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Envy, Svalbard le 15/11/19 Paris (La Maroquinerie)
On ne sait pas trop ce qui s’est passé en cette fin d’année sur Paris, s’il y a eu une réduction sur les billets d’avion entre le Japon et la France, toujours est-il que l’on retrouve à quelques jours d’écarts trois formations japonaises prestigieuses et sans doute les plus représentatives du Japon dans les scènes qui nous intéressent à savoir Mono, Boris et Envy. Le retour en France de ce dernier était des plus attendu, ce soir à la Maroquinerie. En effet, la date affiche complet depuis des mois, surtout après le bouche à oreille de leur incroyable concert au Hellfest cette année qui aura bouleversé l’assistance (franchement voir des gens sortir de ce concert les larmes aux yeux, ça n’arrive pas tous les jours). Bref, on aurait été bête de passer à côté de ce retour sur la capitale. En avant pour la chiallance.

La dernière fois que j’ai vu Svalbard c’était à l’Espace B en 2017, mais sans Serena, la chanteuse / guitariste, qui ne pouvait être présente sur cette tournée. Chose réparée ce soir donc. Je me souvenais d’un groupe qui sonnait très Hardcore / Punk avec une grosse d’ose d’énergie et d’émotion rageuse. C’est aussi le cas ce soir, mais avec une tournure plus métallique notamment dans la rythmique, mais certains riffs qui font très Post-Metal / Post-Rock aussi, notamment sur le terrible Revenge Porn et son final très beau et triste. C’est assez étonnant chez Svalbard, cette manière d’aborder des thématiques sociales parfois très dure (le féminisme, l’avortement, la violence sur les animaux) avec forcément beaucoup de rage et de colère, mais aussi un aspect plus doux dans les mélodies et certains passages aériens. Peut-être une manière de faire redescendre la pression et d’ « alléger » le propos ou leur musique parfois tragique. Sur scène, le groupe est impeccable, et je suis content de voir le groupe avec Serena car sa voix (et les thématiques qu’ils développent) apportent un truc en plus, comme si on se sentait encore plus impliqué dans leur musique. Serena est d’ailleurs très heureuse de cette tournée avec Envy et remerciera avec humilité et passion, les japonais. Le public, déjà, très nombreux, en ressort conquis et nous aussi.

La Maroquinerie est bondée bien avant qu’Envy ne monte sur scène. Il fait une chaleur qu’on prendrait la température extérieure parisienne pour un climat du Pôle Nord. Les japonais entrent sur scène sous les applaudissements et des cris d’excitation. La fosse ne tient plus en place et c’est le déchaînement quand les premières notes de Chain Wandering Deeply du fameux A Dead Sinking Story résonnent. En un titre, Envy vient de mettre le feu aux poudres. Les gens se bousculent gentiment, certains chantent même les paroles en japonais ! Footsteps In The Distance fait redescendre doucement la pression, sauf quand explosent les refrains imparables. Il y a une ferveur et une bonne humeur qui se dégage de ce titre et qui fonctionne à merveille en concert. D'ailleurs le son est plutôt bon, Tetsuya est excellent vocalement parlant, autant dans ses hurlements déchirants que dans ses passages chantés en voix claire ou spoken word et les trois guitares sont convenablement réglées pour que l’on puisse apprécier riffs Post-Hardcore et mélodies Post-Rock. Le moment tout doux du concert arrive avec Scene, à la mélancolie palpable. Si tu ne pleures pas sur ce titre, c’est que tu n’as pas de cœur. Pas mal de titres du prochain album sont joués ce soir avec notamment Marginalized Thread et Dawn And Gaze déjà dévoilé dans l’ep Alnair In August ainsi que A Faint New World et la magnifique conclusion de cet album et qui sera la conclusion de leur set également avec le très envoûtant A Step In The Morning Glow. Plusieurs fois on fermera les yeux pour se laisser bercer par ces mélodies Post-Rock, plusieurs fois notre cœur se serra en attendant les hurlements à vif de Tetsuya. Mais il y a chez Envy une volonté de dépasser cet apitoiement, de ne pas rester uniquement dans le chagrin. Il y a cette rage communicative, cet exutoire, cette envie d’aller mieux. Il y a beaucoup d’amour dans la musique d'Envy au sens noble du terme, romantique même et c’est ce que dégagent les musiciens sur scène ce soir. Si on rajoutes à cela le titre Go Mad And Mark issu de A Dead Sinking Story, mais surtout un rappel sur A Warm Room, magnifique à en crever, et la fantastique explosion finale de Farewell To Words qui renversera la salle dans un ultime assaut désespéré, on tenait là, la setlist et l'enchaînement parfait. Envy a peut-être perdu un petit peu, de la surprise (personne ne s’attendait à un tel déferlement) et de l’incroyable aspect émotionnel qu’il y avait cet été au Hellfest, mais a gagné ce soir en énergie brute, viscérale et un superbe accueil du public parisien. Difficile aussi de se laisser autant aller quand on est dans une salle bondée, serré entre 4/5 autres personnes avec une chaleur étouffante, mais tout de même c’était un superbe concert. On prend rendez-vous directement en terre Clissonnaise puisque les japonais reviendront nous saluer l’été prochain et on a une nouvelle fois très très hâte de les revoir.
Merci à Kongfuzi pour l'invitation. Les photos de Florian Denis sont à voir par là.
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