Satyricon + Suicidal Angels (07/03/2018, Machine du Moulin Rouge, Paris)

Le dernier Satyricon en a surpris plus d'un, fourbi de compositions classes. Après un album éponyme en demi-teinte, Deep Calleth Upon Deep marquait le retour en grâce du groupe, qui avait été grevé par l'annonce d'une tumeur au cerveau contractée par Satyr. Celle-ci s'avéra heureusement bénigne, et il était grand temps pour la formation de faire son retour à Paris, après une date annulée le jour-même, du fait de problèmes techniques à la Maroquinerie en novembre dernier.

Suicidal Angels

Pour cette deuxième partie de tournée européenne, c'est encore Suicidal Angels qui accompagnent les norvégiens. Et franchement, on aurait pu s'en passer. Le groupe joue un thrash un peu trop sage, sans prendre aucun risque ni proposer des compositions satisfaisantes. Les riffs sont insipides et inspirent peu de chose à part l'ennui.



Il faut tout de même leur reconnaître qu'ils jouent bien, et que le son est de bonne facture, mais c'est à peu près les seuls points positifs qu'on peut retenir de ce set. En plus d'avoir des compositions pas franchement dangereuses, Suicidal Angels se  concentrent trop sur le fait de faire participer le public, alors qu'un bon groupe de thrash se contente de faire un carnage à coup de riffs, avant même de se soucier de son jeu de scène. Ici, demander au public à gauche, puis à droite, puis au milieu de crier est laborieux et ça n'ajoute rien au concert.



Le frontman nous sort ensuite le fameux discours démagogique de la "grande famille du metal", gênant au mieux, exaspérant au pire. Il nous est ensuite demandé de faire le plus grand circle pit depuis la création mais qui aurait envie de le faire ? Quelques hères motivés se lancent malgré tout, mais on est très loin de battre un record ici. Bref, Suicidal Angels auront servi 40 minutes de set oubliées avant même que Satyricon ne débarquent sur scène.

Satyricon

Les premières minutes sur scène révèlent un groupe en bonne forme, notamment Satyr et sa voix de corbeau qui n'a tien perdu de son panache. Les nouveaux morceaux s'affirment comme très efficaces sur scène, à grand coup de riffs tranchants comme des rasoirs. Le combo dégaine rapidement le classique "Black Crow on a Tombstone" ce qui met le concert sur la bonne voie, a fortiori avec le son qui s'améliore.



Au niveau de la performance, rien à dire, les musiciens sont au top, mention spéciale à Frost qui est toujours ravageur derrière son kit avec deux grosses caisses accordées légèrement différemment pour obtenir un son unique et puissant. On peut juste regretter qu'il soit si mal éclairé par les lumières, ce qui rend quasi-impossible d'observer en détail son jeu. L'alternance entre chansons très rapides ("Die By My Hand") et d'autres plus posées ("Deep Calleth Upon Deep") donnent un rythme étrange au concert, mais qui ne nuit pas à l'expérience, contrairement à "Nocturnal Flare", un morceau apparemment très important pour le groupe, mais clairement un des plus faibles de Satyricon depuis longtemps.



Tout d'un coup, nouveau changement de rythme : Satyr change brusquement la setlist, et le groupe, surpris, se plante sur l'intro de "Repined Bastard Nation". Ce court couac laisse bientôt place à la furie des riffs, entêtants et terriblement efficaces. Les deux morceaux "To Your Brethen in The Dark" et "Dissonant" ralentissent le pas à nouveau, et prouvent que Satyricon s'en sort aussi à merveille sur un groove plus lent. Un des nombreux moments forts du concert est "On the Paths of Sorrow", qui voit Satyricon plonger dans son passé. Satyr empoigne une guitare, et s'ensuit un déluge de riffs incandescents, une furie qui nous ramène dans les années 90, quand le groupe a contribué à donner ses lettres de noblesse au black metal norvégien. C'est d'autant plus jouissif que le son est maintenant d'une précision remarquable, laissant entendre en détail chaque instrument et particulièrement les trois guitares. 


Un des rares bémols du concert est "Transcendental Requiem of Slaves", instrumental de Nemesis Divina déjà anecdotique sur l'album et ici c'est le sample qui fait la majeure partie du travail. On voit donc les musiciens attendre les bras croisés pendant une  bonne partie du morceau avant de gratouiller un riff ou deux pour faire acte de présence. Certes, les entrelacs de guitare doivent être compliqués à reproduire sur scène mais on peut s'interroger sur l'utilité de jouer le morceau malgré tout. Le concert se termine sur des tubes à la pelle, dont "Mother North" qui a réussi l'improbable pari de réunir black metal et ambiance de stade pour quelques minutes sur scène. Les parties rapides du morceau sont exécutées avec maestria, et c'est toujours un plaisir à entendre. Un bref rappel, et "Pentagram Burns", "Fuel for Hatred" et "K.I.N.G" achèvent la Machine pour de bon. Maîtrisé de bout en bout, ce concert de Satyricon confirme une fois de plus leur statut, sur album comme sur scène.






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Photos par Florian Denis (site web // facebook

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