Kampfar et Vreid O'Sullivans Backstage By The Mill, Paris, le 20 octobre 2016

Pour ma première fois au O’Sullivans Backstage by The Mill, venir voir deux pointures du Black Metal norvégien était une belle entrée en matière. Cette salle, très cosy, ressemble surtout à un club de Jazz et pourrait paraître trop chaleureuse pour accueillir de tels groupes. Mais peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et comme à l’accoutumée, les concerts parisiens commençant tôt, nous devrons faire une croix sur Dreamarcher, qui posera les trois derniers accords de son dernier titre lors de notre arrivée.



Après une tournée hommage à Windir en 2014, Vreid semble avoir fini son deuil : aucune reprise du groupe défunt ne sera au programme ce soir. Les Norvégiens entament leur set presque calmement mais tout en lourdeur avec Helvete pour mieux surprendre le public en enchaînant sur le tonitruant Raped By Light. Le ton est donné : en l’espace de dix titres, Vreid offre une rétrospective de ses sept albums, en s’attardant sur certaines chansons comme Speak Goddamnit, relatant l’invasion de la Norvège par l'Allemagne en 1940. Sture rappelle pour l’occasion, avant de commencer à la jouer, qu’il ne faut jamais abandonner ses amis. On appréciera une batterie qui ne balance pas des blast-beats en permanence et un groupe qui saura développer des atmosphères aux teintes très différentes, jusqu’au mélancolique avec Sights Of Old. Malgré tout, l’ambiance dans la salle est survoltée et un drapeau de la Norvège flotte au dessus du pit. Le côté Rock’n Roll de certains riffs de guitare y participe pour beaucoup, jusqu’au final en apothéose sur Pitch Black.



Après une courte pause, Kampfar débarque sur scène et reprend les choses en main là où Vreid les avaient laissées, tout en montant d’un cran dans l’intensité, grâce au charisme de son leader, Dolk. On se retrouve également subjugué par la zénitude de Ask, qui envoie sans donner un instant l'impression de forcer, droit derrière sa batterie. Le son des instruments est parfaitement bien réglé et la voix lugubre de Dolk fait le reste. Il harangue le public entre les morceaux, remerciant les spectateurs d’avoir fait le déplacement, et introduit les chansons de façon originale : “Nous sommes en 2016, nous avons Internet, Facebook et toutes ces merdes. Mais il y a eu une époque où nous n’avions que Troll Dod Og Trolldom”. En même temps cette chanson, issue de de leur deuxième album Fra Underverdenen, pourrait se suffire à elle-même, présentant tellement de facettes. Kampfar nous présente ensuite sa "ballade" Swarm Norvegicus pour une épopée intense au refrain lancinant. Hymne, et ses sonorités très folk, viendra vite réveiller le public avant un petit interlude, laissant le temps à Dolk de tomber la veste en cuir. Sur la deuxième partie du set, le groupe nous réserve des titres plus courts, plus directs, comme le presque punk Altergang et ses 2 minutes et quelques secondes au compteur, ou Vettekult. Sur Mylder en rappel, Dolk mimera tel un chef d’orchestre les notes de synthé lors du break un peu planant en milieu de chanson. Le final se fera sur Our Hounds, Our Legion où l’on pourra regretter l’usage d’une bande pour l’intro, mais une fois la montée en puissance, il était impossible de résister et le public se fera embarquer pour une dernière danse endiablée, le groupe alternant dans les rythmes et tempos.

En l’espace de deux heures trente minutes de show, Vreid et Kampfar ont réussi à démontrer qu’il était possible de jouer du Black Metal audible en live. Il n’y eut pas de grosse caisse ou de basse trop forte pour gâcher le plaisir des oreilles. Si seulement certains pouvaient en prendre de la graine...

Grum (Novembre 2016)


Merci à Garmonbozia et À Jeter Prom pour l'accréditation.

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