Dour - Partie 1 Dour

Le soleil se lève sur la Belgique, et nous voilà, après moultes péripéties, sur le chemin de Dour. Après une arrivée un peu chaotique (récupérer une accréd à l’entrée diamétralement opposée de celle des festivaliers, devoir refaire tout le chemins avec 3 tentes, 3 sacs, et en plein soleil), nous posons enfin le pied au camping.

Mercredi

Premier jour, premiers concerts, première entrée sur le nouveau site du festival. Nous commençons sagement par Gangue. Il s’agit d’un groupe de rap réunissant des artistes Belges et français : HaringLa Fine Equipe et Fulgeance. Le temps de s’acclimater je préfère observer le nouveau fest, sans trop accrocher au groupe.
Détour par La petite maison dans la prairie pour voir Jon Hopkins. Sans grande conviction après sa prestation à la Villette Sonique, nous restons au loin à écouter un son un peu trop saturé pour pleinement appréhender l’éléctro du Londonien, ni voir les projections qui accompagnent ses sons. Nous préférons nous hâter vers la Balzaal pour voir Mr Oizo.

Aaah la Red Bull Elektropedia Balzaal, de son nom complet. Temple inconditionnel des clubbers de tous horizons, cette immense scène dédiée à la techno, deep house, minimale ou autre, cernée d’immense écran est le dancefloor et organe vital du festival de Dour. Sous le nom de Mr OizoQuentin Dupieux nous sert son electro déjantée, emplie de sample reconnaissable ou entraînant, assurant une ambiance électrique pour ce premier soir. de temps en temps résonne des “vous êtes des animaux”, gimmick bien connu d’un de ses morceaux phare. un excellent moyen d’ouvrir le festival et annoncer la couleur. Si la Balzaal semble moins impressionnante dans sa nouvelle configuration, elle reste néanmoins une scène immense et colossale, avec ses poteaux écrans et un son qui couvre l’étendue du dancefloor.

Fin de soirée avec DJ Premier, connu par le monde comme un des meilleurs DJ hip hop. Il a collaboré avec les plus grands noms du milieu et dont les samples sonnent aux oreilles des plus incultes de ce genre musical. M’attendant à quelque chose d’assez chill j’ai été surprise par l’énergie dégagée sous la boombox, le public sautant et scandant les titres les plus connus. Une bonne manière d’entamer la fin de la nuit. Et nous fatiguer suffisamment pour apprécier le retour au Green Camping.

Jeudi

Perspective Caverne et programmation stoner pour la journée ! On commence par Villejuif Undeground, pur produit Born Bad.
Ce groupe parisien mené d’une main de maître par un chanteur Australien, aussi en charge de la boîte à rythme pas toujours nécessaire. Excellent concert de démarrage, l'énergie du chanteur Nathan Roche est communicative face, même devant un par terre de gueule de bois. ça bouge, ça reveille, ça change des fest parisiens où les croiser. Si les morceaux gardent une linéarité évidente, c’est l’énergie et le charisme qui font tout et plonge l’auditeur dans un set sans notion de temps. En bref, un bon début de journée.

Surprise de la journée avec Monolord, n'étant pas une grande fan sur album, ils étaient là pour défendre Rust, j'ai été emportée par leur concert. Sludge à souhait, lent et monolithique, les suédois nous ont fait oublier la chaleur extérieure à l’aide de ces riffs en béton armé. Un set de 4 morceaux, dans la pure veine des morceaux fleuves et intemporels du genre, la voix planante du chanteur rappelle un Ozzy Osbourne des débuts, en plus lourd et encore plus lancinant.
Deux fans s'en donne à coeur joie contre la barrière, au point de se faire remarquer par le chanteur, visiblement ému de voir des gens crier ses paroles. Point bonus pour le moment émotion lorsqu'il est venu les remercier à la fin du concert.

Le temps de re-re-reboire une jupiler et nous arrivons devant Ufomammut. Dur de passer à ça après Monolord, et ce concert me fit l'effet inverse. Le concert n'était pas à la hauteur, face aux émotions ressenties sur album. Le set était trop froid, sans émotions, certes virtuose mais sans passion. Le public semblait décrocher assez facilement, ce qui ne pardonne guère sur ce genre musique. A revoir en salle ou en concert unique ?

Assez peu d’expérimentations musicales pour cet après midi, nous nous baladons aux alentours des scènes en attendant Eyehategod. Après les avoir vus de manière phénoménale à l’ufo, il ne s’agissait plus ici du palier de mon bar préféré mais à une scène à Dour. Et pourtant..., une telle énergie est générée. Ca joue bien, ça joue fort, ça fuzz, c'est le sludge parfait que l'on aime : la ténacité et rapidité du hardcore avec la lourd et le fuzz du stoner. Malgré une foule disséminée, et assez calme, ceux qui sont là sont comme possédés. Point de pogo et seuls deux trois headbangs par ci par là mais concernant le public, comme dans la vie, mieux vaut privilégier la qualité à la quantité, non ?

Pour la petite sieste, on passe sur le rock groovy des berlinois de Kadavar. La caverne se fait scène du love, tout le monde se déhanche. Un show qui correspond à ce que l'on attend de Kadavar, on a l’impression de revivre les 70’s, on ressent les inspirations de l’époque, sans être un concert exceptionnel, à l’heure du goûter cela permet de se reposer avant la longue soirée.

Nous quittons enfin la caverne pour rejoindre la Petite maison dans la Prairie pour assister au concert de BadBadNotGod. Ces canadiens inclassable à l'orée du jazz, du hip hop, balance une musique expérimentale avec claviers, samples, batterie mais aussi saxo, flûte, violon et contrebasse. Malheureusement, ce fut le premier d'une série de concert fortement gâchés à cause du son. Il est difficile de juger leur prestation sans en entendre toutes les variations. Tout ce qui en ressortait de sous le chapiteau étaient les basses. Autant certaines scènes éléctro méritent de booster leur basses, mais pour un groupe plus expérimental et travaillé, les basses ne sont jamais la priorité. Suite à ça, nous ne nous sommes pas attardés et sommes allés vérifier que la Jupiler avait toujours le même goût (réponse : oui. toujours.)

Même combat pour Dead Cross, après avoir essayé de se frayer une place pour être à moins de 10m de Mike Patton, il faut fuir cette avalanche de décibel. Même au niveau de la régie ou à la bordure de la scène, le son est terrible. Impossible de distinguer quelque chose, parfois c'était les aigus qui prennent le pas sur le reste. Ce qui permit d'entendre plus ou moins des reprises, de Slayer au Stooges en passant par Bauhaus. Au final, nous n'avons pas regretté, car l'envie de voir un super groupe attendu qui joue peu de ses propres compos aurait pu être décevant....

Par curiosité je suis allée voir Booba, le Duc De Boulogne. Que dire ? Si on ne peut nier l’importance qu’a eu cet artiste dans le paysage du rap français, c’est pas mon dél, je connais pas les paroles, scéniquement à part avoir un survet et une bouteille de cognac à la main, pas grand chose, pas restée tout le long.

Amatrices de Shigeto, nous nous sommes rendues pour la première fois sous la scène du Labo, dédiée aux musiques expérimentales en tout genre, et un peu fourre-tout. Je dois l'avouer, la fatigue, la fête et l'alcool ont écourté ce set qui était trop calme (et sans assez de basses après cette journée) pour finir la journée.

Petit point camping et fest :
Cette année, 30 ans obligent, Dour offrait un nouveau site.
L'an dernier le camping était très loin du lieu du fest, 45mn de marche + l'attente pour les fouilles. Cette année, le parking et les scènes ont échangé leurs places : les chapiteaux étaient donc au milieu des éoliennes, ce qui apportait un cachet supplémentaire indéniable. Cette nouvelle disposition était très pratique : une immense plaine avec les chapiteaux disposés presque en cercle.
Au niveau de la décoration, des conteneurs (à la mode en ce moment (coucou le Hellfest)) bordait l'accès à la last arena, la scène principale, et au milieu de cette plaine 3 ou 4 construction en palette pour se reposer. Ces points d'ombres et de chill étaient trop rares et restreints, surtout pour un public de 220 000 festivaliers qui ont supporté un soleil sans nuages pendant 5 jours.
Si les scènes étaient accessibles et pratiques, le côté sinueux de l’ancienne disposition me manquait un petit peu, plus d’arbres sous lesquels se reposer, ou de petits recoins où se reposer.

Vendredi

La journée commence lourd et fort avec Dalek. J'appréhendais la noise rappée pour petit déjeuner, au final les murs de son et sample solides savent toujours créé une atmosphère pesante et sombre, que l’on soit à Dour ou non. Devant une foule très clairsemée, on reconnaissait les fans de southern lord et les gens happés par la musique à leur passage devant la tente (ainsi que ceux qui semblaient n'être plus sobre depuis plus de 24h).
Changement d’ambiance, lorsque le cher Emile s’installe sur scène. Si le public de Forever Pavot me semblait contraire à celui de Dour, ils ont livré un concert qui a su prendre en puissance et convaincre l'audience petit à petit, pour ceux qui n'était pas déjà convaincus. La sauce a mis le temps à monter, mais lors des dernières secondes on en aurait bien repris une double dose de psyché chanté. Si l'on déplorait de ne pouvoir entendre les textes, et donc peut être moins accrocher aux morceaux à thème, les passages purement psyché dignes de Canterbury marchent terriblement comme toujours.

Après une grosse déception suite au concert de Mogwai à la villette sonique, c’était avec Slowdive que j’attendais ma dose de Post-Rock. Ce groupe anglais des 90’s, chef de file du shoegaze a marqué son temps, et revient après 20 ans avec un nouvel album. Il nous ont offert une superbe prestation, et leur style n’a pas vieilli. Bonus pour l’hommage à Syd Barrett dont une photo était projetée pendant un morceau (c'était l'anniversaire de sa mort quelques jours auparavant).

Nous enchaînons donc sur Mogwai, que j’attendais un petit peu au tournant. La deuxième partie du concert se concentrant sur des morceaux purement ambient était beaucoup plus efficace que leurs morceaux "pop". ceux-ci issus du dernier album sont trop similaires, et je les trouve assez plats et sans surprises.
Si ce groupe a de très bonnes compo, leur lives ne sont souvent pas à la hauteur, et pas rattrapé par une présence scénique exceptionnelle.

Retour à la Caverne où nous avons le temps de voir la fin de Atari Teenage Riot, cependant sans oser se lancer dans le pit pour quelques morceaux. L’ambiance était au rendez-vous, et même sans s’agiter, le concert faisait effet et le punk electro trouvait son public au rendez-vous.
La nuit tombe, tout le monde prend des photos du coucher de soleil sur les éoliennes (et à raison) et c’est l’heure pour moi de la grosse découverte du fest avec Bas Bron sous le nom de Fatima Yamaha. Ce beatmaker néerlandais propose sous ce nom de l’éléctro teinté de funk qui rentre dans la tête et met de bonne humeur. Son morceau phare 'what's a girl to do" a résonné sous la petite maison et dans les esprits. C’est un vrai plaisir de voir tout un chapiteau chanter des beats et attendre son morceau préféré.

Déçue de Black Madonna qui m’avait pourtant laissé très bonne impression en écoute sur album. Il est vrai qu’après Fatima Yamaha, tout semble trop plat et fade. Nous prenons le temps de passer voir Kornval Kovacs mais qui présentait un set trop linéaire pour cette heure là. La nuit s’achève pour nous, le temps de boire une bière au Rockamadour, sorte de petit bar caché dans le fest avec son propre DJ et de quoi s'asseoir tranquillement caché entre des containers.

Kebaba (Août 2018)

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