Festival Des Eurockéennes 2006 Du 30/06/06 au 02/07/06 - Belfort

Cette année, les Eurockéennes font fort, très fort. Une affiche plus qu’alléchante, qui aura le mérite de faire un sold-out pour les 3 jours, ajoutons à ça une organisation or pair, et tous les ingrédients sont réunis pour tenter le fan lambda.
Traduction : 92 000 personnes, venues de toute la France pour assister à l’un des meilleurs festival de l’été 2006. En tant que dingues de zic, nous nous devions d’être là-bas.

J’arrive le jeudi en fin d’aprem, et le camping est déjà bien rempli. Ça sent le complet, d’autant que les organisateurs nous foutent la pression avec des « faites très attention à vos places, comme c’est sold-out, il risque d’y avoir des vols ». C’est bon on a compris.
En tout cas, l’ambiance est déjà là, les acharnés de la beuverie sont déjà morts à minuit, ou dansent autour d’un feu, manquant de faire les torches à chaque pas ... ça va être chaud, chaud, pendant ces 3 jours.

 

Vendredi

Après une courte nuit, la reprise du carburant dit « petit-déjeuner », une attente interminable pour la douche, et on se dirige enfin tous vers le festival pour attaquer ce premier jour qui s’annonce plus qu’épuisant vu l’affiche. Courageux gaillards que nous sommes, nous décidons d’y aller à pieds ... ça sera la première et dernière fois (« la prochaine fois, tu prendras l’bus » ). Une chaleur écrasante s’abat sur Belfort (Evelyne Dheliat nous avait prévenu), on sue comme des taureaux, et on se rue sur les stands buvettes du festival une fois à l’intérieur.

Après la séance « je me désaltère », direction le chapiteau pour voir la fin de Venus qui auront manifestement un regain d’énergie vers la fin du set, le public aidant, ce qui donnera un nouvel intérêt au set des messieurs. En bref, une bonne création, mais pas la meilleure du festival. (Pour plus d’infos, je vous revoies au résumé de Damien).

Pas le temps de traînailler, je pars direct pour la grande scène pour voir Anaïs (le planning ne laissant aucune minute de répit), avec au passage un petit détour au stand des pâtes (il faut prendre des forces pour ce soir !!!)

La demoiselle nous livrera un set honorable, mais on la plaint de devoir s’attaquer à un public de pseudo métaleux branleurs qui crieront durant tout son show « ta gueule, dégage, on se fait chier ! », et autres politesses du genre qui vous montrent à quel point un fan de Deftones en rût peut être aussi un abruti fini.
Quoi qu’il en soit, Anaïs chantera de tout son cœur, avec entrain et une joie affichée de jouer sur la Grande Scène des Eurockéennes, qui aura été trop grande pour le coup : une atmosphère plus intimiste aurait sûrement été plus à son avantage.

Le show terminé, je vais faire un tour chez Monic (toutes les filles savent qui est cette mouche), puis me place pour Deftones qui débute à 19h30.

Les ayant vu un mois auparavant au Zenith de Paris, je m’attendais à du gros, les 5 gars de Sacramento nous ayant livré une de leurs meilleures prestations.
Et bien les seuls « gros » qu’il y ait eu furent Chino et ses comparses, qui espèrent peut-être, en s’élargissant à l’horizontale, combler le vide qui règne sur scène, dû à un jeu de scène relativement statique : c’est simple, à part Chino qui fait son step journalier entre la scène et son tremplin (faute d’entamer un régime), on a l’impression que les membres du groupe sont assignés d’une interdiction d’approcher à 5 mètres les uns des autres. Vraiment dommage quand on a vu ce qui semblait être un soupçon de re-connivente entre eux,  30 jours auparavant.
Et il y aurait encore tant à dire ... la voix de Chino qui décidemment, n’était vraiment pas en forme, peinant à sortir le moindre cri imitation guépard ; ou encore ce son terriblement médiocre : des basses, des basses, et encore des basses, qui forment un brouahah inaudible dont on ne pouvait distinguer la teneur que lorsque notre imitateur d’animaux entonnait les premières lignes de chant. Je voyais les bouteilles au sol sauter à chaque fois que Cunningham donnait un coup dans sa grosse caisse, et je bénissais le ciel d’avoir inventé les bouchons à oreilles.
Mais soyons honnêtes, un concert de Deftones ne peut pas être totalement un ramassis de moisi, notamment grâce au talent des musiciens qui maîtrisent à la perfection leurs instruments respectifs (petit clin d’œil à Cunningham qui fut magistral). Le groupe a même eu un regain d’énergie à la fin de son set, notamment sur les morceaux d’Adrenaline comme 7 Words, affichant un plaisir évident d’enfin sortir les « vieilleries » du placard. Et au public (moi comprise) d’en être que plus heureux, s’en donnant à cœur joie dans le pogo, et prouvant que ce set n’aurait eu aucune saveur sans sa participation plus qu’active.

Mais il semblerait que j’ai un avis un peu trop critique concernant ce set, mon collègue Damien ayant eu une vision radicalement différente de la mienne.

Pas le temps de se remettre de ce show que déjà il faut que j’entame une course, direction le chapiteau où l’un des groupes les plus hype de l’année donne son set : les Arctic Monkeys.
Un public de folie attend de pieds fermes les nouveaux prodiges du rock anglais, qui, vu la vision que l’on a d’eux lors de leur entrée en scène, on bien du mal à porter ce lourd fardeau sur leurs épaules d’adolescents.
C’est avec une bouteille de vin (qu’il ne touchera pas) et les acclamations d’une foule en délire que Alex Turner et sa clique débarquent sur scène pour 50 minutes de set.
Visiblement fatigués, le groupe donnera quand même tout ce qu’il a, nous prouvant qu’il n’est pas là par hasard. Le groove dont ils font preuve, ainsi que le flow assez impressionnant du chanteur font qu’on ne peut rester insensible à l’énergie qu’ils dégagent. Le public, encore une fois, répond présent, nos 4 jeunes jouant même du groupisme ambiant. Simple jeu diront certains, arrogance diront d’autres. Quoi qu’il en soit, personne ne reste de marbre : les tubes tels que I Bet That You Look Good On The Dance Floor ou When The sun Goes Down enflamment littéralement le châpiteau, et les nouveaux titres dont le groupe nous fait cadeau, bien qu’étant dans la lignée de ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, font leur petit effet. On se dit qu’ils auraient amplement mérité leur place sur la grande scène.

Après cette heure de folie, mes compagnons de festival et moi-même essayons tant bien que mal de nous extirper de la foule, direction la Grande Scène et Dionysos, qui ont déjà commencé leur show (satanée prog !!!).
Les Eurockéennes sont connues pour leurs créations musicales, et c’est Dionysos cette année qui bénéficient de l’unes d’elles, nous gratifiant d’un show spécial en collaboration avec l’orchestre « Synfonietta » de Belfort. Un mariage entre le rock déjanto-féerique de Dionysos, et la musique classique ... autrement dit un régal. Le groupe reste égal à lui-même, plus énergique que jamais, avec un Mathias particulièrement fou qui soulève complètement la foule. Tout le monde est dedans, on se dit qu’on a du grand Dionysos devant nous, et puis coup de théâtre : alors que le groupe entame  Tes lacets sont des fées, le son se coupe. On assiste alors à la scène plutôt amusante d’un groupe jouant en sourdine (ayant les retours dans leur oreilles, ils ne se sont pas tout de suite rendus compte de la situation). Quelques rires se font entendre, mais rapidement, le public hue et affiche son mécontentement. Pendant 10-15minutes, c’est le chaos total, Dionysos sont abattus, et Mathias semble particulièrement désespéré, malgré le réconfort qu’essaie de lui apporter le chef d’orchestre. Quand on sait que le groupe compte sortir en dvd cette prestation unique, on comprend leur déception (ndlr : sortie prévue début octobre sous le nom de Monsters In Live. Une collaboration en cd se prépare également, ainsi qu’un show exceptionnel le 28 octobre au Zenith de Paris).
Puis le chaos laisse place à l’enchantement. Le son revient, et les Dionysos sont plus que jamais décidés à nous balancer tout ce qu’ils ont dans le ventre en taillant direct dans le vif : Le Retour De Bloody Betty, puis La Métamorphose de Mister Cat avec le plus grand concours de  « Ta Gueule Le Chat ! » du monde, et enfin une Mc Enroe's Poetry d’anthologie. Petite pause avec Neige qui nous dévoile, grâce à la Synfonietta, une autre facette de sa beauté, et ça repart avec le combo Song For A Jedi /Cox In Hell, et le plus grand slam de Mathias de tous les temps, 10 minutes, peut-être plus, mais peu importe, la performance était de taille ! Les habits en lambeau, le surhomme revient sur scène et entraîne le chef d’orchestre dans sa folie : c’est à son tour de faire un slam !
Puis c’est la fin. Déjà. Tout le monde a plus ou moins une tête choquée, difficile de se remettre de ce concert mythologique ... parce que c’est les seuls mots qui viennent à la bouche : c’était un concert de fous.
(petite pensée pour Gojira que je n’ai pas pu voir, contrairement à notre ami Damien qui nous gratifie d’un petit résumé).

 Pour se remettre de nos émotions, nous décidons d’aller à la Loggia où un groupe japonais inconnu au bataillon va jouer. Leur nom : Polysics. Caractéristiques : un électro rock new-wave totalement déjanté, à (très) forte inspiration des Devo. Verdict : une très bonne surprise, ma découverte des Eurocks. Le groupe ne lésine pas sur la mise en scène, le chanteur enchaînant pauses, grimaces, et danses plus débiles les unes que les autres. Mais la musique se prête totalement à ça, et au final, on se retrouve tous à danser comme des demeurés, un gros sourire aux lèvres.
Ajoutons à ça un son puissant, un batteur assez impressionnant, une claviériste qui se prend pour un robot pom-pom girl, et on a une heure de fou où le groupe enchaînera les tubes tels que Baby BIAS, ou I My Me Mine, extraits de leur dernier album Now Is The Time. Moi qui pensais me reposer ... .

Pas le temps de respirer (les programmateurs nous prennent pour des surhommes ou quoi !!??!!) qu’il faut déjà courir vers les Strokes qui sont entrain d’investir la Grande Scène.
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas très fan de ce groupe, bien qu’ayant constaté la qualité de leur dernier album. Quoiqu’il en soit, le set taille tout de suite dans le vif avec les deux plus gros tubes du groupe, un de leur dernier single Juicebox, et The End Has No End. Une façon de dire « ceux qui étaient là pour ces chansons, c’est bon, vous pouvez partir maintenant ». Le reste sera un très bon enchaînement de leurs meilleures compos, qui, malgré les qualités techniques des musiciens, seront grandement entachées par le chant catastrophique de Julian Casablancas (visiblement malade … du moins je l’espère). Dommage.
En tout cas, cela n’a en rien altéré la fanattitude ambiante, et les sourires heureux du public.

Cette heure de supplice n’aura pas été vaine : profitant des vagues du public à la fin du set, mes amis et moi nous faufilons vers le centre de la fosse, puis devant ; j’ai même la chance de tomber sur des jeunes gens (dont le sosie de Jodie Foster) qui me feront passer contre la barrière … l’endroit rêvé pour ceux que j’attendais depuis des mois (voir années !) : Les Daft Punk.

8ans qu’ils n’avaient plus fait de tournée, 10 qu’ils n’étaient pas revenus mixer en France. Autrement dit, un concert d’anthologie auquel je me devais d’assister (Notons que les Daft Punk se sont eux-mêmes proposés pour une participation aux Eurocks, en se bradant pratiquement … étonnant quand on connaît la notoriété des papas de la « French Touch »).
Histoire de faire durer le suspense, un grand rideau blanc est tiré, masquant le montage de la scène.On a droit à une longue heure d’attente pendant laquelle on sympathise avec nos voisins, histoire de faire passer le temps mais surtout pour essayer de réfréner notre excitation. Excitation qui va s’accroître lorsque le rideau tombe, laissant place à un mur de néons, et surtout, une gigantesque pyramide. Il est 2h10, et on ne tient plus.

Les dernières minutes sont intenables, et puis à 2h30, les lumières s’éteignent et le thème de « Rencontre du Troisième Type » retentit. Puis un échange Human/Robot à la vocoder style, où c’est ce dernier qui vaincra et entamera un Robot Rock des plus endiablés.
En effet outre des lights complètement ahurissantes, nous avons droit à un GROS son fabuleux, qui rendra honneur au superbe set des Daft Punk. Les tubes s’enchaînent, se croisent et s’entremêlent, et c’est parfois des combos de 3 chansons qui nous ferons danser jusqu’à la transe.

Les seuls reproches que l’on pourrait leur faire sont les 3-4 blancs entre certains mix qui coupaient légèrement l’euphorie ambiante. Mais c’est vraiment pour chipoter, car en tout point ce set fut parfait : Les fêtards de Discovery ainsi que les teuffeurs d’Homework en ont eu pour leur grade, et mieux encore les décevants titres de leur dernier opus Human After All prennent une toute autre dimension, et confirment que le duo est loin d’être en panne d’inspiration.
Que dire de plus ? allez, quelques mix pour vous donner l’eau à la bouche : imaginez Television Rules The Nation + Around The World + Crescendolls. Ou encore One More Time + Aerodynamic, ou l’apogée du set : The Prime Time Of Your Life avec la légendaire Rollin’ & Scratchin’, mix qui déchaîna littéralement la foule grâce à la patte « hard » de Thomas Bangalter. Bref, une ambiance digne d’une rave party règne sur Belfort.
C’est Human After All qui clôture le bal (mixé avec Superheroes et Rock ‘n Roll) après une heure de danse frénétique. On n’en revient toujours pas, c’était court, mais intense.
Les Daft Punk s’attardent dans leur pyramide pour nous applaudir et nous saluer, et disparaissent.

S’en suit une course folle vers la sortie et une attente interminable pour rejoindre le camping en bus (impossible pour nos jambes de faire le trajet retour à pied), et c’est à 4h, au levé du jour, que nous entamons enfin notre repos des guerriers.

Samedi

Après un vendredi assez hallucinant, c’est l’accalmie. Un petit vent de fatigue souffle sur le camping, et le fait que la programmation du jour ne soit pas sensationnelle rajoute un peu à la flemme.

J’arrive sur le site vers 17h40, juste le temps de jeter un coup d’œil à la fin du set des Hushpuppies. Apparemment, je n’ai pas manqué le groupe du siècle, même s’il avait une certaine pêche et nous communiquait sa joie d’être présent à Belfort.

Direction donc la Grande Scène (avec un détour par le stand des pâtes, le repas des guerriers) où Enhancer font « jumper » la foule.
Vous savez quand vous êtes chez vous, et que vous mangez devant la télévision, la regardant sans la voir … bah là c’était un peu pareil pour moi : J’assistais à un spectacle assez drôle (« et le west side ! et le East side ! »), mais j’étais beaucoup plus intéressée par le contenu de mon assiette.
Bref, le temps de finir de manger, et je partais déjà vers La Plage.


Ayant eu droit à un vrai battage médiatique dans l’enceinte du festival (affiches collées partout, distribution de tracts …), I Love UFO en devenait assez intriguant, et c’est en totale touriste que je m’installe devant la scène.
Et je n’en fus pas déçue. Nous gratifiant d’un punk rock psyché faisant très At The Drive In/The Mars Volta, le groupe est assez déchaîné (les pogoteurs aussi) et parvient à me sortir de ma torpeur pour un petit headbang. Une très bonne prestation en soit, qui a du mérite.
(voir aussi le résumé des Sunday Drivers par Damien, qui jouaient en même temps qu’I Love UFO).

Mais pas le temps de s’attarder, il faut se dépêcher d’aller vers la Grande Scène où le grand Morrissey fait son show.

Ancien chanteur de The Smiths dont je connais quelques titres, j’étais par contre une novice de Morrissey (du moins c’est ce que je pensais, m’étonnant parfois d’un « ah mais c’est lui qui chante ça !? »). L’Homme, qui a visiblement traversé les générations, n’a pas pour autant perdu de son charme et de son charisme. Accompagné de musiciens tout bonnement excellents, Moz (son surnom) mène d’une main de maître un set impeccable. Les « anciens » sont ravis d’avoir pris un coup de jeune pendant 1h20, et les fans de la dernière génération sont conquis. Quant à moi, je me délecte à l’avance de pouvoir le revoir au festival Rock en Seine.

C’est à contrecœur que je quitte le show du monsieur 10 minutes avant la fin, histoire d’éviter la foule et de pouvoir me placer dans les meilleures conditions possibles dans le Chapiteau (qui est déjà bondé) pour Camille & Pascals, autre création des Eurocks.

Camille, on ne la présente plus.
Les Pascals par contre, sont méconnus du paysage musical européen. Et pour cause, ils sont japonais. Plus particulièrement, c’est un orchestre à tendance déjanté.
Là les choses se précisent, car on connaît l’excentricité de Camille sur scène. Cette rencontre et collaboration ne sont donc pas le fruit du hasard.

Et en effet, nous assistons à quelque chose de très spécial. Au programme : un remaniement de génie des chansons de Camille (habillée dans un style très japonais pour l’occasion), qui  apparaissent sous un angle totalement différent … presque des nouvelles compositions. Un vrai plaisir pour les oreilles. Sans oublier des chansons traditionnelles japonaises interprétées dans leur langue originelle par Camille-san (une belle performance quand on connaît la complexité de la langue japonaise).
Somme toute, ce fût LA création qu’il ne fallait pas manquer cette année tant elle était exceptionnelle, magique et fantastique.
(Petite pensée à l’équipe de France qui, pendant le set, jouait et gagnait le match des Demi-finale contre le Brésil).

22h20 se profile à grands pas, et je suis obligée de quitter prématurément Camille pour les mêmes raisons que précédemment (faudrait que le festival voit à mieux organiser sa programmation, c’est une catastrophe), mais je me console en me disant que je vais voir un des plus grands groupes des années 80 : Depeche Mode.

Comme on pouvait s’y attendre, nous avons eu droit à un concert à la hauteur de la réputation des patriarches de la New Wave, c'est-à-dire mythique.
Un décor futuriste, où 3 écrans se partagent la vedette avec des vaisseaux spatiaux (dont l’un étant le clavier d’Andy Fletcher) : telle est la toile de fond de ce véritable show dont le principal acteur est Dave Gahan. Du haut de ses 44 ans, l’homme donnera tout ce qu’il a durant 1h30, appuyé par le très efficace Martin Gore (habillé en poulet). En véritable show-man, le très charismatique leader de Depeche Mode soulève la foule, n’hésitant pas à jouer de ses charmes en se dénudant quelque peu, le tout complété d’un déhanché particulièrement hum … efficace (inutile de dire qu’en tant que fille 100% hétéro, je n’ai pas pu rester insensible au spectacle).
Mais ne nous y méprenons pas, c’est surtout pour les capacités scéniques du groupe que le public est en liesse, reprenant en chœurs autant les vieux tubes (Personal Jesus, Enjoy The Silence) que les chansons du dernier album. Mention spéciale à A Pain That I’m Used To, une des meilleures chansons de Playing The Angel et diablement efficace sur scène, mais aussi au superbe remaniement de Photography et la fantastique performance vocale de Martin Gore sur Stake Disease.
Un petit bémol tout de même : la similitude trop évidente (autant dans l’interprétation que sur le jeu scénique ou les moments ce complicité avec le public) avec la tournée qu’ils ont effectuée en début d’année. Les ayant vu justement en février dernier, j’ai eu un énorme sentiment de déjà-vu.

Après ces 1h30 rétro, place à la modernité et plus particulièrement à la coqueluche des jeunes en ce moment : Katerine (habillé de façon très … « fofolle »).
Un pur moment de délire nous attend sous le chapiteau, avec un public plus déchaîné que jamais qui supplantera Philippe Katerine au chant tant son dernier album Robot Après Tout est une machine à tubes. Patati Patata, Après Moi, Borderline, Le 20-04-2005 (chanson sur Marine Le Pen), mais aussi les d’ores et déjà mythiques Louxor J’adore et 100% VIP, tout y passe, et pour notre plus grand plaisir.

C’est sous le chapiteau que j’épuise mes dernières forces, et malgré mon envie de voir Coldcut ou les Infadels, la fatigue l’emporte et je repars pour le camping. Mon acolyte Damien a lui eu plus de courage que moi, et je vous renvoie donc à ses résumés.

 

Dimanche
Après deux jours assez éprouvants, le soleil se lève doucement mais sûrement sur le camping de Belfort. Une effervescence toute nouvelle envahit le site, et les t shirt du groupe star de la journée (et peut-être du festival) foisonnent. Je veux bien sûr parler de Muse, qui offre aux festivaliens que nous sommes sa deuxième prestation française depuis le Rock En Seine 2004. La tension et l’excitation sont palpables dans l’air, et le fait que le DJ du camping nous balance dans les oreilles leur tout nouvel album Black Holes And Revelations n’arrange pas vraiment les choses.

Quoiqu’il en soit, malgré une programmation plus qu’alléchante (Mogwai, Sigur Ros, Cult Of Luna), je décide, mais non sans un pincement au cœur, de passer ma journée devant les barrières de la Grande Scène (on ne se refait pas).

Après la prestation honorable de Blackalicious (le rap de ce style, c’est vraiment pas mon truc), ainsi que le passage anecdotique d’Art Brut et leur rock anglais plus que basique (avec un magnifique lancée de chaussettes du chanteur dont le milieu du premier rang doit encore se souvenir … hum, je préfère encore la chemise en sueur de Morrissey), en passant par une énorme pensée pour Mogwaï (qui a fait un set sensationnel d’après les dires, snif), on passe aux choses sérieuses avec Archive.

Depuis le départ de leur chanteur fétiche Craig Walker, Archive était attendu au tournant, et les critiques négatives des nouveaux interprètes (sûrement par les fétichistes du groupe) commençaient à se répandre … un peu trop je dirais.
Totalement novice de ce groupe, j’attendais avec impatience leur prestation pour enfin me faire un avis sur leur musique. Et il est ressorti assez bon. Le set a peut-être manqué d’un certain dynamisme, mais il est impossible de renier la puissance de Lights, morceau de pratiquement 20 minutes et présente sur leur tout nouvel opus du même nom, qui nous souffle que non, Archive n’est pas mort, et qu’ils comptent bien nous le démontrer. Ça sera chose faite avec la grandiose Again pour le final, magistralement interprété par Dave Penn, un des deux nouveaux chanteurs, et manifestement le plus charismatique tant l’homme fait ressortir d’intenses émotions du plus grand tube du groupe. A vous foutre des frissons.

Puis les garçons s’en vont, et les techniciens s’affairent sur scène. Et c’est là qu’on prend conscience de ce qui se passe : Le public se presse en masse devant la Grande Scène, et n’a attendu manifestement qu’un seul groupe de toute la journée : Muse. Et pendant que les retardataires essaient désespérément de grappiller des places dans la fosse, Sigur Ros investissent de leur magie islandaise le chapiteau, le groupe jouant exceptionnellement ce soir avec un orchestre de cuivres (ndlr : le groupe était initialement prévu après la prestation de Muse, mais The Subways ayant annulé leur venue, la programmation s’en est trouvée décalé et le chapiteau, qui clôture habituellement le festival, dérogera pour cette édition à la règle).

Et pendant que le calme règne là bas, l’ambiance est électrique devant la Grande Scène. Les gens s’impatientent, poussent, crient … bref, c’est un digne avant-concert de Muse. Quelques rumeurs me parviennent : le groupe jouerait une chanson surprise pour le rappel. Alors on spécule en attendant l’heure fatidique.
Minuit sonne, et toujours rien. La scène, agrémentée de colonnes géantes en plastique et de murs de carreaux lumineux (on se croirait dans une salle de bain) est désespérément vide. On nous passe pour la 100ème fois la bande annonce du prochain Gondry (que je vous conseille, au passage), histoire de nous faire patienter, et puis les lumières s’éteignent enfin.
Les cris les plus groupiesques jamais entendues retentissent, et doublent d’intensité quand le groupe entrent enfin sur scène.
Faisant partie de la tournée promo de leur nouvel album Black Holes And Revelations (dans les bacs le lendemain, soit le 3 juillet), ce concert allait sans nul doute allier anciennes et nouvelles compositions.
Et on ne se trompe pas : Muse taillent direct dans le vif avec Knights Of Cydonia, épique final de leur nouvel album. Le public entre tout de suite dans le jeu, impossible de ne pas bouger aux rythmes de la foule tant elle est compacte, les slammeurs pleuvent et repleuvent. Les vigiles, au nombre de 4 ( !!!), sont rapidement dépassés, un vent de folie s’empare des Eurockéennes. Sur scène, c’est la même chose : Bellamy est plus déchaîné que jamais, sautant, virevoltant headbangant, et nous gratifiant d’un « come on !! » avant son solo, invitation à l’excitation totale. Même leur tout nouveau « membre », Morgan Nichols (ancien bassiste de The Streets), qui n’a pour mission que de lancer des séquences audio, est totalement transporté.
Les choses ne s’arrangent pas avec la seconde chanson : Bliss. C’est l’hystérie collective, les slammeurs tombent du public par brochettes, heureusement rattrapés par l’armée des vigiles (qui sont maintenant une vingtaine, voir plus). Les malaises ne se font pas non plus attendre, et c’est un nombre impressionnant de filles évanouies qui défilent devant moi. Soudain, une fille surgit de nulle part derrière moi, les yeux exorbités, parcourue de spasmes, totalement en panique. La pauvre venait sûrement de traverser la fosse, et vu sa tête, ça ne devait pas être de tout repos. En bref, je passe les ¾ de la chanson à sauver des vies, et je me dis « mon Dieu, c’est un concert de fous », pensée rapidement remplacé par « non, c’est un concert de Muse ! ».Un quart d’heure s’est écoulé, le quart d’heure musien, où on teste vos capacités de survie. Si vous passez le test avec brio, alors vous survivrez au concert.
Dominic Howard, batteur aussi souriant qu’efficace, nous demande si « ça va », pendant que Bellamy essaie de régler ses problèmes guitaristiques (pas la bonne guitare, puis pas le bon effet), et le groupe enchaîne sur Starlight, autre nouveau morceau aux influences très U2, et qui fait guise de calme avant la tempête : un superbe combo New Born/Assassin fond sur nous, ou cette dernière, digne successeuse de Stockholm Syndrome, conquérra totalement la foule. Foule qui sera achevé avec une Citizen Erased fantastique (pendant laquelle je ne peux m’empêcher de verser une larme, l’émotion est à son comble).
Histoire de rester posé, le groupe nous offre une des plus belles compos de BHAR : A Soldier’s Poem. La douceur et la finesse de la musique embrasse subrepticement la dureté des paroles de cette chanson, et l’enchaînement avec Stockholm Syndrome, bien que proche par le thème, laisse un peu pantois.
Puis le groupe nous offre encore deux nouveaux morceaux, Invincible (qui ne convaincra qu’à moitié) et Map Of The Problematique (aux accents très New Wave) avant d’enfin s’adonner aux morceaux qui ont fait leur succès : Plug In Baby, le nouveau single Supermassive Black Hole (qui aura un très mauvais son pour le coup, vraiment trop de basses), et enfin Time Is Running Out, qui soulèvera complètement une foule en liesse.

Le rappel est déjà là, et tout le monde regarde sa montre pour vérifier « combien de temps le groupe a joué ». Plus d’une heure, déjà ! Rapidement, je me souviens qu’il va y avoir une surprise, et mon excitation, pourtant déjà galvanisée par ce trop plein de Muse « In The Face », n’en est que grandit.
Le groupe revient sur scène … enfin, pas tout le groupe, juste Bellamy et Howard, s’installant autour de la batterie. Pas le temps de se demander ce qu’il se passe que déjà, les nappes électroniques de Take A Bow s’élèvent. Et là, c’est le choc : le murmure de Bellamy caresse nos oreilles endolories, nous entêtant d’un « you’ll burn in Hell ». Progressivement, la chanson s’accélère et gagne en intensité, le « bow » du titre de la chanson tourne en boucle, Bellamy descend de son pied d’estale et enfourche sa guitare pour accompagner les boucles … et puis c’est l’explosion. Aveuglés par les lumières, ébranlés par cette tempête musicale, Muse nous abreuvent de tout le pompeux dont ils sont capables, la batterie frappant à l’unisson de nos cœur, et la voix de Bellamy atteignant le paroxysme de la grandiloquence. Le vrai Muse vient de nous frapper en plein visage, et ça choque.
Hysteria, grand tube d’Absolution, et qui a la lourde tache de succéder à Take A Bow, passe totalement inaperçue, et il nous faudra quelque chose de vraiment puissant pour nous sortir de notre torpeur. C’est probablement ce à quoi avait pensé le groupe, et entre en scène LA surprise : Showbiz. Des cris étouffés par la surprise se font entendre, associés pêle-mêle à la vague de joie qui transporte les Eurockéennes. Je suis totalement abasourdie, mais je me laisse rapidement envahir par la béatitude que me procure cette chanson, une des plus puissantes du répertoire de Muse, et le meilleur final qu’ils pouvaient nous offrir.

Et après 1h25 de show, les 3 anglais s’en vont, des sourires remplient de joie et de gratitude plaqués sur leurs visages.

Quand au public … même si le concert faisait très « tournée d’échauffement », évidement, les sourires radieux font l’unanimité, et c’est bien normal après avoir vu pareille prestation : Muse sont toujours sur scène cette boule d'énergie électrique prête à exploser à n'importe quel moment, leurs chansons prenant une ampleur démesurée en live (ça promet pour la vraie tournée).

Et voilà, après un final grandiose, la boucle est bouclée, l’édition 2006 des Eurockéennes se termine. Le retour au bercail est difficile, on aurait bien aimé que cela continue encore et encore. Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est la tête pleins de souvenirs, et les yeux pleins d’étoiles que nous quittons peu à peu le territoire de Belfort en se disant « peut-être à l’année prochaine ! ».

Kinkette (Octobre 2006)

Un spécial grand merci à Vince, ainsi qu’à Magalie (sans qui ce festival n’aurait pas été aussi bien) et Anaïd (pour m’avoir supporter pendant Muse). Merci aussi aux différentes connaissances que j’ai croisé pendant le festival (Métalorgiens, FFAliens et Microcutsiens), à Décathlon, et bien sûr à l’organisation du festival qui a fait un travail fantastique (surtout pour le camping). Enfin, merci à Manu pour sa précieuse aide.

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