Meshuggah + High on Fire Bataclan (06/12/2016)

Suivant un retour magistral dans les bacs avec The Violent Sleep of Reason, Meshuggah étaient logiquement partis en tournée pour défendre l'album sur scène. Accompagnés des poids lourds du gros son High on Fire, c'est le premier concert de metal qui se tenait au Bataclan depuis sa récente réouverture.


High on Fire


Après être entré dans la salle avec un sentiment indescriptible dans les tripes, celui-ci se dissipe petit à petit avec le début du concert du trio. Avec un son énorme et crasseux, Matt Pike et sa bande nous font un massage tonifiant des tympans à volume massif. Il est regrettable que le son ne soit pas plus précis malgré tout, mais que voulez-vous, on parle du guitariste de Sleep, et les chiens ne font pas des chats. La grosse caisse est d'ailleurs très triggée, ce qui dénote un peu dans ce déluge de rugissements d'ampli brut. On sent pourtant le groupe plus carré que jamais, ou en tout cas nettement plus depuis que Matt Pike a arrêté de monter sur scène sous influence. Ses riffs thrash coulés dans un moule doom sont comme un assaut permanent et puissant.



Avec sa moustache carrée, Pike a clairement quelque chose de Lemmy, et encore plus dans son attitude rock n' roll et très spontanée sur scène, particulièrement quand il part dans des solos endiablés, où l'intensité prime sur la précision. Si High on Fire est surtout réputé pour ses chansons rapides, ils n'en restent pas moins terriblement efficaces quand ils ralentissent le rythme, ce qui permet par ailleurs d'entendre la guitare plus distinctement. Matt Pike est bien en voix ce soir, et visiblement content d'être là. Entre deux coups de massue, il nous glisse "Bon, cette chanson parle de weed, vous devriez en fumer !" Quelle ironie de faire une chanson si guerrière et agressive sur la feuille verte. C'est sur l'épique "Snakes For The Divine" que High on Fire quitte la scène du Bataclan. Avec son intro façon "Thunderstruck" sous stéroïdes et des riffs terriblement efficaces, ce titre conclut un bon concert d'High on Fire, tout en furie et en puissance.







Meshuggah

Sans surprise, Les Suédois commencent leur set sur "Clockworks" qui déploie la machinerie de Meshuggah dans toute sa splendeur, avec des rythmes biscornus façonnés par la synergie entre les deux guitares et la section rythmique (même si on peut considérer que l'ensemble du groupe est une section rythmique). Tout s'emboîte parfaitement comme dans une horloge suisse, et c'est aussi cela qui fait la beauté terrible de leur musique. Le son est un peu baveux en ce début de concert, et c'est un peu dommage pour un des morceaux les plus complexes de Meshuggah, mais le défaut sera corrigé par la suite. De fait, nous sommes face à un groupe au sommet de son art. Après une longue tournée aux Etats Unis, le show est rodé comme jamais, n'étant d'aucune pitié pour le spectateur.



Tomas Haake est particulièrement habité ce soir, et s'il est regrettable qu'on ne puisse pas le voir plus jouer à cause des lumières, entendre sa performance confirme que nous avons affaire à un des plus grands batteurs de l'histoire du metal. La semi-frustration de ne pas voir les musiciens est compensée par un jeu de lumière encore plus élaboré et fascinant qu'à l'accoutumée. C'est flagrant sur "Violent Sleep of Reason" avec des lasers dignes de notre Jean-Michel Jarre national. L'effet est toujours aussi saisissant quand il est synchronisé parfaitement avec la musique. Et c'est encore plus vrai quand l'effet se couple à la perception sensorielle de la stéréo sur "Sane", avec les guitares qui oscillent à gauche et à droite dans la sono.



Ironiquement, c'est un problème technique sur ces mêmes lumières qui incite Jens Kidman a prendre la parole, étant en général peu loquace sur scène. En voici un condensé selon les souvenirs du rédacteur : "Bon, on a un problème technique. J'ai beaucoup réfléchi à ce que je pourrais vous dire en montant sur cette scène ce soir, après les évènements de l'année dernière. Pour être honnête, je ne sais pas quoi dire, je n'ai juste pas les mots pour décrire tant d'horreur. Merci d'être venus ce soir, c'est vraiment très important pour nous. Peut-être que ce problème technique devait arriver, pour me forcer à prendre la parole et à vous parler. Merci Paris."



Suite à cela, s'ensuit un enchaînement d'une violence inouïe, avec une sélection du meilleur du répertoire de Meshuggah : "Stengah", "Lethargica", "Do Not Look Down", "Dancers to a Discordant System" ou encore "Demiurge" en rappel. Pas de doute, Meshuggah sont dans une forme olympique en 2016, et ont sans doute encore de beaux jours devant nous pour impressionner une bonne partie de la scène metal. L'ensemble du groupe est irréprochable. Hagstrom est monstrueux en rythmique, Thordendal l'est tout autant dans ses solos improvisés, qui ajoutent une délicieuse épice de chaos dans cette organisation méticuleuse. Certes, pour certains, le groupe a une approche trop froide et calculée de la musique, mais on sent qu'ils sont en train de revenir vers une formule sonore plus brute et spontanée, notamment en rejouant sur de vrais amplis après avoir utilisé Axe-fx pendant des années. Un très grand concert.

Neredude (Décembre 2016)

Photos : Arnaud Dionisio / © 2016 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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Commentaires

slaughtearLe Jeudi 22 décembre 2016 à 15H48

Tu l'as dit, mon Antoine, un grand concert. Une setlist à faire péter des nuques comme c'est pas permis.