Soilwork / Sepultura / Kreator le Bikini (Toulouse)

Grosse, grosse, grosse affiche que celle proposée par SPM Prod ce samedi 25 février 2017 au Bikini à Toulouse. Au programme, un vaste panel de groupes variés en style et en nationalités, permettant à tout fan de Metal extrême de trouver son bonheur : du Brutal Death avec Aborted, du Death Melo / Metalcore avec Soilwork, et enfin une double dose de Thrash grâce à Sepultura et Kreator. Du très lourd !

Arrivé un peu tard (il faut dire que les hostilités débutaient étonnamment tôt), je n'ai vu que la toute fin de la prestation de Aborted. Tant pis pour moi... En tout cas, pas question de rater Soilwork, puisque la dernière fois que je les ai vus, au Hellfest 2014, leur set a été amputé d'un gros quart d'heure pour tirer leur bassiste de sous la scène qu'il avait traversé...
C'est un groupe en pleine forme qui se déchaîne sur les planches du Bikini. Même si Björn Strid reste un peu statique sur le milieu de la scène, il n'en demeure pas moins charismatique. Quant aux deux guitaristes et au bassiste, ils se défoulent à coup de headbangs, de changements de place sur scène, de sourires entre eux ou pour le public... On sent que le groupe s'amuse et prend du bon temps avec ses fans. En revanche, on déplorera l'éclairage, tantôt en bleu, tantôt en rouge, mais trop rarement avec une lumière blanche un peu plus sèche qui aurait mieux permit de distinguer le spectacle, notamment le batteur et le claviériste. 
Revenons sur l'actualité de Soilwork. Leur dernière sortie est une compilation de b-sides (d'ailleurs chroniquée en nos pages), et que joue un groupe dont la dernière galette est une compil ? Eh bien, un peu de tout, justement, et c'est ça qui est bon. En dehors de l'ouverture du concert par The Ride Majestic issu du dernier album studio, on aura droit à des titres à classer dans les vieilleries (Bastard Chain, The Chainheart Machine) ou d'autres plus récents sans être encore d'actualité (Late For The Kill, Early For The Slaughter, Two Lives Worth of Reckoning, tous deux issus de The Panic Broadcast). Même si Soilwork fait l'impasse sur certains de ses gros titres (pas de Sadistic Lullabye !), toutes les pistes de la setlist brillent par leur efficacité indéniable. D'ailleurs, ça bouge bien dans le pit, surtout après que Björn "Speed" Strid ait désigné un "capitaine de pogo" que la foule s'empresse de suivre.
En terme de son, Soilwork bénéficie d'une très bonne sonorisation, en dehors du fait qu'on entende pas Sven Karlsson aux claviers, comme d'hab' quoi. Le reste est bien équilibré, les leads s'entendent bien (on notera un ou deux pains sur les plans les plus techniques, rien de méchant). Le chant clair de Speed est un peu en retrait en début de set, mais le bonhomme trouve une technique pour se faire entendre : les refrains de Late For The Kill, Early For The Slaughter sont chanté en semi-saturé au lieu d'être en clean !
Soilwork quitte les planches après neuf titres, issus de six albums différents, et laisse derrière eux un auditoire qui semble conquis, même si les gens n'ont pas spécialement l'air de s'être déplacés pour eux. Un bon point !

Place à la légende brézilienne : Sepultura. Forts d'un nouvel album sorti tout récemment, les thrasheurs orientent toute la première moitié de leur set à défendre le récent Machine Messiah même si une bonne partie du public ne semble pas connaitre les morceaux. Derrick Green et sa bande n'en n'ont cure, et insistent avec conviction. On ne peut pas le leur reprocher : il serait triste de se reposer uniquement sur les acquis des années 90, il faut assumer le Sepultura d'aujourd'hui ! Mais pas trop quand même hein. Rien n'est joué des albums "récent mais pas trop", j'entends par là la période de Nation (2001) à The Mediator Between Head And Hands Must Be The Heart (2013) (ces albums sont d'ailleurs vendus moins chers au stand de merch que ceux des années 80/90 !). Mais les Brésiliens ont aussi compris les attentes de leurs fans, et les quatre derniers titres de la setlist sont des classiques issus de Chaos A.D., de Arise, et bien sûr de Roots ; et bien entendu la foule réagira très positivement à ces vieilleries.
Sans casser trois pattes à un canard, le son de Sepultura est suffisamment bon pour mettre une grosse ambiance. La basse est assez discrète sur toutes les parties rythmiques, mais on l'entend (avec une disto) lorsque Andreas Kisser joue des leads. D'ailleurs, le groupe n'utilise pas de sample de seconde guitare pour les rythmiques des solos, et les mélodies ne sont accompagnées que par une basse qui peine à ne pas sonner un peu vide, un peu creux.
Quant au groupe, on les sent moins "dedans" que ne l'étaient les gars de Soilwork. Paulo Jr est très statique derrière sa basse, même si l’impressionnant jeu d'Eloy Casagrande à la batterie est là pour compenser. Ce mec donne tout ce qu'il a, il joue fort, il joue vite, il joue précis ! Torse nu d'entrée de jeu, cette force de la nature (de 26 ans, si si) passe tout le set à headbanger tout en maltraitant autant que possible les peaux de ses fûts. Impressionnant. Le chanteur Derrick Green n'est pas trop bavard ni trop hyperactif, mais le minimum syndical est assuré. Ses quelques passages derrière un set de percussions sont du plus bel effet, apportant un relief à la fois au jeu de scène et à la musicalité de Sepultura

Je n'ai jamais été fan de Kreator. Pas taper : je n'ai rien contre leur musique, qui vaut clairement le détour, on est d'accord. C'est le chant de Mille Petrozza qui me sort par les yeux, que ce soit sur album ou en concert. Ce détail (enfin, c'est quand même un détail vachement gros) m'a hérissé le poil dès que j'ai découvert ce groupe il y a dix ans, comme un coup de foudre mais à l'envers. Malgré plusieurs tentatives de ma part, je n'avais jamais réussi à supporter cette voix. Sauf que ce 25 février, Kreator a trouvé comment me faire passer un bon moment pendant plus d'une heure et demi : avec un spectacle. Les mecs vont tellement loin dans la mise en scène qu'on pourrait se croire dans un concert de Madonna ! Sur le début de leur set, on a droit à un nouvel élément à chaque chanson : quatre écrans derrière la scène (parfaitement synchronisés avec les morceaux des Allemands et le jeu de lumières), confettis, véritables flammes dans des vasques sur les côté, figurants encapuchonnés munis de sceptres, pyrotechniques, canon à fumée tenu par le frontman qui dirige ça vers la foule, projections de serpentins depuis la scène (qui iront pour la plupart s'accrocher aux structures métalliques au plafond du Bikini, bonjour l'effet "boite de nuit" et chapeau à celles et ceux qui ont dû aller les enlever après le concert !)... La totale !
Si le chant de Mille Petrozza n'est pas du tout meilleur que d'ordinaire, cela est compensé par l'ambiance créée par un tel show. C'est tout bonnement incroyable. Et comme Kreator ne me donne pas, pour une fois, envie d'aller voir ailleurs s'ils y sont, je constate que derrière le chant se cache un groupe assez ouf au niveau musical. Je me régale à écouter les compos thrash des Allemands qui défendent leur Gods Of Violence sorti récemment (et album du moment dans nos pages). Même si c'est Hordes Of Chaos qui date de 2009 qui ouvre le bal, puis Phobia qui est encore plus vieille, les titres suivants sont plus d'actualité (Satan Is Real et Gods Of Violence), et confirment tout le bien qu'en a pensé notre chroniqueur. Le groupe jouera une petite moitié de son dernier méfait, faisant quand même la part belle aux titres plus rétro. Même le récalcitrant que je suis arrive à reconnaître Extreme Aggression ou Violent Revolution en fin de set.
Côté sonorisation, on est top, côté ambiance aussi. Les deux vont de pair, d'ailleurs : les rythmiques vénères et les leads inspirés foutent la foule compacte en transe, les pogos sont spontanés, et les mosheurs ne sont pas prier quand le frontman demande aux gens de faire un wall of death. Généreux jusqu'au bout, Kreator offre un set d'environ une heure quarante. C'est pas que je sois réconcilié avec l'organe vocal de Mille Petrozza, mais quand même, un concert pareil, ça forge le respect !

Zbrlah (Mars 2017)

La galerie photo complète se retrouve ici et est signée Chazo.Merci à SPM Prod !

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Commentaires

Wammy33Le Mardi 21 mars 2017 à 10H08

J'étais à ce concert et je ferai la remarque inverse de Zbrlah concernant le son. Je l'ai trouvé consternant sur Soilwork, ce qui est souvent leur marque de fabrique. La double pédale faisait le bruit d'une pomme qui tombe sur le sol, ensuite trop fort puis vers la toute fin du set le son a été correct sans plus. J'ai même eu du mal à reconnaitre les morceaux, c'était de la bouillie.
Sepultura a été énorme et les nouveaux titres s’intègrent bien et c'est en effet dommage que le public le connaissait si peu cet album de grande qualité.
Kreator, je me suis plus fendu la gueule devant ce show à l'allemande avec tous les effets, très très kitch que j'ai vraiment suivi le concert... Seule les écrans avec les projections c'est la classe quand même... Pour le reste Manowar spirit :-))))