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Les Lunatiques Festivals le 22/09/18 Pacé (Le Goffic)
Quand des acteurs de la scène rennaise s'associent pour monter un événement d'une ampleur assez importante ça donne le festival Les Lunatiques. Une première édition qui se déroulait à Pacé, en périphérie de la capitale bretonne, et qui semble avoir tenu ses promesses. Ca se déroulait à l'Espace Le Goffic, autant dire un endroit que personne ou presque ne connaissait puisque ce n'est pas vraiment le genre d'endroit identifié avec une programmation Rock / Metal dans l’agglomération rennaise. Pour autant, l'endroit rassure, c'est une MJC relativement similaire à celle de l'Antipode sauf que la salle est en sous-sol. De la bière locale au bar, quelques exposant du milieu breton à l'étage (le label Ideal Crash : Lysistrata, Ingrina, Corbeaux, It It Anita et pleins d'autres trucs cool, Mass Prod...), une restauration de crêpes omni / végé / vegan à l'extérieur et c'est parti pour ce qui s'annonce comme une belle soirée.
Ca fait longtemps que je voulais voir comment se débrouille Lord Shades sur scène, surtout que les mecs sont actifs depuis 2001, ont sorti plusieurs albums, mais ne tournent finalement qu'assez peu. Chose rectifiée ce soir et d’une fort belle manière puisque le son est très propre et rend honneur à leur Black / Death mélodique soigné et assez ambitieux. On s’y retrouve tant dans les arrangements que dans les deux guitares aux accents tantôt rythmiques, tantôt mélodiques et la teneur guerrière des morceaux (ainsi que dans leur construction) pourra parfois évoquer Enslaved. Si les titres (à rallonge) fonctionnent souvent en mid-tempo, l’ensemble reste efficace et surtout prenant du début jusqu’à la fin grâce un frontman qui varie entre growl et chant plus criard et aussi par l’ajout d’une voix féminine sur deux morceaux. En bref du bon boulot. On aimerait vraiment les voir plus souvent sur des affiches à la mesure de leur talent.

Je n’écoute pas du Mantra sur album tous les quatre matins, car je ne suis pas particulièrement amateur de Metal Progressif, mais sur scène, le combo rennais a quelque chose en plus. Musicalement déjà on pourrait les situer quelque part entre Tool et d’autres influences plus extrêmes mais aussi psychédéliques, ce qui n’est déjà pas bien commun. Et c’est notamment ce dernier point qui transparaît le plus sur scène avec un chanteur véritablement habité (ou qui en a trop pris) gesticulant et étant dans une transe assez impressionnante. Il ne joue pas sa musique, il la vit. Mais ça serait ne pas rendre honneur aux autres musiciens qui eux aussi sont portés par leur musique, parfois lourde ou plus atmosphérique. A chaque instant ça fait mouche, jusqu’à la toute et géniale fin sur Dead Sun, hypnotique à souhait. Dommage pour le couac technique, car c’est un plaisir de les voir sur scène.
Ayahuasca ont fait le trajet depuis l’Allemagne. C’est le seul groupe étranger à l’affiche ce soir, mais sont trop peu connus dans nos contrées et n’ont qu’un seul ep, Instinct, à leur actif pour le moment, même si un album arrivera d’ici la fin d’année. Des allemands qui seront pas mal attendu pourtant, parce que si le groupe joue un Death Metal Progressif moderne et de bonne facture, ils ont aussi une section rythmique originale puisqu'on retrouve deux percussionnistes en plus du batteur. Les mecs sont contents d’être là, mette une très bonne ambiance dans la foule avec quelques pogos lancés devant la scène et puis leur manière d’agrémenter leurs titres de parties tribales fonctionne bien. Mais le rendu sonore est moyen, les guitares surnagent dans le mix et l’ensemble sonne trop technique et attendu. Bref après quelques titres, je finis par me lasser, même si dans l’ensemble c’était un bon concert pour les gens qui apprécient le genre.

J’ai un problème avec Mars Red Sky. Musicalement je trouve ça hyper bien, parce que c’est pile dans des styles Stoner / Doom / Psyché que j’apprécie, mais j’ai aussi du mal avec la voix de Julien Pras que je trouve trop précieuse et en décalage parfois avec les passages les plus épais du combo. Mais ce soir, je vais rentrer dedans totalement. Rien n’a pourtant changé dans la formule du groupe, même si j’ai l’impression que leur musique se dirige de plus en plus vers un Space Rock doucereux, mais pas si niais pour autant. Belle présence de basse, un batteur qui tape durement et ne fait pas semblant, des riffs qui te font hocher la tête et d’autres plus planants et pour parfait tout cela des images psychédéliques projetées derrière le groupe. Il n’en faut pas plus pour prendre part au voyage. Tout sonne juste et même la voix de Julien ne me heurte pas. C’était la petite douceur qui fait du bien entre deux groupe de Metal moderne extrême, d’ailleurs une partie du public était sans doute là pour eux, vu l’affluence maximum pour leur prestation. Bref, malgré mes réserves, c’était un excellent moment, comme quoi, c’est bien d’avoir tort de temps en temps.
Retour à du dur, du torturé. Visiblement ça ne parle pas à tout le monde car une partie du public semble être allé boire des bières. Tant pis pour eux. C’est vrai qu'Eryn Non Dae est sans doute le groupe le moins accessible de ce soir, que leur musique est complexe et peut sembler chaotique pour les non-initiés. Le fait est qu’on va se bouffer tout le set d’un coup. Pas de communication, pas franchement de mélodie ou de passage auquel se raccrocher, mais plutôt un mur de guitares furieuses dont rien ne semble s’échapper, des vocaux hurlés et des rythmiques intenables. Comment veux-tu te repérer là-dedans ! Et pourtant, il y a ce truc, cette espèce de catharsis qu’on retrouve chez Neurosis, Amenra et d’autres. Elle est présente dans leur musique, elle est là dans l’attitude. Le tout est de la ressentir et elle peut être moins évidente que chez les groupes précités parce que trop moderne, trop froid ou trop métallisé pour certains. Mais une fois passé cela, il y a ce que quelque chose qu’on ne trouvera jamais ailleurs.

Le public est revenu pour le dernier groupe : The Dali Thundering Concept qui vient de sortir un nouvel album, Savages, en début d’année chez Apathia Records. Faut dire que c’est plus identifiable car on est plutôt dans une version Metal Progressif / Metalcore djentisé et surtout sur scène c’est terriblement efficace. Comme une version djent d’Architects. Rythmiques syncopées, riffs cassés, gros son moderne, voix Hardcore, et quelques ponts aériens sont de mise. Tout y est. Ce n’est pas spécialement original, mais les mecs ont une prestance, une aisance et surtout une motivation pour faire bouger les gens qui fait plaisir à entendre. Et c’est ce qu’il fallait à cette heure-ci. Une sorte de mélange entre As They Burn et Vildhjarta qui te booste avant d’aller au dodo et de quoi très bien conclure cette soirée !
En résumé sur cette première édition des Lunatiques, c’est un festival qui fait ses preuves. Une programmation plus que solide pour peu qu’on soit un tant soit peu sensible au Metal moderne progressif, une organisation au top, de la bonne bière, et des stands qui illustrent bien la diversité de ce qui se fait en Bretagne. Ou est-ce qu’on signe pour une seconde édition ?
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