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Bell Witch, Monarch et Ataraxie le 27 mars Backstage by the Mill

Ce n'est pas parce que le printemps a fait son apparition qu'il faut pour autant se laisser aller aux promenades, à l'espérance et au plaisir de la flânerie en profitant du soleil. Non, vous pouvez d'ores et déjà oublier tout ça, surtout lorsque Garmonbozia annonce une date 100% Doom Metal à Paris, le 27 mars avec Bell Witch, Monarch et Ataraxie. Alors mettez vos métronomes sur 30 BPM pour la lecture de ce live report...


Ataraxie vient à peine de commencer quand nous entrons dans la salle et première constatation qui va nous rassurer : le son est bon. Peu importe notre emplacement dans la salle, tous les instruments sont bien audibles, clairs et distincts, un vrai exploit lorsque le premier groupe comporte pas moins de trois guitaristes. Les Normands vont jouer à fond le jeu de la lenteur et de la longueur : des morceaux qui s'étalent sur plusieurs dizaines de minutes, des riffs à vous transformer une ambiance de fête foraine en celle d'une procession funéraire et un parfait petit mélange de Death Doom et de Funeral Doom. Les deux sous genres marchent main dans la main depuis des décennies et ce n'est pas aujourd'hui qu'ils rempliront le contrat du divorce, bien au contraire. La prestation est solide même s'il faut avouer que les compositions complexes ne sont pas les plus simples à digérer en live, surtout lorsque l’on ne connaît pas la discographie du groupe sur le bout des doigts. Et là où complexité il y a, talent il n'y a pas forcément. Ce n'est heureusement pas le cas ici et Ataraxie a toujours réussi, par on ne sait quel prodige, à rendre sa musique lourde sans pour autant la rendre indéchiffrable à la première écoute et les premières couches de vernis commencent à craquer pour celui qui découvre sur place. Quant à celui qui les suit depuis longtemps, il n'y a plus que le plaisir d'être témoin de la mise au monde de petites perles du genre.


Bell Witch est accompagné sur toute sa tournée Européenne par un groupe français, les patrons de Monarch. Car oui, Monarch sont des patrons. Des mecs qui ont gravi l'échelle sociale du Doom à la dure, en tournant, en composant, en jouant toujours et encore plus fort que leurs voisins. Ils ont trouvé leur voix/voie, celle de la beauté, de l'occulte et de l'asservissement des masses par le volume de leurs amplis branchés directement dans les eaux du Styx. Monarch n'a pas de limite, balance une messe en introduction pendant que son bassiste, visiblement bien engagé dans sa seconde passion, la descente de bière sur scène, mène ses troupes au combat bien à l’aise dans son uniforme de guerrier Crust – le monsieur porte un T shirt Siege. Mais que viennent faire ses considérations vestimentaires ici ? Et bien elles ont tout à y faire car, voyez vous, si les dernières offrandes du papillon désormais Bordelais se tournent de plus en plus vers les mélodies, leurs prestations live rappellent de plus en plus ce que l'on rencontre chez les maîtres de la lourdeur et de la noirceur, qu'ils se nomment Amebix, Doom, NeurosisGISM ou His Hero Is Gone. Une violence sourde et simple, une dépendance à l’extrémisme musical le plus simple et le plus pur. En somme un son Punk avant tout. Et ce n'est sûrement pas une coïncidence si Michell nous fait penser à Sir Dave Edwardson (Neurosis) par son attitude mais aussi par sa voix, rocailleuse, grasse et effrayante. Un complément bienvenu pour assister (ou enfoncer) les lignes de chant d'Emilie, réussissant une très belle performance ce soir. Et puis, il y a, à seulement quelques pas, le reste du groupe. Shiran, caché dans l'ombre, qui nous impressionne toujours autant par sa capacité à nous faire croire qu'il joue du Kiss ralentit au dixième de son tempo, tant les mélodies qu'il balance, sont simples et immédiates. Elles ne sont pas faciles, ne vous y trompez pas. Elles sont simplement parfaitement à leur place. Il y a ces riffs diaboliques, accélérant lorsqu'il le faut, s'emballant pour nous forcer à rester sur nos gardes, s'appesantissant, s'appuyant sur la montagne de vibrations et de feedback qu'ils dégagent d'une manière bien trop ostentatoire pour qu'elle ne soit pas l’œuvre de musiciens qui s'assument pleinement. Et enfin il y a, sans surprise, un nouveau batteur, cette fois en la personne de celui qui officie aussi dans Sordide. Le monsieur est certes relativement nouveau mais il n'est pas moins à l'aise que ses compagnons, impulsant à chaque coup une force, une prestance qui maintient le tout. Décidément, on ne cessera jamais assez de le  répéter, Monarch est particulièrement grand. A tel point qu'ils ont, sans aucun effort, volé la vedette à Bell Witch bien avant que le concert de la tête d'affiche n'ait même commencé. C'est dire à quel point ils nous ont donné confiance. Alors quand ils nous balancent une reprise de Turbonegro pour conclure leur set, en plein milieu de la soirée la plus lente de l'année, on se dit que définitivement, ils ne font rien comme personne.


Le dernier né de Bell Witch a fait parler de lui. Il faut dire que les circonstances particulières de sa composition – que l'on ne rappellera pas ici- n'y sont pas pour rien, malheureusement. Lorsque le duo monte sur scène, l'ambiance se glace quelque peu. On ne mettra pas longtemps pour comprendre que le groupe jouera une version légèrement raccourcie du titre unique qui compose Mirror Reaper et s'il faut saluer l'effort, il faut aussi se poser quelques questions. Car si l'exercice est maîtrisé de bout en bout et n'est pas aisé, notamment pour le bassiste qui joue en même temps les parties lead et rythmiques, une grande partie de l'intérêt de ce disque reposait sur sa puissance intimiste, ses interludes calmes et posés et sur son ambiance. Et si le groupe s'y prend au mieux pour la recréer ce soir là, il faut avouer que cela ne va pas prendre avec tout le monde. Les parties les plus lourdes sont celles qui ont été, de notre avis, les plus réussies. Cependant, comme nous le disions, Mirror Reaper comprend son lot d'accalmie et il est évident qu'une partie de la salle n'a pas accroché à ce qui leur a été proposé. La conséquence, vous vous en doutez, ce sont des discussions qui, en plein milieu des parties calmes, vont encore plus effriter cette ambiance que le groupe cherche à créer. Au final, nous avons donc eu le droit à un concert de Funeral Doom impressionant par sa maîtrise mais qui n'a pas tenu ses promesses du point de vue de cette ambiance sombre et intimiste que nous avons trouvé sur le disque. Difficile de blâmer le groupe car peu sont ceux qui y parviennent, notamment lorsqu'ils sont entourés de discussions diverses. Difficile aussi de jeter la pierre au public qui n'a pas accroché tant entrer dans cet univers peut s'avérer complexe... peut être eut-il fallu jouer d'autres morceaux, notamment des disques précédents ? Une performance à saluer mais qui n’éclipsera pas celle des groupes ayant ouvert la soirée.


Si Bell Witch a fait un pari, qui a été gagnant pour une partie de l’assemblée, Monarch était passé par là et avait livré l'un des meilleurs concerts de l'année. Une habitude pour eux, à vrai dire. Quant à Ataraxie, vous l'avez compris, nous apprécions le groupe et avons été plus qu'heureux de les voir sur scène livrer leur version de ce qu'est le Doom : lent et beau. Au final, s’il y a du retard sur les beaux jours, il ne faudra pas se poser de questions. Avec un tel boucan, on a pas vu une hirondelle à moins de cinq kilomètres de Paris ce soir là. 

Raikage (Avril 2018)

Un immense merci à Garmonbozia ainsi qu'aux groupes et à l'équipe du Backstage by the Mill 

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