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Dour - Partie 2 Dour

Suite de notre report du 30ème festival de Dour, dont la première partie se lit ici.

Quatrième jour de festival, la routine s’installe. On pensait s’habituer à la chaleur mais couplée à trois jours de fête des courtes nuits elle devient omniprésente….

Samedi

La journée du samedi commence tard mais s’annonce pleine de réjouissance.
Pour l’occasion, nous passons à la Balzaal où est retransmis le match Belgique - Angleterre. Il était rediffusé sur les écrans géants, et modifié par des effets psychédéliques de toute sorte, accompagné de deep house parfaite pour ceux qui semblent avoir passé la nuit ici...

Nous partons lentement vers le Labo, pour le concert d’Altin Gün. Trois musiciens hollandais qui s’allient à trois musiciens turcs pour célébrer le rock psyché anatolien. On retrouve donc du saz et des percussions tout droit venues du Bosphore pour un set groovy mettant à l’honneur ce mélange de genre qui a fait ses preuves dans les 70’s. La chanteuse fait ses preuves sans laisser en reste le percussionniste et le saziste. Si le nom du groupe signifie “ ge d’or” en turc, il l’évoque avec brio, cet âge d’or turc, même pour ceux qui ne parlent pas cette langue. Pédale wahwah et improvisations psychés qui se mêlent à un chant plein d’énergie dans la pure veine des groupes et chanteuses de l’époque. Nous partons avec regret, quittant Le Labo transformé en sauna (pas besoin de Green camping au final) et aller voir la fin du set de Pallbearer.

Pallbearer, vient donc présenter son troisième album : Heartless. Assez peu motivée, pour une fois, à avoir une heure de Doom. Le concert reste assez linéaire, la voix de Campbell’s se mêle toujours avec réussite à la guitare de Devin Holt, mais les structures s’enchaînent et se ressemblent et l’on peine parfois à trouver de la nouveauté des ces compo encore jamais entendue en live. La mélodie est là, le Doom est là, mais il manque le petit truc en plus qui permet au groupe de se démarquer.

Suite sous La Caverne avec les très attendus Zeal and Ardor, venus défendre leur nouvel album Stranger Fruit. Le chapiteau semble plus rempli qu’à l’accoutumée, et c'est un plaisir de voir un public large, et non une foule d’habitués. C’est l’un des grands avantages de Dour, l’hétéroclité de la programmation. Les artistes se détachent de leur scène et d’un public qui peut être d’ors et déjà conquis. Il semble que pour Zeal and Ardor la magie fait son effet.
Leur deuxième album est plus travaillé, et l’expérience de scène qu’ils ont pu emmagasiner n’est pas des moindres. On retrouve un vrai style musical original. Il ne s’agit pas de créer un métissage en balançant des samples entrecoupées des modalités habituelles, ici le black metal et les chants d'esclaves ont été intégrés et mélangés en amont. Scéniquement, la présentation humble et simple fonctionne toujours et on se laisse volontier aller à l’efficacité de la performance.

Chelsea Wolfe
Vient l’heure d’accueillir la grande prêtresse gothique de la Folk. L’américaine et ses musiciens viennent ici défendre Hiss Spun, le dernier album, enregistré avec l’aide de Kurt Ballou (guitariste de Converge), on y retrouve aussi les guitaristes de Queen of the stone age et Isis sur certains morceaux. Si la prod de l’album est léchée et qu’il a reçu des critiques positives, en live voir Chelsea Wolfe offre toujours un avis mitigé. Sous La Caverne, loin d’un son impeccable et d’une ambiance religieuse, la magie met un peu de temps à prendre. Reconnaître les titres de l’album est agréable, on se lance dans le rythme lancinant, et se laisse obéir à cette voix forte, Doom. Les passages drones fonctionnent mais semblent trop éloignés du reste, pas assez intégrés dans la continuité des compo. Ce que l’on garde à la fin de chaque morceau est une sensation d’inachevé, pour des morceaux trop similaires. La coupe des morceaux “classique” (refrain / 5 ou 6 mn max) ne laisse pas le temps aux longueurs comme on pourrait s’y attendre et c’est dommage. Le concert se déroule de manière trop élémentaire, sans variations.

Ho99o9
On reste encore sous La caverne pour changer en attendant la sensation du moment : Ho99o9. Ce duo New Yorkais qui s’est fait une place bien au chaud dans les fest de metal de l’été sont déjà passés à Dour deux ans auparavant. Ici, on perd l’ambiance de lumière de Chelsea Wolfe pour arriver sur une scène plongée dans le noir où ils sont prêt à en découdre avec leur punk / hip hop dédicacé à Trump (mais pas pour Trump). un son violent et sans pitié, la fosse s’énerve, la scène aussi. On assiste à un mélange des genres, parfois un petit peu trop excessif, avec des amples de dub step, des passages noise et techno à la fois, sur fond de hip hop super engagé.

De loin nous avons le temps d’entendre R+R= Now, supergroupe de grands jazzmen. Sans nous y attendre, excellente surprise de tomber sur ces musiciens aussi doués et virtuoses que charismatiques. Nous retrouvons Taylor Mc Ferrin, fils du célèbre Bobby Mc Ferrin (mais si… “don’t worry be happy”), Christian Scott, le neveu de Donald Harrison Jr. Un line-up plein de grands noms qui ont collaborés entres autres avec Kendrick LamarQuincy Jones, Kanye West ou encore Mos Def. Pas le temps de rester, mais ce bout de concert aura eu le mérite de me donner envie de revoir la formation au plus vite.

Rendez vous avec Nils Frahm pour un concert très attendu. Si le chapiteau est rempli, ce n’est pas pour un show très visuel que nous nous sommes réunis, tant pis, nous errons devant la console pour essayer de trouver un son à la hauteur de la performance. Nils Frahm c’est ce berlinois qui s’inspire de Steve Reich ou Philip Glass et ce qu’ils ont apporté à la musique contemporaine et minimaliste. Entouré de différents pianos, de synthés voire d’orgues sur scène, il mélange ses influences à la musique électro d’aujourd’hui avec des sons perfectionnés et polis à souhait. Il tisse ses nappes sonores et emporte son public dans un rêve ambiant à souhait. Le voir sous un chapiteau empli et sûrement bruyant n’a pas dérangé tant sa musique emplit l’espace. Avec des morceaux calmes et d’autres plus dansants, il arrive à réunir un public large et extatique. Une réussite.

Dur de passer après cette heure de rêverie, c’est sans grande motivation que nous allons voir Alt-J, nous replonger dans l’album An Awesome Wave, et toutes ses références cinématographiques. sans grande convictions, le groupe déroule ses nouveaux morceaux sans s’attarder ni réussir à happer la foule.

Pour la fin de la soirée, nous errons de scène en scène, grappillant des morceaux à droite à gauche.

Dimanche

Le dernier jour offre ses lourds rayons de soleil, la fatigue est là, l’excitation du dernier jour aussi. Je l’avoue, la mâtinée s’étira et nous nous rendons sur le lieu du fest pour assister sur la grande scène…. à la retransmission de la finale France - Croatie, diffusé pour l’événement.
Malheureusement, la chaleur, la déshydratation et l’absence totale de point d’ombre pour cette finale l’a rendue pénible, et nous allons péniblement faire une sieste au Dub Corner. Profitant du bar à bières spéciales et du Green Agora au passage.

Caution metal du jour, avec les islandais de Solstafir, qui n’ont plus leurs preuves à faire en live. Ils déclinent des morceaux de leur dernier album, plus calme et moins saturé que les anciens. Le son est étonnamment bon, le choix des morceaux est en accord avec le festival, pas trop de grosses saturations, on a plus l’impression de voir de la pop-folk islandaise que les blackeux des débuts. Fjara, leur “tube”, retentit en milieu de set, et semble satisfaire le public.

Passage improvisé vers la BoomBox pour tomber sur Yung Leans. Surprise face à un set excellent entre le hip hop énervé et le cloud rap, une prestation accompagnée de projections diverses et variées qui permettaient de s’immerger dans la prod et l’esthétique du rappeur facilement. Ombres d’arbre en stroboscope, voix autotuné aux bons moments, une découverte agréable !

Par curiosité je me suis rendue sur la Last Arena pour le concert de Nekfeu. Sans connaître ses textes ou avoir la moindre idée de son personnage, le concert m’a laissée assez passive, ne parvenant pas à rejoindre l'excitation ambiante. Pourquoi pas.

Le temps de retourner vers la Caverne pour voir la fin de Ministry, et toujours un show efficace. Trump et les nazis en prennent plein la face, avec même des énormes ballons assez équivoques présents sur scène. Al Jourgensen est égal à lui même, et se fait toujours plaisir sur scène, la fosse est remplie, ça bouge ce qu’il faut. Ils enchainent les morceaux du nouvel album et des opus des années 2000 mais nous régalent d’un Thieves puis d’un So What finaux qui achèveront la Caverne.

Top moments de cette édition de Dour : la prestation de Tyler the creator, très attendu sur la Last Arena. Malgré la fatigue et l’accumulation, une fois l’artiste sur scène on oublie tout pour se laisser prendre dans sa prestation. Seul sur scène il arrive à dégager un charisme digne des plus grands. Sa danse désincarnée entrecoupée de moment de calme vont parfaitement avec ses morceaux. Scéniquement, on a un immense écran qui projette des images variés, qui permettent de changer d’ambiance aisément et parfois les paroles des refrains les plus connus.
Inarrêtable, il enchaîne les morceaux de son dernier album, tantôt dansant tantôt assis sur un bout de scène mais il est toujours impossible de détacher son attention de lui.

Finir le festival sur une note de minimale était la suite logique, nous nous retrouvons donc devant le set de Hungry 5, qui réunit des membres du label Hungry Music, musique électro accompagnée d'instruments analogiques, à la fois minimalistes et très mélodiques, la fête s’achève sur cet équilibre entre le rythme pure et les émotions dégagées

Encore merci à l’équipe de Dour pour ce festival. Et à l’année prochaine.

Kebaba (Août 2018)

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