Cult Of Luna + Overmars le 6/05/06

Voilà, ça y est, tout est déjà fini...est-ce arrivé ? Etait-ce un rêve ? Je ne sais plus trop, mes souvenirs sont vagues, mon esprit embaumé… Pourtant les preuves sont là : des photos sur mon appareil, le billet de concert dans ma poche, mes cheveux gras collés à mon front, un t-shirt qui sent le neuf, et un sentiment de bien être absolu. Cette attitude hagarde qui subsiste depuis hier soir, l’impression d’avoir vécu quelque chose de grand, de l’avoir ressenti de l’intérieur, au plus profond des mes tripes, que mon inconscient soit la seule part de moi-même à porter les traces de cette soirée.

Et je l’attendais cette soirée, depuis ma grosse frustration de ce soir de Juin au Mans, où, traînant les pieds dans le sable fraîchissant d’un festival que l’on ne présente plus, les sirènes de l’ambiance qui allait être l’une des expériences musicales les plus fortes de ma vie s’étaient faites entendre, et ce malgré l’annulation et la grosse déception annoncée quelques heures plus tôt. Un concert reprogrammé à la hâte, certes immensément intense et envahissant, mais qui avait de quoi nourrir bien des regrets et des attentes quand à la suite. Cult Of Luna (car il s’agit bien d’eux) allait-il pouvoir offrir une suite à sa carrière aussi incroyable que ses débuts et me serait-il donné de les revoir dans de meilleures conditions tout en gardant cette intensité bouleversante ?
Pour la première partie de ma question, Somewhere Along The Highway avait commencé de lever mes craintes et l’annonce des ces 4 dates françaises avait alimenté l’espoir de revivre cette troublante expérience.
Vous l’aurez compris, cette soirée du 6 Mai 2006 à Lyon était pour moi, et pour bon nombre de postcoreux (hum), marquée en rouge sur le calendrier, et à ne rater sous aucun prétexte. Rendez-vous au Marché Gare, salle inconnue de beaucoup, et pour cause puisque ouverte depuis quelques semaines seulement, au cœur d’un complexe marchant (désaffecté ?) dans le deuxième arrondissement de Lyon. Replongeons dans mes souvenirs, que j’essaie de vous en parler.

Après une inquiétante expectative au pied des locaux, pas âme qui vive à l’intérieur du bâtiment, relativement peu de monde, les portes ouvrent enfin pour nous laisser découvrir un étage plus haut, une magnifique salle flambant neuve, feutrée et intimiste, bref, un superbe endroit pour accueillir les suédois de Cult Of Luna. Avant cela tout de même, il faut passer par la case Overmars, judicieusement choisis pour assurer la première partie de la soirée.  C’est donc sur This Is Rape que les locaux ouvrent un set en total opposition avec celui des rois de la soirée. La mort, la violence et les pires angoisses sont dépeintes dès l’entrée en scène des membres du groupe, complètement possédés par leur univers artistique des plus effrayant. Ni le chant de Xavier, ni la basse vrombissante, ni les samples horrifiques, ni la base très doom de la musique des lyonnais ne peuvent constituer une corde à laquelle s’agripper pour ne pas tomber dans cet abysse malsain. Cinq morceaux, pas un de plus, pour mettre le public dans un état d'inquiétude infect, à travers un mantra indolore mais très mesquin, accentué par les images projetées en fond de scène, dans un timing parfait avec le set du groupe (et croyez moi, ce n’est pas une mince affaire vu la lenteur de certaines progressions) : explosions, tortures mentales et autres idées saugrenues illustrent à merveille les créations du groupe, défendant évidemment le premier album du combo. Overmars mériterait certainement à lui seul une chronique entière, tant son set était d’une intensité et d’une qualité remarquable, mais au regard de ce qui a suivi, effaçons la classe des français pour une autre envergure, le véritable objectif de la soirée.

C’est ici que  mes souvenirs deviennent flous, à peine remis de l’énorme claque que je viens de prendre que la fumée envahie la salle. Un épais brouillard trouble notre vue, l’ouie se met en éveil, trouble nos perceptions et devient seule maîtresse à bord de nos corps déjà amorphes. Comme sur Somewhere Along The Highway, Marching To The Heartbeats ouvre le bal et des ombres chinoises s’animent au milieu de la brume, saisissant leurs arguments artistiques. Le temps s’arrête, Finland s’enclenche et pose sa délicieuse lourdeur, marquant le début d’un magnifique voyage. La bête suédoise a troqué son intensité sonore, presque dévastatrice, pour une finesse et une délicatesse toutes aussi pénétrantes. Les 3 guitaristes commencent un étrange balais d’enchevêtrement mélodique : pendant que l’un offre un tapis très Oceanic, les riffs des deux autres se complètent à merveille pour offrir un délice de douces tonalités complémentaires. Cult Of Luna devient savoureux et l’on se délecte de la finesse de son nectar tant il est doux et rassurant. Rien ne vient gâcher l’ivresse, pas même l’absence de Klas (pour cause de paternité à assurer) remplacé, qu’à cela ne tienne, par Johannes, guitariste qui assure impeccablement l’intérim, peut-être avec un léger manque de coffre mais qu’importe ; pas même non plus le manque total de communication, qui colle si bien à cette atmosphère fantasmée, nous laissant chacun dans nos bulles à apprécier l’instant, même si toute considération temporelle a perdu toute signification depuis longtemps. Les atmosphères évoluent lentement et magnifiquement, entre douceur post-rock et explosions déchirées (Adrift !), soulignées par un très bon travail sur les lumières, basé sur une succession de couleurs mises en harmonie avec les intentions consécutives de la musique du groupe.
Car Cult Of Luna a gagné en douceur et en finesse, mais a pris de l’assurance dans sa démarche, ne se contentant plus d’offrir des compositions uniquement prenantes et recherchées, mais démontrant également une incroyable recherche du détail, d’équilibre et de perfection. Le moindre son prend de l’importance comme le prouve le travail du machiniste, sur l’introduction métamorphosée de Echoes par exemple : celui-ci se lance dans un ballet bruitiste de bidouillages exécutés grâce au foutoir qui l’entoure, ne sortant pas pour autant une improvisation sans vie mais créant une vraie cohésion précédant l’entrée en lice du titre, au passage bien mis en valeur.

Que dire de plus ? Un set de Cult Of Luna est une virée des sens presque indescriptible, alors à quoi bon en parler des heures, il faut le vivre. On retiendra tout de même le final majestueux de Dark City, Dead Man, achevant une setlist essentiellement axée sur les deux derniers disque des suédois, choisissant les titres les plus légers de leur répertoire sans pour autant mettre de côté le gros son.  En tout cas, on gardera surtout de cette date et plus généralement de ce début d’année que le groupe a prouvé (et ce n’était pas une mince affaire après Salvation) qu’il était capable de se renouveler une nouvelle fois sans tomber dans la médiocrité, apanage des grands.
Une incroyable soirée que celle de Lyon, envoûtante à souhait, avec deux groupes à la classe indéniable dans une salle intimiste à souhait. Sûrement l’un de mes meilleurs concerts, même si je l’ai vécu presque à demi conscient, qui a, à mes yeux, hissé Cult Of Luna au rang de groupe culte.

 

 


 

manulerider (Mai 2006)

Setlist Overmars :

This Is Rape
Buccolision/The Mistaken One - Part II (Geography Is Just A Symptom)
?????
Obsolete
En Mémoire Des Faibles Qui Ont Survécu A Darwin

Setlist Cult Of Luna :

Intro Marching To The Hearbeats
Finland
Dim
Adrift 
Echoes
Crossing Over
Dark City, Dead Man

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