Mastodon, Kvelertak (13.02.2019) Casino de Paris

Mastodon étaient donc de retour à Paris, avec depuis leur dernier passage, une nouvelle sortie sous le bras, l'intéressant EP Cold Dark Place. Avec Kvelertak et Mutoid Man, dans le cadre pour le moins inattendu du Casino de Paris, il y avait de quoi attirer le chaland.

Mutoid Man

Metalorgie s'excuse de ne pas être arrivé à temps pour assister au concert de Mutoid Man. Heureusement, notre photographe y était pour en tirer quelques beaux instantanés !





Kvelertak

On ne va pas se mentir, Kvelertak a toujours plus ou moins été une arnaque, et ce dès le premier album. Quelques bons riffs, des guests de prestiges et un artwork de toute beauté signé John Baizley (Baroness) cachaient une baleine sous un gravillon : leurs compositions sont souvent bancales, formatées comme du ACDC circa Black Ice



Et pour embellir le tableau, Erlend Hjelvik, chanteur original du groupe, s'est fait la malle, pour laisser la place à Ivar Nikolaisen, un espèce de clochard doté d'un charisme d'huître et d'une voix complètement inoffensive. Voici d'ailleurs une preuve que notre impression avait une petite base factuelle : Ivar a été batteur pour Skitliv, duo dérangé formé par Niklas Kvarforth (Shining) et Maniac (Mayhem), une expérience recommandée pour devenir expert en scarification et accroc à tout type de substances. Pour conclure cette diatribe, laissons la parole à Simon Louchet, expert émérite en bagarre de fosse "Kvelertak s'est daronnisé comme jamais... Je me souviens de l'époque où le chanteur (le vrai) frappait le public avec ses pieds de micro ou décochait des balayettes de forains aux agents de sécurité qui l'empêchaient d'aller dans le public... Aaaah, c'était le bon temps, celui de la sueur, du bourre-pif et du tacle derrière les amygdales.‎" 


Mastodon

Mastodon s'est longtemps traîné une sale réputation en concert, à grands coups de son horrible et de chants plus proches de l'australopithèque que de l'homo sapiens sapiens. Ces jours sont maintenant finis, et on les voit régulièrement donner de belles voire très belles performances, comme l'année dernière à l'Elysée Montmartre en compagnie de Scott Kelly (Neurosis). Mais tout porte à croire qu'ils sont dans une forme encore meilleure ce soir. Le son est pour le coup bon voire excellent, laissant bien entendre les riffs lourds et/ou complexes de Brent Hinds et Bill Kelliher tout comme les divins fills de batterie signés Brann Dailor. Seul petit hic d'ingé son, la voix de Troy Sanders est un peu en retrait dans le mix mais certainement pas de quoi gâcher la fête. 




Au menu, un set plutôt différent de la dernière parisienne, avec plus de titres répartis sur l'ensemble de la carrière du groupe, notamment le retour de March of the Fire Ants, qui nous rappelle à quel point Remission est un album excellent. Steambreather est chanté à tue tête par le public, attestant que ce titre est bel est bien devenu un tube, un nouveau classique de Mastodon, et on voit mal de quoi bouder son plaisir devant cette sorte de réinterpretation très rock des Melvins. La setlist est tout de même axée sur Leviathan avec pas moins de cinq titres joués, et il est difficile de ne pas apprécier Iron Tusk, I Am Ahab ou Megalodon, des incontournables du groupe. Nous avons même droit à du nouveau et à un changement de programme : la méconnue mais hymnique Toe to Toes tirée de Cold Dark Place et Precious Stones qui cède la place à Black Tongue, et nous y gagnons au change, tant cette dernière est la quintessence de ce que propose Mastodon depuis The Hunter, un titre aux mélodies simples et efficaces, mais pas simplistes. A la voix, Brent, Brann et Troy s'en sortent avec les honneurs, même si on sent le bassiste sur la réserve. 



On arrive rapidement à la dernière partie du set, réservée normalement aux chansons avec Scott Kelly. Le chanteur/guitariste de Neurosis n'étant pas présent sur la fin de la tournée, c'est Troy qui se charge de ses parties, et il s'en sort très bien, réinventant ces voix agressives à sa manière bien gutturale. Pas de Diamonds in The Witch House, qu'ils jouent normalement à trois guitares sur scène, mais une très belle interprétation de Crack The Skye, qui sera d'ailleurs bientôt joué en entier sur une tournée américaine.




Mastodon est donc en pleine possession de ses moyens pour proposer un concert de grande qualité sur une vingtaine de titres, dans le beau cadre du Casino de Paris. On regrettera tout de même leur prise de position ambiguë, pour ne pas dire de mauvaise foi, sur le prix des billets, passant de 35 euros en 2017 à plus de 50 euros cette année. Ça plus le merch à un prix toujours élevé (35 euros le t-shirt pour donner un ordre d'idée, les mêmes prix que des groupes qui jouent au Zénith). Certes, même si on peut imaginer qu'il est plus cher de jouer au Casino de Paris qu'à  l'Elysée Montmartre, la grogne des fans reste compréhensible malgré tout. 

Neredude (Février 2019)

Photos par Florian Denis (site web // facebook)   

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