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Alcest, Birds in Row, Kaelan Mikla à Paris (Machine du Moulin Rouge, 07/03/2020)
Cela fait maintenant bientôt deux mois que nous sommes confinés. Si, en plissant les yeux, on peut commencer à voir la lumière au bout du tunnel, il est difficile de dire quand l'industrie musicale se sera complètement remise du Coronavirus, tout particulièrement les concerts. Pour humblement aider nos lecteurs à patienter que les salles ouvrent à nouveau leurs portes, voici notre compte-rendu d'un des derniers concerts d'envergure avant le début du confinement et probablement plusieurs mois à venir : le passage parisien d'Alcest, la dernière date de la tournée européenne pour soutenir la sortie de leur nouvel album Spiritual Instinct.
Kaelan Mikla
Nous arrivons à la fin du set de Kaelan Mikla, formation islandaise avec une approche assez originale d'une darkwave mâtinée de guitare basse avec une approche post punk : très en avant dans le mix et jouant presque le rôle d'une percussion. Leur utilisation des claviers et des boîtes à rythmes sort peu des sentiers battus desdits genres mais c'est surtout avec leur chant éthéré et plaintif que Kaelan Mikla arrivent le plus à marquer les esprits. Alors que leur performance se termine, il est un peu difficile d'avoir un avis définitif et vraiment développé sur le groupe, mais le trio aura tout de même su piquer la curiosité de l'auditeur.
Birds in Row
La présence de Birds in Row sur cette tournée était on ne peut plus logique avec la succès de leur dernier album We Already Lost The World, rédéfinissant leur propre son qui mélange post-hardcore et punk hardcore, qui aura vu les français tourner aux Etats Unis en compagnie d'Amenra, Converge et Neurosis, rien que ça ! Même si on sent que l'influence de Converge pèse encore sur le trio, il se démarque avec des compositions polies non sans être bourrées d'énergie, ce que l'on retrouve dans l'attitude scénique des musiciens. Le set étant axé sur le dernier LP du groupe, nous avons l'occasion d'entendre plusieurs morceaux en chant clair, bien maîtrisé par Bart Hirigoyen.
On peut sentir que c'est la dernière date de la tournée, l'exécution des musiciens allie parfaitement précision et rage, ce qui se reflète également dans le son, précis et équilibré de façon à donner une place égale à chaque instrument. On peut juste regretter que le volume soit un peu faible, donnant l'impression que l'on est loin de la scène alors qu'elle est pourtant très proche. Ce set est également l'occasion pour Birds in Row de bousculer un peu plus les genres musicaux dans lesquels on a l'habitude de les classer, notamment avec 15-38, son chant clair et sa guitare légèrement distordue qui rappellent le meilleur de Cave In. Bref, Birds in Row a ce soir une fois de plus confirmé tout le bien qu'on dit d'eux en France comme à l'étranger.
Alcest
Le succès de cette nouvelle tournée d'Alcest en tête d'affiche est un témoin de leur succès toujours grandissant en Europe et maintenant établi en France, après des années à avoir eu nettement plus de visibilité à l'étranger. On a rarement vu la Machine du Moulin Rouge aussi blindée ces dernières années, si bien qu'il vallait mieux rester à sa place pour espérer voir quelques choses dans la fosse après Birds in Row. Le groupe entame son set sur Les Jardins de Minuit, qui révèle les musiciens dans une forme impériale. La section rythmique constituée par Indria à la basse et Winterhalter à la batterie soutient à merveille le duo de guitares de Neige et Zero, nous embarquant dans un voyage mystique de presque huit minutes qui passent à une vitesse folle. Comme on s'en doutait à l'écoute du disque, les nouveaux morceaux d'Alcest sont taillés pour la scène, tout particulièrement le très dansant Sapphire et l'énergie explosive de Protection, qui voit Alcest exploiter la lourdeur des guitares comme jamais dans leur carrière, une excellente idée qu'ils poursuivront par la suite, on espère. On remarque par contre rapidement un certain étouffement dans le son à notre emplacement, alors qu'Alcest sont en général servi par une mise en son impeccable. Peut être que ce sont les conséquences des contraintes de volume en vigueur depuis le rachat de la salle par le Moulin Rouge pour ne pas perturber les répétitions et l'activité du cabaret, d'autant plus que le concert avait lieu un samedi, avec beaucoup de public donc.
Le son s'améliore à partir de Oiseaux de proie, ce qui nous permet de profiter d'un des meilleurs titres d'Alcest, Ecailles de Lune Pt. 2, long, dynamique et puissant, laissant une nouvelle fois Neige prouver au public qu'il a une des plus remarquables voix hurlées de la scène metal. On peut d'ailleurs noter qu'une bonne partie du public ne semble pas connaître ce classique, laissant supposer que certains spectateurs ne sont familiers qu'avec les albums récents de la discographie d'Alcest. La formation joue ensuite Kodama avant de partir en rappel, l'occasion pour Neige de saluer leurs compagnons de tournée Kaelan Mikla et Birds in Row. Visiblement touché par l'accueil très chaleureux que leur a réservé le public, le groupe revient sous les ovations pour terminer son set avec Là où Naissent les Couleurs Nouvelles et la sempiternelle Délivrance. Une nouvelle fois, c'est une belle performance pour le quatuor français, il nous tarde déjà de les revoir avec une nouvelle setlist, ce qui, on l'espère, sera pour bientôt.
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