (sans trig comme toujours), Satyr offre un growl rauque et jouissif, la claviériste resplendissante participe aux ambiances grandiloquentes, et le reste du groupe débauche son énergie autant que possible pour combler l’auditoire. C’est sur un Repine Bastard Nation des plus headbangatoires que le groupe quitte la scène après une setlist plutot longue et laisse la salle dans une pénombre inquiétante. L’attente se fait longue, tout le monde réclame le retour du groupe en scandant son nom, hurlant au diable, et après une interminable attente, les norvégiens sont de retour pour un Fuel For Hatred complètement fou qui décuple la force de chacun, enchaîné aussitôt, par une reprise de Raining Blood de Slayer, à la sauce Satyricon bien entendu, qui déclenchera la stupeur générale (ou presque, certains étant déjà au courant) dans une salle où la chaleur est devenue intenable. Luxe ultime, le groupe quitte à nouveau la scène et laisse de nouveau languir un bon moment la fosse, qui réclame cette fois-ci à corps et à cri, la fameuse Mother North, qui, bien évidemment clôturera le set en deuxième rappel, reprise en cœur par une bonne partie de l’assemblée.

Satyricon n’aura pas déçu, et m’aura même agréablement surpris, offrant un set varié, brutal et presque rock’n’roll avec ses nouveaux titres taillés pour le live, dans une ambiance bouillante et bestiale. Belle réussite donc que cette réunion de deux des meilleurs acteurs actuels de la scène black metal norvégienne, qui aura réservé une ambiance particulière et rare aux présents. 

Setlist Keep Of Kalessin:

Deluge
The Wealth of Darkness
Crown of the Kings
Winged Watchers
Come Damnation

 

 

Setlist Satyricon:

Walk The Path Of Sorrow
Dominion Of Satyricon
Now Diabolical
Possessed
K.I.N.G.
Du Some Hater Gud
The Pentragram Burns
Filthgrinder
In The Mist By The Hills
Repined Bastard Nation

1er rappel:
Fuel For Hatred
Raining Blood
(Slayer cover)

2nd rappel :
Mother North

 

manulerider (Octobre 2006)

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