Les Eurockéennes de Belfort 2006 Du 30 juin au 2 juillet 2006

Voici donc la 18ième édition des Eurockéennes de Belfort. Créée en 1989 (l'affluence était alors de 10000 personnes contre 100000 pour cette année 2006), le festival s'est peu à peu développé pour devenir un rendez-vous incontournable. Trois raisons majeures à ce succès. 1/ Le festival est idéalement situé géographiquement : au cœur de l'Europe et au carrefour des festivals. 2/ Le site est particulièrement agréable : à proximité d'un lac (le lac du Malsaucy), sur de vastes champs dont celui de la Grande Scène, en pente, offrant une visibilité hors norme. 3/ Le festival a fait de l'éclectisme une devise : rock, pop, metal, reggae, electro, hip-hop, etc. sont ainsi représentés et se répartissent les 4 scènes des Eurocks : la Grande Scène, le Chapiteau, la Plage et la Loggia (le Soundsystem fait désormais office de cinquième scène). Largement de quoi y trouver son compte.

Comme toujours avec le festival Belfortain, l'organisation est exemplaire à tout point de vue. Et au bout de trois jours de festival, c'est le genre de petits détails qui ont leur importance : de la bouffe plus que correcte et variée (ça change du Hellfest), diverses animations, un timing respecté, etc. et même des chiottes propres pour les filles au stand Monic. C'est d'ailleurs le DJ de ce même stand qui aura le mérite de lancer l'hymne de ces 3 jours, à savoir un morceau du bien nommé Nono Futur aux paroles aussi recherchées que vindicatives ; je le cite :" Nicolas Sarkozy va te faire enculer, Alain Delon va te faire enculer, David Douillet va te faire enculer, Nikos Aliagas va te faire enculer, Ariel Wizzman va te faire enculer, etc. ". Le genre de truc qui reste dans les mémoires.


Vendredi :
Avec ses 4 énormes têtes d'affiche (Daft Punk, les Strokes, Deftones et Dionysos), c'est la journée qui semblait avoir le plus gros potentiel. Et la foule a répondu présente.

J'arrive sur le site pour le début du concert de Venus, un début de set dans des conditions habituelles (avec notamment un excellent Beautiful Days, titre qui a pas mal tourné sur les ondes). Puis les Belges sont rejoints par un ensemble orchestral (environ 15 personnes avec violons, violoncelles, ...) pour une seconde partie de concert inédite. On note néanmoins un manque de patate ; il semble même que le groupe se lâche beaucoup plus en studio que sur scène.

Deuxième artiste à fouler la Grande Scène (après Anaïs, très impressionnée pour son premier grand festival), Deftones était attendu au tournant depuis le rendez vous manqué de 2001 (le groupe avait dû renoncer à sa prestation suite à un gros orage). Les 5 musiciens sont en tout cas de plus en plus bouffis (spéciale dédicace à Chino Moreno). Le son est un peu brouillon sur les trois premiers titres puis se met doucement en place. C'est très carré, ça envoie tout droit. La setlist est un véritable best-of, puisant dans chacun des albums du quintet de Sacramento avec, entre autres, 7 Words, Root, My Own Summer, Around The Fur, Be Quiet And Drive, Passenger, Change, Hexagram ou encore Minerva. Petit bémol, on a parfois l'impression que chacun joue dans son coin, peu ou pas de regards échangés. Et Chino donne quelques signes de difficultés à assurer le chant des parties les plus exigeantes. Il n'empêche : bon concert.

A 21h00, 10 minutes seulement après la fin du concert des Deftones, Arctic Monkeys pointe le bout de son nez. J'avoue être plutôt sceptique sur la hype entourant le combo mais leur prestation scénique fut plutôt bonne. Une sorte de garage rock rajeuni : les Hives adolescents et british ! Très entraînant en tout cas et très attendu par le public tant il fut difficile d'accéder aux abords du Chapiteau pendant le show des 4 jeunes prodiges. Quand on connaît l'âge de ses membres, on se dit que le groupe a encore une grosse marge de progression (à condition qu'il ne splitte pas dans 2 ans...).

Les Français de Dionysos faisaient l'objet d'une création " made in Eurocks " puisqu'ils furent invités à jouer avec un orchestre symphonique (la Synfonietta de Belfort). Comme toujours le groupe occupe bien la scène, comme toujours Mathias, le chanteur, ira slammer dans la foule, etc. Bref, malgré l'apport de la Synfonietta, on se demande si l'on n'a pas déjà vu ce concert quelque part...

Les Eurocks n'étant pas un festival très orienté metal, c'est à la Loggia que Gojira était programmé. En dépit d'un son un peu mollasson (surtout comparé à celui de la Grande Scène), Gojira prouve une fois encore tout son talent, occupant parfaitement l'espace, qu'il soit scénique ou sonore. La setlist est proche de ce qu'a proposé le groupe lors de sa récente tournée hexagonale, mais adaptée aux contraintes d'un festival (c'est-à-dire raccourcie). Ocean Planet, Blackbone, Remembrance, Love, Flying Whales, The Heaviest Matter Of The Universe, Clone furent tout même envoyés avec la précision que l'on connaît aux Basques.

Avant de me diriger vers la Grande Scène pour le show des Strokes, je passe quelques instants devant Damian Marley (quel beau prénom...), fils de qui vous savez et qui, comme vous vous en doutez, ne joue ni du hardcore, ni de la folk mais bel et bien du reggae. Le constat est sans appel : le petit Damian (rhaaaaaa ce prénom...), malgré toute sa bonne volonté, ne possède pas le talent de son illustre père.

Un concert des Strokes reste une expérience paradoxale. D'un coté, les 5 musiciens donnent l'impression de ne pas être dedans, limite de s'emmerder. Mais d'un autre coté, la nonchalance (surtout pour Casablanca, chanteur du combo) fait intégralement partie des Strokes et une fois ce postulat posé et accepté, il en ressort intrinsèquement un bon concert de rock. Les jeux de lumières sont magnifiques, le son est excellent, le public conquis et la setlist bourrée de hits (même si certains titres paraissent superflus et passeraient aisément à la trappe).
Setlist des Strokes:
Juicebox
The end has no end
Red light
The Modern Age
Heart in a cage
12:51
Alone, together
Is this it
On the other side
Ize Of The World
Someday
You only live once

Last nite
Hard to explain
Vision of division
Reptilia
Take it or leave it

Enfin, au milieu de la nuit, les Daft Punk débarquent sur la planète Eurocks. Un show dantesque. MO-NU-MEN-TAL !!! Une mise en scène hallucinante, les deux Dj's sont au centre d'une sorte de vaisseau spatial. Derrière eux, un énorme panneau lumineux qui en met plein les yeux. Le groupe entre sur scène sur la musique de Rencontre Du Troisième Type, ce qui laisse augurer d'une nuit extraterrestre. Le duo balance un mix sans temps mort, ne se contentant pas de jouer ses titres à la suite, avec une pause entre chacun. Au contraire, le binôme entrecoupe ses morceaux les uns dans les autres, jouant 20 secondes de l'un, repartant sur 1 minute d'un autre (One More Time, Robot Rock, Technologic, Around The World, Harder Better Faster Stronger, Rollin & Scratchin, Da funk, Alive, etc.) ; le tout sans la moindre pause. On a l'incroyable impression d'assister à une fête géante (30000 personnes, c'est déjà une bonne teuf non ?). Quand on connaît la rareté des prestations du duo Français (seulement quelques dates pour cette mini-tournée dont le Summercase festival en Espagne, le Global Gathering au Royaume Uni, le Summer Sonic au Japon ou encore le Pukkelpop en Belgique), on se dit qu'on a vraiment participé à un moment unique. Et on pourra dire " j'y étais ".

 

TOP 5 vendredi:
1 : Daft Punk
2 : Deftones
3 : Gojira
4 : Strokes
5 : Arctic Monkeys


Samedi :
Samedi 1 juillet. Deuxième jour de festival. Suffisamment pour commencer à déconnecter de l'actualité. Mais le nombre de maillots de l'équipe de France que l'on croise nous rappellera vite que la France joue aujourd'hui son quart de finale de coupe du monde contre le Brésil.

Il est 17H et cette journée d'Eurockéennes commence réellement avec les Français de Hushpuppies : sympa, plutôt entraînant, même si le coté " dandy rocker " développé par le groupe sur scène me gave au plus haut point.

S'ensuit Enhancer sur la Grande Scène avec un concert très... juvénile ! Des " Jump ", des " West Side ", des " Team Nowhere ", etc. Bref toute la panoplie pour faire bouger la frange la plus jeune du public, casquette de paysan américain (visière mise de coté) sur la tête. Après trois albums, on sent pourtant toujours le groupe prisonnier de ses influences américaines. D'ailleurs les gars, au passage, le coup de faire asseoir le public pour le faire se relever brusquement dans un pogo géant, ça a déjà été fait par Slipknot il y a pas mal d'années... Le groupe terminera son set par son single Dirty Dancing, qu'il fera durer plusieurs minutes en faisant participer le public.

Direction le chapiteau pour Sunday Drivers. Un peu de douceur de ce monde de bruts. Un show calme et apaisant. Le groupe est accompagné d'un petit ensemble orchestral (comme Venus la veille) et la pop/folk du groupe se marrie parfaitement bien avec les violons.

Au même moment, sur la Plage, I Love UFO balance son punk psyché, très rock 'n' roll dans l'esprit et bourré d'énergie. Une bonne découverte et un groupe à suivre de très près.

Morrissey, l'ex-chanteur des mythiques Smiths, investit la grande scène. Très charismatique, le bonhomme en impose naturellement et joue de sa personnalité. Il s'étonnera ironiquement de ne pas vendre plus d'albums en France. Bien accompagné par ses musiciens, Morrissey donne au Malsaucy un bon concert, puisant allègrement dans la totalité de sa riche carrière (How Soon Is Now, I Just Want To See The Boy HappyYou Have Killed Me, First Of The Gang To DiePanic, ...). Un grand Monsieur.

Il est 22h30. Un décor soigné, des lights imposantes, 3 écrans géants en plus de ceux déjà présents sur chaque coté de la scène, une collection de tubes pop/rock/new-wave (Enjoy The Silence, Personal Jesus, Never Let Me Down Again, etc.), etc. Pas de doute : Depeche Mode est dans la place. Un groupe dont l'influence sur le paysage musical actuel a été énorme. Il suffit de regarder le nombre d'artistes ayant déjà repris un titre de Dave Gahan et se bande (Rammstein, Disturbed, Johnny Cash, Marilyn Manson, Linkin Park, ... la liste est longue). Dave Gahan est d'ailleurs particulièrement en jambes, arpentant la scène de long en large, son pied de micro à la main, torse nu. Les jeunes filles du premier rang ont certainement dû se sentir toute émoustillées devant cette icône...
Setlist (approximative) de Depeche Mode:
A Pain That I'm Used To
A question of time
Precious
Walking in my shoes
Stripped
Home
In you room
John the revelator
I feel you
Behind the wheel
World in my eyes
Personal jesus
Enjoy the silence
---
Shake the disease
Photographic
Never let me down again

Coldcut clôture la Grande Scène ce soir avec son electro/hip hop, dans la veine de  Birdy Nam Nam. Un concert bien bougeant, où chacun a pu se dandiner à sa guise et se frotter discrètement contre son voisin(-e), notamment sur le très bon Everything Is Under Control. A noter l'excellent accompagnement visuel: des projections parfaitement synchronisées avec la musique (exemple: le groupe balance un sample de guitare électrique de deux secondes et on voit sur l'écran Angus Young et Jimi Hendrix pendant ses deux secondes).

Enfin, avant d'aller faire la fête... euh non... qu'est-ce que je dis... mince... je reprends... avant d'aller dormir pour être en forme pour le lendemain, Infadels, groupe de rock plein d'énergie, redonne un peu de power à l'assistance. Ca saute dans tous les sens, c'est très frais et la petite touche d'electro qui agrémente les morceaux est très intéressante. Une bonne façon de réveiller le public qui, a 3H du matin, commence à ressentir certains effets : la fatigue pour certains, l'alcool pour d'autres...


TOP 5 samedi
1 : Depeche Mode
2 : Morrissey
3 : Infadels
4 : Coldcut
5 : I love UFO


Dimanche :
Dernier épisode de la trilogie des 18ième Eurockéennes de Belfort. Et la fatigue commence à pointer le bout de son nez. Mais pas de quoi ternir l'enthousiasme provoqué par la programmation de cette journée dominicale : Sigur Ros, Cult Of Luna, Mogwai, Archive, Muse... Ca ne laisse pas indifférent.

Après quelques errements de début d'après-midi (une petite dose de hip hop culte avec Blackalicious sur la Grande Scène, une pincée de glam/rock avec My Baby Wants To Eat Your Pussy ( !!!) à la Plage et un zeste d'indie rock étrange avec Islands sur le Chapiteau), le premier vrai concert auquel j'assiste est celui d'Art Brut : un groupe de rock assez simpliste mais possédant des refrains enjoués. Le chanteur fait preuve de beaucoup de dérision sur lui-même et sur son groupe, se foutant par la même des nombreux artistes dont les chevilles enflent à vue d'œil. Et puis un groupe qui commence son set par reprendre 20 secondes du Back In Black d'ACDC ne peut définitivement pas être un mauvais groupe.

Puis 20H10. Mogwai sous le chapiteau. Grosse claque. Très grosse claque. Un son énorme, le post-rock à son paroxysme : des passages lents, mélodiques et minimalistes et des montées d'adrénaline très puissantes, lourdes et ultra-saturées ; à tel point que Mogwai ridiculise sans peine une bonne partie de la scène metal. Le groupe pratique avec brio l' " autiste attitude ", à savoir aucune communication avec le public (si ce n'est de très timides remerciements) mais, au final, cela sied parfaitement avec le post-rock schizophrène du combo. Le seul regret de ce concert sera finalement de ne pas avoir vu le groupe joué en pleine nuit, où les éclairages auraient certainement pu apporter une ambiance supplémentaire aux morceaux des Ecossais.
Setlist de Mogwai :
???
Travel is Dangerous
Hunted by a Freak
Mogwai Fear Satan
Summer
Ithica 27 o 9
Friend of the Night
Ratts of the Capital
Glasgow Mega-Snake
We're No Here
My Father My King

Pas forcément très connu en France, Archive était programmé sur la Grande Scène. Mélange de rock et de trip-hop avec des morceaux chantés en alternance par deux des membres du combo, les Anglais livreront un concert honnête mais quelque peu inégal. Le groupe quittera la scène après les 10 minutes de Again, un morceau absolument fabuleux, qui prend une dimension encore supérieure en live, mais qui surnage dans le répertoire des Anglais. Il est d'ailleurs surprenant de voir à quel point tout le monde attendait ce titre. Et il y a fort à parier que c'est le seul morceau dont tout le monde parlera le lendemain à la machine à café.

A 22H50, Sigur Ros, les petits prodiges que le programme officiel qualifiait de pop lyrique, entrent en scène, très attendu par le public. Le groupe joue son premier morceau derrière un rideau blanc et éclairé de dos -on ne voit donc que leur ombre (Korn démarrait ses concerts de la même manière il y a quelques années)- puis le rideau s'ouvre. On découvre les 4 musiciens du groupe : un claviériste, un bassiste, un batteur et un chanteur/guitariste (qui joue de sa guitare avec un archet !!). On y découvre également un quatuor à cordes et un quintet à vent (saxophone, trombone, etc.) afin de donner une dimension plus épique à la musique de Sigur Ros. Cela donne un concert magique et très prenant, dont tout le monde se souviendra, même les novices " sigurossien ". Des images d'ambiance projetées sur un écran géant derrière le groupe illustrent la musique féerique des Islandais : des poussières d'étoiles, des enfants qui jouent dans des flaques d'eau, des visages de poupées, des regards furtifs, etc. Une vraie expérience. Assurément un des concerts de ces trois jours.
Setlist de Sigur Ros :
Glosoli
Ny batteri
Saoglopur
Hoppipolla
Mea bloanasir
Olsen Olsen
Sé lest
Vidrar vel til loftarasa
Untitled 8

Tête d'affiche de ce dimanche, Muse a sortit la grosse artillerie. Décor futuriste, gros son et tubes à la pèle. Les premiers rangs sont totalement conquis à la cause des Anglais et chantent les refrains avec Matthew Bellamy. Il faut reconnaître que le show est nettement meilleur que lors de la première prestation du groupe à Belfort, où les envolées vocales aiguës pas toujours très maîtrisées de Bellamy avaient fait grincer quelques dents. Autant les anciens morceaux m'interpellent et me bottent bien (New Born par exemple), autant les nouveaux me laissent totalement de marbre. Je m'éclipse donc après 45 minutes de concert pour rejoindre La Plage.

Une Plage où Cult Of Luna s'apprêtent à donner un concert écourté, le groupe étant arrivé en retard en raison d'un problème de transport (décidément le groupe n'a pas de chance, le même type de souci lui étant arrivé au Furyfest l'année dernière). Malheureusement, les Suédois joueront devant un parterre dégarni, la très grande majorité du public étant venue pour Muse. Quel dommage d'avoir mis un aussi bon groupe à cette heure là !! Après un premier morceau de rodage (le groupe n'ayant pas eu le temps de faire de balance), le set se met doucement en place. Comme sur CD, le concert est tout en contraste. On passe ainsi de moments très gras et heavy à souhait (forcément trois guitares, ça masse !!) et des moments plus trippants et intimistes. Une bonne conclusion à ces trois jours.
Setlist de Cult Of Luna :
Finland
Adrift
Back to Chapel Town
Echoes
Dark city, Dead man

TOP 5 dimanche :
1 : Mogwai
2 : Sigur Ros
3 : Cult Of Luna
4 : Muse
5 : Archive


Top 5 ultime de l'édition 2006 des Eurockéennes de Belfort :
1 : Daft Punk
2 : Mogwai
3 : Sigur Ros
4 : Deftones
5 : Cult Of Luna

Un classement qui a quand même de la gueule !


Dans une interview donnée au lendemain du festival, un des organisateurs s'est d'une part félicité du succès de cette édition (les trois jours ont affiché complet rameutant plus de 100000 personnes), et d'autre part a annoncé qu'il travaillait déjà à la programmation de 2007 et qu'il avait en projet de créer une manifestation hivernale des Eurocks.  On en salive déjà, les images de cette édition de 2006 dans la tête.

Damien Pontus (Octobre 2006)

le site officiel des Eurocks, pour retrouver du son et des photos

 

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