Ultime journée du Motocultor cru 2016, fatigués de la lourde journée de la veille, nous arrivons en début d’après-midi et manquons les premiers groupes de la journée comme Black Bomb A, Stonebirds ou Recueil Morbide. Lost Society fini son set sur la Dave Mustage avec un Thrash Metal qui a l’air de bonne facture. Sauf qu’un autre groupe de Thrash est prêt à démarrer dans quelques minutes et nous nous positions du mieux possible pour les très attendus Vektor qui viennent présenter leur “petit” dernier album en date : Terminal Redux.
Le dernier long format des ricains nous ayant proprement cassé la tronche, on attendait donc avec impatience de se manger le bestiau en direct. Bon, le fait que Vektor soit programmé en plein air sur la Supositor n’est pas l’idéal, les rafales de vent étant de la partie pour troubler la perception auditive d’un public assez chaud en premier lieu, un peu moins après le 1er titre, “Charging The Void”, soit l’entame (fantastique) de l’album précité. En fait pour prendre un maximum de plaisir malgré les conditions il fallait se placer devant à gauche face à la scène. Là “Cygnus Terminal”, “Hunger For Violence” et le merveilleux “Recharging The Void” pour clore la boucle ont presque pu s’apprécier dans toutes leurs subtilités. Et il y en a une montagne pour des titres aussi denses, et longs. Des éléments et une ambiance Sci-Fi qui se savourent autrement mieux en des lieux plus intimes, ou à l’abri du vent. Heureusement que le batteur en feu faisait office de point de repère efficace, en plus d'être inhumain. Dans tous les cas les néophytes du quintet n’ont sans doute pas bité grand chose, dommage.
Pour sûr, les fans de Secrets of The Moon l’ont échappé belle : avec le départ impromptu de leur bassiste Naamah Ash, l’annulation de la tournée des festivals n’était pas loin. Heureusement, Steffen Kummerer d’Obscura a pu la remplacer au pied levé pour permettre au groupe d’honorer ses engagements.
Le concert commence avec "No More Colours", le morceau d’ouverture de leur dernier album SUN. Pas de doute le son est là, et le groupe semble déterminé à faire parler la poudre. Cependant, la pression retombe vite. En effet, on dirait que les Allemands n’arrivent pas à insuffler autant d’énergie dans leur musique qu’à l’accoutumée. La faute à qui ? Sans doute plusieurs facteurs, dont notamment la setlist. Axée sur le dernier album, moins fouillé et purement Black Metal que ses prédécesseurs, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec le répertoire récent aujourd’hui. Et bizarrement, cet effet se fait nettement moins ressentir lorsque Secrets Of The Moon retourne dans le passé et joue des extraits d’Antithesis, vu par beaucoup comme leur chef d’œuvre, ou même de Seven Bells. Ceci dit, il y a des chances que le groupe ne soit pas entièrement du départ de sa bassiste, car on ne les sentait pas complètement à l’aise sur scène, en plus d’être sous un soleil de plomb. Et la dernière tournée avec Naamah Ash avait révélé le combo sous un bien meilleur jour. Espérons qu’avec le temps et un line-up stabilisé, la formation saura à nouveau se lâcher et déchaîner la puissance de leur musique en concert. Secrets of The Moon n’aura pas donné un mauvais concert, loin s’en faut, mais on les connaît capables de faire mieux.
Après un son pas des plus engageant sur Vektor, je craignais que ce soit un peu la même sur Obscura. Et pourtant, je me fourrais le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Ce son de basse groovy et savoureux façon Cynic, un chant parfait, une belle dynamique sur la batterie et surtout des leads de guitare aux petits oignons. Toutes les conditions sont réunies pour apprécier à leur juste valeur leur compositions techniques et violentes. L’accent est très nettement mis sur leur dernier opus Akróasis, ce qui ne me dérange pas puisque je le trouve vraiment excellent. Six titres sur huit tout de même, mais joués tout sourire. Tu sens que les mecs sont contents de jouer au Motocultor et devant un auditoire attentif et passionné. Tu rajoutes à ça les deux tueries que sont "Centric Flow" et surtout le fabuleux "The Anticosmic Overload" pour finir et on avait là un concert des plus jouissifs!
Bongzilla en guise apéro Sludge/fumée opaque de circonstance avant de savourer de délicieuses frites parfaitement salées. Les Américains livreront un set bien crado, s’autorisant un long, trop long jam d’un quart d’heure, le temps que le bassiste se décrasse convenablement les poumons… Les effluves de weed envahissaient les narines et le gras musical embarquait tout de même quelques corps éparses sur un groove lent et perché. On en attendait pas moins de Bongzilla, les mecs sont punks, ça saute aux yeux et aux oreilles, musicalement pas super original mais une attitude nonchalante qui fait du bien, enfin pas aux prog-metalleux apparemment.
Le repas du soir se fera pendant Soulfly, d’une part parce qu’il faut bien trouver un moment pour nous restaurer et aussi parce que c’est le groupe qui ne nous passionne plus des masses en 2016. C’est aussi l’occaz' de réécouter de vieux tubes comme "Refuse/Resist", "Prophecy" ou "Seek 'N' Strike" tout en se goinfrant de frites, et ça, c’est plutôt génial. En vérité l’ambiance à l’air survoltée dans la fosse, à en croire les nuages de poussière se former au dessus de la foule sur les tubes que sont "Roots Bloody Roots", "Jumpdafuckup" et "Eye For An Eye". Difficile de passer outre la voix de Max qui semble bien fatiguée, ses “hey, hey, hey” et tentatives un peu beauf pour mettre de l’ambiance ou le solo de guitare de Marc Rizzo qui ont tendance à sonner foire à la saucisse. C’était bas du front, prévisible, mais marrant à écouter de loin.
Après une dégustation de space frites en écoutant Max dégueuler au loin, rien de tel qu’une valeur sûre du gros Death qui tâche, Dying Fetus. Heureusement le vent a arrêté de squatter la Supositor et les ricains peuvent pleinement secouer les masses crâniennes à coups de riffs massues et d’un groove dantesque, ultra carré, imparable. La zone est blindée de monde, à tel point qu’on préférera rester loin de la scène, mais le rendu demeure monstrueux, une caractéristique plutôt inattendue en extérieur. Exemplaire, brutal à souhait, sans temps mort, les briscards sont toujours aussi furieux, et leur prestation obtient la médaille de la meilleure sono de la scène du dehors, à l’aise.
Dix ans ou presque que je n’avais pas vu Nashville Pussy sur scène. Et bien les deux gars et deux filles n’ont pas pris une ride. C’est toujours putain de Rock ‘n’ Roll, porté par les riffs bluesy explosifs de Ruyter et la voix de Blaine qui vieillit comme un bon whisky. 50 minutes qui sentent bon le Sud des Etats-Unis, la Georgie plus précisément, avec des hymnes comme "Struttin' Cock", "Wrong Side Of A Gun", "Go To Hell" issu de High As Hell. Je suis d’ailleurs bien content de voir que le groupe les joue toujours. Les musiciens prennent aussi beaucoup de plaisir à être sur scène. Sur la fin, Blaine boit de la bière dans son chapeau avant de le jeter au public et Ruyter finira par monter sur un des piliers de la scène sur le final "Go Motherfucker Go". Nashville Pussy a toujours la pèche et ça fait plaisir à voir et à entendre.
On enchaîne sous la Mustage avec un autre gros calibre du Thrash, Testament, exposant une bonne palette de titres issus principalement des premiers albums (The Legacy, The New Order, Practice What You Preach) ou plus récents (The Gathering, The Formation of Damnation), mais étrangement aucun des derniers albums. Ne connaissant personnellement pas follement Testament je comprends vite pourquoi. Le Thrash des Américains fait preuve d’une aisance technique indéniable mais le manque de patate des compositions et du jeu de scène, ainsi qu’une certaine fatigue qui commence à s’installer ont eu raison de ma personne. Néanmoins la découverte de Batushka me requinquera le temps d’un set incantatoire complètement fou.
Batushka est le groupe que j’attendais le plus de cette journée après la véritable claque de leur unique album apparu comme par magie l’an dernier : Litourgiya. Les Polonais, dont leur identité reste encore un mystère, tous vêtus de bures aux symboles cabalistiques, prennent leur temps pour s’installer sur scène. Trois choristes sont placés à gauche alors que les musiciens jouent en retraits par rapport au frontman qui trône au milieu de la scène, derrière son pupitre orné d’une icône sacrée. Le début est époustouflant car le son de batterie est une véritable déflagration, sans pour être à un volume sonore abusif. Puis les choeurs, les guitares et surtout le chant liturgique aussi à l’aise dans la récitation de psaumes maléfiques et d’hurlement sinistres. Sur scène, il ne se passe rien, les musiciens sont statiques et seul le maître de cérémonies ponctue les paroles de gestes incantatoires. Mais par économie de moyen, la prestation est captivante, tant leur Black Metal rituel possède le don d'envoûter, surtout lorsqu’est joué "Yekteniya 3", titre aux riffs vertigineux. L’intégralité de l’album en huit mouvement est alors jouée et conclut d’une très belle manière quasiment mystique cette édition du Motocultor 2016.
Bon Live Report, merci! Belle édition (musicale) cette année!
Les 3 jours ont eu leur lot de bonnes prestations. J'ajouterais pour cette dernière journée, les sets de CONAN et MINISTRY (comme le dis Letersk: "c'est un peu dommage" de ne pas les avoir vu).
Je retiendrais comme concerts principalement:
- Cult Of Luna
- Shining
- Amenra
Quelques belles prestations aussi avec: Conan, Neurosis, Carpenter Brut, Graveyard, Ministry, Bölzer