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Slasher Metal Fest @ Le Phare (Toulouse)
Il est très, trèèèèès compliqué moi pour moi de me rendre au Slasher Metal Fest ce samedi 27 avril. Déjà, la salle où ça a lieu ne m'évoque qu'un vague "meh". Même si ça fait plusieurs années que je n'y ai pas mis les pieds, j'ai le souvenir d'un endroit plutôt prévu pour des spectacles de stand-up ou de la musique acoustique, et que les quelques concerts un peu énervés que j'y ai vus étaient tous, sans exception, vraiment mal sonorisés. Ajoutez à ça une heure de transport en commun pour se rendre au fin fond de la banlieue toulousaine, et on obtient de bons gros à-prioris sur ce qui va se passer. En prime, quand je parlais de complication, c'est aussi parce que la veille au soir j'ai subi une cuite-surprise dont je me remets laborieusement. Or, le coup d'envoi était à 17h du matin, c'est à dire bien trop tôt pour moi.
J'arrive sur place vers 17h20 où je constate une toute petite file d'attente devant les portes du Phare. Impossible de trouver un running-order sur le net, mais en fait le premier groupe entame son set à 18h, et à 17h30 les portes ne sont pas encore ouvertes. Du coup, je n'ai vraiment pas compris pourquoi l'horaire affiché par l'événement Facebook m'a fait écourter ma sieste-décuvage. Bref. Comme je le disais, on doit être 200, à la louche, quand nous entrons enfin dans la salle. Celle-ci est d'ailleurs en configuration très restreinte, un lourd rideau ferme quasiment la moitié de la surface de la salle principale. Dehors, c'est tout aussi triste : un seul foodtruck et un seul stand de tshirts / patches / bijoux ont répondus présents.
Assez tergiversé sur le pourquoi du comment, on est pas là pour épiler les kiwis et Overcharger commence déjà. Pendant quarante minutes, les Bordelais vont envoyer un lourd mélange de Groove Metal, de Hardcore, et de Thrash à la Testament / Exodus, le tout avec un léger assaisonnement sudiste / redneck / bayou. Si les compos marchent bien, tout est sonorisé vraiment très fort, le son de la guitare est ultra brouillon, et celui de la basse est super claquant (on entend plus le son des attaques des cordes que le son des notes jouées). Et puis, à leur décharge, on n'aide pas : le public est principalement caractérisé par le terme "absent". On imagine très bien à quel point ce doit être compliqué pour le quatuor de s'investir dans un tel concert. Le vocaliste fera quand même tout son possible pour nous faire croire qu'il y croit ("merci d'être si nombreux blablabla"), mais il va un peu trop loin quand il demande un circle pit. Sérieusement, on est trois rangs devant la scène, plus un peu de clairsemé derrière. Zéro succès sur ce coup-là, en toute logique. On se rattrape à ce qu'on peut : les quelques lignes en chant clair vers le milieu du set sont une bonne surprise, l'intro de Whispers tape dans le Post-poisseux pour diversifier un peu le set. Mais globalement, Overcharger n'arrive pas à convaincre. Le contexte n'ayant pas aidé, on accorde le bénéfice du doute aux Bordelais. Affaire à suivre pour se refaire une idée mieux définie de leurs titres, qui doivent mieux marcher dans une salle plus petite et plus propice à la bagarre.
Volker prend la suite, pile poil à 19h, eux aussi pour quarante minutes. A priori, selon l'un des techniciens croisé sur place, seul Leprous a fait une véritable balance, et les vingt minutes de changement de plateau serviront aussi de line-check, ce qui pète un peu l'effort du groupe dans son entrée en scène : on vous a vu faire vos réglages y a trois minutes, pas la peine de la jouer mystique... Si le Slasher Metal Fest a quelque chose pour lui, c'est bien la diversité de sa programmation. Avec Volker, on part sur tout autre chose, qu'on pourrait décrire par une sorte de Rock Indus un peu vénère, ou de Metal Indus un peu simple. Comme du Pain, auquel on aurait changé le chant pour des voix féminines mi-claires mi-hurlées. C'est en effet une sorte de Cruella Denfer version XS qui tient le micro, tout en se tortillant partout et en sautillant en continu. Et devinez quoi ? Ça fonctionne ! Si les quatre mecs se contentent d'headbanguer un peu, l'énergie de la chanteuse commence à être contagieuse, l'ambiance et l'affluence sont gentiment en hausse. Tout ça continue de macérer pendant quelques titres encore, avant d'éclater sur Dragula (la reprise de Rob Zombie), où on assiste au premier vrai poguito (c'est un petit pogo) de la soirée. Côté sonorisation, on fera mentir nos préjugés sur la salle, car pour Volker tout sonne bien plus propre que lors du set d'Overcharger. Un son précis, agréable, qu'on doit semble-t-il à des aménagements récents ainsi qu'à la location de matériel par l'orga, et qui sera à partir de maintenant une constante sur tous les groupes. Dommage pour les chauffeurs de salle, mais très bon point pour la suite. Avant que Volker ne termine son set (par un passage lancinant, massif, écrasant, quasi Post-Black et plus intéressant à mes yeux que le reste de leur set, des goûts et des couleurs), on ne peut s'empêcher de remarquer le détail qui tue : les baguettes du batteur sont assorties aux cordes du bassiste, vertes fluo. Tout est dans le soin du détail, on vous dit.
On a un souci technique lors du changement de plateau entre Volker et Nervosa, et la pause entre les deux groupes est deux fois plus longue que la précédente. On assiste à un remplacement d'ampli guitare, alors que la communication semble HS entre le personnel sur scène et le sonorisateur à la régie. Pendant ce temps, la playlist diffusée semble ne comprendre que 4 titres en boucle (rien que sur ce changement de plateau j'ai entendu Undertow et Sober (de Tool, bien sûr) quatre fois chacune, j'ai compté). Et la queue aux toilettes est colossale, celle au foodtruck pire encore. Autrement dit, on a déjà vécu des intermèdes plus funky.
Cependant, quand Nervosa prend enfin possession du Phare, tout le monde comprend que s'être faites attendre les aide à mieux tout défoncer. Le son est si fort qu'il décoiffe presque autant que le ventilateur aux pieds de Fernanda Lira, la bassiste-chanteuse. Elle est la seule du trio à avoir un véritable jeu de scène, et si on éditait un dictionnaire des gens en colère, la frontwoman en serait indéniablement l'illustration de couverture. Quand elle ne chante pas, elle harangue la foule rageusement (oui parce qu'à partir de maintenant il y a enfin assez de monde pour parler de "foule"). En revanche, ses comparses ne prennent même pas la peine de donner de la cervicale, se concentrant sur leur jeu technique et incisif. Les brûlots Brutal-Thrash sont exécutés avec précision et hargne, confirmant que malgré une carrière pas si longue que ça et à peine trois albums au compteur, Nervosa est vraiment un groupe à prendre en compte très sérieusement comme un grand de la scène Thrash. Le son est propre mais presque inconfortable tellement il est fort (osef des limites légales), ce qui colle avec l'état d'esprit des Brésiliennes : plus vite, plus fort, et surtout plus vénère. Bien entendu, tout ça dégorge sur l'assistance qui y va de nombreux crowd-surfs et circle-pits. Intolerence Means War ou encore Vultures sont véritablement le théâtre de quasi-émeutes, mais l'apogée de ces cinquante minutes de chaos est le titre final, fait pour ça : Into Mosh Pit. Même la guitariste secouera un peu la tête et aidera Fernanda Lira à foutre le zbeul.
21h45, Leprous investit une scène toute enfumée et plutôt sombre avec Bonneville. En plus des qualités indéniables de la sonorisation, l'exécution est parfaite. La ligne de basse complexe et intime des couplets est juste folle, le bassiste et les guitaristes prodiguent des harmonies vocales incroyables, le chant d'Einar Solberg est magique, même si nous ne pourrons qu'entendre sa voix claire. En effet, aucun titre pré-Congregation ne sera joué et les quelques morceaux récents où ça crie seront ignorés. Dommage pour les excellents Red et Rewind. Lorsqu'il ne chante ni ne joue du clavier, le frontman devient épileptique dans son jeu scénique. Il rappelle ainsi que Leprous reste un groupe de Metal, car autour de moi j'entends des néophytes dire que "ouais le Rock un peu prog ouais c'est pas mal aussi ouais", et l'ambiance est effectivement vraiment passée à l'introspection et à l'intimiste. Quelques passages dynamisent le set (The Price, Stuck, From The Flame), mais on reste quand même globalement sur une prestation subtile, à fleur de peau. Sur moi, ça marche complètement, et je dois même avouer que plus je vois ce groupe, plus j'accroche à cet univers obscur, précieux et mélancolique. En plus des titres de Malina et de The Congregation, Leprous profite d'être là pour proposer Angel, sa reprise de Massive Attack, ainsi que leur récent single Golden Prayers. On notera aussi une légère variation par rapport à la version studio à la fin de The Flood, où les syncopes et l'irrégularité rythmique laissent place, l'espace de quelques instants, à des croches toutes simples qui donnent à un des derniers refrains une dimension accessible toute nouvelle. La bande à Einar Solberg termine son set par un From The Flame incroyable d'émotion, comme le reste. Une prestation de plus d'une heure qui aura filé comme un tout petit quart d'heure à mes yeux, j'en aurais bien repris un peu plus.
Depuis le début, une toute petite scène, toute recouverte de bâches, attend sur le côté de la salle. Cinq minutes après la fin du set des Norvégiens, les lumières se tamisent et du bruit se fait entendre dans ce coin-là. Les Nécrophages entrent en scène. Il s'agit d'une sorte de spectacle gênant à base d’accessoires de train fantôme. Tous les clichés sont là : psychopathe à tronçonneuse, jets de faux sang, meufs à poil qui se tartinent d'organes dégoulinants, longue scène de torture d'une innocente qui se débat (bien entendue - et heureusement - une comédienne de la troupe elle aussi), bande son à base de pluie, de clochers lointains, de chuchotements en mode film d'horreur, ou de dissonances à la "freak circus"... Exactement tout ce qu'on aime (non). Trente minutes de malaise dispensable.
Au moins, ça meuble pendant le changement de plateau. Quelques minutes après la fin de la prestation des Nécrophages, Steel fuckin' Panther (comme ils le disent si bien eux-mêmes) investit les lieux avec une intro à la batterie, sans batteur (sample / 20). Ce doit être la troisième ou quatrième fois que je vois Steel Panther en concert, et je sais donc à quoi m'attendre. Et franchement, le côté "sketch" est toujours aussi idiot et amusant. Le groupe a dû passer un tiers de leur temps sur scène à ne pas jouer de musique, mais à faire des blagues, se faire des passes avec un chapeau en se vantant d'être le groupe qui fait le moins tomber de chapeau au monde, à gueuler en français "nichooonnns" ou "j'aime la chatte", à se présenter de façons grandiloquente et crétine... et c'est génial. On remarquera une jolie pile d'hommages (ou de foutages de gueule) : le batteur est soi-disant le meilleur imitateur de Rick Allen (Def Leppard), et le prouve en faisant un court solo avec un seul bras ; une parodie de Slayer est improvisée (ils ont juste joué très vite et très fort en criant dans le micro) ; le guitariste explique qu'il est une parfaite doublure de Randy Rhoads et lance Crazy Train, alors que le chanteur se déguise en Ozzy Osbourne... Vraiment, c'est débile et donc excellent. Steel Panther, où comment à la fois aller voir un groupe de Rock ET un spectacle de stand-up. Oui, mais. Les Américains ne se contente pas de faire les pitres, ils ont aussi un côté pervers forceur, qui m'a semblé plus poussé que les précédentes fois où je les ai vus jouer. Comme à chaque fois, le groupe a fait monter sur scène une jeune fille, sauf que cette fois, il m'a semblé qu'elle ne voulait pas se prêter au jeu, et Satchel a dû expliquer que le concert ne pouvait pas continuer si elle ne venait pas sur scène (ben tiens). Après un Girl From Oklahoma pendant lequel Michael Starr chantera le refrain ("so come on pretty baby, suck my balls all night", etc) en dévorant du regards la désignée volontaire, celle-ci cherche visiblement à redescendre de la scène mais le groupe l'en empêche, en enchaînant par Seventeen Girls In A Row, titre pour lequel ils font monter seize filles de plus sur les planches (dont la chanteuse de Volker, tiens). Les incitations à l'effeuillage se font lourdes et régulières, et certaines des filles finiront par céder. Si celles qui se dévoilent ainsi semblent tout sourire, contentes de le faire, certaines autres danseuses improvisées restent en retrait (et habillées), dont la première jeune fille à être arrivée sur scène. Peut-être que je me trompe. Peut-être que tout ça était bien plus bon-enfant que je ne le pense, et d'ailleurs ça m'avait moins choqué les premières fois que j'ai vu Steel Panther jouer. Peut-être que je vieillis, que je deviens un coincé du cul qui ne sait plus s'amuser. Peut-être que la jeune fille invitée à rejoindre le groupe était bien moins gênée que je ne le pense. Mais peut-être aussi que les Américains vont trop loin dans le forcing, peut-être que s'ils tiennent à ce que des nanas se dessapent sur scène, ils devraient engager des figurantes pour ça au lieu d'imposer à des filles récalcitrantes de tomber le haut. C'est peut-être moi, c'est peut-être eux, en tout cas ça m'a réellement dérangé. J'étais sur le point de partir, ayant décidé de ne plus cautionner ça, quand Steel Panther a terminé de jouer. S'ils ont fait un rappel, je n'y ai pas assisté, mais honnêtement j'en ai assez vu.
Les photos sont signées Chazo. La galerie complète est visible ici. Merci à Clément de BASE Prod pour nos accréditations.
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Je dois avouer que j'étais moi aussi peu ravi de retourner au Phare, craignant un son catastrophique. Y'a du mieux, au moins je suis resté jusqu'à la fin contrairement à d'autres fois où je me suis tout simplement barré tellement le son était insupportable. Par contre l'organisation de ce fest était lamentable ! Deux groupes annulés (Soen et Porn) en février et qui n'ont pas été remplacés (sans changement dans le prix du billet). Aucun groupe toulousain à l'affiche (c'est pas ce qu'il manque pourtant et même des très très bons). Le spectacle des Nécrophages complètement dispensable effectivement... Et j'ai ressenti la même gène lors de Steel Panther.
Je tiens à confirmer que la situation bouffe/merch était minable et surtout, la sécurité à l'entrée de la salle était une des pires que j'ai connues. J'ai entendu plusieurs personnes s'en plaindre et j'ai un ami, venu à moto, qui s'est vu refusé l'entrée car il avait son casque. "Je vais le laisser au vestiaire", "ah mais y'a pas de vestiaire monsieur, je vous laisse pas rentrer". Nickel les gars, c'est juste une salle avec une jauge de 3500 personnes (certes réduite ce soir-là) et le vestiaire existe bien physiquement, mais c'était peut-être trop demandé de l'ouvrir... Y'en a toujours un dans des salles comparables comme le Metronum et le Bikini et même dans les petites salles type Rex ou Usine à Musique.
Une soirée très mitigée pour moi, surtout à cause de l'orga et des annulations (d'ailleurs la communication était pas au top non plus, il fallait creuser pour découvrir pourquoi Soen et Porn avaient disparus de la banière FB du festival). Si une seconde édition a lieu, il faudra un line-up solide ou un prix plus attractif pour me faire bouger jusqu'au Phare.
ps: juste pour pinailler, Leprous a joué The Valley qui est issue de Coal, mais c'est sans doute celle qui colle le plus au style moins "metallisant" des deux derniers albums. Mais indéniablement le meilleur groupe de la soirée pour moi !