Ihsahn + Acyl Divan du Monde, Paris (22/11/2016)

Après un concert magistral au Fall of Summer 2015, et un nouvel album qui l'est tout autant, le magicien noir du metal était de retour pour un premier concert en salle à Paris. Le groupe de metal métissé Acyl se chargeaient de la première partie.


Acyl

Le concert d'Acyl commence d'entrée de jeu avec un pépin : il y a semble-t-il beaucoup trop de basse, qui couvre tout dans le mix. Ceci dit, leurs riffs de guitare étant simples, pour ne pas dire simplistes, ces derniers restent intelligibles, quand bien même seules les fréquences basses se laissent entendre, surtout quand le guitariste joue sur le bas du manche. En tendant l'oreille, on perçoit tout de même le chant polyphonique assuré par trois des musiciens, qui est plutôt en place, juste et pas dénué de charme.



Le concept d'Acyl est plutôt intéressant sur le papier : mélanger metal et musique africaine, notamment du Maghreb. La principale difficulté à surmonter pour les groupes s'essayant à ce genre de métissage qui, a priori, ne vont pas de soi est d'arriver à bien doser les deux éléments, et surtout parvenir à les articuler entre eux en évitant que l'un ne desserve l'autre. Et malheureusement ici, il semblerait que le côté Metal porte préjudice aux éléments ethniques de la musique d'Acyl.



En effet, le son qui s'améliore permet d'entendre que la banalité des riffs, et ces derniers retirent la magie installée pendant les passages influencés musique ethniques, qui sont eux plus digestes, que ce soit avec le chant polyphonique ou l'emploi d'instruments spéciaux. On peut notamment relever une forme de claquette en Metal qui crée un effet hypnotisant, tout comme les percussions traditionnelles. Cela marche un peu moins bien avec un étrange instrument à corde africain utilisé par le chanteur, qui met un long moment à l'accorder sur scène, pour un résultat pas forcément probant, à la fois pour la tessiture de l'instrument et sa justesse.



Pour le reste, les musiciens donnent une belle énergie sur scène, particulièrement l'un des guitaristes et le bassiste. Le chanteur tient bien la scène quant à lui, mais son growl très râpeux peine à pleinement convaincre. Un concert en demi-teinte donc. Acyl a les bons ingrédients en main pour faire quelque chose de novateur et relevé. C'est plus la recette qui pose problème.


Ihsahn

Le concert au Fall of Summer 2015 était le premier concert français d'Ihsahn avec son nouveau groupe, constitué encore une fois de jeunes musiciens norvégiens. Ce fut une réussite, et les attentes pour une date en salle étaient hautes.


Alors que "Sub" retentit dans la sono en guise d'intro, on peut voir que ce n'est pas l'habitué Tobias Ornes Andersen (Shining/Leprous) à la batterie, mais un nouveau venu. Ceci dit, ce batteur va vite faire évaporer nos moindres doutes, en révélant un jeu versatile et technique, beaucoup plus metal que Tobias d'ailleurs. L'autre bonne surprise du début de concert est le son, qui est excellent, et c'est suffisamment rare chez Ihsahn pour être signalé.



Le Norvégien va déployer un set dans la ligne de celui de 2015, à ceci près qu'il est cette fois en pleine tournée pour promouvoir Arktis, son sixième album solo. On retrouve donc les habituels "Hiber", ou la délicate "Pulse" jouée dans une veine plus rock qu'en studio. Elle sont accompagnées par les pépites que sont "Pressure" ou "Until I Too Dissolve" qui comporte, selon un confrère, "le meilleur riff que Van Halen n'a jamais écrit". Le magicien noir semble ravi d'être là, et remercie chaleureusement le public entre chaque morceau.



Malgré l'orientation plus directe du dernier album, Ihsahn n'en garde pas moins son penchant pour l'expérimentation et le dissonant, avec "A Grave Inversed" ou même "Celestial Violence". Cette dernière peut être considérée comme une des meilleures chansons jamais écrite par le Norvégien, de par sa construction ciselée, en instrumental comme au niveau vocal. D'ailleurs, c'est de son aveu la première fois qu'il la chante ce soir, n'ayant en effet été interprétée qu'avec Einar Solberg de Leprous au micro. Il est assez touchant de voir le musicien s'y essayer, alors qu'elle contient des passages qui sont à la limite de ses capacités vocales, ce qui résulte en quelques couacs. Mais globalement, le pari est réussi.



Il est vraiment plaisant d'écouter Ihsahn dans une telle forme, faisant honneur à sa carrière exceptionnelle sur scène, que ce soit avec des classiques de son répertoire comme "Frozen Lakes on Mars" ou le medley d'Emperor. C'est d'ailleurs l'occasion pour le musicien d'ironiser en disant "Je pense que vous êtes au courant, mais avant ma carrière solo, j'étais dans un boys band !".



Après un "The Paranoid" magistral grâce à ses riffs dantesques, nous nous dirigeons vers la fin du concert. Mais les Norvégiens n'en ont pas fini avec nous. Ils reviennent jouer "Grief", une majestueuse pièce instrumentale tirée d'Eremita, avant d'enchaîner avec "The Grave", monstrueusement puissante avec ce son dopé aux amphétamines, à tel point que l'on en oublie l'absence du saxophone de Jorgen Munkeby, remplacé par un sample. C'est la conclusion épique d'un concert maîtrisé de bout en bout. Après dix ans de carrière solo, Ihsahn reste au sommet de son art. Prions les dieux d'Asgard pour que ça dure.

Neredude (Décembre 2016)

Photos : Arnaud Dionisio / © 2016 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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